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04 novembre 2008

75ème Congrès du PS (3)

Dans cette troisième note sur le congrès de Reims, je m’attarderai sur deux thèmes de réflexions qui m’occupent l’esprit depuis quelques jours : la question du leadership d’une part et l’étrange notion de « guerre de religions » au PS d’autre part.

Le leadership.

Avant que la crise financière ne finisse par éclipser le congrès du PS comme sujet d’actualité, les média s’intéressaient à la bataille interne des socialistes uniquement sous l’angle du leadership. Pour eux un parti est inaudible parce qu’il n’a pas de leader. Les questions de programme, de propositions, de méthode les importent bien peu, encore plus quatre ans avant les prochaines présidentielles. Soit...

Depuis un certain temps déjà, je m’interroge sur la notion de leader et sur le rôle qu’il doit occuper dans une organisation (comme l’est le PS) et le fonctionnement de celle-ci. Ni adepte de l’autogestion comme mode organisation sociale par excellence, ni pourfendeur pavlovien de l’autorité, j’ai malgré tout un mal fou à comprendre le besoin de « chefitude » que certains aiment exprimer sur d’autres, et dans lequel d’autres ont besoin de se placer vis-à-vis de certains. Autant par respect des conventions sociales je me soumets aisément au rapport d’autorité (étudiant vis-à-vis du professeur, malade vis-à-vis du docteur, enfant vis-à-vis des parents etc), autant je n’aime pas me faire commander.

Mais qu’est-ce qu’un leader ? Deux réponses me viennent en tête : une personne qui occupe un poste clé dans une organisation hiérarchique donnée et/ou une personne qui montre une capacité certaine d’influence et d’animation d’un groupe donné. Alors que le premier tire sa qualité de leader de la légitimité d’un poste ou d’un statut, le second la revendique de l’expérience sociale. Biens sûr il y a surement d’autres définitions plus appropriées.

Les principaux candidats plus ou moins déclarés au poste de Premier secrétaire conçoivent différemment le leadership. Bertrand Delanoë et Ségolène Royal me semble vouloir accéder au poste Premier secrétaire pour revendiquer le « leadership bureaucratique » comme source de leur autorité politique. Ils mettront en avant le vote des militants et/ou le ralliement des responsables fédéraux comme source de légitimité. Martine Aubry semble concourir au « leadership bureaucratique » pour mieux mettre en valeur son « leadership de la pratique sociale ».

Sur le rôle du leader dans l’organisation et le fonctionnement du PS, là aussi on note des divergences. Royal envisage(ait) de créer une sorte de dyarchie politique au PS : elle serait présidente du parti avec en dessous une sorte de secrétaire général qui s’occuperait, avec une direction pleine de nouvelles têtes, des affaires internes du PS pendant qu’elle parlerait aux « vrais gens ». Delanoë a une vision plus managériale : il faut un « vrai » chef qui sache initier des projets et trancher les décisions, un chef accompagné d’une direction resserrée où les gens ont intérêt à se bouger le fion s’ils veulent rester en place. Une véritable culture du résultat en somme. Martine Aubry semble privilégier une direction plus collégiale où on fixerait ensemble la position du PS et on la défendrait ensemble à l’extérieur.

Cependant entre ce que les trois affichent et ce qu’ils feront effectivement demain s’ils sont à la tête du PS, il peut y avoir des écarts abyssaux. Pour l’instant je me sens proche de la conception collégiale de la motion D. Je conçois le Premier secrétaire comme une sorte de super animateur, capable de faire travailler collégialement une majorité des forces du parti dans une direction et un secrétariat général rénové, resserré et qui sert à quelque chose.

« Guerre de religions » au PS

L’expression sonne mal lorsqu’on la rapproche du nom d’un parti politique laïc. Mais elle a un sens. La réflexion qui suit se base sur les propos entendus d’un intervenant de l’émission politique « Déshabillons-les » de la chaine LCP. L’émission que j’avais vu concernait le style Aubry, jugé comme « l’anti-Royal ». Les commentateurs analysaient les différences des mots employés, des expressions faciales et autres entre les deux dames du PS.

Puis j’ai entendu un « Aubry fait partie des hollandais ». Ce n’était pas une référence à François Hollande, le premier secrétaire du PS, mais à la culture protestante. Ce qui m’importe ici c’est moins la pratique religieuse de tel ou tel responsable politique, que le lien entre la culture peu ou proue religieuse et la pensée politique. Car mon sentiment est que la culture religieuse dans laquelle on baigne plus ou moins dans sa jeunesse structure pour partie (et seulement pour partie, je me garde bien de tirer des relations de causes à effet), la manière qu’un individu a de penser, de vivre et de faire la politique.

Bien qu’on observe depuis une trentaine d’année un recul du fait religieux dans notre société, l’histoire montre que politique et religion se croisent. La sociologie électorale met en évidence la tendance politique de chaque communauté religieuse (à noter que les tendances évoluent dans le temps et dans l’espace) et l’étude de l’histoire des idées ne peut faire l’impasse sur l’apport des religions et de leur contestation.

Au risque de faire trop de raccourcis schématiques, l’histoire tend à montrer que le protestantisme, par ses origines mêmes, constitue une certaine forme de pensée critique alors que le catholicisme (et ses institutions) rejoint les forces conservatrices (*). On voit que les deux religions, tout en partageant un tronc commun, n’utilisent pas vraiment le même modèle de pensée et ne privilégient pas les mêmes valeurs.

La culture protestante se base pour l’essentiel sur les notions d’individualisme et de responsabilité. La grande place accordée à l’individualité conduit naturellement à la reconnaissance et à la défense de libertés, notamment politiques, par rapport au pouvoir arbitraire du souverain puis de l’Etat. La responsabilité, qui vient du refus du concept du « pêché avoué à demi pardonné » de l’Eglise catholique (**), va déboucher sur les valeurs de probité et d’éthique : il faut être irréprochable, l’austérité et l’ascétisme sont de mises et l’expression des sentiments réprouvé (***). Par ailleurs, le protestantisme s’accompagne de la distinction entre le bien et le juste ce qui amène à une autre conception de la justice que celle de la pensée catholique.

De son côté, la culture catholique privilégie la notion de communauté qui dépasse les individus qui la compose en même temps qu’elle écarte (par la violence physique ou symbolique) ceux n’en faisant pas partie. Elle exprime un certain attachement à l’ordre moral et au respect de celui-ci. L’apparence et le symbolique sont très importants. L’humilité et la compassion sont mises en avant.

C’est par ces différences de culture politique, que des gens comme Michel Rocard et Lionel Jospin ne s’entendent pas bien avecdes Ségolène Royal et d’autres. A côté de ces deux cultures fortement inspiré par des valeurs peu ou prou religieuses, je note une troisième culture, plus républicaine et libérale, que représente DSK.

(*) Lorsqu’on regarde nos voisins européens on remarque que les protestants sont plutôt sociaux-démocrates et les catholiques plutôt conservateurs.

(**) Il se matérialise sur le principe : des dons contre ton salut.

(***) Ces valeurs seraient à l’origine du capitalisme.

23:14 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : ps, média, dsk, rocard, jospin, royal, aubry

Commentaires

Salut Pablo, depuis quelques jours je te cherche sans relâche sur le web à défaut de te trouver en direct, un petit mail s'impose pour une seule petite question à laquelle je ne pense pas que tu ai déjà répondu ici (désolé si je me trompe);

Alors quelle motion et pourquoi?

(Étant à PRS tu te doute de celle que j'ai soutenu.)

Écrit par : Damien | 08 novembre 2008

Bonsoir Damien,

Sur le blog j'interviens uniquement sur le blog de Pierre Moscovici, moins par sympathie pour la personne d'ailleurs que pour les e-amies qui postent là bas. Sans compter que j'aime contrer les basses attaques de certains royalistes.

Ma réponse à ta question va surement te surprendre: je n'ai soutenu aucune motion. J'ai voté pour la motion D portée par Martine Aubry. Mais c'est un vote par défaut plus que par adhésion.

J'explique cette non-adhésion par mon exaspération des pratiques malsaines d'un certain nombre de responsables politiques, quelque soit leur motion précisons, et j'ai refusé jusqu'en début de semaine, de cautionner ces types de pratiques.

Après il m'a fallu choisir le moindre mal.

Tu es PRS donc, mais pas au PS. C'est dommage mais je suppose qu'avec le départ de Melanchon, t'es pas prêt de nous rejoindre.

Le départ de Melanchon et de Dolez montre à mon sens la capitulation du social-républicanisme dont Jean Luc était le représentant-type et l'ardent défenseur.

Même si ça renforce un peu plus la ligne sociale-démocrate du PS, je ne suis pas certain que ce départ me réjouisse.

Il risque d'y avoir beaucoup de changement au PS maintenant, et pas forcément dans le bon sens.

ps: j'ai été voir Benoit Hamon lors de son passage à Toulouse.

Écrit par : Pablo | 08 novembre 2008

je dirais que le catholicisme est plus incarné.



"Dieu s'est fait homme pour que l'homme se fasse Dieu"

Écrit par : Buzz l'eclair | 09 novembre 2008

Bonjour Buzz,

Qui est l'auteur de ta citation ?

Elle est géniale en tout cas car pleine de sens.

Écrit par : Pablo | 09 novembre 2008

Saint Irénée mon cher Pablo

Écrit par : Buzz l'eclair | 09 novembre 2008

Buzz a son site ou ? J'ai perdu le lien...

Je vais lire ce texte demain soir seulement.
Cet apreme, je passe en Correctionnelle.

Je suis allé poster ceci sur le blog d'Aiglon. Ce petit malin a une censure assez sophistiquée, basée sur l'IP et certains mots clés.

Mais bon, le populisme, j'ai toujours combattu...quitte à passer en Correctionnelle

"
ca te va bien d'appeler à soutenir Martine,
apres tout ce que tu lui as fait...

Pas mal ton petit systeme de bannissement.
Toujours "démocrate" antirépublicain, pas vrai, l'activiste National ?

Le-Bel_ge"

Tu crois qu'il va le laisser ? Moi je dis oui : le populiste...
"

Amitiés Pablo
le Belge

Écrit par : Belgo4.0 | 03 décembre 2008

Belgo,

Je ne sais pas si Buzz a un site, je sais qu'il avait un blog mais qu'il n'a, hélas pour nous, pas mis à jour depuis un certain temps. Tu trouveras donc son adresse dans ma liste d'amis...

Liste sur lesquels tu figures (je t'ai rajouté assez tardivement mais pour des raisons uniquement liées à un sinistre individu-animal...tu comprendras de quoi je parle), mais dans laquelle il y a aussi Aiglon (Daniel), pour qui j'ai estime et amitié.

Tu as eu le mérite sur ton blog d'expliquer assez clairement ce que tu reprochais à Aiglon. Mais je te demanderai de pas me (nous) prendre à témoin dans ton différend (humain et politique) avec lui.

Pour le reste, j'ai toujours plaisir à te lire ici et sur ton blog. J'y viendrai d'ailleurs apporter une ou deux réflexions concernant l'élection d'Obama ;-)

Écrit par : Pablo | 03 décembre 2008

tu sais comment les socdems se font tatouer ?

Sark sur la fesse gauche
Bama sur la fesse droite

le Belge

Écrit par : Belgo4.0 | 05 décembre 2008

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