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11 avril 2011

Diversifier le profil des élites

Le Monde d’aujourd’hui publie un article sur le bilan de la première promotion de la classe préparatoire intégrée au concours de l’ENA. Créée en 2009 par la direction de l’école pour favoriser la diversification des profils des énarques, la classe préparatoire n’a pas atteint ses objectifs.

En lisant les commentaires sur l’article, j’ai été « surpris » que certains intervenants puissent arriver à assimiler le mot diversité à l’ethnie ou à l’immigration. Au-delà de la polémique recherchée ou du racisme latent des ces gens, j’ai réagis à l’article qui en a dit le strict minimum :

Dans le cadre de la réforme des concours d’entrée à la fonction publique, la plus part des Administrations ont mises en places des « classes préparatoires intégrées », dont l’objectif est la diversification des profils sociaux-culturels dans le recrutement des agents publics.

Ouvertes à des étudiants diplômés d’une licence ou d’un master, selon le niveau de concours, et titulaires d’une bourse sur critères sociaux, ces classes sélectionnent sur la base du mérite (parcours scolaire) et de la motivation (entretien). Fonder toute sélection sur le critère des origines, réelles ou supposées, est sanctionnée par la loi.

En ce qui concerne les premiers résultats, il faut rappeler que le concours d’entrée à l’ENA compte une dizaine de matières, chacun comportant un programme important. Il est difficile en une année d’acquérir puis de maitriser l’ensemble des matières et des méthodologies. Et c’est encore plus vrai lorsqu’on n’a pas un cursus « sciences po, spécialité administration ».

Malgré l’existence de plusieurs centres de préparation un peu partout en France, c’est bien la prépa ENA de Sciences Po (Paris) qui forme l’essentiel (à plus de 85%) des candidats admis, à titre externe, au concours. Je ne trouve pas normal que seuls les étudiants issus de Sciences Po (Paris) puissent suivre cette préparation.

Pour diversifier le profil socioculturel de l’énarchie, il faudrait ouvrir le même nombre de postes aux voies interne (ouvert aux fonctionnaires) et troisième concours (ouvert aux gens issus du secteur privé), plus équitables, que pour la voie externe (ouvert aux jeunes diplômés).

J’ai la faiblesse de penser qu’en dépit d’un diplôme universitaire initial «inégal», les chances face au concours d’entrée sont plus équitables après quelques années d’expériences professionnelles (dans le privé ou dans le public) qu’à la sortie même des écoles. Ce serait une redistribution des cartes imparfaites mais plus justes.

Personnellement j’ai subi (comme le dit si bien la lettre de convocation) les épreuves du concours d’entrée à l’ENA à deux reprises. Et malgré un profil sciences po et une année de préparation, je ne répondais pas aux codes du jury. Je sais que ma prépa n’avait rien à voir avec celle de Paris.

On ne part pas tous sur le même pied d’égalité, mais c'est vrai pour tous les concours. Ce que je dis là vis à vis de Sciences Po Paris et l'ENA est tout aussi valable pour le profil IEP dans le cadre d'autres concours. C'est le constat que j'ai pu faire en discutant avec un ami, rencontré jadis en fac d'économie avant que je ne bifurque vers un IEP, et retrouvé lors d'un écrit de concours de catégorie B.

Commentaires

J'ai du mal à comprendre le processus pour correspondre à tel ou tel profil...Si tout le monde est coulé dans le même moule, cela ne peut permettre d'innovation, si ?
J'ai souvent entendu dire qu'il faudrait supprimer l'ENA
Mais bon ce n'est qu'un point de vue d'ignorante :-)

Écrit par : Catherine | 13 avril 2011

Pour moi un profil c'est un ensemble de représentations, de valeurs, de codes, de références plus ou moins implicites/ explicites, partagées par certaines personnes du fait des conditions sociales similaires et/ou d'une socialisation commune quotidienne (scolarité dans un même établissement, mêmes auteurs de références, mêmes enseignants, même méthodes etc). En gros, une forme de corporatisme.

Les enseignants qui nous préparés aux concours et notamment aux oraux de motivation, nous disaient que la question essentielle que se pose les membres du jury quand il ont un candidat face à eux, c'est "est-ce que je voudrai/pourrai travailler avec lui ?".

Alors il y a un part d'affects et d'intutions dans l'appréciation qu'ils feront, mais ils vont individuellement se baser sur leurs propres références. Si on est sur la même longueur d'ondes, ça passe. Un candidat trop différent du référentiel risque de ne pas passer.

Ce qui se passe en partie pour l'ENA, c'est qu'à Sciences Po beaucoup de profs viennent eux même de l'ENA et prodiguent les "bons" conseils méthodologiques. Les profs d'université, malgré toutes les qualités humaines et intellectuelles, n'ont pas ces codes.

L'ENA a été crée dans une période particulière, l'après-guerre et la reconstruction. De Gaulle voulait une école formant des administrateurs multi-tâches a la fois pour "regénerer" l'Etat mais aussi pour contrebalancer l'influence des politiques (dans un contexte de forte instabilité politique, l'Administration assurait la continuité des affaires).

Dans les années cinquante et soixante, le profil social des énarques était beaucoup plus ouvert qu'aujourd'hui. Etre énarque était alors quelque chose de valorisé: on parlait de technocrates (celui qui maitrise la technique) contre les verbocrates (celui qui maitrise le verbe).

Entre temps, quelques énarques se sont lancés en politique (à gauche comme à droite) et ont monopolisés de nombreux postes (années 70-80-90). On oublie que c'est une minorité. Les autres font leur boulot dans le secteur public et parfois dans le secteur privé (le pantouflage).

J'ai pas assez d'expérience pour dire s'il faut supprimer l'ENA ou pas. L'école évolue quand même. Elle devrait modifier les règles de recrutement, ça c'est sûr.

Écrit par : Pablo | 13 avril 2011

Je ne crois pas qu'il faille supprimer, l'ENA. Mais en aménager le recrutement très certainement.

L'expérience relaté par l'article me semble curieusement naïve. Par définition, un concours sélectionne des compétences bien définies. C'est le principe d'un tamis.

On voudrait obtenir différents type de grains, mais en les faisant tous passer dans le même tamis. Ça ne peut pas marcher.

Il faudrait faire varier les concours, en faire 5 ou 6 avec des paramètres très divers et différents, avec un numérus clausus propre à chacun et en laissant chaque candidat choisir celui qui lui correspond le mieux à son sens ... ;-)

Écrit par : Songoh Khan | 17 avril 2011

Un article mentionnant le rapport du jury du concours de l'ENA 2010. Il est notamment question de "conformisme"

http://orientation.blog.lemonde.fr/2011/04/29/pour-entrer-a-l%e2%80%99ena-ne-soyez-pas-trop-conformiste/

Pour avoir feuilleté plusieurs rapports du jury, je crois que l'exercice tient plus de la coûtume qu'autre chose. Toutes les remarques sur le concours lui même ne semblent pas être prises en compte.

Écrit par : Pablo | 29 avril 2011

Les commentaires sont fermés.