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28 mars 2009

A vous de juger - DSK

 

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Jeudi soir, Dominique Strauss-Kahn (DSK), actuel directeur général du Fonds Monétaire International (FMI), a participé à la première partie de l’émission politique A vous de juger que présente toujours Ariette Chabot. Le thème central de l’émission était la crise économique et financière que traverse actuellement l’ensemble de l’économie mondiale.

Interrogé d’entrée sur une date possible de sortie de crise, DSK a prudemment annoncée qu’elle pourrait se concrétiser au cours de l’année 2010, sous réserve de mener les « bonnes politiques ». Ces dernières comprennent les plans de relance et l’assainissement du système financier.

Il s’est réjoui que l’appel à l’adoption de plans de relance, lancé par le FMI aux gouvernements, ait été en général suivi. Il a rappelé que jusqu’ici ce n’était pas dans la tradition du FMI d’encourager l’usage de l’arme budgétaire pour sortir des crises. Il a néanmoins demandé à ce que l’effort budgétaire, notamment des pays qui avaient des finances publiques qui le permettaient, soit accru dans les mois qui viennent.

Mais DSK a insisté sur la nécessité première d’assainir le système bancaire. Ce serait une constante qui ressort dans les 122 crises bancaires gérées par le Fonds depuis sa création. Il a souligné que c’était une condition pour sortir de la crise. Il faut que le secteur bancaire prête à nouveau et qu’on arrive à supprimer les actifs pourris accumulés par les banques jusqu’ici. D’un coût estimé à 1000 milliards de dollars il y a un an, le FMI les aurait évalués à 2,2 trillons de dollars, concluant que plus on traînait, plus cela coûterait cher de sortir de la crise.

La relative divergence entre les Etats-Unis et l’Europe sur les actions à mener pour sortir de la crise -- les premiers privilégiant de vastes plans de relances, les seconds insistants sur la régulation du système financier – ne doit pas cacher l’urgence du nettoyage des banques. L’exemple japonais, qui a connue une crise financière dans les années 90, illustre le cas où le retard dans l’assainissement des banques, fait durer la crise en dépit de plans de relances ambitieux.

Beaucoup de français se posent la question « où est passé l’argent ? » et ne comprennent pas pourquoi il faudrait aider les banquiers. L’ancien ministre de l’économie et des finances (1997-1999) du gouvernement Jospin a précisé que cette richesse était virtuelle dans le sens où on avait beaucoup joué sur les gains potentiels des actions (spéculation). Il a rappelé que ce n’était pas les banquiers qu’il s’agissait d’aider mais le secteur bancaire, car les banques jouent un rôle important dans le fonctionnement de l’économie.

Les risques de révoltes ne doivent pas être sous-estimés. Dans les pays développés, les mécontentements peuvent conduire à des changements de gouvernement mais on reste dans un cadre démocratique. Dans d’autres pays, notamment les moins avancés, où la démocratie est souvent fragile, les révoltes peuvent conduire à des guerres civiles et à une méfiance vis à vis de la démocratie.

Sur les outils techniques à utiliser, DSK estime que toutes les techniques sont réalisables et qu’il ne fallait pas avoir d’a priori idéologique. Ainsi, les nationalisations ne sont absolument la solution, mais c’en est une, comme se contenter d’injecter un peu d’argent public. Le plus important étant au final d’agir et de ne pas attendre. Interrogé sur un retour du protectionnisme,  ne serait-ce que sous la forme limité proposé récemment par Michel Rocard, le directeur général du FMI a rappelé où nous a conduit l'excès de protectionnisme, et qu'à ce titre, il ne le voit pas comme une solution à la crise. Selon lui, le protectionnisme a pour défauts de n'être jamais momentané et sectoriel, mais en plus d'être préjudiciable aux pays émergents ou en voie de développement.

Lorsqu’on lui demande des prévisions sur l’évolution du taux de chômage, DSK explique que le FMI fait des prévisions sur le taux de croissance pour chacun des pays mais pas sur le taux de chômage. En l’espèce c’est l’Organisation Internationale du Travail (OIT) qui fait des prévisions sur le chômage. Pour 2009, l’OIT prévoit une augmentation de 50% du nombre de chômeurs dans le monde. Seul le retour de la croissance pourra ralentir puis inverser cette progression.

Les gens s’inquiètent pour eux mais surtout pour leurs enfants. Cette crise est d'abord une crise de valeurs (culte de l'argent-roi, cynisme avec le fait qu'on ait prêté à des gens dont on savait qu'ils ne pourraient rembourser) et de la déréglementation (l'idée selon laquelle les marchés n'auraient pas besoin de règles). A ce titre on assiste à un retour des valeurs sociales-démocrates. Mais cette crise est aussi une crise des inégalités sur le partage de la valeur ajoutée entre le travail et le capital. Ce partage a été défavorable pendant trop longtemps au travail, à tel point qu’on a fait des politiques de substitution : l’endettement. Les classes moyennes américaines ont vu leur revenu baisser, on les a laissé s’enfermer dans une dynamique de surendettement qui nous a conduit à la crise. Il faut aujourd’hui de l’endettement public pour se substituer temporairement à l’endettement privé qui avait été gonflé et qui vient de s’effondrer. Il est maintenant avéré que les nouvelles générations, notamment celles qui rentrent sur le marché du travail, vont connaître plus de difficultés que les générations précédentes, mais dans le malheur, cette crise peut être une occasion de rebondir: il faut se préparer à l'après crise.

Comment financer la dette ? Un reportage expliquait que la dette française représentait 1335 milliards d'euro et qu'elle devrait représenter, d'ici 2012, 73% du PIB (contre 67% aujourd'hui). Employant l'image de l'utilisation de l'eau pour sauver la maison qui brûle, il admet que la dette (l'eau) peut à terme aggraver la situation (relancer le feu), mais ne rien faire serait pire que tout. Le retour de la croissance permettra de rembourser la dette. Mais il estime que si la relance budgétaire est une nécessité, elle doit rester dans un cadre limité et avec des perspectives de remboursement. Si la croissance ne repart, alors l'impôt sera le seul levier pour rembourser la dette. Au final, la question de la dette est liée à ce qu'on a fait: s'endetter pour un investissement n'est pas un tord.

Le rôle du FMI dans cette période de crise, est celui que joue le médecin: il doit secourir les pays qui, touchés par la crise, sollicitent son aide. La journaliste lui demande alors pourquoi le FMI, qui demande d'un côté aux pays de faire de la relance budgétaire, exige en même temps à certains pays qu'ils réduisent leurs dépenses, notamment en baissant les salaires des fonctionnaires. DSK explique d'abord que ce sont les pays sollicitant l'aide du FMI qui définissent eux même les réformes structurelles qu'ils comptent appliquer en échange du prêt que leur accorde le FMI. Il justifie le gel des traitements de fonctionnaires dans certains pays par une trop forte hausse ces dernières années et qui n'était pas tenable à terme. Par ailleurs il nous apprend que le FMI reste vigilant sur les coupes budgétaires que prévoient certains Etats: par exemple le FMI a refusé que la Hongrie touche au 13ème mois de retraite des plus fragiles; ou a demandé au Pakistan d'accroître son déficit pour venir en aide aux plus démunis.

Enfin, le directeur général du FMI a présenté les sujets qui seront abordés lors du G20. Il s'agira de revoir les agences de notations qui n'ont pas fait leur travail, d'aborder la question des hedge-funds ou des paradis fiscaux, et plus généralement de réformer le système bancaire. DSK attend du G20 qu'il adopte de nouvelles règles mais que celles-ci doivent surtout être appliqués: les annonces doivent absolument être suivie d'effets. En représentant le FMI, DSK s'est donné comme objectif de représenter au mieux les intérêts des pays qui ne seront pas présents au G20, mais surtout de s'assurer que les engagements des aides aux développements soient tenus. Le G20 est en tout cas un premier pas vers une nouvelle architecture internationale.

* * *

Ce sont là quelques notes que j’ai prises tout au long de l’émission, du moins la partie où intervenait DSK. Je ne cache pas mon plaisir de revoir DSK à la télévision, venir traiter de sujets vraiment politiques. Une perspective internationale de la crise était vraiment bienvenue même si j'aurai souhaité qu'on détaille davantage les mécanismes économiques et financiers qui ont conduit à la crise.

Du reste, j'ai été frappé par la posture adopté par DSK dans son discours, tout au long de l'émission: il a entièrement intériorisé sa fonction de directeur général du FMI, c'est à dire de "fonctionnaire d'une institution internationale". A un moment donné, il va jusqu'à s'affirmer comme l'incarnation du FMI ("moi...le FMI"). Certes, par petites touches, il rappelle son engagement et ses valeurs politiques (socialiste), son bilan ministériel (évolutions de la dette française) ou ses positions passés (nécessité de lutter contre les paradis fiscaux, gouvernement économique en Europe). Mais c'est frappant de voir qu'il s'en détache en déclarant que les gouvernants actuels ont des difficultés à convaincre les citoyens de leurs politiques durant la crise (notamment le plan de sauvetage du secteur bancaire) mais qu'ils doivent prendre leurs responsabilités (ce n'est pas forcément la phrase exacte).

C'est l'exemple typique d'une "culture d'institution", concept sociologique dont j'ai déjà parlé, qui imprègne l'esprit de gens occupant et incarnant l'institution. Cela s'explique aussi par le statut du directeur général qui le contraint à un certain devoir de réserve, vis à vis de son pays d'origine, et à la politique en général. C'est pourquoi, il a refusé de répondre aux questions concernant la pertinence du bouclier fiscal, adopté par le gouvernement français dès 2007. C'est pourquoi, il a désavoué, à demi-mots, les propos de Michel Rocard sur les besoins d'un protectionnisme temporaire et sectoriel. C'est pourquoi, enfin, il a contré les positions de José Maria Aznar avec des propos très mesurés et très nuancés.

Mon dernier point concerne justement les propos de José Maria Aznar, ancien Premier Ministre du Gouvernement espagnol (1996-2004), sur la crise et les solutions à adopter pour y faire face. Avec arrogance et prétention, il a rappelé son bilan de gouvernement en matière de chômage (dont le taux, il est vrai, est passé de 24% à 9-10% sur ses deux mandats) qu'il attribue aux décisions politiques qu'il avait prit (flexibilité, austerité, investissement RD) et que l'Europe serait bien tenue de copier. Renouvelant son attachement aux valeurs néo-libérales, il considère et se félicite que le socialisme ait disparu en 1989 et que la solidarité n'a pas de sens si elle ne va pas de pair avec l'efficacité économique. Peut être de façon caricaturale, le discours d'Aznar a au moins le mérite de montrer que l'idéologie monétariste est loin d'être vaincue malgré la crise, et que les dirigeants politiques des années 90, c'est à dire l'époque où s'est accéléré le développement du modèle de croissance qui nous a conduit dans le mur, n'ont visiblement pas l'ombre d'un scrupule.

Commentaires

Voilà le sujet économie que je dois rendre, en option, au retour des vacances LOL

"Dominique Strauss Kahn, Directeur Général du FMI, prône pour une relance internationale même si celle-ci doit aggraver l'endettement des états. Il a utilisé la métaphore suivante : "Lorsqu'il y a un incendie il faut d'abord éteindre le feu. Certes il y a des dégâts, mais on les réparera lorsque l'incendie sera éteint. L'incendie c'est la crise, et les dégâts c'est l'endettement". Il a rajouté que le pire serait que les pays les plus développés réduisent l'aide aux pays pauvres.
Sur quels fondements économiques reposent ces positions? Que pensez-vous de ces positions?"

Écrit par : Pablo | 05 avril 2009

Un sujet fort intéressant ...

I La crise
a) le mécanisme de la crise.
b) La relance comme partie de la solution.
II Les impacts de la relance
a) Sur les pays riches.
b) Sur les pays en voie de développement.
Conclusion) La nécessité d'une régulation

Bon, c'est juste pour rire, il y a un moment que je ne joue plus à ce genre de truc.

Tu nous donnera ton plan détaillé ?

A+, et bon courrage.

Écrit par : Quidam LAMBDA | 05 avril 2009

Hélas, Quid' je ne suis pas sûr d'avoir vraiment le temps de faire cette dissertation

En effet, pour la rentrée je dois rendre une autre dissertation d'économie (cette fois sur les politiques industrielles), une dissertation sur la GRH dans la fonction publique; et faire un exposé sur la GRH dans les collectivités et un autre pour les finances publiques (la relance en Europe)

Et pour finir, je viens d'apprendre que je suis convoqué le 29 avril pour l'oral de mon concours.

Si vraiment j'arrive à faire tout ça en une semaine, je réfléchirait à un plan détaillé du sujet ^^

Écrit par : Pablo | 10 avril 2009

Pour la GRH dans la fonction public, Pablo, tu peux m'envoyer par mèl ton travail et je te donnerai mon avis, si tu le souhaites ... :-)

Écrit par : Quidam LAMBDA | 10 avril 2009

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