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16 août 2009

Le président arraignée

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Depuis la création de ce blog où il est souvent question de politique, je ne pense pas avoir écrit une seule note sur le locataire de l’Elysée. Cet état de fait ne résulte ni d’une volonté de ma part d’observer un quelconque devoir de réserve, auquel je ne suis pas tenu, ni d’un manque d’opinion sur la politique menée par l’actuelle majorité, sur laquelle il y a beaucoup à dire. C’est simplement un refus de ma part de donner plus d’importance à un personnage qui n’en mérite pas.

Puis il y a eu la lecture de cet article sur Le Post. Trois avant la prochaine élection présidentielle, Sarkozy pense donc sa réélection comme une chose acquise. Faire preuve d’autant d’assurance et de suffisance quand les résultats de sa politique - en particulier sur le plan économique - sont assez mauvais, me parait bien déplacé. Mais comme une présidentielle ne se joue pas seulement sur le bilan mais bien sur la posture des candidats (la rupture ou le rassemblement) et plus encore sur l’état des rapports de forces politiques du moment, l’homme et son camp a, hélas, toutes ses chances.

Se demander si la droite peut rester au pouvoir pour une troisième législature consécutive revient à examiner les chances de l’opposition à porter une alternative devant les français et de recueillir une majorité des suffrages. Or la division des gauches, l’absence des projets porteurs et de/d’une personnalité(s) marquante(s) pour le(s) porter dans les média, laisse difficilement entrevoir une configuration politique qui nous soit favorable. Cette situation est bien sûr le fait de la gauche elle-même, mais la droite n’y est pas pour rien non plus. Les larmes de crocodiles de certains ne doivent pas faire illusion.

Le « sarkozysme » fonctionne, selon moi, telle l’araignée qui tisse sa toile pour chasser et se nourrir. Ce comportement et cette stratégie ont marqués la campagne de 2007 et les deux premières années – au moins – du mandat présidentiel. L’image de la toile renvoie aux réseaux. La stratégie des conservateurs consiste à se connecter à différentes sphères de notre société pour d’une part, y imposer leurs idées, et d’autre part, opérer des ralliements de personnalités cathodiques et autres leaders d’opinions.

Gagner la bataille des idées consiste à mener le débat public à partir de ses idées et de ses prises de positions. L’intérêt est moins de convaincre de la justesse de ses idées, que de forcer les autres acteurs du jeu – média, opposition, société civile – à se positionner sur ces idées, et de préférence dans une posture défensive. Le recours à la triangulation est devenu la marque de fabrique du candidat conservateur pendant la campagne. Saturer l’espace médiatique par des sorties, des discours, des annonces est celle de l’hyper-président, bien inspiré de la méthode Blair en Grande-Bretagne. Enfin, la bataille des idées et des postures est d’autant plus gagnée quand on parvient à s’écarter des clivages et des étiquettes politiques traditionnelles tout en revendiquant et imposant son idéologie dans le débat public.

Ce faisant, la droite a fini par s’imposer dans des mondes – sous espace de l’espace social - jusqu’ici symboliquement acquis à la gauche : celui des artistes, des intellectuels ou des syndicats :

- Le monde des artistes s’engage plus visiblement à gauche. Le sarkozysme a renversé cette visibilité en mobilisant des artistes ouvertement conservateurs (Johnny, Jean Reno), en s’entourant de figures cathodiques (Drucker, Steevy, DocGineco) et faisant rallier des artistes jusqu’ici classés à gauche (Clavier).

- Le champ des intellectuels a cessé de soutenir ouvertement la gauche lorsque celle-ci a cessé de réfléchir et de se battre. Il aura suffit pour la droite d’entonner le discours du déclin, que seul peut enrayer la « rupture », largement relayé par quelques bons esprits (Finkielkraut, Marseille, Sylvestre). Et si en plus des figures de gauche (comme André Glucksmann), marqués par mai 68, finissent par soutenir la nouvelle droite, c’est le récit sarkozyen qui en sort renforcé.

- Le monde syndical s’est moins rallié que ses principaux dirigeants, approchés à l’occasion de différentes mobilisations (CPE, grève anti-Ferry, statut EDF) et confortés par une réforme de la représentativité qui avantage les plus grosses centrales et le mirage d’une institutionnalisation d’une démocratie sociale.

Dans le champ médiatique, l’apparition d’un nouvel institut de sondage, aux méthodes discutables mais aux résultats largement relayés par les autre média, a bien sur de fortes conséquences dans le débat politique (soutient aux différentes réformes) et à l’occasion de la primaire socialiste

La maitrise totale du principal parti de la majorité est d’une grande ressource en politique. Et le ralliement de certaines personnalités issues des rangs de la gauche (Besson, Kouchner, Bockel) cautionne la démarche d’ouverture du président, très souvent présenté comme sectaire, en même temps qu’il divise la gauche et le PS en particulier. Le ralliement progressif du mouvement souverainiste et des chasseurs, nature, pêche et tradition à l’UMP consolide l’émergence d’une formation politique unique à droite. Enfin, le fait que des personnalités politiques (Rocard, Lang, Védrine, Attali) acceptent des missions du président, porte un coup à la sincérité de l’engagement des socialistes (et plus généralement des politiques) en même temps qu’elle cautionne certaines réformes difficiles et délicates (taxe carbone, réforme des institutions, libéralisation de la croissance) voulues par la majorité.

Tant que le PS restera paralysé sur ses rapports au sarkozysme (opposition systématique ou coopération exceptionnelle ?), tant qu’il n’aura pas réinvestie certains sous-espaces du champ social (sur le plan des idées comme des liens), tant qu’il n’aura pas une stratégie de communication coordonnée et puissante (par rapport au média et à la saturation du discours sarkozyste), la configuration politique pour 2012 restera en faveur des conservateurs.

23:00 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

Damned !
Nicolas Sarkozy et Spider-Man ne seraient qu'une seule personne

Écrit par : Buzz l'eclair | 17 août 2009

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