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18 septembre 2010

Petite révolution cubaine

Ces dernières semaines, quelques dépêches concernant Cuba laissent apparaitre les changements qui touchent le régime et l’économie castriste, en place depuis 1959, initiés par Raul Castro depuis son arrivé en 2008.

Face aux difficultés économiques et financières que traverse l’île depuis 1991 (au moins) et aux pressions politiques autant internes (contestations) qu’internationales (blocus américaine, pression européenne), Raul Castro a lancé quelques timides réformes.

Citons parmi celles-ci, la distribution de certaines terres agricoles aux paysans, l’abandon de l’égalitarisme salarial, l’assouplissement des règles de circulation des cubains vers l’étranger, la possibilité d’accéder à internet et autres produits de consommation (ordinateurs, scooters), et la libération de prisonniers politiques.

Et là, après avoir lu Fidel Castro admettre dans un entretien que le modèle cubain ne marchait même pas pour ses habitants (avant toutefois de se rétracter), on apprend que le régime entend licencier 500 000 fonctionnaires (sur 5 millions) et développer le secteur privé (occupant actuellement 590 000 personnes).

Si on peut supposer que la réforme sera progressive et limitée, cela reste tout de même un symbole : un des derniers bastions communistes au monde prépare sa conversion à l’économie de marché. J’entends déjà quelques néolibéraux bien suffisants clamer la victoire définitive du capitalisme, amalgamant au passage « économie administrée » et « gestion socialiste de l’économie de marché ».

La survie du régime castriste presque 20 ans après la fin de l’URSS, qui lui apportait une aide financière et matérielle conséquente, malgré un embargo économique des Etats-Unis qui lui prive l’accès à biens des ressources, relève pourtant de l’exploit. Je me demande d’ailleurs si des économistes et des sociologues ont déjà pensé à étudier cette « économie de la débrouille », ces stratégies d’adaptations et de survie.

Reste aujourd’hui à savoir si ces réformes économiques traduisent un début, même embryonnaire, de transition politique ou une simple fuite en avant de la part des responsables cubains.

En sciences politiques, on admet au moins trois modèles de transition politique :

-      Une transition de rupture, regroupant les opposants radicaux et modérés d’un régime donné. C’est le cas du Portugal en 1975 ou de Cuba en 1959.

-      Une transition négociée, menée par l’opposition modérée et les réformateurs du vieux régime. C’est le cas de la Transition espagnole, pactée par l'ex franquiste Adolf Suarez et les socialistes alors mené par Felipe Gonzalez.

-      Une transition contrôlée, aux seules mains de réformateurs du régime qui doivent ménager les « durs » du régime. C’est le cas du Chili vers la fin de l'ère Pinochet.

Pour l’instant, Raul Castro semble plus s’inspirer de Deng Xiaoping, le dirigeant chinois qui a ouvert la Chine à l’économie de marché, que de Gorbatchev, qui lui avait tenté de réformer économiquement et politiquement l’URSS. On peut tout à fait imaginer, à moyen et long terme, un régime cubain économiquement libéral et politiquement autoritaire. Et je suis persuadé qu’une telle situation recevrait l’appui des autorités américaines. L’inconnu resterait alors le rôle de la communauté cubaine en Amérique.

ERRATUM: un site intéressant sur la situation cubaine vu par les opposants du régime (dont les socialistes démocratiques), par contre c'est qu'en espagnol. http://partidoarcoprogresista.org/fr/