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15 mai 2008

A la recherche d'idées

En lisant Le Monde l’autre jour, j’apprends qu’une nouvelle fondation progressiste, intitulée Terra Nova, vient de voir le jour.

Ses membres fondateurs, proche de la gauche sociale-démocrate, ont l’ambition d’être un lieu d’échanges, de production et de diffusion de savoirs, d’analyses et d’expertises pour rénover intellectuellement la gauche progressiste en France et en Europe.

Rassemblant le monde politique, de celui de l’expertise, des intellectuels et de la vie associative, travaillant de concert avec d’autres fondations progressistes en France (Fondation Jean Jaurès, La République des Idées, Les Gracques) comme en Europe (Policy Network, Fundacion Alternativas), ils entendent déconstruire l’idéologie conservatrice pour proposer une alternative de progrès. Enfin, j’apprends avec plaisir que Michel Rocard sera président du comité scientifique.

De l’autre côté des Pyrénées, j’ai appris par le camarade Oscar Cerezal, que José Luis Rodrigues Zapatero a chargé son ministre du travail et des affaires sociales sous la précédente mandature, Jésus Caldera, de créer une macro-fondation. Cette nouvelle structure se donne l’objectif de relancer la réflexion idéologique du PSOE pour les années à venir.

On parle de macro-fondation parce qu’elle envisage de rassembler les cinq grandes fondations existantes, proches ou liées au PSOE. Il s’agit de:

  • la Fondation Pablo Iglesias, présidée par Alfonso Guerra,
  • la Fondation Jaime Vera, consacrée à la formation des cadres,
  • la Fondation Ramon Rubial qui s’occupe de l’émigration et des espagnols à l’étranger,
  • la Fondation Progresso Global, présidée par Felipe Gonzalez mais peu active,
  • la Fondation Alternativas, partenaire de Terra Nova.

Je connais mal la situation espagnole mais ce rassemblement de fondations en une seule me parait positif.

Par ces fondations, on voit émerger voir se confirmer l’époque des think tanks, ces boites à idées et structures de réseaux, dont la capacité d’expertise et de réflexions programmatiques vise à accompagner le politique dans ses prises de position et de décision. Très présentes outre-Atlantique, elles ont émergées en Europe par l’intermédiaire des institutions européennes qui ne veulent pas dépendre de la seule capacité d’expertises des Etats-membres. Mais ne mélangeons pas tout…

Dans l’article du Monde, il est dit que Terra Nova a vocation d’être pour la gauche ce que des Instituts Montaigne sont pour la droite : une fabrique à produire et diffuser une idéologie. L’histoire des idées est indissociablement liée aux principes d’échange, de diffusion, d’assimilation et de réinterprétation. A l’heure de la mondialisation et des nouvelles technologies de l’information et des communications, les possibilités sont démultipliées. Et quelque part c’est politique parce que le monde des idées est un champ de luttes symboliques, mais qui sert de support à un monde social en conflits (à des niveaux divers d’ailleurs : à travers ce combat d’idées c’est la carrière et la renommée d’universitaires qui est en jeu, mais c’est aussi le support possible d’une grille de lecture du monde social).

L’histoire du paradigme économique monétariste (défendues par les néolibéraux Friedman et Hayek), d’abord minoritaire dans le champ académique dans les années 50 et 60 puis grandement influent dans les années 70 et 80, en particulier dans le monde politique et économique, suffit à le prouver. Une idée s’impose par les stratégies (sociale, de communication etc.) des acteurs qui les portent.

Le travail de ces fondations, déconnectée un temps des stratégies individuelles et des plans de carrières de certain(e), donne l’occasion d’un renouvellement de la matrice intellectuelle et d’une coordination d’une politique de diffusion des idées et propositions qu’il en ressortira. Néanmoins je suis assez perplexe sur les chances de voir émerger une telle stratégie de diffusion d’idées. Par certains aspects, Terra Nova ressemble à « A gauche en Europe » que présidait DSK, et qui assurait bien mal la diffusion des idées qu'il produisait.

Par ailleurs la multiplicité de ces fondations et réseaux d’experts, œuvrant plus ou moins aux mêmes fins et se superposant les unes aux autres, laisse à penser qu’il n’en sortira rien de cohérent, si ce n’est des répétitions. D’autre part, la durée de vie (assez courte dans l’ensemble) et le rythme de productions d’analyses (qui prend nécessairement du temps mais qui tend à s’allonger) de ces boites à idée, renforce mon sentiment de réserve. L’exemple de AG2E et des Gracques est assez parlant.

Et enfin admettons le, ces institutions ont une tendance et un fonctionnement « élitaire » puisqu’elles privilégient la figure de l’expert, du technicien, au citoyen, véritable profane que les média informent peu mais qu’on voudrait pourtant associer à l’entreprise. C’est cette faiblesse là qui doit être au cœur de toute stratégie de diffusion d’idées.

Commentaires

"Et enfin admettons le, ces institutions ont une tendance et un fonctionnement « élitaire » puisqu’elles privilégient la figure de l’expert, du technicien, au citoyen, véritable profane que les média informent peu mais qu’on voudrait pourtant associer à l’entreprise. C’est cette faiblesse là qui doit être au cœur de toute stratégie de diffusion d’idées.
"
C'est en ce sens qu'il n'y a pas d'avancée, les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets, sans pour autant aller vers l'autre extrême cela manque de culot

Écrit par : catherine | 16 mai 2008

je ne suis pas sûr qu'il faille opposé expert et citoyen. Une chose dont je suis sûr, et qui va faire bondir, c'est que le citoyen est souvent mal placé pour décider.

Le citoyen est apte, peut-être, à dire quelle orientation il souhaite, mais le tracé de la route, pour atteindre l'objectif fixé par le citoyen relève exclusivement de l'expert.

Sans expert en construction anti-sismique, la maison construite par le citoyen s'effondre au moment du séisme.

Il y a beaucoup de démagogie en ce moment et particulièrement chez royal avec ses jurys de citoyens qui sont un non-sens en matière d'opérationnel.

La vrai question, c'est la sélection de l'expert et la validation de ses compétences. C'est là qu'il y a du travail. Aujourd'hui l'ENA est l'archétype de la sélection au plus haut niveau de gens en majorité parfaitement incompétent, qui ne sont justement pas des experts. Et nombre d'entre eux deviennent des pro de la politique en parfaite incompétence technique.

Résultat des choix entre des sarkozys et des royals aussi incompétent les uns que les autres.

Écrit par : Quidam LAMBDA | 16 mai 2008

l'idéologie, c'est souvent aussi le discours du pouvoir pour justifier le pouvoir..

J'adhoooooorrreee le mode de financement de TerraNova : SFR et Publicis. N'est ce pas "de gauche" ?

(notez bien que l'argent des salariés est déjà pris : la PPE sert à financer le RSA...)

le Belge

Écrit par : Belgo4.0 | 18 mai 2008

Un bonjour de Barcelone ;-)

Je trouve que le proces qu'on fait sur le financement de ces "institutions" est un peu exagere. Ils ne le cachent pas, c'est deja bien.

De toute facon, des cotisations ne suffiraient pas et je ne vois pas pourquoi les pouvoirs publics devraient financer ces institutions (je prefere qu'ils financent les universites et les centres de recherche que des institutions privees).

Sinon j'ai beau cherche mais j'ai rien trouve sur un debut d'experience de jury-citoyens dans la region poitou-charente. Apparament, mème ca elle n'y croit pas...

Pour ma part je crois que chaque citoyen est "expert" dans une partie de ses actvites, le reste etant un point de vue general. Par exemple, quelqu'un qui bosse dans l'insertion acquiere, selon moi, une certaine expertise dans ce domaine meme s'il ne maitrise pas certains parametres. Mais son opinion dans un autre domaine sera celle d'un profane, ou celle d'un usager de service public, d'un consommateur.

A+

Écrit par : Pablo | 19 mai 2008

"Terra Nova sera un lieu de production. Riche d’un conseil scientifique d’une centaine des personnalités les plus en vue de l’espace intellectuel progressiste, d’un cabinet de 250 experts et d’un réseau européen et international de think tanks partenaires, Terra Nova se consacrera à l’élaboration de propositions politiques innovantes."

Ben, mon colonel, je ne suis pas dans les x scientifiques les plus en vue. Un second Davos ?

Ce n'est plus terre-nova mais vielle baderne qui comme la grenouille se voit plus grosse que le boeuf.

Au pire, sans expert en construction mécanique , on peut faire une maison en paille ;-))

Au niveau expert ,en ce moment nous sommes bien servis au sujet des OGM.

Je partage avec Pablo: L'expérience rend expert!
Mais l'enseignement accélère l'expérience, par l'apprentissage des expériences déjà acquises. Un gain de temps.

Écrit par : den | 20 mai 2008

au niveau DemPart, la loi sur les coll terr est explicite : droit d'expérimentation, la théorie DemPart aussi : attribution de budgets. EVIDEMMENT CES BOURGEOIS n'osent pas aller jusque là...

Sinon je te souhaite le meilleur pour tes examens.
Mes pensées pour toi, et montre leur jtp ce que tu vaux.

le Belge

Écrit par : Belgo4.0 | 21 mai 2008

Tiens, tiens le Pablo va bien souvent à Barcelonne...

Écrit par : den | 23 mai 2008

Merci Pierre ;-)

J'ai remarqué qu'indirectement, mon texte "répondait" à deux idées de ton post sur le Rotary.

Écrit par : Pablo | 25 mai 2008

Intéressant article sur la diffusion d'un corpus d'idées, ici le néo-conservatisme.

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/11/22/l-echec-intellectuel-du-neoconservatisme-par-sylvain-cypel_1121814_3232.html

Je crains que mes réserves sur l'expérience Terra Nova ne soient révélés exactes. Mais ils produisent de bonnes analyses.

La fondation Jean Jaurès, par je ne sais quel truchement, envoi régulièrement un document de synthèse à thèmes. C'est un début...

Écrit par : Pablo | 24 novembre 2008

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