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22 juin 2012

Les mauvais procès faits à Hollande.

Depuis l’élection de François Hollande à la présidence de la République et la mise en place du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, je regarde avec plus ou moins d’attention les articles de presse qui analysent les premières mesures de la nouvelle majorité, ainsi que les commentaires et réactions d’internautes. Histoire de prendre la température de l’opinion et de comprendre d’autres points de vue.

Il m’a semblé que la presse a plutôt bien accueillie, les premières semaines tout au moins, le nouveau style présidentiel et la nouvelle équipe gouvernementale. Au fur et à mesure que les projets gouvernementaux sont dévoilés, les attitudes évoluent. Des critiques apparaissent. C’est le jeu. Comme les internautes d’ailleurs, dont les plus visibles sont les plus hostiles à la nouvelle majorité.

Il y a d’abord la critique du style présidentiel. On moque la « normalité » affichée de Hollande, soit parce qu’elle est jugée incompatible avec la nature même de la fonction présidentielle, soit parce qu’elle révèlerait l’incapacité du chef de l’Etat à se projetter dans/ à assurer ses fonctions. Les réactions lors de l’épisode du voyage en train à Bruxelles sont très révélatrices.

Le style présidentiel se construit parfois en opposition à celui du prédécesseur. Sarkozy s’est construit en opposition à Chirac, dont il ne comprenait, ni ne partageait le style un peu "hors-sol", plutôt silencieux et distant de la vie politique nationale quotidienne. Hollande a choisi de revenir à un style présidentiel plus classique, rompant ainsi avec l’hyper-présence et l’égocentrisme de son prédécesseur.

Hollande ne pourra pas très longtemps et ostensiblement faire de la com’ sur cette « normalité ». Le style ne fait pas une politique. Pas longtemps du moins. Mais cette volonté de désacraliser cette monarchie républicaine tout en évitant l’écueil de la délégitimité de la fonction, sur le modèle scandinave, est à saluer. Quant aux effectifs de la sécurité, on ose espérer qu’ils reviennent à un niveau plus raisonnable qu’avant..

Il y a ensuite eu l’argument du risque d’une trop forte concentration de pouvoirs entre les mains d’un parti. Un des arguments de la droite aux législatives était que si le PS gagnait l’élection, il contrôlerait alors toutes les instances politiques (la majorité des villes, des départements, des régions, le Sénat, l’Assemblée, l’Elysée). Outre qu’il conduisait à vouloir une cohabitation, une forme de paralysie institutionnelle, l’argument révèle les vieilles peurs sur la gauche au pouvoir. Et pourtant la droite a concentré les pouvoirs pendant très longtemps sans que cela n'émeuve outre mesure les consciences.

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Enfin, il y a eu la critique sur le programme économique du PS. De la même manière que certaines redoutaient l’arrivée des chars russes en 1981, certains agitent le spectre de la faillite. Les socialistes ne comprenant rien à l’économie, le pays ne s’en relèverait pas. On serait appeler à finir comme la Grèce ou l’Espagne, soit disant plombé par une gestion socialiste irresponsable. Bref, toute la logorrhée antisocialiste habituelle.

Je peux concevoir qu’on ne partage pas les idées du PS et qu’on s’y oppose. Mais caricaturer le programme d’Hollande en y voyant une réplique du programme de 1981, c’est quand même faire preuve de beaucoup de mauvaise foi. Car à bien des égards, et au grand dam de beaucoup de gens à gauche, le projet présidentiel est « raisonnable » et « réaliste ».

Le PS promettait en 2007 de porter le SMIC à 1500 euros, Hollande ne s’est pas engagé sur un objectif chiffré. Le coup de pouce promis sera plus symbolique qu’autre chose. Sur les retraites, le retour de l’âge légal à 60 ans ne concerne qu’une partie des salariés. S’il s’est engagé à augmenter les effectifs dans l’Education, la Justice et la Police, c’est à effectif constant ou par redéploiement dans d’autres ministères. Le redressement des comptes publics est ainsi devenu une priorité.

Si la réforme des retraites de 2010 assurait un part de financement du système, elle pénalisait particulièrement ceux qui avaient commencé à travailler tôt, les femmes et les personnes aux carrières fragmentées. La récente modification vise à corriger ces travers, sachant que le chiffre de 100 000 ou 150000 possibles bénéficiaires pourrait ne pas être atteint, à l’image du dispositif « pénibilité » créée par la réforme 2010 et qui n’a pas atteint les 30 000 personnes par an, estimés au départ.

L’embauche de 60 000 fonctionnaires dans l’éducation a en indigné plus d’un (oui, oui !) mais le chiffre est avant tout un objectif et il s’étale sur cinq ans. Il est tout à fait possible qu’on n’arrive pas à ce chiffre au regard des difficultés de l’Education nationale de trouver des enseignants (chute constante du nombre de candidats aux concours de l’enseignement dans le secondaire). Sans compter que la réforme de l’éducation tel que voulue par Vincent Peillon ne se résume pas aux effectifs.

Enfin le redressement des comptes publics supposerait un matraquage fiscal. On a beaucoup débattu sur les limites de l’IRPP (multiplication des niches fiscales qui affaiblie l’assiette, réduction des tranches et des taux depuis 1993), handicapant son rendement et sa légitimité. L’effort ne peut pas reposer sur les mêmes (pauvres et classes moyennes secondaires), les grosses fortunes doivent y prendre leur part. C’est aussi dans leur intérêt.

23:57 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hollande, jospin, royal

08 octobre 2011

Primaire socialiste 2012 (7)

Six candidats, trois débats, un choix.

Demain a lieu le premier tour des primaires citoyennes. La campagne « interne » est finalement passée si vite que je n’ai pas eu le temps d’écrire d’autres notes, et ce malgré la tenue des trois débats télévisés et le projet d’une note sur les propositions des six candidats en matière d’éducation. Du coup je vais exposer un peu à la vite mes impressions sur cette campagne de premier tour.

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Le PS et le PRG ont donc organisés trois débats télévisés, le premier sur une grande chaine nationale (France 2), les deux autres sur des chaines « périphériques » (LCP/I-Télé puis Public Sénat/BFM). J’étais franchement sceptique sur la qualité possible d’un débat entre six candidats (risque de cacophonie etc). Au final, chacun a pu exprimer ses idées, ses priorités, sa ligne de conduite. Et le ton était courtois. 

Le succès en termes d’audimat des trois débats a montré l’intérêt grandissant des français pour les primaires citoyennes, et partant de là l’espoir, l’attente, le besoin d’alternance après 10 ans de droite et 5 ans de sarkozysme. En tout cas, on ne peut que se féliciter de ce regain d’intérêt pour la politique. On verra bien ce dimanche et le prochain le taux de participation.

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A la différence de 2006, où je soutenais la candidature de DSK tout en n’étant pas membre du PS, j’ai tranquillement abordé cette primaire sans partie pris, ouvert et attentif aux propositions de chaque candidat. Je n’ai rejoint aucun comité ou groupe de soutien aussi informel soit-il. Mais à un moment donné, faut bien faire un choix. Voici donc quelques réflexions sur les six candidats :

Manuel Valls. Très franchement, je n’ai pas été convaincu par sa campagne et ses prises de position. L’homme a surtout adopté une posture, celle du « discours de vérité », du « socialisme réaliste », du « réformisme modéré ». Mais derrière ces slogans, très peu de propositions concrètes (la TVA sociale, un statut de l’artiste, le vote obligatoire). Ses trois priorités sont le redressement des comptes publics, la compétitivité des entreprises et la sécurité.

Jean-Michel Baylet. Par sa présence, le candidat radical a renforcé la primaire en la sortant du cadre socialo-socialistes. Dommage que Chevènement n’ait pas fait le même choix. Bien qu’il ait peu de chances de l’emporter, sa participation aura été l’occasion de promouvoir les idées radicales. C’est tout bénéfique pour le PRG. Il s’est clairement démarqué des autres candidats par ses positions sur l’Europe fédérale et des sujets sociétaux (cannabis, euthanasie).

Ségolène Royal. Elle se prépare à cette échéance depuis 2007, mais contrairement à 2006 elle n’aborde pas ce scrutin en position de favori. Du coup elle a beaucoup plus de mérite à mes yeux. Ceci dit j’ai toujours du mal avec ses prises de position, parfois populistes ou manquant de cohérence. Elle a délaissée la question de la démocratie participative pour s’entourer (et elle le fait savoir) d’experts. Ses priorités : la transformation écologique de l’économie, les PME et les jeunes.

Arnaud Montebourg. Je crois que c’est la révélation de ces primaires. Avec Manuel Valls mais dans un tout autre registre, il tient un discours qui détonne assez. C’est celui qui va le plus loin dans la critique de la mondialisation, de l’Europe et des institutions républicaines, même si on a du mal à voir comment il pourrait mettre en pratique certaines de ses propositions. Je suis quand même agacé par ses attitudes de tribun (on sent l’avocat) et ses propos sur DSK.

François Hollande. Avant l’affaire du Sofitel, on se moquait gentiment de sa candidature, de son régime etc. Depuis, il est donné grand favori de cette primaire. Il a marqué le débat par ses idées de réformes fiscales et de contrats de générations. Il a pris beaucoup de hauteur au cours des derniers mois, lui donnant une vraie stature présidentielle. On est loin de son image effacée, brouillonne, de Premier secrétaire. Son discours alliant sérieux et engagements en fait le candidat d’un rassemblement large, utile pour un 2nd tour de présidentielle, peut être moins pour une primaire et un premier tour…

Martine Aubry. Un début de campagne plutôt chaotique avec sa déclaration de candidature au pied levé, puis une montée progressive avec la constitution d’une équipe de campagne sans doute la plus équilibrée de toutes. Son action a la tête du PS la conforte à mes yeux comme candidate naturelle et légitime du PS. C’est dommage qu’elle soit tant accrochée au programme socialiste au point d’en citer presque toutes les mesures. On perd de vue un peu ses priorités. J’ai été convaincu par ses propos fermes et nuancés sur la crise économique européenne, et rassuré par les partenariats qu’elle a noués avec le SPD, le Parti démocrate italien ou le PSE en général. Elle est sans doute la plus européenne de tous les candidats.

Je voterai donc demain pour Martine Aubry.

Note 1 : Moscovici, candidat ?

Note 2 : Le PRG participera à la primaire socialiste

Note 3 : A propos des listes de soutiens

Note 4 : De la légitimité d’une candidature

Note 5 : L’emploi

Note 6: La dette, le déficit et la règle d'or

11 septembre 2011

Primaire socialiste 2012 (6)

La dette, les déficits et la « règle d’or ».

Avec la crise grecque des finances publiques au premier semestre 2010, la question de la soutenabilité de la dette et des déficits publics est désormais au centre des débats économiques européens. Pour faire face à la menace, parfois bien réelle, d’un renchérissement soudain du coût de la dette, l’Europe a mis en œuvre des politiques d’austérité. Le pacte de compétitivité Sarkozy-Meckel encourage l’adoption d’une règle constitutionnelle de maitrise des déficits.

Pour ramener le déficit public à 5,7% du PIB en 2011, le gouvernement Fillon a procédé à un premier tour de vis, via le rabotage de plusieurs niches fiscales. Pour tenir notre engagement de redresser les comptes publics, c’est 12 milliards d’euros qu’il entend économiser en 2012. Avec une dette publique de 1800 milliards d’euros, en constante augmentation depuis 1974 dont 20% de plus ces 5 dernières années, la France n’échappera pas à une cure d’austérité.

L’enjeu de la présidentielle, et ce n’est pas rien, sera d’en déterminer l’intensité, la durée et les modalités de mises en œuvre. La droite semble vouloir faire l’essentiel de l’ajustement budgétaire par les dépenses, l’adoption de la règle d’or déterminant le délai impartie et l’effort à réaliser. La gauche entend plutôt jouer sur le levier des recettes (et plus précisément des impôts). Mais les candidats à la primaire socialiste livrent déjà des approches et des propositions différentes. Examinons-les.

Arnaud Montebourg ne souhaite pas s’engager sur un retour du déficit sous la barre des 3% du PIB en 2013 ou 2014. Il propose plutôt un impôt provisoire pendant trois ans afin de rétablir les finances publiques. Ce délai donnera le temps nécessaire pour un débat approfondi sur les contributions de chacun à l’effort national. Il suggère en outre, au niveau européen, une dose raisonnable d’inflation pour éroder l’endettement, et une monétisation de la dette par la BCE.

Pour Manuel Valls la gauche doit adapter son programme à la crise économique. Il plaide pour un redressement rapide des comptes et pose deux principes : consacrer la totalité des nouvelles marges de manœuvre financière à la réduction des déficits ; financer toute nouvelle politique publique par la suppression d’une autre. Il ne rejette pas le principe d’une règle d’or mais pose comme condition au dialogue, l’adoption d’une loi de Finances rectificative d’urgence à la rentrée.

Jean-Michel Baylet s’engage à revenir dès 2013 à un déficit public de 3 % du PIB. Pour réduire les déficits en 2012 et 2013, il propose des majorations exceptionnelles d’impôt sur le revenu et de CSG pour les contribuables les plus fortunés, de l’ordre de 10 % du montant de l’impôt. Il lance l’idée d’une conférence nationale sur les finances publiques rassemblant des représentants des partis politiques républicains, des collectivités locales, des partenaires sociaux et du monde associatif. Elle se réunira pendant six mois et devra définir un plan d’assainissement des comptes.

Ségolène Royal s’engage à ne pas augmenter les prélèvements obligatoires. Elle souhaite une lutte accrue de la fraude fiscale et veut inscrire dans la Constitution l’égale contribution du capital et du travail à la fiscalité et la garantie des ressources de la sécurité sociale. Elle veut également définir des règles fiscales dès 2012 et assurer leur stabilité pendant 5 ans.

Alors que le projet socialiste prévoyait un retour du déficit public sous la barre des 3% en 2014, François Hollande est le premier à s’être engagé sur cet objectif dès 2013. Il promet pour cela une grande réforme fiscale qui consistera à taxer tous les revenus sans distinction d’origine et de rétablir la progressivité de l’impôt et la contribution selon son revenu et ses patrimoines. A propos de la règle d’or, il estime qu’elle devait être votée après l’élection présidentielle.

Martine Aubry relie la crise de la dette à la crise de l’emploi et de la compétitivité. Elle propose une « règle d’or » conforme au projet du PS, qui consiste à consacrer la moitié des nouveaux moyens dégagés à l’assainissement des comptes publics, et l’autre moitié aux investissements d’avenirs (l’emploi, la croissance, le pouvoir d’achat, l’éducation). Pour rétablir les comptes publics, elle entend bien supprimer 10 milliards de niches fiscales sur les 70 milliards créés depuis 2002.

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A propos de la règle d’or, j’ai expliqué dans une note précédente à la fois sa logique économique, mais aussi son inutilité et sa dangerosité.

Le pacte de stabilité européen et la réforme constitutionnelle de 2008, introduisant la notion de lois pluriannuelles de finances publiques, sont deux instruments juridiques encadrant les déficits et les dépenses publiques. Des mécanismes de sanctions étaient prévus, ils n’ont pas été appliqués.

On nous parle de la rigueur allemande mais faut-il rappeler que le pacte de stabilité avait été exigé en grande partie par l’Allemagne, afin d’encadrer « les pays du club med », et qu’elle a été une des premiers pays (avec la France) à ne pas l’appliquer ? (période 2003-2007).

Pour nous convaincre de voter la règle d’or, la droite nous dit qu’elle ne sera pas contraignante (par l’introduction d’exceptions genre catastrophes naturelles, guerres, récession profonde). Mais pourquoi alors rajouter une n-ième règle si on prévoit déjà qu’elle ne sera pas plus contraignante ?

La nouvelle règle ne changera rien à la trajectoire des finances publiques et ne peut « rassurer » les marchés, élément qu’aucun (programme de) gouvernement ne peut ignorer mais qui ne doit pas constituer une fin en soi. Et ne sommes nous pas déjà dans une récession économique ? (techniquement nous ne sommes pas en récession mais avec une croissance inférieure à un, c’est pas le pied !)

La dynamique de la dette publique dépend beaucoup de variables telles que le taux d’intérêt (le coût de la dette présente et future) et le taux de croissance. Les pays qui ont réussi à se désendetter avaient un taux de croissance supérieure au taux de refinancement de la dette ET/OU un secteur privé (consommation, investissement ou exportation) suffisamment dynamique pour contrebalancer la réduction de dépenses publiques, qui alimentent d’une manière ou d’une autre, la machine économique.

De tous les candidats, Martine Aubry offre une analyse et formule des propositions sur lesquelles je me retrouve le plus. Le ralliement de François Hollande à la règle d’or, même après la présidentielle, m’a déçu. Une telle règle peut avoir du sens si seulement on part sur une obligation de moyens, tel qu’expliqué par Terra Nova, et non de résultats, économiquement inatteignable en l’état.

Note 1 : Moscovici, candidat ?

Note 2 : Le PRG participera à la primaire socialiste

Note 3 : A propos des listes de soutiens

Note 4 : De la légitimité d’une candidature

Note 5 : L’emploi

02 septembre 2011

Primaire socialiste 2012 (5)

De la question de l’emploi et des contrats aidés.

Interpellé ce matin par la lecture d’un article d’Alternatives Economiques, consacré aux emplois aidés, j’ai eu envie de regarder ce que proposaient les six candidats à la primaire socialiste, sur la question de l’emploi en général. Et à ma grande surprise, surtout au regard du nombre élevé de chômeurs recensé en France et en Europe, le sujet est encore trop peu traité par les candidats.

A cela, deux raisons peuvent être avancés. D’abord, l’économie est bien au cœur des débats (via la démondialisation, la crise des dettes publiques, ou la stratégie de croissance), chacun ayant à l’esprit que sans un rebond durable de l’activité, il n’y aura pas de création d’emplois pour réduire le chômage. Les politiques de l’emploi,  complémentaires à une politique de croissance, seraient dès lors secondaires.

Ensuite, la notion d’emploi est aujourd’hui un mot fourre-tout, englobant des problématiques aussi diverses que l’accès (des jeunes, des seniors, des femmes, des handicapés, des chômeurs…) au marché du travail et leur maintient, le niveau de qualifications, le salariat pauvre, la précarité (temps partiel, intérim), les conditions de travail etc., loin d’être délaissés par les candidats.

Nous retiendrons ici la question de l’accès (et le maintien) au marché du travail. En 1997, le PS avait gagné les législatives avec les 35h et les 500 000 emplois jeunes. Pour 2012, face au chômage des jeunes, le projet socialiste prévoit 300 000 « emplois d’avenir » dans les domaines de l’innovation environnementale et sociale. Mais tout juste énoncée, la mesure a été la cible de nombreuses attaques.

Manuel Valls juge archaïque, peu crédible et trop couteux le retour des emplois jeunes et de la retraite à 60 ans. Jean-Michel Baylet s’est également prononcé contre sans donner plus d’explications ou avancer de contre-propositions. Arnaud Montebourg traite la question de l’emploi sous le seul angle de l’immigration légale de travail. Autant dire que ces trois là ne font pas de l’emploi une priorité.

En lien avec sa théorie du care (le soin, l’attention, la solidarité), Martine Aubry promet de créer 300 000 emplois-jeunes (dont 100 000 dès la première année) dans les domaines de l’innovation environnementale et sociale. Ces emplois aidés seraient financés par la suppression des subventions aux heures supplémentaires, décidées par la loi TEPA de 2007.

Pour relier la question de l’emploi des jeunes et celle des seniors, François Hollande propose un contrat de génération. L’employeur s’engage à garder un senior, le temps qu’il parte à la retraite à taux plein, et embauche un jeune de moins de 25 ans pour qu’il acquière l’expérience du senior. En contrepartie, l’employeur est dispensé pendant 3 ans de cotisation sociale sur les deux emplois.

Ségolène Royal formule l’idée d’un pacte de confiance pour l’emploi des jeunes, centré sur l’alternance et l’apprentissage, correctement rémunéré. Elle propose aussi de sécuriser le parcours des jeunes créateurs d’entreprises, en généralisant en région les « ateliers de la création » et les « bourses Désirs d’entreprendre ».

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(cliquez sur le graphique pour agrandir)

Les principaux éditorialistes, la droite mais aussi une partie de la gauche, ont beaucoup critiqués les propositions d’Aubry et Hollande en matière de contrats aidés qu’il s’agisse de leurs principes, le « retour des vieilles recettes », ou de leur mise en œuvre, « coûts pharamineux pour une efficacité incertaine ». Pourtant, alors que le chômage atteint un niveau quasi-record, le nombre de contrats aidés proposés reste timide.  

On trouve beaucoup de défauts/ limites aux contrats aidés : ils seraient couteux pour les finances publiques, ils stigmatiseraient les bénéficiaires en les enfermant dans le cercle vicieux des emplois subventionnés, ils se concentreraient sur des activités essentiellement « improductives » (i.e lié au secteur public), et leurs efficacités en terme de retour à l’emploi, seraient incertains.

Pourtant les emplois jeunes ont pu constituer une véritable première expérience pour tous ses bénéficiaires et faciliter ainsi leur insertion professionnelle. Ils ont aidés au développement de l’économie sociale et solidaire – le tiers secteur – afin de répondre à des besoins nouveaux ou émergents dans un cadre territorial donné. Ils sont un soutien aux familles ou aux personnes trop éloignés du marché du travail. Par les revenus qu’ils dispensent, ils viennent soutenir la consommation donc l’activité.

Depuis quelques années, on réduit drastiquement l’aide au milieu associatif ainsi que le nombre de contrats aidés. Peut être que la situation économique et sociale d’avant crise permettait de stabiliser voir réduire ces dépenses qu’on peut légitimement ne pas vouloir voir perdurer. Mais lorsqu’on subit la pire crise internationale depuis 1930, ne pas jouer sur ce levier, malgré toutes ses limites et imperfections, relève de l’inconscience…

Note 1 : Moscovici, candidat ?

Note 2 : Le PRG participera à la primaire socialiste

Note 3 : A propos des listes de soutiens

Note 4 : De la légitimité d’une candidature

19 août 2011

Primaire socialiste 2012 (4)

De la légitimité d’une candidature

Avant d’aborder plus amplement les questions de fond et le positionnement politique des six candidats à la primaire des socialistes et radicaux de gauche, il m’a semblé opportun de faire le point sur la légitimité des candidats. Il ne s’agit pas de juger la pertinence et l’intérêt de chaque candidature au regard des enjeux politiques mais d’analyser plutôt la manière dont chacun cherche à légitimer sa candidature.

La première des légitimités en politique reste l’élection. C’est parce qu’on est investie du suffrage universel qu’on est autorisé, pour une période donnée, à parler au nom du collectif et à prendre une décision au nom de celui-ci. Mais on compte aussi l’expérience de responsabilités publiques, l’expertise (savoirs-savants), l’opinion publique (les sondages), le soutiens de personnalités politiques ou de la société civile etc.

Ségolène Royal met en avant son expérience à la tête de la Région de Poitou-Charentes, jouant ainsi la carte de la proximité et de l’innovation de terrain. Alors qu’elle jouissait en 2006 d’une grande légitimité médiatique, elle accuse aujourd’hui un sérieux retard dans les intentions de vote. Sa position à l’égard des média a d’ailleurs profondément changé. Comme pour compenser et se démarquer, elle revendique son expérience de candidate à la présidentielle en 2007.

Plus intéressant encore, ayant été largement attaquée par le passé sur ses compétences et son aptitude à occuper la fonction présidentielle, Royal a multiplié les voyages internationaux (histoire d’acquérir une stature internationale) et les discussions avec de nombreux experts (économistes, sociologues etc) et aime à le faire savoir. Ce faisant on dirait qu’elle délaisse l’expertise citoyenne qu’elle avait tant mise en avant en 2006 et 2007.

Depuis l’éviction de DSK, François Hollande est le nouveau favori des sondages. Ce soutien médiatique est une force dans la course à l’investiture, mais l’histoire a montré que ce n’était pas toujours suffisant. N’ayant jamais exercé de responsabilités ministérielles, il rappelle sa proximité à Jospin lorsque ce dernier était à Matignon. Mais il aime aussi jouer sur son absence d’expérience pour mieux apparaitre comme un homme neuf.

Pour mieux se démarquer de l’actuelle Première secrétaire et répondre à l’accusation d’un PS gauchisé et dépensier, Hollande se présente comme l’homme de la rigueur. Il a mis en avant son bagage intellectuel (HEC, ENA) et son réseau d’experts pour donner du poids à ses idées sur la fiscalité. Il se rêve comme l’héritier de Delors. Et la boutade corrézienne de Chirac le présente comme un républicain ouvert, capable de rassembler au-delà de son camp.

Bien qu’elle ait laissée les rênes du PS à Harlem Désir le temps de la primaire, Martine Aubry joue clairement la carte de la légitimité du parti. C’est moins le statut de Première secrétaire qu’elle met en avant que son bilan à la tête du PS : rassemblement des socialistes après la débâcle des européennes, rénovation du parti, relation avec les experts et intellectuels, travail sur des propositions.

Elle m’apparait comme celle qui revendique et assume le plus le projet des socialistes, voté en mai dernier. Sa stature internationale, elle l’a forgée en rencontrant d’autres chefs de partis en Europe (SPD, Parti Démocrate), et en signant avec eux des engagements communs pour l’avenir. Son équipe de campagne a fait le plus de place aux personnalités de la société civile (intellectuels, gens de la culture ou du mouvement social). Elle jouie aussi d’une longue expérience ministérielle et d’élue de terrain.

Du côté des « petits » candidats, Baylet a pour lui ses expériences ministérielles et d’élu local (Conseil général) mais c’est bien son statut de Président du PRG qui justifie sa candidature. Manuel Valls a lui le soutien de nombreux élus locaux et met en avant le fait qu’il soit lui-même maire d’une commune populaire. Il joue la carte de la nouvelle génération et de sa non-participation aux gouvernements Jospin pour apparaitre comme nouveau.

Montebourg joue la carte de la rénovation du PS (primaires, règle du mandat unique), dont il revendique la paternité, et du profil différent (c’est un avocat, plutôt jeune) et des propositions spécifiques (démondialisation, VIème République, capitalisme coopératif) qu’il défend. Il a reçu le soutien, tantôt public, tantôt à demi-mot, de responsables politiques de la gauche (Tobira, Mélenchon, Chevènement, chez les Verts).

Note 1 : Moscovici, candidat ?

Note 2 : Le PRG participera à la primaire socialiste

Note 3 : A propos des listes de soutiens