Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27 novembre 2009

Incompréhension

Ce matin, la factrice a sonné au portail pour me remettre le courrier. Il y avait une lettre recommandée à signer. C'est la convocation pour un concours que j'attends depuis une semaine. Alors que je signe mon autographe, la factrice me dit :

-       « Puisque je vous ai là, j'en profite pour vous demander pour le calendrier »,

-       « Oui. Attendez ! Je vais chercher de la monnaie ».

Je retourne donc dans la maison et m'en vais chercher la petite pièce de 2 euros que j'avais gardée pour l'occasion. Les éboueurs et les pompiers étaient déjà passés, je savais que les postiers ne tarderaient pas à passer. Je retourne donc au portail et lui donne la monnaie.

-       « Je vous laisse choisir ! » me dit-elle, en me proposant plusieurs calendriers.

-       « Ben... je vais prendre le premier »

Et alors là, c'est le drame... Je vois le visage de la femme changer d'humeur.

-       « Je vous le laisse pour cette fois mais franchement on dirait que les gens croient qu'on les paye pas les calendriers »

-       « Je m'excuse mais je suis étudiant... »

-       « Oui... Mais avec deux euros, c'est même pas le prix du calendrier »

-       « Ben tenez, je vous le rends alors ! » lui dis-je, en lui tendant le calendrier,

-       « Non, non, c'est bon, c'est pas grave... »

Visiblement énervée, elle repart illico sur son scooter, sans qu'on se souhaite de passer de bonnes fêtes. J'ai tout juste le temps de sortir un « désolé » décalé. Puis dépité, je rentre chez moi et referme la porte en me disant « Désolé ? Mais de quoi au final ? ».

Le calendrier des postiers, des éboueurs, des sapeurs pompiers, je les achète par tradition, celle des étrennes de fin d'année. Cette vieille coutume qui veut qu'on donne un petit quelque chose aux agents de ces professions pour les services de proximité qu'ils fournissent (et pour lesquels ils sont payés) tout au long de l'année.

Qu'est ce que je peux bien faire de trois calendriers ? Moi, dans mon quotidien, je vie tranquillement sans agenda. La date sur mon téléphone portable me suffit amplement, ma mémoire faisant le reste pour garder les choses à ne pas oublier. Autant dire que je m'en taponne de leurs calendriers. La plus part du temps, ils restent sur le buffet du salon puis finissent à la poubelle.

Toute coutume que cela soit, cet échange reste un don. L'esprit du don, c'est la gratuité. On le fait parce qu'on veut bien donner, pas parce qu'on attend quelque chose en retour. Les calendriers sont là comme décoratifs, ce n'est pas un achat qu'on réalise, même si ça y ressemble. Quand on vous contraint à donner parce qu'on pense que c'est acquis, quand on vous fait remarquer que ce que vous donnez ce n'est pas beaucoup, pour moi il n'y a plus l'esprit du don.

J'entends bien qu'en dessous d'une certaine somme, ils y sont de leurs poches. Mais il y a la manière de le dire, si on estime que c'est quelque chose à dire. Et puis si leurs salaires ne sont pas extraordinaires hauts, ceux des autres ne le sont pas forcément plus. Et, la crise n'arrange rien. Si on ne peut pas comprendre ça, ce n'est pas la peine de se revendiquer du service public.

23 novembre 2009

Parti bien jeune…

On ne prête pas toujours attention aux faits divers de nos canards locaux. Je n'ai pas l'habitude de les lire. L'appellation même de cette rubrique suggère d'ailleurs que les évènements qui y sont rapportés sont peu importants, d'une certaine banalité, tant ils font partie des aléas de la vie.

Quand on y apprend le décès d'une connaissance, on voit alors les choses différemment. Cédric S., 18 ans, s'en est ainsi allé. Un stupide accident de voiture. Le conducteur du véhicule où il siégeait en passager arrière, a cherché à éviter deux chiens qui se baladaient sur la route. Un autre véhicule, peut être, se trouver en face.

Le gamin avait travaillé comme apprenti pendant deux ans dans l'entreprise de peinture de mon oncle. Il l'avait quitté fin juillet, à la fin de son contrat, pour rentrer dans l'armée de terre. Pour être franc, son départ était vécu comme un soulagement. D'abord la crise économique a vu ralentir l'activité dans le bâtiment et il n'est pas possible de mettre fin par anticipation les contrats d'apprentissage. Ensuite, et surtout, c'était un incorrigible étourdie.

Ah le bougre ! Il en faisait voir de toutes les couleurs à mon oncle-chef d'équipe, pourtant d'une grande patience et d'une gentillesse qui lui est parfois reproché. Il oubliait la gamelle du midi, il perdait du matériel, il arrivait parfois en retard au boulot à cause de sa moto voir ne venait pas de la journée. Il multipliait les gaffes, écoutant les consignes de mon oncle pour les oublier cinq minutes après. Et bien sur, il justifiait toujours ses bourdes par une cause extérieure...

Forcément, les autres gars de l'entreprise se moquaient facilement de lui. C'était presque un petit jeu : quelle connerie va-t-il encore faire aujourd'hui ? Les quelques fois que je l'ai croisé, je rigolais de l'air désespéré de mon oncle. C'était moins marrant quand l'un des salariés, anciennement apprenti, se prenait pour le petit chef et lui cassait les couilles pour un oui, pour un non. Mais la vérité, c'est que Cédric n'avait pas mauvais fond. Ses conneries, ses absences n'étaient pas calculées, pas intentionnelles. C'était simplement un gamin qui pensait qu'à s'amuser après le boulot avec ses amis et qui réalisait pas encore qu'il était entré dans le monde du travail.

Mon oncle m'avait dit de lui qu'il était tellement inconscient, qu'il allait mourir jeune. Il ne pensait pas avoir raison. Je sais ce soir qu'il se mord les doigts d'avoir penser et dire cela, le pauvre. En tout cas, en dépit de l'opinion parfois très sévère que les uns et les autres portaient sur le môme, sa disparition n'a pas laissé indifférent. Quoi de plus normal après tout, deux ans passés ensemble, ça créer des liens. Et puis c'est une petite entreprise.

Le peu de temps que j'ai bossé avec lui, quelques semaines ici ou là, je sais qu'on s'entendait bien. J'avais l'impression qu'en raison de mes études, il me voyait comme un peu à part et avait un certain respect peut être, et qu'en raison de ma simplicité, il m'appréciait. C'est sur que je m'adressais à lui avec plus de finesse et de gentillesse que d'autres. Mais je ne me voyais pas non plus faire mon petit chef. C'était plus des défis collectif « aller Cédric, on met tant de temps pour se faire ce portail ». Bien sur, je le charriais aussi, c'est un peu l'ambiance, parfois je le faisais marcher, mais sans jamais de méchanceté.

Je repense à ces quelques petits instants de vie sociale commune. Trop courts pour m'apparaitre comme de la franche camaraderie, trop peu personnel pour avoir été une réelle amitié. Il fera partie de ces gens que j'ai croisés furtivement dans le BTP et que j'ai eu plaisir à rencontré et à côtoyer. En tout cas, son brusque départ me refait penser que la voiture n'est pas un jouet et qu'il convient de l'utiliser avec prudence.

12 novembre 2009

Réforme territoriale: rétablir quelques vérités !

Avec la réforme territoriale, les collectivités locales (communes, département, régions) sont dans le collimateur du gouvernement Fillon. Réduire le nombre de collectivités et d'élus locaux, encadrer leurs actions et refondre la fiscalité locale, loin d'approfondir la décentralisation, la réforme conduit à une recentralisation. Cet article veut rétablir quelques vérités sur les collectivités.


Le nombre de niveau de collectivités.


Contrairement à l'argument en vogue, la France n'a pas plus d'échelons d'administration locale que ses voisins européens. Le département, si souvent critiqué, existe dans 12 pays de l'Union européenne (UE) avec des noms et des formes propres. 7 pays n'ont qu'un niveau d'échelon, les communes. La France est, en superficie, le plus grand pays de l'UE.

La particularité française réside dans le nombre de communes : 37 000, soit 47% des communes de l'UE. 21 000 d'entres elles ont moins de 500 habitants et font partie de communautés de communes. Seules, elles ne peuvent fonctionner normalement par manque de moyens. Les communes transfèrent toujours plus de compé-tences vers ces regroupements, ce qui permet de réaliser des économies d'échelles et d'atteindre un niveau d'action plus efficace.


La démocratie locale.


La décentralisation repose sur le principe de subsidiarité. Ce principe signifie qu'on gouverne mieux de près et qu'il faut transférer les bonnes compétences à l'échelon efficace.

Depuis les lois de 1982-1983, le département s'est vu confié la compétence en matière d'action sociale et d'aménagement du territoire. Or la création d'un nouvel échelon, la métropole, qui récupérerait une partie des compétences du département, pose le problème de l'équilibre et de l'équité entre territoires. Dans le cadre de la Haute-Garonne, si le Grand Toulouse devient une métropole (les petites communes disparaissent alors) et assume sur sa zone géographique, les compétences sociales du Département, pourra-t-on garantir l'égalité de traitement entre citoyens selon qu'ils habitent en zone urbaine ou rurale ? Comment harmonisera-t-on le territoire à partir de deux collectivités, inégalement dotées en ressources financières, agissant sur deux zones géographiques différentes ?

La création des conseillers territoriaux, qui remplaceront à terme les conseillers généraux et régionaux, institutionnalise le cumul des mandats. Le mode de scrutin choisi met en péril la représentativité d'une pluralité d'opinions politiques. L'Angleterre pratique ce mode de scrutin qui débouche sur un bipartisme excessif où celui qui arrive en tete obtient la majorité absolue par un système de prime. Il rompt aussi le lien de proximité entre citoyens et élus.


La fiscalité locale.


On accuse les collectivités locales - en particulier depuis qu'elles sont gérées par la Gauche - d'être trop dépensières et d'augmenter régulièrement les impôts locaux. Pourtant en matière de gestion, l'Etat n'a pas de leçons à donner.

Contrairement à l'Etat, les collectivités locales sont faiblement endettées : leurs dettes représentent 10% de la dette publique totale contre 79% pour celle de l'Etat. Par ailleurs, elles ont su dégagées une épargne conséquente leur permettant d'autofinancer une part croissante d'investissements et de réduire leur taux d'endettement. Cette situation financière résulte autant de règles financières strictes que d'une volonté politique des élus.

La forte augmentation des dépenses des collectivités ces vingt dernières années, vient des lois successives de décentralisation. Ces lois ont transférées toujours plus de compétence aux collectivités, avec une compensation financière incomplète ou insuffisante.  Incomplète au regard de ses engagements, insuffisant au regard des besoins du terrain, que la logique de subsidiarité permet de révèler. Enfin, lors des crises régulières (1993, 2001, 2008), les recettes diminuent et les dépenses (sociales notamment) augmentent.


La taxe professionnelle.


L'inquiétude des élus locaux - tout bord confondue - vis-à-vis de la suppression de la taxe professionnelle vient du fait que cet impôt est la principale ressource fiscale des collectivités. A titre d'illustration, la suppression de la taxe professionnelle représentera pour le Conseil Général de la Haute-Garonne, une perte sèche de 50% du produit de ses recettes de fiscalité directe et un quart de son budget.

Or face à la crise économique actuelle, l'activité économique ne résiste que par la consommation des ménages et l'investissement public. Les ménages ne pourront pas éternellement puiser dans leur épargne. Les collectivités locales assurent les ¾ des investissements publics. Si on supprime leur principale ressource fiscale, comment vont-elles faire pour réaliser les investissements nécessaires et ainsi soutenir l'activité économique ?

(texte à destination du journal local de ma section socialiste)

19:25 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (2)

05 novembre 2009

Retour en Catalogne

Disposant d’une petite semaine de vacances, je suis parti la semaine dernière à Barcelone. Arrivant le dimanche dans la soirée pour repartir jeudi dans l’après midi, mon séjour aura été de courte durée. Je n’étais pas retourné dans la capitale de la Catalogne depuis un an et demi, et à vrai dire, ça me manquait.

Mon bref séjour aura surtout été l’occasion de rendre visite à de bons amis. D’abord trois camarades du PS français, expatriés à l’étranger. Nous nous sommes revu autour d’un verre et quelques « tapas ». Ils apprécient que je leur fasse signe à chaque fois que j’ai l’occasion de venir. En fait, c’est avec plaisir que je retrouve les gens de ma première section. Nous avons passés de bons moments à l’occasion de la campagne présidentielle.

Il y a ensuite deux amis catalans, Eduard et Maria. Nous n’avons pas coutume de nous écrire souvent, ni de nous parler via msn. Mais je suis content de voir qu’à chaque fois que j’ai l’occasion de venir et que je leur signale mon arrivée, ils répondent présents. Je les ais rencontrés lors de mon séjour ERASMUS en 2007, on avait quelques cours en communs. On a même travaillés ensemble dans un groupe de travail. Ils ont dit qu’ils essaieraient de venir me voir en France. C’est avec joie que je les recevrai.

Souhaitant profiter un peu de ma famille, mes oncles, mes cousins, ma grand-mère, je n’ai pas spécialement (re)visité Barcelone. Bien qu’il fasse doux, le ciel était généralement couvert et avec le changement d’heure, la nuit tombe trop vite. Je suis bien allé dans quelques librairies mais je n’y ais rien acheté, trop fauché que je suis. Je suis allé faire un tour sur les Ramblas et boire une sangria dans mon bar préféré. C’est dans ce lieu que j’ai envoyé un sms à mon amie polonaise pour lui dire que je buvais un verra à sa santé.

Enfin, je suis allé voir une exposition au Musée d’Art Contemporain, consacrée à John Cage, un artiste américain, connue pour sa musique expérimentale. J’avais entendu parler de cette expo en lisant un article dans El Pais. Le thème de l’anarchie du silence m’avait plu et motivé à découvrir l’artiste. Au final, j’ai trouvé l’œuvre de Cage intéressante mais l’exposition peu accrocheuse : quelques photos, beaucoup de partitions annotées à lire, écouter des sons sur des rares écouteurs, forcément prisés par les quelques gens du public.

L’art contemporain me semble décidément trop abstrait pour être accessible au commun des mortels. J’ai la désagréable impression d’un art imperméable, ressemblant par moment à une vraie arnaque. Se pose le problème de l’accessibilité intellectuelle et sociale de ce genre d’œuvre.

Ici, une œuvre de John Cage.