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22 février 2013

Haro sur l’enseignement des SES

C’est une idée reçue qui a la vie dure et que diffusent régulièrement certains milieux politiques, économiques et médiatiques dans ce pays : « Les Français ont une très faible culture économique. La faute à l’enseignement de cette discipline, notamment au lycée, pour le moins catastrophique ».

Reprochant une lecture « anti-entreprise », le Medef recommandait en 2006 une révision des manuels scolaires et une initiation à l'entreprise dès le plus jeune âge afin de créer une «culture favorable à l'entrepreneuriat».

En 2008, alors membre d'une commission sur l’enseignement, Rocard qualifiait l'état de l'enseignement de l'économie de «catastrophe ambulante» et le rendait «responsable du blocage du dialogue social dans notre pays». Avant de se rétracter.

Dans une émission radio (peut être BFM), Dominique Seux (éditorialiste chez Les Echos) analysait régulièrement chaque point du programme de SES sous l’angle de « l’économie contemporaine » et le jugeait grosso modo incomplet, biaisé et déconnecté des réalités économiques.

Enfin, dans un commentaire du dernier livre de Guillaume Duval – Made In Germany, très critique sur le fameux modèle allemand – F.O.G (Le Point) taclait au passage les enseignants qui « "apprennent" l'économie à nos enfants en les gavant comme des canards d'une mixture pseudo-marxiste ».

Soyons clair, l’école sera toujours un sujet qui soulève les passions. Car elle pose la question de la transmission de savoirs, de valeurs, de normes, de représentations du monde social, d’une génération à une autre ; et parce qu’elle est au cœur de notre modèle républicain.

Les critiques adressées à l’enseignement des sciences économiques et sociales relèvent de l’idéologie, ou pour être moins catégorique, de lieux communs sans intérêts dits sur le ton du « c’était mieux avant », « oh le niveau baisse », couplé d’une ignorance crasse sur ce qu’est l’enseignement secondaire et ses limites.

Il me semble important de rappeler quelques vérités basiques :

- L’enseignement primaire et secondaire n’a pas vocation à former des salariés (ou des entrepreneurs) mais à prodiguer un enseignement de base sur un certain nombre de disciplines, et à former des esprits capable de raisonner, de penser, de s’exprimer et je dirai, de se surpasser. A chacun de se « spécialiser » après selon ses projets.

- L’enseignement de SES est une initiation à l’économie politique et à la sociologie, deux disciplines distinctes mais complémentaires pour la compréhension de certains sujets. On s’attache surtout à faire comprendre des notions de base, qu’on éclaire avec plusieurs points de vue (autrement dit les principaux courants de pensée).

- L’économie « mathématisé », tel qu’enseigné dans l’enseignement supérieur, n’est pas enseignable au lycée, pour la simple raison que les notions mathématiques nécessaires ne sont pas encore vues. Et la microéconomie de base est quand même d’un intérêt limité.

- Le nombre de connaissances enseigné aux élèves du secondaire est très important (voir le nombre de matières, d’heures, qui plus est à un âge ingrat même si on a plus de facilités qu’à l’âge adulte) du coup il est difficile d’espérer un approfondissement de ces connaissances à ce stade d’enseignement. C’est le rôle du supérieur d’y pourvoir.

Je trouve assez mal placé ces leçons d’économie quand on voit le parcours universitaire de leurs auteurs : des études de droit, de journalisme, de commerce. Et quand on commente l’actualité tous les jours (et c’est un métier à part entière), je ne crois pas qu’on ait le temps de prendre du recul et d’analyser les choses sur le fond.

02 février 2013

Rocard et la réforme des retraites

Michel Rocard était interviewé le 26 janvier dernier par le Journal du Dimanche. La sortie de son dernier livre – La gauche n’a plus le droit à l’erreur coécrit avec Pierre Larrouturou – crée l’occasion de reparler de la réduction du temps de travail (RTT) et de la réforme des retraites. Il faudra un jour que j’écrive une note sur la RTT. Mais sur les retraites, voilà ce qu’a dit Rocky : 

« L’amputation du pouvoir d’achat (des pensions) est imbécile, alors que le pays a besoin de davantage de consommation. La seule solution est d’allonger la durée de cotisation, d’aller peut-être jusqu’à 43 annuités. La France est le seul pays développé qui a fixé un âge de droit au départ à la retraite. La réforme Sarkozy a fait passer au forcing les 62 ans… C’est décoratif, cet âge n’est pas une limite physique, ni individuelle. (…) Il faut dire la vérité aux Français, le vrai calcul se fonde sur la durée de cotisations, pas sur un droit lié à un âge borné et inutile. En conséquence, on peut aller jusqu’à 65 ans. C’est vivement souhaitable, à tous points de vue. Il y a une mortalité forte juste après 60 ans car le travail maintient en forme. Et travailler plus longtemps résoudrait le sous-emploi des seniors. Ce serait un apport considérable. »

Mes remarques :

Le gel des pensions retraites, piste sérieusement envisagée pour rééquilibrer les caisses de retraites complémentaires, se traduit du fait de l’inflation, par une perte de pouvoir d’achat. Si le geste peut effectivement faire économiser quelques millions/milliards d’euros, c’est aussi toucher à la consommation des ménages (ici retraités) alors que l’économie fait du surplace.

La France n’est pas le seul pays développé à avoir fixé un âge de droit au départ à la retraite. Comme dans d’autres domaines, il n’y a pas là non plus de « particularité française ». En Espagne il est (était ?) fixé à 65 ans et 35 ans de cotisations. En Allemagne, l’âge légal est de 67 ans. Hélas, je ne retrouve plus le tableau comparatif que j’avais trouvé sur le sujet.

Rocard a raison sur le fait qu’avec l’allongement de la durée de cotisation, l’âge de départ à la retraite perd progressivement et complètement de sens. Pour un jeune comme moi, qui a fait des études et qui est rentré plus tard sur le marché du travail, la retraite à 60 ans est hors de portée. Il en va autrement pour ceux, en activité, qui approchent du seuil en question (60/62).

Travailler plus longtemps résoudrait le sous emploi des seniors !? La France est marqué par un taux d’emploi des seniors (plus 55 ans) assez faible (30-35%). Améliorer ce taux, comme celui des jeunes, apporterait des ressources supplémentaires au système de retraites. Mais ce n’est évidemment pas si simple.

Le relèvement progressif de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans contraint, de fait, les salariés en âge de partir, à retarder leur départ. Les statistiques ont d’ailleurs montré des départs moins nombreux suite à la réforme de 2010. Mais c’est valable pour des seniors encore en activité et en capacité à rester plus longtemps dans leurs emplois .

Le problème c’est pour ceux qui perdent leur travail au cours de la cinquantaine, et qui ont du mal à en retrouver. Dans ce cas, l’allongement de la durée de cotisation transforme des préretraités en chômeurs de longue durée ou, au vu des intentions de réformes du régime d’indemnité chômage, en bénéficiaires du RSA ou ASS,  avec in fine des pensions moindres. De quoi réduire à néant les progrès enregistrés ces dernières décennies en matière de niveau de vie des retraités (pouvoir d’achat).

Sur le taux de mortalité après 60 ans, les propos de Rocard mériterait d’être développés et précisés. Je ne sais pas d’où il sort ces chiffres/ cette tendance. Beaucoup de problématiques sont derrière tout ça : la pénibilité au travail, l’occupation de son nouveau temps-libre (loisirs, volontariat, bénévolat), la prise en charge des problèmes de santé arrivés à un âge certain (encore que je suis persuadé que ça se déclenche plus tard).

Tout ceci m’amène à parler de la réforme des retraites, mais c’est pour un nouveau billet.

10:40 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : rocard, larrouturou