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22 juin 2012

Les mauvais procès faits à Hollande.

Depuis l’élection de François Hollande à la présidence de la République et la mise en place du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, je regarde avec plus ou moins d’attention les articles de presse qui analysent les premières mesures de la nouvelle majorité, ainsi que les commentaires et réactions d’internautes. Histoire de prendre la température de l’opinion et de comprendre d’autres points de vue.

Il m’a semblé que la presse a plutôt bien accueillie, les premières semaines tout au moins, le nouveau style présidentiel et la nouvelle équipe gouvernementale. Au fur et à mesure que les projets gouvernementaux sont dévoilés, les attitudes évoluent. Des critiques apparaissent. C’est le jeu. Comme les internautes d’ailleurs, dont les plus visibles sont les plus hostiles à la nouvelle majorité.

Il y a d’abord la critique du style présidentiel. On moque la « normalité » affichée de Hollande, soit parce qu’elle est jugée incompatible avec la nature même de la fonction présidentielle, soit parce qu’elle révèlerait l’incapacité du chef de l’Etat à se projetter dans/ à assurer ses fonctions. Les réactions lors de l’épisode du voyage en train à Bruxelles sont très révélatrices.

Le style présidentiel se construit parfois en opposition à celui du prédécesseur. Sarkozy s’est construit en opposition à Chirac, dont il ne comprenait, ni ne partageait le style un peu "hors-sol", plutôt silencieux et distant de la vie politique nationale quotidienne. Hollande a choisi de revenir à un style présidentiel plus classique, rompant ainsi avec l’hyper-présence et l’égocentrisme de son prédécesseur.

Hollande ne pourra pas très longtemps et ostensiblement faire de la com’ sur cette « normalité ». Le style ne fait pas une politique. Pas longtemps du moins. Mais cette volonté de désacraliser cette monarchie républicaine tout en évitant l’écueil de la délégitimité de la fonction, sur le modèle scandinave, est à saluer. Quant aux effectifs de la sécurité, on ose espérer qu’ils reviennent à un niveau plus raisonnable qu’avant..

Il y a ensuite eu l’argument du risque d’une trop forte concentration de pouvoirs entre les mains d’un parti. Un des arguments de la droite aux législatives était que si le PS gagnait l’élection, il contrôlerait alors toutes les instances politiques (la majorité des villes, des départements, des régions, le Sénat, l’Assemblée, l’Elysée). Outre qu’il conduisait à vouloir une cohabitation, une forme de paralysie institutionnelle, l’argument révèle les vieilles peurs sur la gauche au pouvoir. Et pourtant la droite a concentré les pouvoirs pendant très longtemps sans que cela n'émeuve outre mesure les consciences.

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Enfin, il y a eu la critique sur le programme économique du PS. De la même manière que certaines redoutaient l’arrivée des chars russes en 1981, certains agitent le spectre de la faillite. Les socialistes ne comprenant rien à l’économie, le pays ne s’en relèverait pas. On serait appeler à finir comme la Grèce ou l’Espagne, soit disant plombé par une gestion socialiste irresponsable. Bref, toute la logorrhée antisocialiste habituelle.

Je peux concevoir qu’on ne partage pas les idées du PS et qu’on s’y oppose. Mais caricaturer le programme d’Hollande en y voyant une réplique du programme de 1981, c’est quand même faire preuve de beaucoup de mauvaise foi. Car à bien des égards, et au grand dam de beaucoup de gens à gauche, le projet présidentiel est « raisonnable » et « réaliste ».

Le PS promettait en 2007 de porter le SMIC à 1500 euros, Hollande ne s’est pas engagé sur un objectif chiffré. Le coup de pouce promis sera plus symbolique qu’autre chose. Sur les retraites, le retour de l’âge légal à 60 ans ne concerne qu’une partie des salariés. S’il s’est engagé à augmenter les effectifs dans l’Education, la Justice et la Police, c’est à effectif constant ou par redéploiement dans d’autres ministères. Le redressement des comptes publics est ainsi devenu une priorité.

Si la réforme des retraites de 2010 assurait un part de financement du système, elle pénalisait particulièrement ceux qui avaient commencé à travailler tôt, les femmes et les personnes aux carrières fragmentées. La récente modification vise à corriger ces travers, sachant que le chiffre de 100 000 ou 150000 possibles bénéficiaires pourrait ne pas être atteint, à l’image du dispositif « pénibilité » créée par la réforme 2010 et qui n’a pas atteint les 30 000 personnes par an, estimés au départ.

L’embauche de 60 000 fonctionnaires dans l’éducation a en indigné plus d’un (oui, oui !) mais le chiffre est avant tout un objectif et il s’étale sur cinq ans. Il est tout à fait possible qu’on n’arrive pas à ce chiffre au regard des difficultés de l’Education nationale de trouver des enseignants (chute constante du nombre de candidats aux concours de l’enseignement dans le secondaire). Sans compter que la réforme de l’éducation tel que voulue par Vincent Peillon ne se résume pas aux effectifs.

Enfin le redressement des comptes publics supposerait un matraquage fiscal. On a beaucoup débattu sur les limites de l’IRPP (multiplication des niches fiscales qui affaiblie l’assiette, réduction des tranches et des taux depuis 1993), handicapant son rendement et sa légitimité. L’effort ne peut pas reposer sur les mêmes (pauvres et classes moyennes secondaires), les grosses fortunes doivent y prendre leur part. C’est aussi dans leur intérêt.

23:57 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hollande, jospin, royal

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