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09 juillet 2008

La flamme et la cendre

La flamme et la cendre.jpegCeux qui me connaissent un tant soit peu savent l’intérêt que je porte à la vie politique en général et à la chose publique en particulier. Mais contrairement à une idée reçu, je ne suis pas un féru des livres écrits par nos responsables politiques (les écrivent-ils vraiment ? c’est un autre débat) ou ayant trait à la vie politique (par exemple « Les prétendants »). Je les trouve trop souvent circonstanciés, et du coup trop fades, sans grand intérêts sur le plan des idées. Mais il y a bien quelques exceptions.

Je viens d’achever la lecture de La Flamme et la Cendre, écrit par Dominique Strauss-Kahn et paru en janvier 2002. On me demandera pourquoi avoir attendu autant de temps alors que l’auteur n’est plus sur le devant de la scène et qu’il a écrit d’autres ouvrages depuis. La vérité c’est que pour moi, il y a les livres promotionnels - qui ne durent que le temps d’une campagne - et les livres de réflexions – qui savent rester d’actualité bien des années après. Ce n’est pas une question d’auteur qu’on apprécie ou non (et on sait que j’apprécie DSK ou Rocard), puisque j’estime que 365 jours, Journal contre le renoncement,  du même auteur, fait partie des livres promotionnels qui ne marquent pas leurs temps.

Il convient de replacer le contexte dans lequel l’auteur a écrit cette oeuvre. Nommé Ministre de l’économie et des finances en 1997 dans le gouvernement Jospin (il y fait figure de « poids-lourds »), il démissionne en novembre 1999 lorsqu’il est mis en cause dans des affaires judiciaires (conclues en non-lieux en 2001). Sa carrière politique interrompue en pleine lancée, on conviendra qu'il y a des situations plus malheureuses, il profite d'être dans le creu de la vague pour prendre le temps de réfléchir, le temps d’écrire. Il en ressort un livre singulier, authentique et très personnel.

Quatre grands sujets sont abordés, tous subdivisés en plusieurs chapitres. Le livre commence par une réflexion sur le socialisme comme doctrine politique. Effectuant une perspective historique, l'auteur explique la fameuse dialectique "réforme/révolution", le poids du marxisme et son questionnement face aux problèmes actuels. Il développe la notion des 3 socialismes: celui de la redistribution, celui de la production et celui de l'émancipation (c'est à dire celui consistant à lutter contre les inégalités à la racine).

DSK traite dans une seconde grande partie le vaste sujet de la mondialisation. Après avoir énumérés les différents points de vue critiques émis sur le processus de globalisation, il explique en quoi c'est un processus irréversible qui n'a pas que de mauvais aspects. Il dit notamment que la lutte pour l'environnement est un facteur de mondialisation, et argumente à cet effet sur l'intérêt du nucléaire et du système des "droits à polluer" (à côté du système des éco-taxes). Enfin il appelle de ses voeux une régulation de la mondialisation (il aborde ici les limites pratiques de la taxe Tobbin) au niveau européen et des instances internationales (dont le FMI, l'OMC, l'OIT, le G8 etc) qu'il souhaite réformer pour une nouvelle "gouvernance mondiale". Il aborde là la question de l'architecture du système international, de la légitimité démocratique et l'arbitrage.

En troisième partie vient l'Europe. Il rappelle que l'histoire de la construction européenne repose sur deux dynamiques: la délégation de prérogatives nationales vers l'échelon communautaire (Commission et Parlement) et l'harmonisation (notamment au niveau du marché intérieur). Il rappelle d'autre part la spécificité du modèle social européen fondé sur une mutualisation des risques permises par le welfare state. Le reste de son propos sur le sujet européen concerne la monnaie unique et ce qu'elle implique politiquement sur les instances européennes. Rappelons qu'en 2002, l'euro remplace tout juste nos monnaies nationales. Il milite donc pour une gouvernance économique européenne qui coordonerait la politique monétaire de la BCE et les politiques budgétaires des Etats (via l'Ecofin). Cette partie est d'autant plus intérressante qu'il nous livre son expérience et relate ses combats (souvent soldés par des semi-échecs) auprès de ses partenaires européens pour faire avancer l'idée.

Enfin, il consacre le dernier chapitre à la France. Il fait le point sur son action à Bercy notamment sur la question des privatisations, de la réforme fiscale du gouvernement Jospin, et enfin de la politique industrielle. Son soucis ayant été de booster la croissance économique pour relancer l'emploi. Par la suite, il analyse le dialogue social dans notre pays en rapport à la dialectique "loi/contrat". Il émet une critique sur la méthode choisit pour le passage aux 35 heures mais ne critique pas la proposition en elle même. Il émet quelques propositions sur la refonde de la démocratie sociale en France. Il aborde le sujet épineux de la réforme de l'Etat et du statut de la fonction publique (dont la haute-fonction publique) en énoncant quelques principes clés pour une bonne méthode de réforme. Il termine par une réflexion sur les instutions françaises (le régime présidentiel, la réhabilitation du Parlement, la fabriquation des lois, la structure territoriale, le vote des immigrés).

En refermant le livre je me suis rappellé pourquoi j'ai soutenu - et je soutient encore - la démarche de Dominique Strauss-Kahn. Avec un soucis de pédagogie et d'équilibre dans ses propos*, il éclaire le lecteur sur les enjeux auxquels la France est confrontée, avec la méthode - la sociale-démocratie - pour les traiter. Il est même ironique de voir à quel point ce qu'il a pu écrire à l'époque est toujours d'actualité, et comment certains responsables politiques (à gauche comme à droite) ont repris ses positions.

Le livre m'a plu parce qu'il s'adresse à l'intellectuel des gens, mais je peux concevoir que la forme de l'analyse retenu par DSK ne soit pas la plus appropriée pour la compréhension du citoyen lamba peu initié à l'économie, la sociologie ou le droit. Je veux dire par là qu'étudiant ces disciplines là, le discours ne m'est pas étrangé. Enfin, je terminerai par un regret: dommage que l'auteur n'est pas su dans son engagement politique depuis 2002, mettre en avant et de façon aussi claires, ses idées et ses prises de positions. Peut être qu'alors, on aurait pu éviter le phénomène Ségolène Royal.

* Ce qui ne veut pas dire que je sois d'accord sur tout; J'estime que son argumentaire sur le nucléaire passe sous silence la gestion des déchets dans le temps, un temps qui dépasse largement celui d'une vie humaine.

17 juin 2008

Les moyens d'en sortir

livre-71-vr.jpgHasard de l’agenda politico- médiatique, au moment où l’on parle d’une n-ième réforme des 35 heures, puis tout récemment, de la décision prise par le conseil des ministres européens du travail sur un relèvement de la durée maximale de travail (aujourd’hui de 48h hebdomadaire, elle serait portée à 65 heures dans certains secteurs), je viens de finir de lire Les moyens d’en sortir, de Michel Rocard.

Au début des années quatre vingt dix, la France (et l’Europe et les pays développés en général) fait face à un chômage très important. Le taux de chômage atteint les 12% de la population active en 1993. En réponse à ce fléau social apparaît dans le débat économique et politique l’idée de réduire massivement le temps de travail.

C'est là que parait le livre de Michel Rocard en 1996. En faisant quelque part le point sur les discutions de l'époque, l'ancien premier ministre contribue également au débat en proposant une méthode de mise en oeuvre d'une politique de réduction du temps de travail.

Comme souvent dans les interventions et publications du député européen, les propos sont précis, fournis (en références d'enquêtes et publications), nuancés et rigoureux. C'est que l'homme du "parler vrai" tient à sa réputation. Il emprunte beaucoup au livre La fin du travail de Jeremy Rifkin, tout en l'adaptant au cas européen et surtout français. Il est intérressant de remarquer qu'à son tour, Pierre Larrouturou, auteur d'Urgence sociale, réutilise de nombreux raisonnements de Rocard et Rifkin.

Les trois premiers chapitres exposent le diagnostic de la situation économique et technologique des Trentes glorieuses jusqu'au années quatre vingt dix. La perspective historique de l'évolution économique et technologique des 50 dernières années est très instructive. Elle est complétée par une comparaison entre le Japon, les Etats-Unis et l'Europe en ce qui concerne les politiques adoptées face (à l'apparition du) chômage.

J'en retiens que la mécanisation, l'automatisation et récemment l'informatisation conduisent à réduire le temps nécessaire à l'acte de production. Si à cela on ajoute le fait que la tertiarisation de l'économie ne semble compenser ni quantitativement, ni qualitativement les emplois perdus par la désindustrialisation (mûe par le besoin de compétitivé et l'assechement des principaux marchés de biens de consommations), l'humain se voit confronté à un avenir sans travail. Ce qui n'est pas sans poser problèmes dans une société où l'identité sociale reste marquée par le travail que tout un chacun occupe à un moment donnée de sa vie. Il semble que cette étrange perspective ait été décelée par certains philosophes (Arendt) et économistes (Keynes).

Après avoir réalisé dans un quatrième chapitre un bilan des aides à l'emploi, principal paliatif auquel les sociétés ont recours contre le chômage, Rocard énumère une liste d'angoisses et d'obstacles auquel il tente de répondre. Il fait alors (entre autre) le point sur les expériences de réduction de temps de travail de 1936 (les 40 heures) et de 1981 (les 39 heures) et leur conséquences tant économiques que dans la nature et la teneur des relations entre partenaires sociaux. Il apporte aussi des éléments de réponses face aux inquiétudes économiques (qui finance une telle mesure?), méthodologiques (loi ou négociation ?) ou psychologiques (problèmes des qualifications et du recrutements).

Le chapitre 6 est centré sur la méthode à utiliser pour mener à bien une politique de réduction de temps de travail. Il est notamment question du coût d'une telle réforme et de la "négociation souple" comme outil préférentiel à sa mise en application. Le chapitre 7 apporte des compléments et des réponses aux différents arguments portés tour à tour par ce qu'il nomme les sceptiques (économistes libéraux), les volontaristes (une partie de la gauche et des syndicats) et les prudents (chefs d'entreprises et syndicalistes). Enfin le dernier chapitre pose la question de la finalité d'une telle mesure en terme de choix de société. Pour Michel Rocard, ce doit être l'occasion de lutter contre l'exclusion, assurer un développement durable, développer de nouvelles formes d'activités (là il aborde le tiers secteurs) et de récréer le lien politique.

C'est pas une nouveauté pour ceux qui me connaissent mais j'apprécie généralement les propos de Michel Rocard. Autant dire que le livre, de par sa qualité, m'a plu. Et si je persiste à croire que le diagnostic posé reste d'actualité, l'expérience des 35 heures (avec les effets économiques et sociaux non prévus et non désirés) laisse le doute sur l'efficacité et la tenabilité dans le temps d'une telle réforme et de ses bienfaits. Mais je doute encore plus que la politique visant à faire travailler plus ceux qui ont un boulot, améliore la situation de l'ensemble des citoyens.

25 mai 2008

El Pórtico

Cette semaine je me suis remis à lire un peu de science fiction, ça faisait bien longtemps. J’ai donc découvert El Portico de Frederik Pohl (La Grande Porte pour les francophones ou Gateway en version originale). C’est le premier livre d’une série intitulée Saga Heechee.

Dans le futur les humains ont découverts dans les sous terrains de la planète Vénus, des restes d’une civilisation extraterrestre : les Heechees. Ces vestiges, dont une carte du système solaire sur un métal particulier, ont conduit les humains vers le Portique, une base spatiale heechee cachée à l’intérieur d’une sorte de grande météorite.

Aux mains d’une Corporation représentant les intérêts des principales puissances terrestres, le Portique a été peu à peu colonisé par les êtres humains qui s’entassent dans les innombrables tunnels du météorite. La Corporation forme et emploi des explorateurs de l’espace qu'elle envoit dans les navettes heechees. Ces voyages sont hasardeux et dangereux: les destinations ne sont pas connus d'avances, leur durée peuvent exceder les capacités de survie des humains (provisions d'oxygènes et d'aliments) et enfin il faut compter sur les mutliples obstacles (trou noir, supernova etc) qu'une navette peut trouver sur son chemin. Seul l'appat du gain financier motive les humains à se lancer dans ces explorations risquées.

Le livre est le témoignage de Robinette "Bob" Broadhead, un ex-explorateur du Portique. Plus précisément, le récit alterne entre les visites de Bob chez Sigfrid, son robot-psychologue, et ses récits sur son expérience au sein de Portique. C'est interressant de voir qu'à travers le récit de Bob se dessine une certaine critique d'une société marquée par une pauverté de masse qui pousse les gens à fuir la Terre pour s'engouffrer dans les sous-terrains du Portique ou de Venus. Bob lui même échappe des mines du Wyoming pour le Portique grâce au lotto, espérant faire fortune et échapper au besoin.

Le personnage de Bob est loin d'être le super-héros "classique" de science-fiction, bien au contraire, c'est plus un anti-héros: il apparait tour à tour fragile, impulsif, sans ambition et sans projets, peureux, individualiste etc. à l'image finalement du monde fermé des explorateurs du Portique. Le quotidien au sein du Portique se résumant à des rencontres éphemères lors des fêtes de départ et d'arrivée des différents explorateurs, entre le temps de ses propres explorations spatiales. Il raconte donc ses rencontres, ses relations amoureuses et sexuelles et la torture mentale (ou chlostrophobique) des voyages spatiaux au sein des petites navettes heechees en compagnie de compagnons étranges.

Je n'en dit pas plus pour ne pas trop dévoiler l'histoire à ceux qui serait tentés de lire le livre. Il se lit très bien. J'ai bien aimé. L'ambiance tendue et froide qui ressort de ce monde clôt vous donne une image assez peu enthousiaste du futur, et particulièrement du voyage spatial. Je pense que sur certains aspect la vie dans les sous-marins ne doit pas être bien différente, mieux vaut avoir un esprit solide.

23:41 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : science-fiction

27 mars 2008

Le Zéro et l'Infini

252873345.JPGLorsque je vais chez mes parents, j’ai pour habitude de jeter un coup d’œil sur la bibliothèque familiale. Je regarde les titres, parfois je prends un livre, le feuillette quelques minutes puis le remet à sa place. A dire vrai, je répète même ces habitudes lorsque je suis invité chez des amis. Une bibliothèque et le genre de livres qu’on y trouve peut nous apprendre bien des choses sur nos hôtes.

Dans la bibliothèque de mes parents donc mon index, que je fais glisser sur la côte des livres, s’est arrêté sur un petit livre vert au titre étrange : Le Zéro et l’Infini.

Mon père avait eu à le lire dans le cadre d’un concours, mais c’est dans une note de « Mémoire vivante - Michel Rocard » (dont j'entends bien écrire un billet un de ces jours) que j’en ai entendu parler pour la première fois.

Le Zéro et l’Infini, publié dans les années 40, est l’œuvre d’Arthur Koestler, écrivain britannique mais aussi militant communiste. Cette dernière information, loin d’être anecdotique, explique la portée symbolique et politique de cet œuvre. En effet, à travers l’incarcération, les pensées puis l’exécution du personnage principal - le camarade Roubachof - Arthur Koestler dénonce le totalitarisme stalinien.

Le camarade Nicholas Roubachof, figure imaginaire mais qui reprends des bouts de vie de plusieurs personnes ayant existés, est arrêté en pleine nuit. Il est enfermé seul dans une toute petite cellule, et n’a de contact avec l’extérieur qu’en tapant des codes sur le mur commun à la cellule de son voisin.

Dès lors le livre se compose de trois parties.

  • Dans un premier temps et par l’intermédiaire de flash back, Roubachof se remémore sa rencontre avec 2 militants dont il recueille les critiques sur le Parti, mais qu'il fera exclure pour non respect de la ligne de ce dernier.
  • Il est amené, au sein de la prison, dans le bureau d'un agent politique en charge de son dossier. Cet agent, qu'il connait du temps de l'époque révolutionnaire, lui accorde un délai de 15 jours pour que Roubachof rédige lui même ses aveux. Il bénéficie pendant ce temps d'un traitement de faveur, en particulier une promenade dans la cours de la prison, et du papier et un crayon pour écrire. Suivent alors ces réflexions sur l'état du régime et son rôle dans tout ça. Ses réflexions l'amènent à se déclarer coupable.
  • La dernière partie est consacré aux aveux de Roubachof. L'agent politique en charge de son dossier ayant été remplacé par un fervant pratiquant des interrogatoires musclés, Roubachof passe des jours et des nuits à résister puis céder aux aveux prérédigés.

Malgré la dureté de l'histoire et l'ambiance pesante qui s'en dégage (et qui rappelle 1984 de Georges Orwell), la fine construction du récit et la très précise description faite par l'auteur, vous fait imaginer les scènes sans difficulté.

Ce qui est le plus frappant dans cette histoire, c'est non seulement le renversement de situation d'un homme qui se retrouve broyé par un système qu'il a contribué à créer et protéger, mais c'est l'impasse intellectuelle par laquelle il se donne la mort.

Le "Je" étant une fiction grammaticale, l'individu représente l'infiniment petit (le Zéro) face au projet soviétique destiné aux masses qui représentent l'infiniment grand (l'Infini). L'aboutissement de cette logique conduit à considérer que l'écrassement de la dignité humaine et de toute conscience individuelle sera jugé par l'Histoire, comme un moyen nécessaire justifiant une fin.

A lire absolument...

25 novembre 2007

Chroniques Martiennes

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Dans mon précédent commentaire je vous ais fait part de mon intention de participer au concourt d'écriture organisée par la Région. Tout en réflechissant aux différents scénario sur lesquels je pourrai me baser pour écrire une nouvelle, je me suis mis à penser à Ray Brarbury.

Ray Bradbury est un de mes auteurs de science-fiction préférés. La "science-fiction" n'est peut être pas le genre- étiquette qui correspond le mieux à ces écrits, il y a tout un "débat" à ce propos, mais qu'importe.

J'ai découvert Bradbury en lisant Farenheit 451, un roman d'anticipation (sous genre de la science-fiction) sur une société ultra-materialiste, dépendante de la télévision, où la possession et la lecture des livres est interdite. Alors que dans notre monde les pompiers sont chargés d'éteindre les incendies, dans la société de Farenheit, ils sont chargés de les allumer pour y faire brûler les livres.

Après avoir lu 1984 de Georges Orwell et après avoir vu Farenheit, le film de François Truffaut, le livre en soit ne m'a pas passionné. Je m'attendais au départ à quelque chose de plus sombre, mais ce n'est pas je crois le style de Bradbury. Il est beaucoup fin et plus gaie, je ne l'ai compris que plus tard.

C'est en lisant Chroniques Martiennes que je suis vraiment tombé sous le charme du style Bradbury. Ce recueil de nouvelles raconte sous formes de journal daté, différentes histoires (rarement liés) de la colonisation de la planète Rouge par les américains.

Au travers des personnages (martiens, spationnautes, colons terriens) et de leurs situations, il nous offre une vision tour à tour épique, mystique, fantastique mais surtout tragique de l'aventure humaine outre-terre, et par là, de l'histoire humaine en général. Les martiens, sous des apparats pharaoniques, nous ressemblent tellement qu'ils nous renvoit notre propre image.

On y découvre une planète Rouge finallement bien proche à notre bonne vieille Terre. L'air y est respirable et l'eau coule en abondance. Dès lors, comment ne pas voir dans l'arrivée des humains sur Mars, dans l'extinction des martiens et dans le fait qu'on rebaptise les lieux martiens de noms terriens, un clin d'oeil à l'arrivée des colons européens en terres d'Amérique et au massacre des Indiens ? C'est surtout les premières nouvelles du reccueil qui aborde ces questions.

Une des nouvelles m'avait beaucoup ému. Elle racontait la 4 ème expédition humaine sur Mars. Un groupe d'astronautres débarquent sur une planète rouge abandonné de ses habitants, mais plein de vestige de leur civilisations. L'un des humains tombe sur le charme de cette planète et de la civilisation qu'elle a fait naitre alors que le reste de l'équipage voit dans ce monde désormais désert, une nouvelle Terre à exploiter, à baptiser etc. Prenant conscience de la vulnérabilité de ce nouveau monde face au projet de colonisation humaine. Il tue alors quelques uns de ses co-équipiers et se retranche dans les hautes collines martiennes jusqu'à ce qu'il se fasse descendre par le reste de l'équipage. C'est toute une réflexion sur la nature humaine et le sens de notre vie collective que nous livre l'auteur.

Une autre histoire, et cette fois je pense à notre ami Buzz, racontet l'arrivée de croyants-prêcheurs chargés de construire les premières églises et de convertir les "esprits" qui subsistent sur la planète Rouge. Bradbury arrive à donner à leur rencontre et à leur échanges un sens mystique magnifique.

Le livre date des années 50-60 et le monde vit la guerre froide et les crises de Cuba, donc la menace nucléaire. C'est cette menace là qui pousse dans Chroniques martiennes, les terriens à se réfugier sur Mars puis quand vient les guerres nucléaires sur notre vieille Terre, les poussent à rentrer... abandonnant une terre qu'ils venaient d'exploiter.

Je n'en dis pas plus.

De Bradbury j'ai lu ensuite "La machine à Bonheur" et "Remède à la Mélancolie", autres reccueil de nouvelles, pleins d'histoires délicieuses et charmantes.

C'est con... j'ai toujours eut du mal à expliquer ce que j'aime vraiment dans les écrits de Bradbury. Je crois que c'est cette capacité à donner un sens humain, épique voir nostalgique, à des personnages tout à fait banals la plus part du temps.  Il m'est parfois arrivé de verser une petite larme sur quelques unes de ces histoires, mais le plus souvent je sens au fond de moi une sorte de réchauffement au coeur, des petits moments de bonheurs toujours trop courts (eh oui les nouvelles c'est courts).

Bradbury... des purs moments d'évasions, de rires, de blues aussi.