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07 septembre 2010

Vers la société post-humaine

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Copyright © Alan Rabinowitz 

Le post-humanisme trouve son origine chez le philosophe allemand Peter Sloterdijk. Il évoque la redéfinition de l’espèce humaine qu’implique le développement des biotechnologies.

La société post-humaine aurait pu être le titre du très intéressant article du Monde, paru Dimanche/Lundi, et  dont je reproduis ici quelques extraits : 

« Dans 30 ans, peut être moins, les réseaux d’ordinateurs dotés de systèmes d’intelligence artificielle seront devenus plus intelligents que leurs créateurs humains. Ils seront capables de se reproduire industriellement sans intervention humaine, de s’autoaméliorer, d’avoir des sentiments, de l’imagination, de faire des projets et de les mettre en œuvre. Bref, ils pourront gérer la planète à notre place, de façon plus rationnelle et plus efficaces » 

« L’événement de la Singularité : le temps pour les machines de basculer en mode 100% autonome. (…) Toute prévision de ce que sera la post-Singularité est impossible car tout sera crée et dirigé par une intelligence suprahumaine, qu’un cerveau biologique, lent et limité ne sera jamais capable d’appréhender » 

« Il faut profiter des dernières années pendant lesquelles l’homme a encore le pouvoir sur les machines pour les programmer, de telle sorte que la préservation et l’amélioration de la race humaine fassent partie de leurs objectifs »

«  Le corps humain peut fonctionner indéfiniment à condition que les cellules qui le composent soient soumises à une maintenance périodique » : « introduire dans l’organisme des cellules cultives in vitro pour remplacer celles qui sont défectueuses ; insérer à l’intérieur des cellules vieillissantes et encrassées, des enzymes chargés d’avaler les détritus qui les encombrent ; bloquer les mutations génétiques qui affaiblissent la capacité des cellules à produire l’énergie dont elles ont besoins ».

« Pour les transhumanistes, l’espèce humaine n’a pas terminé son évolution : l’homo sapiens n’est qu’une créature intermédiaire (…). Avec l’explosion des technologies de l’information et du génie génétique, les humains d’aujourd’hui vont pouvoir planifier et organiser leurs propres évolution vers un stade supérieur ».

« Les humains augmentés : l’intelligence artificielle des machines s’est intégrée à notre cerveau et a pris le contrôle de notre corps pour le transformer de fond en comble et le remplacer par autre chose ».

Commentaire :

Pour tout amateur de science-fiction qui se respecte, la simple lecture de certaines idées ci-dessus fait écho à quelques œuvres romanesques et cinématographiques de ce genre un peu particulier et trop longtemps mésestimé.

Dans les films Terminator les personnages parlent du Jour du Jugement pour qualifier le moment où les Machines (plus exactement le super-ordinateur Skynet) deviennent totalement autonomes et déclenchent une guerre nucléaire planétaire.

Isaac Asimov dans son cycle Les robots fixe les « Trois Lois de la Robotique » comme garde-fou entre robots et humains, même si le film I-Robot montre que ces règles peuvent à un moment justifier la domination des robots sur les humains (spoiler).

Le meilleur des mondes et Bienvenue à Gataca décrivent des sociétés où la distinction sociale est opérée à partir du gène, par ailleurs modifié pour perfectionner l’espèce humaine. The Island aborde lui le sujet du clonage et son utilisation à des fins médicales.

Enfin La Genèse de Dune de Brian Herbert et Kevin J. Anderson, qui revient quelques millénaires en arrière au moment du Jihad Bultérien, esquisse une civilisation de super-cyborgs – les Titans – soit des cerveaux humains dans des corps de super machines (genre transformers).

Par définition, la science-fiction part de travaux et hypothèses scientifiques reconnus ou non pour en créer une fiction. Certaines œuvres, surtout dans la genèse du genre, ont popularisés ces idées/conceptualisation en le plaçant sur le plan de l’imaginaire. Je pense ici Jules Verne et le sous-marin ou l’idée de voyager jusqu’à la Lune.

D’autres œuvres peuvent aussi se lire comme des mises en garde. C’est notamment  le cas des essais d’anticipation, de contre-utopie, ou d’uchronies. Mise en garde conte quoi ? Contre nous même, contre une partie de nous même, contre l’utilisation de telle technologie à telle fin politique.

Je l’ai dit, la SF en dit plus sur les hommes contemporains que ceux à venir. Et en lisant les propos et idées recueillis dans l’article du Monde, j’y vois surtout une dérive scientiste, une forme de science sans conscience, de la part d’hommes et femmes qui jouent les apprentis sorciers avec les lois de la nature.

 Entre les exigences de liberté du monde scientifique expérimental et les attentes et lobbying des commerciaux et financiers pour en faire un marché lucratif, des règles de bioéthique sont plus que nécessaires. Mais qui est là pour les énoncer et les faire appliquer ?

Commentaires

MYTHES SLAVES; Ou la femme non dépossédée par la chrétienté...
Lire la suite....
http://laiciteetsociete.hautetfort.com/conte-mythes-slaves/

Écrit par : Crab2 Crab | 07 septembre 2010

Après relecture des quelques extraits, j'en viens à me demander si cette volonté de perfectionner/de dépasser l'espèce humaine ne cache pas une certaine haine de soi.

Ici le perfectionnement ne concerne pas le champ de la culture (c'est le projet de l'éducation) mais celui de nature même. Et l'histoire nous a montré où pouvait conduire le mythe de "l'homme nouveau".

C'est certain que l'idée de mort crée une angoisse, peut être davantage encore avec l'âge quand on en vient à penser à l'au delà. Mais la perspective d'éternité, en réalité très relative, l'est tout autant, je trouve.

"L'éternité c'est long, surtout vers la fin"

Je peux pas dire que je suis opposé à ces projets de recherche mais ils intérrogent forcément.

Écrit par : Pablo | 17 septembre 2010

Salut Pablo !

Au contraire, on peut aussi s'interroger sur la nécessité de préserver notre corps biologique et sur une sorte de tabou qu'il y a autour des prothèses... Est-ce notre corps qui fait de nous des humains ?

Un peu d'eau pour le moulin :
http://www.wix.com/benjaminbottemer/des-cyborgs-dans-les-starting-blocks
;)

Écrit par : Laurent | 25 septembre 2010

Salut Laurent !

Tiens, j'avais pas du tout vu la chose sous cet angle :-/

Dis, tu as déjà lu ou entendu parler de "La cité des permutants" de Greg Egan ?

On vient de me le recommander.

Écrit par : Pablo | 25 septembre 2010

L'épisode 2 de la 4eme saison de The Big Bang Theory fait référence à la Singularité. Quel cas ce Sheldon ! :))

Écrit par : Pablo | 04 octobre 2010

Les commentaires sont fermés.