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23 septembre 2012

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Trois semaines à peine qu’ils se connaissent et maintenant ils sortent ensemble. Six ou sept rencontres – deux ballades en ville suivies d’un café, deux randonnées pédestres, deux cinés, un apéro – et quelques rencontres fortuites sur le chemin qui relie leur immeuble à leur école de formation, aura suffit à les connecter.

Un peu plus jeune que lui, ils ont tous les deux le même parcours universitaire et ont fréquentés le même établissement. Ce même univers culturel a été le fil conducteur de leurs premières conversations. Puis ils ont très vite parlé de leurs voyages, leurs passions, leurs projets etc. Ils s’échangent beaucoup de sourires.

Sous couvert de banalités, pris dans la conversation, elle lui pose quelquefois des questions personnelles. Il y répond avec franchise, un peu maladroitement et parfois même avec trop d’hésitation. Il ne cache pas ses faiblesses. Le non-dit est parfois plus éloquent. Il sait ce faisant qu’il ne se présente pas sous ses meilleurs aspects.

Ils passent du temps ensemble. Lors d’une randonnée de groupe sous la pluie, elle lui propose son parapluie rose qu’il tient pour les deux, sous des regards amusés. A l’apéritif du soir, ils se suivent constamment au grès des interlocuteurs de l’un et de l’autre. Ils quittent la fête en même temps, sous l’œil entendu de leurs camarades.

Puis dans une audace qui n’a d’égale que sa grande naïveté, il lui propose de partir un weekend à Madrid. Elle accepte le principe. Il suggère fin octobre. Elle lui demande alors de préciser la nature de leur relation et de définir ses sentiments. Le voilà au pied du mur, désarmé devant ce petit bout de femme bien déterminée.

Sans conviction, il tente une sortie en mentant sur leur relation tout en ouvrant une brèche sur le chemin des possibles. Elle s’y engouffre, et devant son silence et ses hésitations, insiste. Il avoue enfin qu’elle lui plait vraiment beaucoup. Elle le rassure de la réciprocité de ses sentiments et l’embrasse. Une idylle est née.

Tout cela est assez nouveau pour lui. Il est resté célibataire bien trop longtemps, si bien qu’il n’a aucun repère. Il doit (ré)apprendre à composer à deux et sortir de sa solitude, devenue au fil des ans une seconde nature. Il redoute de ne pas être à la hauteur. Aussi c’est d’un pas prudent mais le cœur plein d’entrain qu’il entreprend ce chemin.

19 septembre 2012

Les enfants du khat

Les enfants du Khat.jpgOriginaire d’Ethiopie, le khat est un arbre proche du fusain d’Europe dont les feuilles, amères et euphorisantes, sont très prisées des Djiboutiens, qui les mastiquent à longueur de journée. Cette drogue, légalisée par l’usage, régit les comportements et l’économie de ce petit pays de la Corne d’Afrique. Livré par avion à la mi-journée, il vaut mieux éviter la route à ces heures là, surtout à proximité de l’aéroport. Il faut voir comment le khat paralyse la vie économique et sociale du pays tout les après-midi.

Le livre raconte l’histoire d’Asli, une jeune fille qui s’est assagie depuis qu’elle pratique et étudie l’islam. Ainée d’une famille nombreuse, elle a du très vite abandonner ses études pour s’occuper de ses frères et sœurs. Sa mère, qui travaille sans relâche pour faire vivre la famille, est vendeuse de khat. Son père, sans emploi, est complètement dépendant du khat dont il est sous l’emprise la plus part du temps. A travers ses multiples anecdotes, Asli décrit une société gangrénée par le khat et une jeunesse sans repères si ce n’est le rêve d’un ailleurs (l’occident), la religion ou le khat.

Publié en 2002, Les enfants du khat est le premier roman de Mouna-Hodan Ahmed, enseignante de français au Lycée d’Etat de Djibouti. Le récit d’Asli nous plonge en plein dans le difficile quotidien des djiboutien(ne)s. Tous ces épisodes sur la violence domestique, l’excision, le mariage arrangé, le désœuvrement de la jeunesse… dessine le rôle important de la femme dans cette société, partagée entre traditions et vie moderne mais fondamentalement portée par elle.

Prodigieusement bien écrit (riche en « paroles sages » et en bons mots, un vocabulaire animalier très bien choisi pour décrier certains comportements humains, et puis l’ambiance locale très bien retransmise), le roman souffre à mon goûts de deux (petits) handicaps : l’abondance de mots djiboutiens (somalis ou arabes en fait) obligeant à plusieurs allers-retours au lexique ; un découpage un peu particulier du livre, des chapitres plus courts auraient fait l’affaire.

PS: pour une fiche de lecture beaucoup détaillée, je vous suggère ce lien.

23:23 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0)