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21 octobre 2009

Un air d'Orange Mécanique

 

Il y a quelques semaines de cela, à la suite de quelques faits divers, de nombreux responsables politiques se sont précipités sur les plateaux télé pour se prononcer en faveur de la castration chimique des délinquants sexuels, ou pédophiles condamnés. A ce moment là, je n’ai pu m’empêcher de penser à Orange Mécanique, le roman d’anticipation ou de contre-utopie d’Anthony Burgess, magistralement porté à l’écran par Stanley Kubrick en 1971.

 

Orange mécanique c’est l’histoire d’un antihéros, Alex, qui retrace ses exploits de délinquants (passage à tabac d’un SDF, baston entre gang, alcool, viols, vol etc.) jusqu’à son arrestation et incarcération. Afin de pouvoir sortir plus vite de prison, il se porte volontaire pour suivre un traitement médical qui le conditionne à renoncer à tout désir de violence. Mais à sa libération, on assiste à un renversement de situation, car il se retrouve désarmé et victime face à la violence symbolique et physique de ses anciennes victimes.

 

L’œuvre d’Anthony Burgess, loin d’être une ode à la violence comme on l’accusait de l’être à la sortie du film (Kubrick avait pris quelques libertés avec le livre qui selon moi change la lecture de l’œuvre), est une réflexion sur l'origine et l'expression de la violence symbolique et physique, individuelle et collective, privée et d’Etat. La récupération politique des actes de délinquances, partie intégrante de la seconde partie de l’histoire, est quand même d’actualité. Je pense d’ailleurs qu’une nouvelle adaptation cinématographique de l’œuvre est possible voir souhaitable.

 

De fait notre façon de penser la violence, qui peut se manifester par la délinquance juvénile, sexuelle, etc., et la manière dont on entend la traiter, est très révélateur des valeurs d’une société et de son niveau de maturité civilisationnelle. Il me semble que c’est Michel Foucault qui a montré que la violence (monopole d’Etat) tendait avec le temps à « s’adoucir » (il renonce à son droit de vie et de mort sur ses sujets) et à être circonscrite dans un espace toujours plus éloigné du grand public.

 

La pédophilie est un acte détestable et le désir de justice des victimes et des familles est on ne peut plus normal. Mais dans ces affaires là il me semble que la justice ne peut amener réparation, et que les victimes doivent apprendre à se reconstruire que la justice soit rendue ou non. Cela prend du temps et c’est quelque chose de personnel, je suppose. Bien sur une condamnation de justice participe, j’imagine là aussi, à ce processus de reconstruction, mais ce n’est pas une condition suffisante. Je crois que les pouvoirs publics sont impuissants face à ce phénomène car il est difficile à s’adapter à l’identité de chacun.

 

La réponse au problème de pédophilie ne peut pas être pénale et médicale. Il me semble que la confusion des genres est une atteinte aux droits. C’est une double condamnation : on purge sa peine et on est à nouveau condamné pour quelque chose qu’on est censé avoir payé. Un lecteur du Monde sur un article traitant de ces questions avait posé le problème avec, me semble-t-il, intelligence. Soit la pédophilie est un acte de délinquance, auquel cas la réponse pénale est adéquate et on peut imaginer alourdir la peine. Soit la pédophilie est une maladie auquel cas le traitement médical, la castration chimique par exemple, sur une durée longue et dans un établissement particulier, serait plus judicieux.

 

Ce ne sont là que des réflexions générales et je ne revendique pas avoir compris tout les tenants et aboutissants d’un problème assez grave, ni d’avoir les solutions miracles. Il est clair que le fait d’adopter l’une ou l’autre de ces approches entraine un nouveau débat sur les définitions puis les moyens d’y répondre.

Commentaires

salut pablo
tres beau post courageux et lucide.
j'ai regardé cette semaine sur la 5 une émission avec Calvi ou il abordait le sujet un peut comme toi.
Des point fort resortaient comme "maladie ou délinquance""tres faible taux de récidive""société exigeant un zéro risque tres ilusoire" "ilusion de la solution de la castration chimique car de nombreux pédophiles sont des impuissants notoires, qu'une frustration extrème pousse a des actes de pédophilie avec pénétration d'objet divers et les pousse parfois a des assassinats dans des condition plus que odieuse""la castration chimique est réversible et certain pédophile traité n'ont eu aucun mal a trouvé des hormones de compensation sur le net"etc etc..
pour moi toute une partie du débat a été osculté, celle de l'avant passage a l'acte , la grande frustration sexuel et la misere sexuel de nombreux homme , le débat sur les maisons close, sur l'aide aux personnes en souffrance sexuel , rien , strictement rien.
on va faire une nouvelle loi sur la récidive qui concerne quelque centaine de personne pour toute la France et dont on sait que 2% riSque de toute façon de récidiver mais rien ,aucune prévention pour les million d'homme en soufrances sexuel.
bien sur il ne sont pas tous des pédophile en puissance mais plus il y a d'homme en frustration sexuel, plus le % d'homme potentiellement dangereux augmente c'est..ma-thé-ma-tique.la aussi c'est complètement oculté du débat mais on est entouré de pays qui on légalisé les maisons closes et autre éros centers: la Belgique , l'Allemagne , la Suisse et surtout l'Espagne.
je ne sais pas si c'est la bonne ou très mauvaise solution mais j'aimerais bien quel 'on débatte du sujet et voir comment concrètement cela ce passe dans ces pays.
je n'ai bien entendu aucune solution toute faite mais une chose est sur le débat , le vrai est complètement escamoté.
je suis sur au moins d'une chose c'est que le zéro risque pour notre société n'existe pas et n'existera jamais.
c'est ma-thé.....
claude

Écrit par : claude | 21 octobre 2009

Salut Claude. Je suis bien content d'avoir de tes nouvelles.

Je n'ai pas vu l'émission d'Yves Calvi mais tout ce que tu as écrit me fait penser aux difficultés qu'a notre société à aborder le phénomène de pédophilie dans un sens médical.

Il me semble d'abord qu'on refuse d'y voir une maladie parce que la société accepte mal l'idée d'être malade ou qu'elle puisse produire de la frustration. C'est un déni.

Ensuite, le fait d'admettre la maladie amène à s'interroger sur les causes et les solutions à y apporter. Or, il n'y a pas de consensus a priori sur l'origine sociale de ce mal être. Et coté médical, on ne saurait dire si c'est psychologique ou physiologique. Quant aux solutions, comme tu le dis par rapport au risque zéro, on ne peut pas admettre qu'il n'y pas une solution qui puisse régler tout le problème et nous écarte de tout risque.

Enfin, la sexualité peut difficilement etre l'objet d'une action des pouvoirs publics. On touche là aux limites me semble-t-il de l'Etat en régime démocratique. C'est presque une atteinte à la sphère privée. Il n'y a que les régimes totalitaires pour s'introduire dans l'intimité de l'individu...

Dans 1984 de George Orwell, il y a un ministère de l'amour ou de la haine je ne sais plus, qui entend réguler les relations sexuelles entre individus...

Écrit par : Pablo | 22 octobre 2009

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