Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10 juillet 2010

Après la démocratie - Emmanuel Todd

Après la démocratie.jpgC’est sur le blog de Malakine, recommandé par notre ami Belgo en 2007 déjà, que j’ai entendu parler d’Emmanuel Todd, anthropologue et essayiste français, défenseur d’un protectionnisme européen et auteur, malgré-lui, de la formule « la fracture sociale », devenu le thème de campagne de Chirac en 1995. 

Il s’est rendu célèbre pour ses ouvrages « prémonitoires » sur la fin de l’empire soviétique (La chute finale) ou les difficultés de l’hégémonie amériaine (Après l’empire) et sa défense sur modèle français d’intégration (Le destin des immigrés). En novembre 2008 il publie Après la démocratie, un essai d’analyse sur ce qu’il appelle « le moment Sarkozy ». 

En introduction, il dénonce l’incompétence diplomatique et économique du Président de la République, ainsi l’exhibition de sa vie privée. Il voit dans l’élection de Sarkozy, le signe de la vaste crise idéologique contemporaine et de la montée en puissance des forces antidémocratiques. 

Todd va alors analyser les défauts humains et sociétaux : le respect des forts et le mépris pour les faibles, le culte affiché de l’argent, la défense des inégalités, le narcissisme, le besoin d’agression et la désignation de boucs émissaires. 

L’incohérence de la pensée du président correspondrait au vide idéologique et religieux de nos sociétés, la médiocrité intellectuelle renvoie à une crise profonde de l’éducation et de la démocratie, l’agressivité à la désignation de non-citoyens, l’amour de l’argent pose le problème plus général de l’acceptation aveugle du libre-échange et des inégalités qu’il génère et, enfin, l’instabilité affective trouve un écho dans l’évolution des valeurs familiales. 

La mort des idéologies et la désaffection religieuse.  

Todd explique que les valeurs religieuses structuraient en profondeur la société française et dessinaient une géographie politique. Or aujourd’hui on assiste à une érosion des croyances (8 % de Français se déclarent en 2007 pratiquants réguliers pour 37 % en 1948) et une décomposition de l’idéologie politique. Et si la bipolarisation droite/gauche semble résister, elle est faite d’une souplesse qui s’apparente à bien des trahisons : conversion de la gauche socialiste au libéralisme, renoncement à la charité et conversion au culte de l’argent pour la droite. 

Le vide métaphysique guette l’individu en quête de sens, et si le bien-être et la sécurité ont un temps remplacé les valeurs supérieures, que se passe-t-il, se demande Todd, lorsque le niveau de vie dans la société de consommation baisse ou que la sécurité n’est plus assurée ? La crise s’accompagne d’un retour logique de l’irrationnel. 

La stagnation éducative et le pessimisme culturel contemporain. 

A partir des cas de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, Todd met en évidence une baisse du niveau de diplôme des hommes politiques actuels. Ces élites, selon lui, se répartissent toutefois aujourd’hui entre des énarques conformistes et convaincus par le credo libéral et des individus dont le niveau de diplôme est plus faible, qui sont émancipés mais qui n’ont pas pour autant de programme économique ou idéologique solide. 

Ce vide s’explique par la crise éducative : encore aujourd’hui entre 5 et 10 % d’illettrés en France,  stagnation, depuis 1995, des résultats et du niveau, le nombre de sortants sans diplôme du système et le nombre de bacheliers se stabilisent. 

Deux faits se dégagent : d’une part, on a un discours démobilisateur sur l’inertie éducative qui démoralise la société (cf. essais de Finkielkraut, de Michéa ou de Baverez) et, d’autre part, il y a indéniablement une « pause éducative » (après deux siècles de progrès). 

Autour de l’idée de « déclin » s’opère une convergence de deux écoles de pensée dites « réactionnaires » : la pensée unique néolibérale qui parie sur la régulation miraculeuse du marché et le national-républicanisme qui regrette un passé idéalisé et parie sur les vertus de la réaction. 

La crise de la démocratie. 

Nos démocraties contemporaines sont marques par un mécontentement général à l’égard des gouvernants, un fort taux d’abstention électorale (crise du système représentatif) et une dérive vers la droite. 

Todd reprend Guy Hermet dans L’hiver de la démocratie en 2007 : le système démocratique combine la gouvernance (entendu comme oligarchie pour Todd) qui est réservée à une élite qui décide des grandes orientations et travaille avec des acteurs privés ou cooptés, et le populisme qui agit par les élections et travaille avec les acteurs de la société civile. 

Todd insiste sur le lien entre la donne éducative, démocratie (sens critique) et l’homogénéité éducative de la France. Le développement de l’enseignement du secondaire et son ouverture démocratique génèrent une stratification de la population entre instruits primaires, secondaires, supérieurs. 

L’hétérogénéité va primer dans la société et l’élite va progressivement craindre de perdre sa distinction. Elle se referme sur elle-même et développe des stratégies pour conserver la séparation avec le peuple. Cela peut se traduire par un certain nombrilisme culturel ou plus certainement par une forme de séparatisme social et spatial. 

Les diplômés du supérieur de plus en plus nombreux perdent leurs attaches politiques et religieuses. La mort des idéologies aboutit à un resserrement sur les intérêts propres et efface les communications entre les strates sociales. Dans les partis politiques, cela se traduit par une séparation entre le militantisme concret de base et le militantisme intellectuel mais narcissique. Sur ce dernier point, il cite La société des socialistes, une enquête sociologique du milieu de militance socialiste. 

La question de l’égalité. 

Todd reprend le lien entre éducation et démocratie mais montre que la correspondance est rarement effective entre la montée de l’une et l’avènement de l’autre, car il entre en jeu une autre donnée : la structure familiale. 

La structure familiale joue un rôle dans le rapport des peuples à l’égalité. D’après ce que j’ai compris, la structure familiale est la base de l’analyse d’Emmanuel Tood et le fil conducteur de sa pensée. 

Il étudie la structure familiale en Angleterre, en France, en Russie et en Allemagne mais nous ne reproduirons que ici que son analyse pour l’Angleterre et la France. 

Angleterre

France

Famille paysanne nucléaire et

propension à l’individualisme social

Modèle familial nucléaire

mais égalitaire

L’inégalité dans

l’héritage est possible

L’héritage se répartit entre tous

les enfants du foyer

=  Altérité

=  Homogénité

L’hypothèse d’une ethnicisation possible de la démocratie. 

Todd analyse qu’aux États-Unis, la présence de groupes marginalisés (Indiens et Noirs) aurait permis de former la cohésion du groupe des Blancs (les WASP). La démocratie américaine se serait construire sur le fondement du racisme : des « Blancs » égaux face à des esclaves inégaux. 

L’auteur note qu’il en est de même pour l’Allemagne nazie et pour l’Angleterre victorienne. Mais pour lui, la France fait ici figure d’exception, même si l’altérité structure dès la Révolution (l’aristocrate) et que la lutte des classes va prendre la suite. Mais l’égalité reste une valeur capitale. 

Or, d’après lui, avec la présidence Sarkozy, on observe un retour du discours du bouc émissaire (l’immigré, le jeune, le musulman). La mise en place d’une grille de lecture ethnique de la crise des banlieues de 2005 et une instrumentalisation de l’insécurité peuvent créer une cristallisation identitaire. 

Le libre-échange contre la démocratie. 

Todd s’attaque au dogme contemporain de la liberté de circulation des marchandises. La globalisation, encore plus avec l’irruption de la Chine dans le jeu économique, conduit à une baisse des salaires et du niveau de vie. 

Or il constate que cette intuition n’est pas partagée par les intellectuels en France : l’économie est encore vue avec distance, voire avec mépris. L’aveuglement semble primer : face à la baisse des revenus, la réduction des sécurités et de la fonction publique et la montée des inégalités, le discours reste celui du libre échange au moins du côté des strates supérieures et dirigeantes.

En revanche, le corps électoral, parce qu’il est plus touché par le libre-échange, se positionne de plus en plus en faveur de mesures protectionnistes et perturbe le fonctionnement des instances démocratiques par ses refus réguliers manifestés par les urnes. 

La classe politique est, pour sa part, peu sensible au protectionnisme : la gauche met en avant l’argument selon lequel les pays du Sud seraient très désavantagés par des mesures protectionnistes et la majorité des sympathisants du PS, issus de la fonction publique, est relativement protégée de la mondialisation. À droite, les PME sont plus sensibles aux avantages du protectionnisme, mais les grands chefs d’entreprise issus des grandes écoles croient aux vertus du libre-échange. 

Possible retour de la lutte des classes. 

Celle-ci avait disparu du discours de la gauche avec l’effacement du PC et la chute du taux de syndicalisation. Pourtant, l’analyse des votes des dernières élections montre que la stratification économique joue encore un rôle capital. 

Les inégalités augmentent entre la fraction la plus riche et la plus pauvre, la baisse du niveau de vie et  la prise de conscience d’un avenir économique moins favorable bouleversent les rapports sociaux. Les conditions seraient donc réunies pour un retour de l’affrontement socio-économique ou pour la désignation d’un bouc émissaire ethnique ou religieux. 

La France serait plutôt en voie de préférer la première hypothèse (conflits sociaux réactivés, rééditions de Marx…) tant son attachement à l’égalité la détourne pour l’instant de la réaction raciste. 

Deux pistes possibles d’évolution de la société. 

Selon Todd, ce sont aujourd’hui les classes moyennes qui par leur hésitation vont dessiner l’avenir de la société. Il envisage dès lors deux possibilités 

La République ethnique : la crise suscite une fuite vers l’irrationnel et la désignation d’un bouc émissaire, ethnique, religieux ou racial. Il remarque la montée de l’islamophobie chez les élites (chrétiens et laïcs). 

La suppression du suffrage universel : l’heure est à la dépolitisation. Les gouvernants ayant de plus en plus de mal à se faire élire pour ensuite ne pas parvenir à gouverner, on pourrait, dès lors, être « lucide » et passer à un régime autoritaire qui seul permettrait d’agir sans blocages. 

Todd n’élimine pas tout à fait cette deuxième hypothèse même si basculer dans un régime autoritaire lui parait peu envisageable en France. Toutefois il souligne que, dans un climat sécuritaire, des individus fragilisés sur un plan économique ou social peuvent s’en remettre à un contrôle politique ferme. Selon lui, le risque de la suppression du suffrage universel est ainsi plus fort que celui de la solution ethnique. 

Le protectionnisme comme solution. 

Il note qu’avant la globalisation il y avait une convergence entre l’espace économique, l’espace social et l’espace politique. Or, la mondialisation a introduit une rupture dans cette harmonie. 

A défaut de pouvoir élargir l’espace politique au monde (idée de démocratie mondiale), il préconise de réduire le champ économique en réintroduisant le rôle de l’Europe. Cette dernière doit opter pour des mesures protectionnistes. 

Mais pour cela, il faut d’une part que l’Europe soit le vrai pari des gouvernants et non leur alibi, et d’autre part, il faudra surmonter le blocage allemand, dont le modèle de croissance économique s’inscrit dans la cadre de la mondialisation (jouer sur l’exportation et faire pression sur les salaires internes). 

Dans le contexte actuel de crise de l’euro et de politiques de rigueur généralisée, inspirée l’Allemagne, puissance économique dominante au sein du l’UE, ou encore du refus d’une taxe carbone aux frontières, on voit bien que l’Europe ne s’oriente pas dans cette voie.

*

J'avoue que je ne m'attendais pas trop à ce type d'analyse quand j'ai acheté le livre. Je croyais au départ, que l'auteur y dessinnait ce que pourrait être le régime d'une post-démocratie. Mais je ne connaissais alors rien ou presque de l'auteur en question.

J'ai beaucoup aimé l'ouvrage, très bien construit parce que progressif, même si le ton parfois un peu violent vis à vis de quelques politiques surprend. Ton justifié par l'auteur par la violence symbolique même des responsables politiques.

Quand l'ouvrage est sorti, le monde était au bord du précipice avec la quasi-faillite du système financier international (risque systémique) et donc propice à un changement de paragdime, tout au moins à une remise en cause de certains postulats économiques et politiques, jusqu'ici "dominants".

Or deux ans après, malgré certains changements, on semble revenir aux discours et aux pratiques de l'avant-crise, comme si rien n'était arrivé.

23:35 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : emmanuel todd

Commentaires

Bravo pour votre très bon résumé du livre de Emmanuel Todd.
C'est cependant , et Todd le reconnait , le livre le moins construit , le moins rigoureux , le plus hypothétique mais fort intéressant cependant.
Comme vous le supposez, la théorie des systèmes familiaux est à la base de la réflexion de Todd , anthropologue à l' INED.
Le mieux est de lire son principal ouvrage sur le sujet , " L'invention de l' Europe" fascinant mais assez difficile.
Si cela vous intéresse j'en ai fait à usage personnel un résumé que je vous enverrai si vous avez une adresse e-mail
Amicalement

Écrit par : M Bethouart | 21 juillet 2010

Merci pour votre commentaire. Je ne sais pas si vous allez repasser, mais je vous ai envoyé un mail à propos de votre résumé de "L'invention de l'Europe".

Écrit par : Pablo | 24 juillet 2010

Un entretien avec Emmanuel Todd qui date de l'an dernier.

http://cyrano.blog.lemonde.fr/2009/07/12/entretien-avec-emmanuel-todd-protectionnisme-et-democratie/

Écrit par : Pablo | 24 juillet 2010

salut Pablo
j'essaye de t'écrire plus longuement la semaine prochaine.
as tu entendu parler d'un club de soutien a dsk?
a part ça le premier livre (tres politiquement incorrecte et ...non censuré lol) est fini .
cependant comme il fait 450 page et que mon suport paoier, "original" doit faire une centaine de page il faut donc que je SYNTHÉTISE .
A+

Écrit par : papounet | 25 juillet 2010

Salut Claude,

Félicitation pour ton travail d'criture, 450 pages, tu n'as pas chômé dis donc ! Bon courage pour synthétiser, parce que c'est dur de choisir entre tel ou tel passages :) Pourquoi 100 pages ?

Le seul club de soutien DSK que je connaisse est celui-là http://www.clubdsk.fr/ qui fait parler de lui dernièrement

http://www.lemonde.fr/depeches/2010/07/27/2012-un-club-dsk-lance-en-aout-a-la-rochelle-par-des-sympathisants_3208_38_43057563.html

Pour l'instant, je ne m'intéresse pas trop aux primaires et aux candidatures déclarées ou possibles. On verra à partir de 2011...

Écrit par : Pablo | 27 juillet 2010

hé ! hé! 100 page? ça c'est la cerise sur le gâteau (lol).
mais je te préviens ça sera 100 pages de super concentré qui ne laisserons pas idem (lol)
patience quand même de plusieurs mois.
a+

Écrit par : claude | 27 juillet 2010

à propos de todd
Todd est bien sur une personne très intéressante tant au niveau de ses recherches que de certaine de ses analyses.
j'ai l'ai écouté plusieurs fois ,tant a l'heure de vérité , riposte et C dans l'air.
Par contre je suis très critique sur ses conclusions .
Il a tendance (comme toi ? ) a croire que les solutions politiques aux problème de société sont avant tout scientifique d'où l'importance de personnalité politique très compétente surtout dan le domaine économique.
Il était partisan du "oui" au TC et a eu sur riposte des mots..hum!...regrettable sur le fait qu'il y avait en toute logique scientifique qu'un seul choix possible le "oui"
Pour lui une vraie démocratie est une démocratie économiquement efficace ou il y a a peu de place pour les état d'âme électoraux des citoyens.
Certain a gauche s'appuie sur ses recherche pour remettre en cause notre modèle républicain basé sur le suffrage universel et qui selon eux a permis l'émergence de populistes comme Sarko et Royal.
Dans une tribune libre , un intellectuel proche des GRAQUES à ouvertement émis l'hypothèse d'un système Politique nouveau ou l'élection des députés ne se ferai que par les représentants sociaux économiques ;les délégué des collectivité local ,et des représentant de toute les catégorie sociaux professionnel.
il ne gardait le suffrage universel que pour les élections municipales (sic)
Attention ce sujet n'est plus un tabou ni a gauche ni a droite (cercle Montaigne).
N'oublions pas que la démocratie est régulièrement "grignoté" comme quand Sarko a préféré une ratification du traité de Nice par voie parlementaire alors que l'enjeu imposait un référendum comme pour le TC.
N'oublions pas aussi que la plupart de nos lois ne sont que le relais de directive de l'union européenne.
l'UE est pour moi l'exemple meme d'une parodie de démocratie ou celle ci n'intervient qu'a dose homéhopathique tellement le pouvoir est dilué entre le conseil européen , la commision et le parlement européen.
alors qu'on pourrait tout a fait concevoir l'UE avec moins de pouvoir mais mieux défini et uniquement "communautaire" avec la possibilité d'une véritable alternance politique a chaque renouvellement du parlement .
c'est justement cette alternance qui fait peur a l'élite et la technostructure car elle est une remise en et cause de leur mainmise sur la société .
Pour moi la politique n'est surtout pas une affaire de compétence (l'administration est la pour ça ) mais une question de choix tout a fait subjectif intime et individuel .
Le risque de mauvais choix populaire et pour moi compensé par "une réaction"naturelle et positif du débat démocratique qui se met automatiquement en place.
Sarko est tout a fait dans son rôle d'homme politique de droite , avec un langage viril et volontariste( et....vide au niveau des grande valeur morale collectives) ,axé sur la prépondérance du fric , de la réussite social , , de la sécurité public , du rôle dominant du curé ou de l'imam sur l'instituteur.
je préfère de loin un homme de droite comme sarko que des gens de droite comme Giscar barre ou jupé qui avançais plus ou moins masqué.
SI sarko a été élue ce n'est pas parce que que les français on mal voté (comme le laisse entendre Todd ) mais parce que la gauche a été très très mauvaise.
Ne l'oublions pas.
LE PAPOUNET

Écrit par : papounet | 28 juillet 2010

Merci pour l'analyse Pablo.

J'ai acheté le livre il y a un bon moment et je n'ai fait que le parcourir. Tu me donnes envie de le lire vraiment cet été.

Écrit par : Aiglon | 29 juillet 2010

@ Aiglon

Tu verras, le livre en vaut le peine.

@ Claude/Papounet,

Beaucoup de choses intérressantes dans ce que tu dis, mais je te répondrai un peu plus tard.

Écrit par : Pablo | 31 juillet 2010

Claude/Papounet

Je ne connais pas la position officielle de Todd vis à vis du TCE lors du référendum dr 2005, mais c'est assez étonnant qu'il ait voté oui alors qu'il a voté non à Maastricht en 92 (la trajectoire inverse est plus fréquente, cf. certains leaders de gauche).

"Il a tendance (comme toi ? ) a croire que les solutions politiques aux problème de société sont avant tout scientifique d'où l'importance de personnalité politique très compétente surtout dan le domaine économique."

Je suis là aussi étonné de ta remarque dans la mesure où il est quand même assez critique vis à vis de certains experts, en particulier dans le domaine économique. Il a par exemple demander la dissolution du Conseil d'Analyse Economique, un organne placé auprès de Matignonet qui s'exprime sur les questions économiques et conseille le gouvernement (quelque soit son bord).

Quant aux réponses scientifiques aux problèmes de société, elles sont nécessaires dans la mesure où elles nous font sortir du pathos, du tout-émotion, et donc de l'arbitraire.

Un gouvernement guidé par la seule raison n'est ni possible (on reste des hommes), ni souhaitable (on finirait pas exclure l'humain du processus de décision), mais quand on légifère aujourd'hui pour répondre à des faits divers qui créent l'émotion, on dérive vers le populisme et la démagogie. L'histoire a montré où ça pouvait conduire.

Remettre un peu de "sciences", c'est un peu remettre de l'ordre dans notre façon de gouverner. Je ne sais pas si c'est la position de Todd mais c'est en tout cas ma façon de voir les choses.

Quant à dire que le "oui" était la seule position scientifiquement fondée, c'est bien excessif, mais de mon point de vue, au regard de mes connaissances sur les institutions européennes (connaissances certainement pas neutres, j'en conviens) et mes convictions politiques, je ne pouvais voter que oui.

Écrit par : Pablo | 12 août 2010

salut Pablo
Réponse très intéressante et très......... science-po (lol)
c'est un très vieux débat entre nous , n'est ce pas (relol)
Plus sérieusement ce débat est au cœur de toute évolution à venir de la démocratie.
Soit elle va régresser soit vers la ploutocratie institutionnel soit vers un système très élitiste et autoritaire soit avec une démocratie "judiciaire" à l'américaine ou tout les droits et devoirs seront dans le code pénal.
Ou alors et c'est ma préférence on ira ver une démocratie citoyenne et participative.
Quand a Todt , j'ai vérifié ma "mémoire" sur Wikipédia et ça recoupe en grande partie ce que je savait de lui.
Tu me donne quand même l'envie de le relire.
A+

Écrit par : papounet | 19 août 2010

Oui c'est un vieux entre nous. On ne se refait pas :-)

Les futurs que tu dessines sont des scénario très possibles. Ils peuvent même se compléter, ce qui est assez alarmant.

Du reste, je pense que les deux hypothèses de Todd peuvent aussi fusioner: une république ethnique et autocratique.

Au fait, j'ai oublié de te demander si tu pouvais me trouver le texte des Gracques qui parle de changer la nature du régime.
Mais les Gracques ne sont plus très actifs (en tout cas leur site n'est pas réactualisé) et leur positionnement à gauche est sujet à caution.

Écrit par : Pablo | 19 août 2010

Les commentaires sont fermés.