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04 septembre 2016

Pour qui sonne le glas

Ces deniers mois je me suis lancé dans la lecture de quelques classiques. Après avoir lu l’étrange mais tout aussi incroyable Voyage au bout de la nuit de Louis Ferdinand Céline, j’ai découvert Ernest Emingway avec Paris est un fête et surtout Pour qui sonne le glas, lu dans une vieille édition espagnole.

Pour qui sonne le glas se passe durant la Guerre civile espagnole (1936 - 1939). Robert Jordan, un jeune américain engagé dans les Brigades Internationales venues défendre la République menacée, est envoyé dans une région montagneuse pour y faire exploser un pont. L’infrastructure devra sautée le jour même où sera lancée une grande offensive militaire.

Dans cette région sous commandement franquiste, Robert Jordan doit rejoindre des partisans cachés dans la forêt et relativement désœuvrés après des mois de combats. S’il reçoit un accueil chaleureux, Jordan sait qu’il ne dispose que de quelques jours pour gagner leur confiance et organiser avec eux cette opération qui a tout d’une mission suicide.

Pablo, le chef de la bande, ivrogne mais combattant averti et sans pitié, se méfie de lui. Pilar, l’intendante qui parle comme un charretier, assure son intégration et la mobilisation de toutes les forces disponibles. Anselmo, son guide, lui est fidèle jusqu’au bout. Maria, une jeune femme de 19 ans dont il tombe amoureux, devient sa compagne.

Mais quelques imprévus entravent la bonne marche de l’opération. Une tempête de neige s’abat sur eux. La bande d’El Sordo (le Sourd) qui devait participer à l’attaque, est abattue après avoir volé des chevaux. Pablo prend la fuite avec une partie des explosifs et du matériel avant de revenir, plein de remords. L’attaque est lancée, le pont est détruit au prix de lourdes pertes humaines.

Pour qui sonne le glas est une œuvre magnifique. Le sacrifice et la camaraderie sont les thèmes principaux de ce roman de guerre. Sacrifice d’un jeune étranger parti combattre dans un pays qui n’est pas le sien, sacrifice de tous ces hommes et femmes prêt à participer à une attaque dont ils savent l’issue funèbre.

Les quelques jours que passe Robert Jordan avec les Partisans mettent en lumière une belle camaraderie de combattants d’abord, mais humaine aussi, avec l’accueil et l’hospitalité chaleureuse qu’il reçoit de ces espagnols. Ce sont des passages où l’on rit beaucoup.

Le livre décrit autant les atrocités commises par les républicains que celles commises par les franquistes. Les personnages se battent avant tout pour survivre, on est en guerre évidemment, mais c’est moins l’engagement idéologique et fanatique que l’espoir d’une vie meilleure et la recherche d'une certaine dignité humaine qui animent leurs combats.

J’ai beaucoup aimé cette œuvre.

Et je dois dire que j’ai beaucoup pleurer dans les derniers chapitres du livre.

19:11 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0)

17 août 2014

La mort blanche

science-fiction, frank herbertJohn O’Neill, un américain d’origine irlandaise, vient de s’installer en Irlande avec sa femme Mary et leurs deux enfants. Spécialiste en biologie moléculaire, il travaille à Dublin dans un centre de recherche, dans le cadre d’une mission de coopération scientifique. La petite famille passe un séjour paisible sur la terre de leurs ancêtres. Mais un attentat à la voiture piégée, mis en œuvre par un groupuscule terroriste (l’IRA provisoire), tue Marie et les jumeaux.

Complètement dévasté, ayant perdu toute raison d’exister, O’Neill sombre peu à peu dans la folie la plus totale et se forge une nouvelle identité : le Fou. Seul, dans un laboratoire clandestin et de fortune, il met au point un virus qui va s’attaquer aux femmes, exclusivement, et les tuer… D’abord destiné à l’Irlande, l’Angleterre et la Libye, cette « peste blanche » se propage à vive allure sur tous les continents, au grès des déplacements des populations.

Le virus déstabilise tous les gouvernements de la planète dans un contexte de Guerre froide. Un groupe de scientifiques des principales puissances s’attèlent à identifier les symptômes de la maladie, l’élément qui permet sa propagation, puis à trouver un remède. Des femmes sont mises en quarantaine pour être protégée. Une Force militaire de démarcation contrôle le mouvement des populations. Une Frappe de Feu éradique les zones infectées. Le monde s’enferme dans un isolationnisme local.

Non content d’avoir diffusé la peste, O’Neill souhaite en plus saboter les recherches scientifiques menées pour trouver un remède. Pour cela il revient en Irlande, pays en quarantaine et dirigé par des para-militaires, où il espère infiltrer un de ces labo et parachever son oeuvre. Sur son chemin il rencontre Joseph Herity - le terroriste qui a tué sa famille - le père Michael Flannery et un jeune garçon, qui a perdu sa famille lors de la peste et qui refuse de parler.

Ensemble, ils traversent l’Irlande jusqu’au labo de Killaloe. O’Neill prend la mesure des ravages de la peste, mais sa conscience et sa culpabilité s’éveille péniblement, à l’écoute de la joute verbale qui oppose tout au long du voyage, Herity et Flannery. Le premier justifiant la violence pour ses idées politiques, le second en appelant au pardon et à la responsabilité de chacun devant les hommes et devant dieu, le tout sur fond de culture et histoires irlandaises. Mais la peste a transformé les hommes au-delà de ce que le Fou pouvait imaginer…

Voilà donc la présentation tronquée - je passe arbitrairement sous silence bien des aspects de l’histoire et certains personnages - de l’avant dernier livre écrit par Frank Herbert avant sa mort en 1986. Un roman que j’ai beaucoup aimé malgré son rythme inégal et un récit un peu déroutant (multitude d’acteurs et d’intrigues secondaires). Avec génie Herbert esquisse une civilisation finissante, avec des personnages sombres mais attachants. Un monde où, malgré la perspective d’une disparition de la moitié de l’humanité, la découverte du remède et l’organisation de l’après-peste est au cœur d’une lutte de pouvoir et d’influence géopolitique …

18 décembre 2013

Champ mental

Encore une fiche de lecture sur une œuvre de Frank Herbert, mon auteur de science- fiction favori. Cette fois encore il ne s’agit pas d’un roman mais d’un recueil de sept nouvelles, écrites par Frank Herbert entre 1954 et 1973 et publiées alors dans divers journaux et magazines spécialisés dans la science-fiction.

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Essayez de vous souvenir

Un vaisseau spatial extraterrestre, haut de dix-huit kilomètres, s’est posé en plein désert sur le territoire américain. Ses occupants ont lancé un défi à toute l’humanité : « Nous allons vous soumettre un problème (…) Communiquer avec nous. Si vous réussissez, vos bénéfices seront grands. Si vous échouez, il en résultera la destruction de toute vie sensible sur votre planète ». En signe d’avertissement, ils ont neutralisés tous les satellites artificiels et rayés une île de la surface de la Terre.

Toutes les grandes puissances de la planète ont dépêchés aussitôt leurs meilleurs spécialistes du langage et de la communication. Ces derniers, parmi lesquels figure la psychologue Francine Muller, planchent sur le problème depuis des mois. Le temps presse alors même que les militaires de chaque puissance songent à s’attaquer au vaisseau, et à le faire avant leurs « alliés » de circonstance, dans ce contexte de guerre froide. Une très bonne histoire, avec en toile de fond une réflexion sur la communication au-delà du seul langage parlé…

Meurtre vital

Tel un virus qui pénètre un corps, humain ou autre, et se déploie dans celui-ci en s’attaquant aux anticorps, le Tegas/Bacit est une espèce extraterrestre à double personnalité qui prend possession d’un corps humain en réduisant au silence la conscience qui l’habite initialement. Tous les deux cents ans, le Tegas/Bacit doit ainsi changer d’habitant par un meurtre, sous peine de disparaître avec la dégénérescence naturelle du corps. Mais ce transfert est une opération risquée, surtout lorsque un petit contingent humain, imperméable à ces attaques, poursuit les Tegas/Bacit pour les exterminer.

Champ mental

Dans un futur lointain, des prêtres dirigent l’humanité qui se reproduit dans des cuves technologiques par un processus de régénérescence du corps et de l’esprit. Ces prêtres cherchent à éradiquer toute forme de violence et de peur car celle-ci pourrait déclencher un feu nucléaire à partir des bombes et missiles enfouies sous terre, sombre héritage d’une période antédiluvienne. En volant une de ces cuves, Ren, Jeni et Saim régénèrent Jorj, dans l’espoir de réactiver sa mémoire passée et désactiver les armes.

Martingale

Hal et Ruth Remsen, un jeune couple fraichement marié, traversent les Etats-Unis à bord de leur décapotable. Perdus sur une route déserte alors que la nuit tombe, ils décident de rejoindre l’énigmatique et désolé Hôtel du Repos du Désert. La pancarte à l’entrée de l’hôtel annonce que les jeux du hasard sont interdits. Une fois conduit à leur chambre par un réceptionniste froid et taciturne, ils se retrouvent prisonniers dans une sorte de monde parallèle avec tous ceux qui ont eu le malheur de s’arrêter dans cette pension. Pour s’échapper ils devront respecter la règle : Tout pari fera disparaître l’objet parié. Bien. C’est la nouvelle la plus courte du livre.

Chiens perdus

Suite à l’expérience hasardeuse d’un vétérinaire qui souhaitait lutter contre la prolifération des coyotes au Nouveau Mexique, tous les canidés de la planète sont progressivement touchés par une épidémie meurtrière que l’homme peut transmettre par une simple caresse. Pour protéger ceux qui ne sont pas encore infectés par le virus, le gouvernement planétaire a crée des réserves animalières. Verley Trent, un biologiste, et Hans-Meers, un professeur-vétérinaire, luttent pour créer un vaccin et sauver le meilleur ami de l’homme.

Le Comité du Tout

Le comité du Sénat pour les affaires intérieures et insulaires doit examiner en audience publique (et filmée) l’opportunité d’adopter un amendement visant à modifier une vieille loi de 1934 sur les pâtures publiques. Cet amendement vise à élargir des comités consultatifs et à modifier leur composition, ce qui affaiblirait la représentation des exploitants agricoles. Se sentant menacer, ces derniers se font représenter à l’audience par un des leurs, qui a crée une technologie qui va révolutionner l’agriculture. La nouvelle raconte le procès et pose la question du rapport entre média et pouvoir, entre monopole technologique et pouvoir. La nouvelle la moins intéressante du recueil à mon gout.

Selon les règles

Ivar Norris Gump travaille depuis des décennies pour la Compagnie Haigh qui gère les communications du système solaire à travers ses « rayons », de gros tubes installés dans des galeries profondes. Ces rayons permettent la transmission et la réception d’information vers des milliers de containers, lancés il y a 900 ans aux confins de l’univers. Ces capsules détiennent des embryons humains et animaliers, de quoi de reconstituer la vie et la civilisation ailleurs. Un de ces rayons semble défectueux. Une dizaine d’agents de la compagnie ont disparu en cherchant en analysant ces rayons.

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Très bon recueil de nouvelles pour qui aime le style Herbert et ses thèmes de prédilection. C’est très intéressant de voir comment certaines nouvelles font le pont avec l’univers de Dune, le grand chef-d’œuvre d’Herbert. Le Tegas/Becit fait penser aux mémoires intérieures des Bene Gesserit. Les cuves dans Champ mental rappellent les cuves des Tleilaxus et l’épreuve de Jorj celle de Duncan Idaho. Enfin une séquence de la dernière nouvelle rappelle le voyage de la Guilde.

28 octobre 2013

Les prêtres du Psi

Je vous présente une nouvelle œuvre de Frank Herbert, mon auteur de science- fiction favori. Cette fois il ne s’agit pas d’un roman mais d’un recueil de six nouvelles, écrites par Frank Herbert entre 1957 et 1967 et publiées alors dans divers journaux et magazines spécialisés dans la science-fiction.

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Les prêtres du Psi.

Lewis Orne est un jeune agent du puissant service Investigation et Normalisation (I.N), chargé au sein de l’Empire, d’employer la manière forte sur toutes les planètes en cas de menaces guerrières avérées. Il est envoyé en mission sur Amel, la planète de toutes les religions de l’univers connu, pour découvrir et tenter de déjouer le projet des prêtres du Psi de renverser le service I.N. Il devra y subir plusieurs épreuves mentales successives… En fait cette nouvelle est soit un extrait, soit base de travail du roman « Et l’homme créa un dieu ».

Les marrons du feu.

Les Slorins sont des extraterrestres qui peuvent prendre n’importe quelle apparence et sont connectés via un réseau mental télépathique. Il y a très longtemps une capsule de Slorins s’est écrasée sur la Terre et les membres survivants se sont disséminés sur la planète. Leur règle absolue : se fondre dans la masse, observer l’environnement et ne pas se faire remarquer. Smeg et Rick, deux slorins, sont envoyés en mission dans une bourgade américaine où un Shérif y fait régner l’ordre avec des pouvoirs de persuasion hors du commun.

La course du rat.

L’Amérique des années soixante. Welby Lewis est un brillant inspecteur à la brigade des affaires criminelles. Avec son sens du détail et sa logique, il voit son métier  de policier comme un super puzzle où l’assemblage progressif des pièces finit toujours par donner une image cohérente qui recèle la clé de l’affaire. Tout fini par s’expliquer et se justifier par la logique et la science. Lors d’un banal contrôle d’une entreprise de pompe funèbre, il remarque l’étrange présence de bouteilles de gaz. Il découvrira une étrange expérience. Pour moi la meilleure histoire de tout le livre.

Délicatesses de terroristes.

Dans cet univers où se côtoient humains et non humains, un service dans l’appareil de l’Etat est chargé d’organiser et de perpétuer des actes terroristes afin de maintenir l’ordre et la paix sociale. Jorj McKie travaille dans ce service particulier. Le périmètre légal d’action du Bureau des Terroristes est contesté par le Bureau des Contributions dont le représentant est un Pan-Spechis, une sorte de créatures aux sept vies, où chaque personnalité se développe indépendant des autres mais dans le même tissu cellulaire. La nouvelle expose en fait le déroulé du procès public du Bureau du Terrorisme. C’est le texte le moins facile à lire des six mais l’intrigue est très bien ficelée.

La drôle de maison sur la colline.

Ted et Martha Graham vivent dans une caravane. Ted est expert comptable agrée. Martha attend leur premier enfant. Aussi cherchent-ils à acheter une maison dans la région pour élever ce dernier. Un soir, à une heure avancée, ils sont contactés par les Rush, un couple au langage étrange, qui leur propose d’échanger leurs maisons. Une caravane contre une belle et grande maison sur la colline. Un échange qui a tout de l’entourloupe et qui sera lourd de conséquence pour les Graham. La nouvelle la plus courte du recueil.

Le Rien-du-tout.

Une jeune femme de 18 ans décide un soir de fréquenter un bar un brin malfamé en se la jouant comme son héroïne de série B. Elle y rencontre un Rien-du-tout, c'est-à-dire un membre de cette communauté d’hommes dénués de dons (de prescience, de télépathe…) dans une société où les pouvoirs psychiques ont l’air d’avoir décuplés. Ce sera son futur mari… Ainsi l’a prévu le Grand Tout, un des sages prescients de la Cité. C’est le premier texte de Frank Herbert où le personnage principal (et narratrice) est une femme.

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On retrouve dans ces six textes les thèmes chers à Frank Herbert : le rapport de l’homme à la religion, aux pouvoirs de l’esprit, au pouvoir. Le rapport à l’Autre aussi, qu’il soit humain ou non, qu’il soit dans une démarche pacifique ou agressive, qu’il soit à découvert ou caché. Bien que maitre dans le registre de la science-fiction, il montre dans ses textes tout son talent pour le genre policier ou fantastique.

24 septembre 2013

Le Soleil des Indépendances

Le soleil des indépendances a fait partie de ces lectures imposées, disons plutôt mis au programme, de mes années lycées. Avec mes camarades de classe de l’époque, c’était à Djibouti, nous avions rencontré l’auteur de ce roman, l’ivoirien et colossal Ahmadou Kourouma. Apparemment une référence dans la littérature africaine, que je connais très peu. Très franchement, je n’ai pas pu le lire à l’époque tant le style, très particulier, me décourageait.

Le roman d’Ahmadou Kourouma se centre sur le personnage de Fama, authentique prince malinké, aux temps de l’indépendance et du parti unique. Fama est marié à Salimata, qui cherche désespérément auprès des sorciers à guérir sa stérilité par des sacrifices et rituels. Fama dérive lamentablement entre un monde ancien, ancré dans les traditions et les croyances tribales, et un monde nouveau qui balaye les hiérarchies et les coutumes d’autrefois dans une nouvelle autocratie.

Mais la dimension politique est assez secondaire dans ce roman, au final très centré sur la vie quotidienne (celle de Salimata qui assure en fait la survie du couple, celle du village natal de Fama) et les croyances et mythes africain qui se croisent à l’islam (l’excision, les sorciers, les sacrifices, les cérémonies mortuaires etc.). Au final, l’histoire tragique de Fama, qui cherche à échapper à la malédiction qui pèse sur le dernier prince malinké.

Voilà. Il faut s’habituer au style – très riche, bien imagé, cru parfois – pour bien rentrer dans l’histoire. Des passages très durs : l’excision et le viol de Salimata. L’interrogatoire de Fama m’a fait penser un peu au Zéro et l’Infini de Koestler. Mais j’ai trouvé l’histoire mal ficelée, trop concentrée sur Salimata et le quotidien au début pour passer presque sans transition sur Fama, dans son funèbre va et viens entre le village et la ville.

22:50 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : koestler