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17 mars 2010

La banalité du Mal

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Jusqu'où va la télé ?

"Les dérives de la téléréalité sont inquiétantes. Violences, tortures, humiliations dominent les programmes dans le monde entier. La télévision détient-elle un pouvoir spécial ? Dans les années 60, une expérience psychosociale prouvait que 62 % des individus administraient des chocs électriques extrêmes en obéissant aux ordres d'un scientifique. L'équipe de Christophe Nick a transposé cette expérience à l'univers des jeux télévisés, avec un jeu aux règles abjectes, où il est question d'infliger des chocs électriques à un inconnu, en étant dirigés par Tania Young. Qui va se soumettre ?" France 2

Commentaires

Je ne l'ai pas vu mais j'en ai entendu parler, l'expérience de Milgram adaptée à la télévision ...

Écrit par : Catherine | 18 mars 2010

C'est exact, il s'agit bien de l'expérience de Milgram. Nous en avions d'ailleurs parlé sur ce blog il y a un an ou deux je crois.

Pour avoir lu un partie de l'analyse de Milgram (il en avait fait un bouquin, mais quand on me l'a fait lire, ce n'était qu'un chapitre ou un article), je pense que le documentaire de hier l'a correctement adapté au format et aux règles du monde télévisuel (simulation d'un jeu télé en gros).

Ce qui est très appréciable, c'est les explications qui sont données pour comprendre les réactions des candidats dans une situation donnée (un jeu, la douleur de l'autre), avec une autorité qui prend plusieurs formes (le plateau et son personnel, la présentatrice, le public).

Et quand bien même j'avais entendu parler du résultat (pire que celui de Milgram), je dois avouer m'être senti plutôt mal à l'aise de voir les candidats continuer à envoyer des charges toujours plus importantes. Sans compter les doutes sur son propre comportement dans une situation analogue...

Maintenant si je partage l'opinion de l'auteur du documentaire sur les dérives de la "télé-réalité", je suis pas forcément convaincu que l'expérience relatée dans le documentaire suffise à prouver que la télé puisse en arriver à nous pousser à tuer pour le jeu. Disons que ce n'est pas impossible, mais le documentaire ne sait pas le démontrer.

En tout cas, le thème du jeu de la mort me fait penser à "Running Man" avec Schwarzie, un film SF des années 80 ou début 90, ou encore à "Roller Ball", excellentissime film des années 70.

Et enfin, ce qui me gène un peu dans toute cette histoire, c'est qu'on voit que toute contestation de la télévision passe en fait par la télévision elle même. Bourdieu disait que la télé finirait par ne parler que d'elle même. Le documentaire et surtout le débat qui en a suivi en est la parfaite illustration.

Écrit par : Pablo | 18 mars 2010

Ça permet de comprendre comment un type comme Hitler a pu faire faire ce qu'il a fait faire ...

Moi, ce qui m'étonne, c'est l'étonnement des gens ...

Et Hitler na pas été le seul, loin de là ...

Écrit par : Quidam LAMBDA | 18 mars 2010

ça me fait penser à une anecdote du temps où j'étais en contrat emploi solidarité, dans une structure d'accueil pour jeunes enfants. Une des stagiaires se plaignait d'un abcès dentaire, en voyant sa joue gonfler comme une baudruche, j'ai suggéré que l'on appelle un médecin ou qu'on l'amène chez un dentiste ou ben qu'on fasse quelques chose quoi. La directrice m'a répondu que la stagiaire étant sous sa responsabilité il était hors de question qu'elle quitte les lieux, qu'il y avait des lois et qu'il fallait les appliquer, allant jusqu'à dire n'arrivant pas à joindre ses parents( la gamine avait 16 ans) qu'elle serait obligée de rester seule dans les locaux entre midi et deux le temps que ses parents soient joignables !! incroyable non ?
Je me suis énervée, j'ai fini par ramener la gamine chez elle en disant que s'il le fallait, je signais un papier déchargeant la directrice de toute responsabilité, et oui j'ai parlé de l'obéissance et du nazisme ( c'était il y a longtemps) je n'ai jamais oublié cet épisode, il m'avait mis hors de moi... mais n'est il pas dit que plus on est inséré dans la société et plus on accepte l'autorité ? ;-)
Ceci dit, on ne sait jamais à l'avance la façon dont on va réagir...

Écrit par : Catherine | 18 mars 2010

Je pense que les premiers étonnés sont les participants à l'expérience eux mêmes. Quand on pense être normal et équilibré et qu'on réalise qu'on est prêt à commettre l'irréparable, je pense que c'est un choc. Ca pose forcément des questions. Tant mieux.

De mémoire dans l'expérience de Milgram, peu de sujets arrivaient jusqu'au 440-460 volts. Si la plus part allaient au delà de la charge supportable, ils s'arrêtaient avant la charge maximale. Dans l'expérience télé, ils ont l'air nombreux à aller jusqu'au bout.

Catherine, je me demande si ce à quoi tu t'es confronté, n'est pas quelque part un travers général de la sphère publique. L'Etat au sens large est l'institution titulaire de l'autorité suprême (le monopole de violence physique et symbolique comme dit l'autre). Avec la diffusion des responsabilités et la hiérarchisation de l'autorité, certains acteurs veulent minimiser la prise de risque, donc éviter à ce que soit engagé leur propre responsabilité. Le respect des règles devient l'objectif.

Comment dire...c'est plus une stratégie pour pas avoir de problème soit même qu'une adhésion béate à une autorité informelle mais supérieure. Mais je me trompe peut être, la bonne femme était peut être sadique ^^

Écrit par : Pablo | 19 mars 2010

loll mais tu ne penses pas que c'est là que cela commence, lorsque l'on cache sa conscience derrière le respect des règles :-)
"Tu souffres mais je ne peux rien pour toi, il faut respecter les règles".." ... Non elle n'était pas sadique, juste persuadée d'avoir raison, sûre de bien faire :o)
Je n'ai pas vu le reportage alors je me demande comment ils ont choisi leurs candidats ?

Écrit par : Catherine | 19 mars 2010

Et encore, là on parle d'une réaction face à une violence/douleur physique, c'est peut être pire face à une violence morale ou symbolique.

Sur la sélection des candidats, de ce que j'ai retenu:
- ils ont écartés ceux qui avaient déjà participé à une émission de télé-réalité, toute personne suivant un traitement psychologique ou sous médicaments (anti-dépresseur), et ceux dont la santé mentale pourrait être perturbé par l'expérience (femme enceinte, jeunes de < 25 ans).
- ils ont essayé de respecter la méthode des quota (un peu tous les ages, parité, tous les milieux sociaux)

Sinon, comme dans l'expérience de Milgram, ils ont fait des variantes dans l'expérience: absence de la présentatrice (les candidats tendaient alors à s'enfuir), ou libre choix de la charge (il me semble)... la liberté de l'acteur est alors plus grande.

Écrit par : Pablo | 21 mars 2010

Comme le concept de l'émission pose problème je me demande aussi s'ils ont comptabilisé ceux qui ont refusé de participer au test ...

Écrit par : Catherine | 23 mars 2010

Un livre est sorti avec l'émission mais bon...

Par contre je viens d'apprendre que Paul Quiles et une Marie Noel Lienneman porteraient plaintes contre France 2 pour la diffusion d'une émission qui "incite à la violence"

http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2010/03/26/jeu-de-la-mort-deux-anciens-ministres-portent-plainte_1324998_3236.html

Ils n'ont du voir l'émission à mon avis, en tout cas j'ai pas eu ce sentiment en la regardant. Mais connaissant l'expérience de Milgram avant, je suis peut etre pas objectif.

Et y'a cet info, un peu plus "drôle"

http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2010/03/24/decu-par-un-documentaire-diffuse-sur-france-2-un-homme-menace-tf1_1324012_3236.html#ens_id=1320360

N'importe quoi les gens ! ^^

Écrit par : Pablo | 26 mars 2010

C'est curieux, ça a le mérite de faire connaître l'expérience et en même temps cela va rendre difficile une même approche du problème...Si on ne la connait pas, c'est vrai que la procédure parait plus trash .
Le spectateur a peut être ressenti l'émission comme une menace ? :o)

Écrit par : Catherine | 27 mars 2010

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