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18 septembre 2010

Petite révolution cubaine

Ces dernières semaines, quelques dépêches concernant Cuba laissent apparaitre les changements qui touchent le régime et l’économie castriste, en place depuis 1959, initiés par Raul Castro depuis son arrivé en 2008.

Face aux difficultés économiques et financières que traverse l’île depuis 1991 (au moins) et aux pressions politiques autant internes (contestations) qu’internationales (blocus américaine, pression européenne), Raul Castro a lancé quelques timides réformes.

Citons parmi celles-ci, la distribution de certaines terres agricoles aux paysans, l’abandon de l’égalitarisme salarial, l’assouplissement des règles de circulation des cubains vers l’étranger, la possibilité d’accéder à internet et autres produits de consommation (ordinateurs, scooters), et la libération de prisonniers politiques.

Et là, après avoir lu Fidel Castro admettre dans un entretien que le modèle cubain ne marchait même pas pour ses habitants (avant toutefois de se rétracter), on apprend que le régime entend licencier 500 000 fonctionnaires (sur 5 millions) et développer le secteur privé (occupant actuellement 590 000 personnes).

Si on peut supposer que la réforme sera progressive et limitée, cela reste tout de même un symbole : un des derniers bastions communistes au monde prépare sa conversion à l’économie de marché. J’entends déjà quelques néolibéraux bien suffisants clamer la victoire définitive du capitalisme, amalgamant au passage « économie administrée » et « gestion socialiste de l’économie de marché ».

La survie du régime castriste presque 20 ans après la fin de l’URSS, qui lui apportait une aide financière et matérielle conséquente, malgré un embargo économique des Etats-Unis qui lui prive l’accès à biens des ressources, relève pourtant de l’exploit. Je me demande d’ailleurs si des économistes et des sociologues ont déjà pensé à étudier cette « économie de la débrouille », ces stratégies d’adaptations et de survie.

Reste aujourd’hui à savoir si ces réformes économiques traduisent un début, même embryonnaire, de transition politique ou une simple fuite en avant de la part des responsables cubains.

En sciences politiques, on admet au moins trois modèles de transition politique :

-      Une transition de rupture, regroupant les opposants radicaux et modérés d’un régime donné. C’est le cas du Portugal en 1975 ou de Cuba en 1959.

-      Une transition négociée, menée par l’opposition modérée et les réformateurs du vieux régime. C’est le cas de la Transition espagnole, pactée par l'ex franquiste Adolf Suarez et les socialistes alors mené par Felipe Gonzalez.

-      Une transition contrôlée, aux seules mains de réformateurs du régime qui doivent ménager les « durs » du régime. C’est le cas du Chili vers la fin de l'ère Pinochet.

Pour l’instant, Raul Castro semble plus s’inspirer de Deng Xiaoping, le dirigeant chinois qui a ouvert la Chine à l’économie de marché, que de Gorbatchev, qui lui avait tenté de réformer économiquement et politiquement l’URSS. On peut tout à fait imaginer, à moyen et long terme, un régime cubain économiquement libéral et politiquement autoritaire. Et je suis persuadé qu’une telle situation recevrait l’appui des autorités américaines. L’inconnu resterait alors le rôle de la communauté cubaine en Amérique.

ERRATUM: un site intéressant sur la situation cubaine vu par les opposants du régime (dont les socialistes démocratiques), par contre c'est qu'en espagnol. http://partidoarcoprogresista.org/fr/

10 février 2009

S'engager aujourd'hui

Ce mois ci, cela va faire deux ans que j’ai rejoint le Parti Socialiste français. Certes, au regard d’un certain nombre de camarades de section qui affichent pas moins de trente ans de militantisme au compteur, mon expérience fait pâle figure. Il est évident que j’ai encore beaucoup de chemin à parcourir. Pourtant, à l’heure où le militantisme tend à se résumer de plus en plus à une adhésion furtive et une consommation compulsive (j’aime, j’adhère/ j’aime pas, je me casse), j’ai le sentiment que passer le cap des deux ans, ça relève presque de l’exploit aujourd’hui.

Entreprendre cette démarche d’adhésion à un parti politique n’est pas chose facile. Elle ne va pas de soi dans nos sociétés modernes, où l’individualisme et la méfiance portés aux institutions collectives (parti politiques, syndicats, et même le tissu associatif) fragilisent l’engagement dans les causes collectives. Sur ce point le gaullisme, le stalinisme et le paternalisme social ont largement participés à entretenir cette culture politique anti-partisane et anti-syndicaliste, comme la « bureaucratisation » observée à toute organisation qui s’institutionnalise. Aussi décider de s’engager et franchir le pas est un acte qui coûte.

Il coûte parce qu’il faut se battre contre trois regards. D’abord se battre contre le regard qu’on porte soi même sur les organisations collectives, cette crainte continuelle d’être endoctriner et/ou de se faire manipuler. C’est là un travail sur soi même, et sur ses représentations mentales. Ensuite se battre contre le regard des autres, celui qui exprime autant cette méfiance sur les organisations collectives que sur les gens qui les peuplent jugés partisans, donc corporatiste, donc pas « objectif ». Enfin, et c’est là une difficulté supplémentaire, il faut savoir affronter le regard de gens qu’on vient justement rejoindre. Ces derniers, imprégnés de la culture de l’institution (soit l’ensemble de pratiques et de croyances), voient avec circonspection et méfiance ces petits nouveaux justement non initiés aux pratiques et codes de languages admis. A bien des égards, l'engagement est un rituel d'initiation. Par ailleurs, lorsqu’on s’engage il faut savoir que cela coûte financièrement (cotisation, voiture pour déplacement, repas, apéros) et en terme de temps investis.

*

Le moins que je puisse dire c’est que j’ai mis du temps à rejoindre le plus vieux parti de France. Pourtant mon intérêt pour la politique est ancien. C’est d’abord par l’apprentissage de l’histoire et des sciences économiques et sociales – qu’on voudrait d’ailleurs aujourd’hui supprimer – que j’ai compris que la politique, c'est-à-dire le processus de décision publique, avait, quelque soit le champ qu’il occupe (l’économie, la santé, l’éducation etc), des conséquences sérieuses dans nos vies quotidiennes. C’est ensuite, je crois, mon séjour à Djibouti qui a marqué l’éveil de ma conscience politique. La découverte du tiers-monde, et plus précisément d’une société partagée entre ses traditions et les conditions matérielles de l’Occident, m’ont appris à m'interroger sur certaines choses, comme à en relativiser d'autres. Mais les inégalités sociales de cette République bananière, véritable dictature déguisée, liant la problématique économique et politique, m'ont conduit à épouser une lecture marxiste du monde moderne. Mes compagnons de classe m'appelaient "little bolcho"... Mais autant je considérais la logique révolutionnaire comme moyen de conquête du pouvoir, autant la logique réformiste commandait l’exercice du pouvoir (via les coopératives, les conventions collectives progressistes, et des nationalisations décentralisées).

En fait, c’est principalement la découverte du blog de Dominique Strauss-Kahn qui m’a rapproché du Parti Socialiste. Les analyses et commentaires de l’actualité que faisait l’ancien ministre de l’économie du gouvernement Jospin sur son blog m’ont convaincu de la justesse et de toute l’actualité de la social-démocratie, courant de pensée qu’on dit facilement dépassé. La lecture d’un certain nombre d’ouvrages de Michel Rocard m’a conforté dans une lecture politique très « deuxième gauche ». Ma formation académique, centrée sur l’économie et la sociologie politique, m’a familiarisé aussi avec ce courant d’idées. Mais c’est bien le contact, certes virtuel mais quasi-quotidient, avec un certain nombre de militants, pas forcément encartés depuis des lustres d'ailleurs, qui m’a fait franchir le pas et rejoindre le Parti socialiste. J'ai eu d'ailleurs grand plaisir à en rencontrer certains dans la vie réelle.

Comme c’est par internet que je me suis ré-intéressé à la politique, c’est pas ce biais, que j’ai adhéré au PS. Je fais donc partie de ces militants à 20 euros. J’ai adhéré en février 2007, alors que j’étais en mobilité académique à Barcelone, après avoir, non sans mal c’est vrai, dépassé les réserves que j’éprouvais pour la candidate du parti. J’ai fait la connaissance de ma première section socialiste qui réunissait à Barcelone une douzaine de récents militants socialistes. Avec les moyens et difficultés qui étaient les nôtres, nous avons fait campagne. C’était une ambiance tout à fait conviviale et la campagne n’empêchait pas des débats animés et réguliers.

Puis la gauche a perdu les élections présidentielles et législatives. Et, entre l’ouverture opérée par le sarkozysme triomphant post-victoire et le débat douloureux (et sans fin) sur la responsabilité des uns et des autres dans les deux défaites électorales, le PS a traversé une longue période de turbulence qui correspondait aussi à la bataille pour la succession de François Hollande, premier secrétaire du parti depuis 11 ans. Nommé au FMI, DSK a fermé son blog, laissant sans repères ses partisans, dont je suis, et sans espace de discussion quelques centaines d’intervenants irréguliers.

*

C’est à partir de mon retour en France durant l’été 2007 que j’ai déchanté un peu sur le militantisme. J’ai été transféré de ma section de Barcelone à celle de ma commune, via les fédérations, dont la première réunion, mi octobre, correspondra à la présentation des candidats à la candidature socialiste pour les municipales de 2008. Je découvre alors une section vieillissante, démobilisée et surtout divisé par des animosités personnelles qui paralysent le tout et qui rejoignent qu’occasionnellement la division née des courants du parti. Le lendemain, on désigne alors le premier de socialistes, mais je me vois refusé le droit de voter par l’un des candidats sous prétexte que je n’ai pas ma carte d’électeur, même si je reste persuadé que c’est parce qu’il m’a vu discuter avec l’autre candidat la veille (que je connaissais pas). M’apprêtant à voter blanc je n’insiste pas et joue le simplet.

La candidat qui m’a refusé le droit de voter perd le vote des militants et fera campagne au sein d’un collectif citoyen, avec des communistes et quelques personnes de la société civile, et contre son parti. Le candidat vainqueur, GF, veut que je l’aide dans la campagne municipale et que j’intègre la liste. Par respect du vote du parti et extérieur à toutes ces histoires personnelles, je décide de le soutenir tout en me refusant d’intégrer la liste (c’est là un autre niveau d’engagement auquel je n’ai pas pu me résoudre). La section ne se réunissant pas, GF sera durant ces quelques mois ma seule relation avec elle. En dépit d’une hospitalité certaine, j’irai souvent chez lui me tenir au courant des avancées, je mesure au fur et à mesure les limites du personnage : désigné par défaut par ses camarades ceux-ci ne se pressent pas pour composer la liste et faire campagne ; têtu comme une mule, il ne cherchera pas à faire l’union avec le collectif (qui finiront par présenter leur liste) ; enfin il n’a montré aucune capacité d’analyses ou de synthèses (lors de nos réunions) et n’a pas le contact humain facile.

La campagne sera un désastre. La composition de la liste sera tardive et laborieuse, les réunions de travail interminables et pas toujours fructueuses. Et surtout les décisions arrêtées collectivement ne seront pas forcément respectées. A cela, il faut ajouter les susceptibilités égocentriques des uns et des autres. La dimension humaine tout simplement. Un meeting sera organisé mais l’absence de public n’inquiéta personne, pire ça en soulagera certains. En résumé, ce fut une campagne de bureaux et précipitée. J’en prends ma part de responsabilité. Le verdict sera sans appel : le maire ump sera élu dès le premier tour. Mais si la campagne fut mal gérée, l’après sera encore pire. Car GF, comme on peut tous un peu l’être, est susceptible et n’acceptera pas les critiques a posteriori. Et en dépit d’une promesse de fonder une association pour rassembler les gens de la liste afin de garder le contact et travailler déjà pour la suite, rien ne sera fait, insultant par ce fait ces rares et délicieuses personnes qui ont osés s’engager.

Sans nos quatre élus, l’association sera bel et bien crée, après un repas rassemblant une grande majorité des colistiers. A l’occasion de l’élection du conseil d’administration, au cours d’un autre repas, je me porterai candidat au poste de secrétaire (ni président, ni trésorier) et ne récolterait qu’une voix… la mienne! L’exemple typique de ces gros moments de solitude. J’ignorai simplement l’accord officieux qui prévoyait ce poste à une certaine personne. Mais bon prince, ils créeront et m’accorderont le poste de secrétaire adjoint. Un an après, la relation avec nos élus s’est un peu améliorée mais les deux seuls représentants du PS refusent de nous reconnaitre. Aujourd'hui l'association n'avance pas., les gens ne semblant pas vouloir s'investir. L'argent nous manque. GF, dans sa haine contre le collectif, préférera s’entendre avec le maire pour obtenir quelques commissions que réellement s’opposer. Ni remerciement des électeurs, ni compte rendu régulier. Le mépris total.

Et puis il y a eu le 75ème congrès du parti, au cours duquel les militants sont appelés à renouvelés toutes les instances : sections, fédérations et conseil national. J’en ais fait des notes , et . Je suis très content de la victoire de Martine Aubry et du travail entrepris depuis deux mois. Certes, il y a des choses à améliorer (la réactivité, la cohésion, la coordination) mais le PS semble enfin en marche. Au niveau local, nous avons enfin changés de secrétaire de section. Le précédent, partisan de Royal, n’ayant pas souhaité se représenter, et en l’absence de candidatures concurrentes, c’est un camarade d’origine grecque et soutenant la motion C, qui a été désigné secrétaire de section. Fort de son expérience au sein du PASOK comme au sein du PS, il s’est donné l’objectif de recoller les morceaux et de remettre la section en ordre de marche. Son soucie d’une représentativité totale de chaque courant (et « clan ») l’a conduit à proposer, pour la composition de la commission administrative, des postes à chaque motion, en fonction du résultat de celles-ci au niveau local. Ca n’a pas été forcément bien compris et un clan, celui du candidat malheureux en interne, n’a pas souhaité jouer le jeu. En tout cas, son souci d’un travail régulier et de procédures délibératives collectives à la fois claires et ouvertes, change radicalement avec les pratiques d’avant. Je suis désormais secrétaire adjoint en charge de la communication internet.

*

Ces deux années, au grès de mes rencontres – virtuelles ou réelles – et de mes lectures, je pense avoir appris sur moi-même et sur les autres. J’ai eu cette chance de rencontrer des gens qui m’ont beaucoup appris, de par leurs expériences rapportées ou par leurs réflexions. Je pense ici à tous mes camarades et amis du net. J’ai pu mieux saisir le comportement humain en groupe : les problèmes de communication et de partage de sens peuvent très vite mettre à mal la cohésion et le fonctionnement du groupe. Et quand il y a des intérêts personnels et des ambitions derrières, ça complique d’avantage le vivre-ensemble. Plusieurs logiques se superposent, coexistent et s’entretiennent entre elles.

Je me rends compte qu’il est difficile de faire travailler une section quand vous êtes vu comme un étranger, jeune qui plus est, ou quand les membres ont perdu l’habitude de faire quelque chose en commun. Les différences de niveaux de formation peuvent créer de la méfiance et une certaine mésentente. Enfin le facteur démographique, le PS a une base militante de plus en plus âgée, révèle aussi les différences de préoccupation (certains pensent à leurs retraites quand moi j’ai pas encore commencé à bosser). Mais si beaucoup ont perdus la motivation et l’intérêt des réunions de section, rédaction et diffusion de tracts (exercice nouveau pour moi), ils n’en ont pas moins une mémoire militante que le PS est en train de perdre sans se rendre compte la richesse qu’elle représente. Mais j’ai bien peur que ce soit là quelque chose de recherché.

Je ne suis pas un militant modèle. Je doute régulièrement sur la durabilité future de mon engagement comme de mon apport réel, à mon modeste niveau, dans un parti où l’on se haït beaucoup. C’est par respect pour les luttes et combats passés que je garde à l’esprit l’importance de l’engagement. Et puis un bon ami m’a dit un jour, approximativement, que « le PS de demain c’est ce que vous les jeunes décidez d’en faire aujourd’hui ».

21 août 2008

Notes de vacances

Déjà la fin de mes congés ! Je n’ai pas vu les jours passés. En attendant la reprise du travail ce lundi, je profite de mes derniers jours dans les Pyrénées. Au total quinze jours tranquilles comme d’habitudes.

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Ayant achetés une dizaine de livres en début de l’été, deux d’entre eux ayant fait l’objet de notes sur le blog et , j’ai donc essayé d’avancer dans mes lectures en retard. Je viens de finir La guerra civil española de Pierre Vilar, intéressant résumé de cette tragédie qui a marqué le XXème siècle et l’histoire espagnole. J’aurai l’occasion d’en reparler prochainement.

Et quand je ne lis pas un livre, je lis le journal. Un ami, abonné au Monde, m’a donné quelques numéros récents. Et puis je ne cache pas mon plaisir chaque fois que je le peux, d’acheter El Pais, le principal quotidien espagnol, dont chaque numéro m’occupe bien 2,3 jours. Si on peut lire gratuitement ces deux quotidiens sur l’internet, il faut savoir de temps à autre, quand on en a les moyens bien sûr, contribuer à la survie financière de la presse écrite. C’est à cette fin que j’ai décidé de faire un don de 20 euros à L’Humanité qui connaît à nouveau des difficultés financières. Bien que ce ne soit pas un journal que je lis souvent, son approche des faits d’actualités reste originale dans le paysage médiatique français. Cette originalité mérite d’être sauvée*. 

*

Prenant mon courage à deux mains, j’ai décidé de faire un peu d’exercice. Comme j’ai pris quelques kilos ces deux dernières années et que j’ai arrêté le sport depuis le lycée, je me suis dit qu’il fallait bien se prendre en main à un moment donné. Je m’en vais donc courir une bonne demi-heure chaque matin en parcourant à peu près 3 kilomètres. C’est peut être pas beaucoup mais mieux vaut commencer doucement et repousser ses limites petit à petit. Et avec ça je marche près de 2h, 5 à 7 kilomètres.

En parlant de sport, je ne peux m’empêcher d’écrire quelques lignes sur les Jeux Olympiques de Pékin. Je dois avouer que j’aime assez peu regarder le sport à la télé. Malheureusement la passion de mon oncle monopolise le petit écran. Je regarde bien quelques épreuves tantôt côté français, tantôt côté espagnol, mais je ne peux m’empêcher de penser à la dimension politique de ces J.O. La cérémonie d’ouverture en est la caricature même : images travaillées à l’ordinateur (feux d’artifices, pollution masquée), imposture sur la jeune chinoise qui chantait. Les employés de relations clientèles recrutées pour l’occasion l’ont été sur des critères discriminants (taille, beauté), amenant des chinoises à subir des opérations pour gagner quelques centimètres ou être plus photogéniques. Les sportifs, dont l’âge et le nombre d’heure d’entrainement laisse planer le doute, sommés de s’excuser publiquement si d’aventure ils ne pourraient participer à une épreuve.

Tout est fait pour donner une belle image de la Chine au monde entier. Sans parler du problème du Tibet, je pense que ces J.O. ne doivent pas faire oublier l’entreprise politico-mercantile qu’est le C.I.O et la nature politique du régime chinois (qui combine le pire du communisme et du capitalisme).

*

En allant faire quelques courses en Espagne, on m’a expliqué que je pouvais demander la nationalité espagnole. Le sujet m’avait déjà interpellé lors des débats en Espagne sur la loi sur la mémoire historique. J’avais appris, et l’avait dit à Den, que les fils et petits-fils d’exilés républicains espagnols pouvaient demander, dans un délai de deux ans, la nationalité espagnole.

Mon histoire de famille m’écarte du dispositif car la venue de mes grands parents paternels en France n’était pas motivée par des raisons politiques mais économiques. Bref. Il s’avère que le fait que mes grands parents soient espagnols et que mes parents soient nés là bas me permettrait de revendiquer la nationalité espagnole.

Il faudrait que j’aille demander quelques renseignements au consulat espagnol. Mais pour l’instant je réfléchis à l’opportunité et au sens d’une telle démarche. Au fond la question qui importe c’est de savoir si je me sens suffisamment espagnol pour demander à appartenir à la communauté hispanique.

* voir les réactions sur l'article du Monde

27 mars 2008

Le Zéro et l'Infini

252873345.JPGLorsque je vais chez mes parents, j’ai pour habitude de jeter un coup d’œil sur la bibliothèque familiale. Je regarde les titres, parfois je prends un livre, le feuillette quelques minutes puis le remet à sa place. A dire vrai, je répète même ces habitudes lorsque je suis invité chez des amis. Une bibliothèque et le genre de livres qu’on y trouve peut nous apprendre bien des choses sur nos hôtes.

Dans la bibliothèque de mes parents donc mon index, que je fais glisser sur la côte des livres, s’est arrêté sur un petit livre vert au titre étrange : Le Zéro et l’Infini.

Mon père avait eu à le lire dans le cadre d’un concours, mais c’est dans une note de « Mémoire vivante - Michel Rocard » (dont j'entends bien écrire un billet un de ces jours) que j’en ai entendu parler pour la première fois.

Le Zéro et l’Infini, publié dans les années 40, est l’œuvre d’Arthur Koestler, écrivain britannique mais aussi militant communiste. Cette dernière information, loin d’être anecdotique, explique la portée symbolique et politique de cet œuvre. En effet, à travers l’incarcération, les pensées puis l’exécution du personnage principal - le camarade Roubachof - Arthur Koestler dénonce le totalitarisme stalinien.

Le camarade Nicholas Roubachof, figure imaginaire mais qui reprends des bouts de vie de plusieurs personnes ayant existés, est arrêté en pleine nuit. Il est enfermé seul dans une toute petite cellule, et n’a de contact avec l’extérieur qu’en tapant des codes sur le mur commun à la cellule de son voisin.

Dès lors le livre se compose de trois parties.

  • Dans un premier temps et par l’intermédiaire de flash back, Roubachof se remémore sa rencontre avec 2 militants dont il recueille les critiques sur le Parti, mais qu'il fera exclure pour non respect de la ligne de ce dernier.
  • Il est amené, au sein de la prison, dans le bureau d'un agent politique en charge de son dossier. Cet agent, qu'il connait du temps de l'époque révolutionnaire, lui accorde un délai de 15 jours pour que Roubachof rédige lui même ses aveux. Il bénéficie pendant ce temps d'un traitement de faveur, en particulier une promenade dans la cours de la prison, et du papier et un crayon pour écrire. Suivent alors ces réflexions sur l'état du régime et son rôle dans tout ça. Ses réflexions l'amènent à se déclarer coupable.
  • La dernière partie est consacré aux aveux de Roubachof. L'agent politique en charge de son dossier ayant été remplacé par un fervant pratiquant des interrogatoires musclés, Roubachof passe des jours et des nuits à résister puis céder aux aveux prérédigés.

Malgré la dureté de l'histoire et l'ambiance pesante qui s'en dégage (et qui rappelle 1984 de Georges Orwell), la fine construction du récit et la très précise description faite par l'auteur, vous fait imaginer les scènes sans difficulté.

Ce qui est le plus frappant dans cette histoire, c'est non seulement le renversement de situation d'un homme qui se retrouve broyé par un système qu'il a contribué à créer et protéger, mais c'est l'impasse intellectuelle par laquelle il se donne la mort.

Le "Je" étant une fiction grammaticale, l'individu représente l'infiniment petit (le Zéro) face au projet soviétique destiné aux masses qui représentent l'infiniment grand (l'Infini). L'aboutissement de cette logique conduit à considérer que l'écrassement de la dignité humaine et de toute conscience individuelle sera jugé par l'Histoire, comme un moyen nécessaire justifiant une fin.

A lire absolument...

22 octobre 2007

Les mémoires d'Alfonso Guerra

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(Alfonso Guerra)

 

Lors de mon séjour académique en Espagne, j’ai assisté à une conférence sur le processus d’élaboration de la constitution lors de la transition espagnole, avec comme invité de marque : Alfonso Guerra.

 

 

Je suppose que le nom du personnage ne vous dit rien. Je vous rassure le jour de la conférence, j’étais dans la même situation que vous. En fait, ce monsieur est socialiste espagnol et à ce titre, il a joué un rôle important dans la reconstruction du PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol) pendant la dictature jusqu’aux premières élections démocratiques. Mais il a aussi joué un rôle dans la construction du consensus politique nécessaire à la rédaction de la Constitution espagnole de 1977. Par la suite, de 1982 jusqu’à 1991, il a été vice-président du gouvernement espagnol, alors dirigé par Felipe Gonzalez.

 

 

Je pourrai faire un billet uniquement sur le thème de la transition espagnole, et l’événement est important et riches d’enseignement, mais je préfère aborder les mémoires politiques qu’a rédigé ce personnage atypique, et que j’ai eu plaisir à lire cet été.

 

 

L’exercice des mémoires politiques, d’autobiographie, est un exercice délicat. Tant pour celui qui l’écrit que pour celui qui les lit. L’auteur y restitue des événements, des ressentis, un vécu avec finalement le ressenti du temps présent et la sélection inconsciente et consciente qu’effectue notre mémoire. Le lecteur, encore plus lorsqu’il s’agit de mémoires politiques, a de son côté une connaissance personnelle (son propre vécu et sa propre perception/interprétation) et collective (ce qu’on a pu lui apprendre de cette période), des événements qui sont narrés dans les mémoires écrites de l’homme politique. Les autobiographies/mémoires politiques sont donc des points de vues, jamais vraiment objectifs mais pas non plus sciemment réécrits. Mais après tout le lecteur n'est jamais objectif dans ce type de lecture, on s'y lance avec des a priori, on en ressort pas indeme non plus.

 

 

Les mémoires politiques d’Alfonso Guerra sont regroupés en deux tomes : Cuando el tiempo nos alcanza et Dejando atrás los vientos. Traduit en français cela donne : « Quand le temps nous rattrape » et « En laissant derrière nous le vent/la tempête ». C’est une traduction littérale. J’ai souhaité les lires parce que l’auteur m’avait fait bonne impression lors de cette conférence avec son franc parler et ses convictions ; mais aussi pour comprendre un peu l’histoire du PSOE et de l’Espagne.

 

 

Le premier livre couvre la période de 1940 à 1982, c'est-à-dire une période qui va de l’année de naissance d’Alfonso Guerra jusqu’à la victoire du PSOE aux élections générales espagnoles. Il relate alors son enfance, il est le dixième d’une famille andalouse assez pauvre. Il aborde ses premiers rapports à l’amour et à la politique (son père est un républicain socialiste). Il raconte ses premières journées d’écoles, chez les religieuses, sachant déjà lire et écrire, on le fait passer les classes. Il sera un brillant étudiant, passionné de littératures espagnoles (1) et de théâtre, il consacre plusieurs chapitres tout au long des deux tomes, à des auteurs espagnols ou sud-américains. Il fait des études d’ingénieurs pour faire plaisir à ses proches.

 

 

Il consacre la seconde partie de son livre à son passage au socialisme et en politique. Ce qui est fondamental dans le parcours de cet homme, c’est qu’il rentre en politique (pas le métier politique qui n’a pas de sens dans une dictature surtout pas lorsqu’on est un opposant à celle-ci) par le biais de la culture. C’est parce que la dictature franquiste/fasciste interdit la lecture d’œuvres jugées subversives, et qu’il est soumis à cette censure dans le cadre du théâtre qu’il pratique, qu’il entre en politique. Et s’il rejette le communisme, très présent symboliquement et numériquement en Espagne d’alors, c’est aussi parce qu’on y interdit la lecture d’auteurs étrangers à la ligne du Parti.

 

 

Il rapporte ensuite sa rencontre avec des membres du PSOE clandestin (je rappelle qu’il est interdit en Espagne), sa lecture d’auteurs socialistes espagnols (dont Pablo Iglesia, père fondateur du PSOE) et étrangers, la mise en place d’une organisation de militants actifs. C’est alors qu’il rencontre Felipe Gonzales avec qui il se lie d’une solide amitié, que seule la pratique du pouvoir (au gouvernement donc) détériorera.

 

 

Sous la menace permanente du contrôle policier répressif de la dictature, il participe à la rencontre et à la fusion de plusieurs groupes socialistes jusqu’ici isolés partout en Espagne, en une entité le « PSOE de l’Intérieur » en référence (et en contraste) au PSOE officiel en exil en France, réfugié à Toulouse (2).

 

 

Il entretient justement des contacts conflictuels avec la direction du PSOE en exil, parce qu’il y a une différence de génération, parce qu’elle est surveillé par la police franquiste, parce qu’elle est enfermée dans ses luttes internes. Les « vieux » dirigeants de l’exil semblent se méfier du travail et surtout de l’influence de ces jeunes dirigeants de l’intérieur. Ce sera au travers du soutient apporté par les partis de l’Internationale Socialiste (avec en tête Willy Brandt) que les jeunes socialistes de l’intérieur gagneront la légitimité de diriger le PSOE. Je crois que c’est par un meeting en France, que les représentants du PSOE réunifié désigneront Felipe Gonzalez secrétaire général du parti.

 

 

Au travers des chapitres, les années passants, le contrôle répressif de la dictature se relâche. Le dictateur vieillissant, le système et le régime se préparent à sa succession et aux changements. Le PSOE bien qu’illégal est toléré. Franco meurt, Juan Carlos accède au trône. Adolfo Suarez succède à Arrias Navarro, et engage les réformes politiques et le processus de transition. Les premières élections générales ont lieux en 1977, Alfonso Guerra prend en charge la campagne du PSOE qui obtient 118 sièges. Il raconte à l’occasion de petites anecdotes sur le déroulement des élections, forcément le peuple espagnol n’ayant pas voté depuis 41 ans, les gourdes se multiplient.

 

 

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(Felipe Gonzalez en meeting)

 

Il explique aussi le Congrès du PSOE de 1979 par lequel le parti se convertit au réformisme. J’aborde cet épisode à l’adresse des socialistes français. Tout a commencé par une interview à quelques jours du Congrès, de Felipe Gonzalez dans le journal El Pais. Felipe annonce le souhait que son parti abandonne les références marxistes. Du coup les socialistes s’agitent et le Congrès tourne vite autour de la question d’une ligne « marxiste » ou « pas marxiste ». La ligne non marxiste est défendue par Joaquim Almunia, la ligne marxiste par Peces-Barba et une partie des socialistes de la direction de l’exil. Le vote tombe, le Congrès vote la ligne marxiste. Felipe Gonzalez démissionne donc, à la surprise générale des militants et représentants qui souhaitait garder le charismatique « Felipe ». Une nouvelle direction se forme mais on annonce un Congrès extraordinaire. C’est au cours de celui-ci que le PSOE adopte une résolution fourre tout dans lequel il garde le marxisme comme référence historique tout en n’en faisant pas une grille de lecture première, ce qui permet à Felipe Gonzalez d’être re-désigné secrétaire général. Alfonso Guerra penchait pour la ligne non-marxiste mais n'en faisait pas une affaire de priorité. Il juge en tout cas que cette crise a été salutaire pour la suite du PSOE, notamment lorsque celui ci accède au pouvoir.

 

Après la tentative de coup d’Etat de février 1981 par le lieutenant-colonel Terejo, épisode au quel Alfonso Guerra consacre un très long chapitre mêlant vécu et analyse a posteriori, les élections générales du 28 octobre 1982 donnent la majorité absolue au PSOE.

 

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(Alfonso Guerra et Felipe Gonzalez en 1982)

 

 

Lors d'un Congrès du PSOE à Paris, bien avant 1982, François Mitterrand appelle les socialistes espagnols à prendre en compte le fait qu'ils seront amenés à prendre le pouvoir, que le thématique du pouvoir ne sera pas pour la génération suivante, mais bien pour celle-ci. Alfonso Guerra refuse de se projeter dans cette optique là, et ce n'est que sur l'insistance de Felipe Gonzales, qu'il accepte d'entrer au gouvernement comme vice-président (en quelque sorte, premier ministre bis). Il y restera jusqu'en 1991.

 

 

Cette période des responsabilités c'est l'objet du second tome.

 

 

On saisit mal les charges qui incombent au vice-président du gouvernement à part celui de remplaçant du président du gouvernement lorsque celui-ci part en déplacement. De fait, Alfonso Guerra jouit d'une grande liberté d'action avec une administration qui compte une dizaine de personne tout au plus. Cela n'empeche pas le vice-président d'agir.

 

 

Il raconte alors comment il a eu à gérer une prise d'otage de ressortissants espagnols en Algérie, ou comment il a eu à traiter avec l'Eglise pour la pacification des relations Etat-Eglise. Il explique comment avec Felipe Gonzales ils arrivent à imposer l'autorité sur les forces Armée et à gagner leur respect (lors de l'enterrement d'une officier). Il explique aussi qu'il a contribué à renforcer la coopération anti-terroriste entre la France et l'Espagne suite à une conversation avec Lionel Jospin, Premier Secrétaire du PS français. Il aborde également les difficiles négotiations avec les Etats-Unis pour la rénovation des accords militaires USA-Espagne.

 

 

En matière d'affaires étrangères, il apporte son témoignage sur la révolution au Nicaragua, sur le régime castriste, sur l'évolution et la décadence de l'URSS (lorsqu'il est invité à cérémonie pour la mort de Brejnev), sur les changements opérés en Chine (il rencontre Deng Xiaping). Il semble s'être lié d'amitié avec Gorbatchev, le président de la République italienne ou encore Oskar Lanfontaine.

 

 

Le reste du livre est centré sur la pratique, l'exercice du pouvoir et ce qu'il faut endurer. C'est marrant de voir qu'Alfonso Guerra pense et propose plusieurs fois sa démission qui est toujours refusé par le président du gouvernement. Pour lui le pouvoir a été une sorte de sacrifice, puisqu'il a du délaissé ses enfants pour assurer les responsabilités et répondre à la confiance que les gens lui ont témoigné.

 

 

On voit que dès l'arrivé aux pouvoirs des socialistes espagnols, des tensions apparaissent au sein du gouvernement. Tensions entre les ministres en charges des affaires économiques et les ministres en charges des affaires sociales, j'ai envie de dire, tensio classique entre les ministres qui tiennent la bourse et les ministres de dépenses. Mais au delà, c'est une fracture qui apparait entre les tenants d'une ligne plus social-démocrate et les tenants d'une ligne social-libéral. Pour certains, en France notamment, social-démocrate et social-libéral c'est la même chose, mais je pense que c'est pas vraiment le cas. Les tensions vont jusqu'à créer une crise ministérielle lorsque le ministre de l'économie (Boyer) devant les média, se permet de distribuer les bons points aux différents ministres avec comme ambition d'être nommer vice-président. Ce qu'il ne sera pas. L'auteur raconte alors comment il s'est efforcé de rassurer un certain nombre de ministres parmis lesquels Solchaga, qui deviendra plus tard l'ennemi déclaré de Guerra.

 

 

Il est aussi question des critiques qu'il a du supporter de la part de la droite (parti populaire alors dirigé par le franquiste Fraga) mais surtout des média qui ne cessent de vilipender toute action de sa part avec des procédés par toujours déontologiques (interviews tronqués ou orientés). Et étant donné qu'il y revient souvent, on comprend que c'est quelque chose qui l'a profondément blessé. Les média n'ont cessé d'avoir une relation ambigue à son égard puisqu'ils le persecutent en même temps qu'ils le solicitent, sans succès, pour un interview ou une prestation télévisée très souvent assurée de succès dans l'audimètre. A mon avis, son franc parler et surtout sa grande ironie y sont pour beaucoup.

 

 

Une série de chapitres sont consacrés à deux évenements majeurs, du moins qui me semblent l'être, à savoir: le divorce entre le syndicat socialiste UGT (Union Générale des Travailleurs) et le PSOE/Gouvernement d'une part, et le réferendum sur l'OTAN d'autre part. Alfonso Guerra raconte comment le comportement de certains ministres vis à vis des syndicats ET la concurrence que souffrait UGT de la part de Comisiones Obreras (CCOO), l'autre grand syndicat, ont tué l'union syndicat-parti. Une union qui date des origines du syndicat en 1888, fondé par Pablo Iglesias (le PSOE lui étant créée en 1879). Concernant l'OTAN, il faut comprendre que le PSOE a promis en 1982 un réferendum concernant le maintient ou non de l'Espagne dans l'organisation transatlantique, avec quand même un penchant pour le non. Or pour le referendum de 1986, les socialistes se retrouvent les seuls à défendre le OUI contre les communistes et la droite qui prône l'abstention.

 

 

Alfonso Guerra se présente un peu comme l'ingénieur du consensus au sein du PSOE comme au sein du gouvernement. Il essaye toujours, dans les respect de la hierarchie qu'il s'impose face à Felipe Gonzales, seul détenteur selon lui de la légitimité des urnes, de calmer les tensions internes entre les ministres ou dans les affaires du PSOE, ce qui assurément renforce cette idée qu'il en est le maitre tout puissant. Mais il comprend bien lors de la préparation de l'Expo de 1992 à Séville ou bien lors de l'élaboration du Programme 2000 en 1990, qu'il est contesté par une partie des socialistes de la ligne social-libérale. Les relations avec Felipe Gonzales se dégradent, ce dernier semblant se rapprocher de la ligne des "rénovateurs". Le Congrès de 1991 symbolise la guerre ouverte entre ce que les média appellent les "guerristas" (partisants de Guerra) et les "renovadores" (rénovateurs/ réformateurs/ modernisateurs). Les "guerristas" gagnent le Congrès mais Alfonso Guerra, suite à une lettre très personnelle de Felipe Gonzalez, décide de quitter le gouvernement pour se consacrer au Parti. Pour la petite histoire, c'est au cours du Congrès de 1994 que les "renovadores" l'emportent sur les "guerristas".

 

Ainsi s'achève les mémoires politiques d'Alfonso Guerra. Peut être écrira-t-il ce qu'il a fait depuis dans un 3eme tome... Je pense que ça en vaudrait la peine.

 

 

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Depuis que j'ai achevé la lecture de ces mémoires politiques, j'avais en tête de rédiger une note la dessus. Là voilà donc. Elle est longue car très détaillé. J'aurai pu être plus précis dans les anecdotes ou les positions de l'auteur en ce qui concerne les privatisations/nationalisations, le socialisme au XXIème siècle, sur les nationalismes en Espagne, sur ce qu'il pense de l'action du gouvernement auquel il a appartenu... mais pour des non espagnols, ça n'a peut être pas tellement d'intérêt.

 

 

Je vous avoue avoir vraiment aimé ces deux livres. Le style de l’auteur, sa franchise, son ironie parfois, m'ont plu. Ces deux livres me paraissent être un formidable témoignage de 50 années d’histoire espagnole, avec l’évolution de la société espagnole qui va avec et l'évolution d'un parti qui passe de la clandestinité aux responsabilités politiques pendant 14 ans. C'est aussi une leçon de vie et une leçon de politique.

 

Pour finir je donnerai mon humble et naive opinion: le socialisme espagnol, avec tous ses défauts, a beaucoup apporté à l'Espagne en l'espace de 30 ans de démocraties.

 

Ils ont consolidés la démocratie espagnole,

Ils ont mis en place un welfare state inexistant auparavent,

Ils ont restructurer l'économie espagnole à l'aide des subventions européennes,

Ils ont fait entrer l'Espagne dans l'Europe et ont contribués, surtout dans les années 80, à renforcer l'Europe,

Ils ont symbolisé le retour de l'Espagne sur la scène internationale à travers l'euroméditerranée et la politique latinoaméricaine.

 

 

(1) Je l'aborde peu hélàs dans mon propos mais j'ai une mémoire des noms catastrophique, mais j'insiste, la culture et la littérature sont très présent chez cet homme.

(2) C’est pour ça que pendant longtemps le PS français et le PSOE ont eut des liens très forts, et ça a joué dans les années 80. C'est beaucoup moins vrai aujourd’hui, c’est une autre génération aussi.