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30 mars 2012

Pour l’égalité du temps de parole

Le président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) préconise de modifier la loi qui régit l'apparition des candidats à l'élection présidentielle à la télévision.

« Une trop longue période d'égalité est un risque d'appauvrissement du débat politique »

« La question principale porte sur la durée de la période d'égalité des temps de parole (…) la loi la fixe aux deux semaines précédant le scrutin », mais « en 2007, cette durée a été portée à cinq semaines ».

« Cette situation n'a pas été saine. Quatre candidats ont accaparé à eux seuls un tiers des temps de parole alors qu'ils n'ont obtenu que 4,1% des suffrages »


Petit rappel :

En période normale, le temps de parole est répartie entre la majorité (le Président, les membres gouvernement, les parlementaires), l’opposition (les partis représentés à l’Assemblée), les « partis intermédiaires » (Modem, Debout la République) et les partis qui n’ont pas de représentation au Parlement (FN, NPA, LO).

La majorité dispose d’un plus grand temps de parole. L’opposition doit faire au moins 50% du temps de parole de la majorité. Le temps de parole imparti dépend de la représentativité électorale (le critère étant je crois le score aux législatives). Les JT doivent respecter ce principe sur trois mois, les magazines sur six.

Voir cet article

Mes remarques :

La position du président du CSA fait écho à la demande d’un certain nombre de dirigeants de chaines télé et radio d’assouplir les règles de stricte égalité entre les candidats durant la campagne officielle, et de réduire le temps de celle-ci de cinq semaines actuellement à deux.

Je conçois qu’avec l’augmentation du nombre de candidats à la présidentielle, il devient difficile pour les chaines de télévision et de radio d’accorder une stricte égalité de temps de parole entre tous les candidats. Rappelons que cette année il y a 10 candidats, contre 12 en 2007 et 16 en 2002.

Mais l’engouement des média pour l’élection présidentielle fait que la campagne officieuse débute plus de six mois avant le temps officiel (quand ce n’est pas deux, trois ans avant même si c’est moins flagrant). Or durant cette période de campagne officieuse, l’inégalité de temps de parole est flagrante. Cf. le mois de janvier 2012.

Il est normal que l’égalité du temps de parole entre les candidats soit effective à compter de la publication, par le Conseil constitutionnel, de la liste officielle des candidatures, et non deux semaines avant le vote. Déjà que tous les candidats ne partent pas sur le même pied d’égalité en termes de moyens (financiers, logistique, humains etc).

Par ailleurs l’égalité de temps de parole ne signifie pas un traitement égalitaire, ou ne serait-ce qu’équitable, des candidatures. Il suffit de voir comment sont traités les petits candidats comme Cheminade, Artaud, Poutou ou NDA. C'est règle n'est donc qu'une garantie a minima. Rappelons aussi qu'elle ne s’applique qu’aux média télé et radio.

Or je trouverai là aussi plus équitable que chaque journal soit tenu d’assurer une première page à chaque candidat (comme Libération lors des primaires citoyennes) ainsi qu’un certain nombre d’entretiens. Mais ceci dit les sites des périodiques font quand même un gros effort pour couvrir toutes les candidatures.

« Quatre candidats ont accaparé à eux seuls un tiers des temps de parole alors qu'ils n'ont obtenu que 4,1% des suffrages »  Et combien auraient-ils obtenus s’ils n’avaient pas eu accès aux média ? Ils sont drôles les média, le système de parrainage leur parait trop restrictif mais ils n’ont même pas de considération pour les candidats qui les obtiennent.

15:00 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (3)

14 mars 2012

Trilemmes mondiaux

Résumé de l’intervention de Dominique Strauss-Kahn (DSK) à Cambridge, que l’on peut consulter en intégralité (mais en anglais) sur le site Les Echos.

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Trilemme : situation dans laquelle trois objectifs également souhaitables ne peuvent être atteints simultanément, obligeant à en choisir deux sur les trois.

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Trilemme Mundell-Flemming: Une économie ne peut avoir simultanément une politique monétaire indépendante, un marché de capitaux ouvert et un taux de change fixe.

Trilemme Dani Rodrick : On ne peut avoir à la fois, la souveraineté nationale, la démocratie et une intégration économique approfondie.

Trilemme Pisani-Ferry : Il y a incompatibilité entre une union monétaire, des systèmes bancaires nationaux et l'absence de responsabilité commune sur la dette publique.

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Les pays de la zone euro ont fait le choix de marchés de capitaux ouverts, d’un taux de change fixe (l’euro), et l’abandon de la politique monétaire dévolue à la BCE indépendante.

Le cas de la Grèce reflète bien l'impossibilité de garantir à la fois la souveraineté nationale, la démocratie et une vraie intégration au reste de l'Europe.

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Les principales conclusions de DSK :

Il ne peut y avoir de solution domestique aux problèmes économiques globaux. Il faut donc limiter l'importance de l'Etat nation en faveur d'un système de gouvernance mondial.

Plus d'intégration suppose moins de souveraineté si on ne veut pas sacrifier la démocratie. Il faut donc aller vers un système budgétaire fédéral, rendu difficile avec l’euroscepticisme.

11:27 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, europe, dsk

09 mars 2012

Sarko ou le complexe de Zorro

Il s’agit d’un livre d’entretien entre l’ancien Ministre de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche du gouvernement Jospin, et le journaliste Dominique de Montvalon. Pour Claude Allègre, dans un contexte de crise internationale historique, l’élection présidentielle à venir se résume à la question suivante : « à qui confier le navire France par si gros temps ? ».

Et pour lui, c’est Sarkozy. Pour expliquer ce choix, il va faire le bilan du quinquennat. Il le félicite entre autre pour sa gestion de la crise en Ossétie, de la crise des subprimes, pour sa présidence de l’UE, pour les nombreuses réformes entreprises en politique intérieur (RSA, l’université, les retraites, les collectivités, la Constitution, la carte judiciaire…).

Il se montre plus critique sur l’ouverture (Kouchner inadapté aux Affaires étrangère), sur le Grenelle de l’environnement (parasité par le courant écologique qu’il exècre), sur la dérive droitière de la majorité (discours sur les immigrés) ou sur la portée de certaines réformes (il souhaite aller plus loin sur l’université et les retraites).

Il relativise l’épisode du Fouquet’s, le voyage chez Bush, la candidature du fils à l’EPAD etc. en essayant d’expliquer les évènements. Il revient sur le bilan de Jospin dont il critique les 35h mais salue les emplois jeunes, la réforme de la recherche ou de la justice. Il explique sa récente mission des Assises européennes de la recherche.

Par rapport au PS, il regrette que DSK ne soit pas candidat, aime bien Martine Aubry qui a un vrai bilan ministériel et municipal, éprouve une sympathie pour Montebourg qui apporte au débat d’idées. Vis-à-vis d’Hollande, il balaye les critiques faites par la droite, mais le juge incapable de présider au vue de son bilan à la tête du PS.

Je suis assez réservé sur l’ensemble de l’entretien. Alors qu’il n’a été ni acteur, ni témoin de certains évènements, sauf à avoir fait partie du premier cercle sarkozyste, il revient sur ceux-ci pour en expliquer le déroulement et exonérer Sarkozy. C’est une posture bien moins crédible que son témoignage de l’époque Jospin.

On ne pourra pas nier que Sarkozy a entrepris un nombre important de réformes. Mais que ce soit sur la Constitution, la carte territoriale ou les retraites, Allègre manque d’« objectivité » et de recul. Saluer les réformes sur le seul principe qu’elles ont eu lieux, c’est quand même très court. Ca ne fait pas un projet de société.

03 mars 2012

Quo vadis Europa ?

De bien tristes nouvelles sur le front européen récemment…

« Mme Merkel, le président du Conseil italien, Mario Monti, et le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, se seraient ainsi "engagés verbalement" à ne pas recevoir François Hollande, que les sondages donnent vainqueur de la présidentielle, affirme Der Spiegel. Une promesse à laquelle se serait joint le premier ministre britannique, David Cameron. » (Le Monde avec AFP)

La raison ? François Hollande a annoncé en janvier dernier son intention, s’il est élu en mai prochain, de renégocier l’accord européen sur le pacte de stabilité, avec l’idée d’y insérer tout un volet sur la croissance. Merkel ne veut absolument pas en entendre parler.

Je trouvais déjà limite qu’elle apporte officiellement son soutien à la candidature de Sarkozy, c’est sans doute inédit dans la diplomatie européenne, mais refuser maintenant de rencontrer Hollande et faire passer le mot à ses homologues européens, c’est quand même faire preuve de bien peu d’intelligence.

On peut concevoir qu’ils ne souhaitent pas une renégociation des traités, en raison de divergences d’analyses économiques ou d’un équilibre diplomatique inter- gouvernemental trop fragile pour s’engager de nouvelles négociations. Mais snober celui qui est pressentie pour être leur futur interlocuteur, c’est bien mal engager l’avenir.

La position de Rajoy est d’autant plus surprenante que le bonhomme demande une révision du calendrier de retour à l’équilibre budgétaire, qu’il sait ne pas pouvoir tenir en raison de l’entrée en récession de son pays. S’il croit qu’il gagnera l’estime et la confiance des autres dirigeants européens pour une éventuelle concession à l’avenir, il commet là une grave erreur.

Quant à Mario Monti, je dois reconnaitre ma grande naïveté quant à sa position sur le nouveau pacte de stabilité et de croissance. Je pensais qu’il militait pour une autre politique de croissance. Mais la lettre envoyé par 12 premiers ministres européens à Von Rompuy et Barrosso montrent le sens très particulier donné à celle-ci : il s’agit de libéraliser certains secteurs et d’harmoniser certaines règlementations.

Je ne sais pas les intentions réelles de François Hollande ni quelles seront les marges de manœuvre diplomatiques dont il disposerait, si d’aventure il est élu en mai prochain, mais j’ose espérer une inflexion significative de la politique économique européenne. Parce que la direction actuelle nous amène tout droit au désastre.