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23 mars 2013

Réforme des retraites : les points à aborder.

Le sujet a été plusieurs fois abordé ces derniers mois. Le président de la République l’a récemment confirmé. Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault devrait bel et bien engager, au cours de cette année, une réforme de notre système de retraite. Une commission a été mise en place pour dessiner des propositions de réforme. Le rapport est attendu en juin. Les perspectives financières du système de retraite ont été rappelées par le Conseil d’Orientation des Retraites (COR), dans son dernier rapport.

La réforme sera-t-elle paramétrique ou plus globale ? Autrement dit est ce que le gouvernement va plutôt jouer sur certains leviers (durée de cotisation, taux de cotisation, âge légal, montant et conditions des retraites etc.) ou entreprendre une refondation plus en profondeur du système (en allant vers un régime à points…) ? Même si officiellement il n’a pas tranché, le gouvernement semble privilégier la première solution. Il faut dire qu’à l’exception du retour partiel à la retraite à 60 ans, l’exécutif ne s’est pas jamais trop avancé sur le sujet.

Je ne vais certainement pas me prononcer ici sur la pertinence, l’intérêt ou le risque de telle ou telle mesure, de tels ou tels types de réforme. Car au-delà des tendances générales, je n’en ai simplement pas les connaissances requises. Toutefois tout projet de réforme devrait, à mon sens, aborder nécessairement certains points, certains sujets gravitant autour de la question des retraites. Mais au préalable, deux « évidences » devraient être à l’esprit de nos gouvernants et de nos concitoyens.

Deux préalables à rappeler.

Tout d’abord, toute réforme des retraites ne devrait pas être annoncée comme « définitive ». La droite, qui a réformé le système à trois reprises, a souvent annoncé qu’avec les mesures qu’elle adoptait, le système était sauvé. Et quelques années après, le sujet revenait sur la table. Les perspectives du système reposent sur des facteurs trop aléatoires (démographie, espérance de vie, taux de croissance, taux d’emploi de la population), même si des tendances lourdes se dessinent. Le principe d’un rendez-vous triennal/ quadriennal/ quinquennal, pour faire le point et modifier le système à la marge, devrait être retenu et convenu par tous.

Deuxième évidence à rappeler, même si dans les temps qui court cela s’apparente à une chimère, aucune réforme du système des retraites n’est viable sans un retour de la croissance économique. Inutile d’espérer retrouver les 4-5% de croissance des Trente glorieuses. Mais seule la croissance économique, créatrice de richesse et d’emploi, peut garantir la soutenabilité à long terme du système des retraites et viabiliser tout projet de réforme d’ordre paramétrique. En d’autres termes, le seule retour de la croissance ne vaut pas réforme des retraites mais aucune réforme des retraites n’est tenable sans perspectives de croissance viable.

Les chantiers à entreprendre.

L’emploi des seniors.

Depuis vingt ans, et plus encore depuis 2003, les gouvernants s’efforcent d’allonger la durée de cotisation, et par là de retarder l’âge effectif moyen de départ à la retraite. Autrement dit il faut travailler plus longtemps. Les dispositifs qui permettaient un départ anticipé ont été durcis ou supprimés. Résultat, le taux d’emploi des seniors a progressivement augmenté depuis dix ans.

Le problème, c’est qu’à partir de 55-57 ans, retrouver un emploi ou le garder, n’est pas chose facile. Le risque pour les seniors, si on augmente encore la durée de cotisation, c’est de passer les années manquantes au chômage ou au RSA/ASS, ce qui ampute leurs futures retraites (en plus des difficultés présentes). Il faut donc encourager les entreprises à maintenir ces salariés en activité (aménagement du temps de travail, postes adaptés, nouvelles tâches etc.).

L’emploi des jeunes.

De l’autre côté de la chaine, les jeunes rentrent de plus en plus tard sur le marché du travail, en partie en raison de l’allongement des études. Toutefois, malgré des diplômes et des qualifications, l’accès au marché du travail en général et au premier emploi est particulier, relève du parcours du combattant. Le difficile démarrage de la carrière professionnelle n’est pas sans conséquence sur les droits à la retraite future, même si évidemment à cette classe d’âge, la retraite est un sujet bien lointain.

Même si comme pour les seniors, l’amélioration du taux d’activité des jeunes dépend fortement de l’amélioration de la conjoncture économique, des initiatives peuvent améliorer l’accès au marché du travail : développer l’alternance, l’apprentissage, le tutorat (principe du contrat de génération), la transmission d’entreprises, professionnaliser en partie l’enseignement universitaire, cibler les contrats aidés sur les moins qualifiés etc.  

Les conditions de travail et la pénibilité.

Il me semble évident que si l’on demande aux gens de travailler plus longtemps, que ce soit pour assurer le financement du système de retraite « dans l’immédiat » ou pour partager le temps acquis d’espérance de vie, encore faut-il que le travail soit supportable. Même si des progrès ont été enregistrés en matière de conditions de travail, une réflexion doit impérativement s’ouvrir sur le sujet.

Outre la réduction des accidents de travail et des maladies professionnelles, un plan d’action doit être mené sur les conditions de travail (ergonomie et aménagements des postes/ tâches), en particulier dans les secteurs d’activité au travail très physique, même si les métiers plus « intellectuels » (de bureaux) ne doivent pas être oubliés.

Une vraie sécurité sociale professionnelle.

Le projet de sécurité sociale professionnelle a été développé et défendu par plusieurs organisations syndicales dont la CGT et la CFDT. Il part du principe que les droits sociaux doivent être associés non plus à l’emploi occupé mais au salarié, quelque soit les changements qui surviennent au cours de sa carrière professionnelle. Ainsi des droits à la formation continue, acquis dans telle entreprise, devraient pouvoir être transportables dans une autre entreprise, si le salarié est amené à changer d’activité.

Une vraie sécurité sociale professionnelle doit pouvoir mieux armer les salariés contre tous les changements qu’ils subissent tout au long de leur vie professionnelle. La « transportabilité » de droits pourrait ainsi faciliter les mobilités professionnelles ou géographiques, les reconversions professionnelles, mieux couvrir les salariés à temps partiel ou cumulant plusieurs petits boulots. L’accord national de janvier dernier n’en est qu’un prémisse.

17:08 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1)

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Lettre Infos - Vie Publique

Emploi des seniors : un taux d’activité toujours faible

le 28 03 2013

L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié en mars 2013 un dossier "Rechercher et retrouver un emploi après 55 ans" qui figure dans l’édition 2013 "Emploi et salaires" de la collection Insee références.

Le taux d’activité des personnes de plus de 55 ans est particulièrement faible en France, surtout pour les hommes, dont le taux d’activité est l’un des plus bas de l’Union européenne. Après une baisse continue entre 1975 et 2000, le taux d’activité des plus de 55 ans a fortement augmenté, sous l’effet des réformes des retraites (durcissement des conditions d’accès à une retraite à taux plein) et de l’extinction des préretraites. En 2011, il se situe à 68,7% pour les 55-59 ans (soit +16,4%) et à 19,8% pour les 60-64 ans (+9,1%).

En 2011, le taux de chômage des plus de 55 ans s’établit à 6,5%. Il a crû de 1,9 point entre 2008 et 2011. Cette hausse est imputable aux effets de la crise et à la fin des dispenses de recherche d’emploi (à partir du 1er janvier 2009, l’âge minimal pour en bénéficier a été progressivement relevé, de 57 à 60 ans.).

Parmi les 36 % des 55-59 ans qui n’ont pas d’emploi, un sur six souhaite travailler. La proportion de chômeurs de 55-59 ans retrouvant un emploi au bout d’un an a connu une évolution favorable au cours des dix dernières années. Elle est passée de 8% sur la période 2004-2008 à 11% sur 2009-2011. Les chômeurs âgés retrouvent plus souvent un emploi temps partiel (56% contre 34% pour les 30-34 ans). Ceci tient, d’une part, au souhait du demandeur d’emploi (en 2011, 23% des 55 à 59 ans recherchent un temps partiel, contre 11% des 30-34 ans) et, d’autre part, à la forte proportion des contrats aidés du secteur marchand, qui correspondent souvent des emplois à temps partiel.

Écrit par : Pablo | 02 avril 2013

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