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23 novembre 2009

Parti bien jeune…

On ne prête pas toujours attention aux faits divers de nos canards locaux. Je n'ai pas l'habitude de les lire. L'appellation même de cette rubrique suggère d'ailleurs que les évènements qui y sont rapportés sont peu importants, d'une certaine banalité, tant ils font partie des aléas de la vie.

Quand on y apprend le décès d'une connaissance, on voit alors les choses différemment. Cédric S., 18 ans, s'en est ainsi allé. Un stupide accident de voiture. Le conducteur du véhicule où il siégeait en passager arrière, a cherché à éviter deux chiens qui se baladaient sur la route. Un autre véhicule, peut être, se trouver en face.

Le gamin avait travaillé comme apprenti pendant deux ans dans l'entreprise de peinture de mon oncle. Il l'avait quitté fin juillet, à la fin de son contrat, pour rentrer dans l'armée de terre. Pour être franc, son départ était vécu comme un soulagement. D'abord la crise économique a vu ralentir l'activité dans le bâtiment et il n'est pas possible de mettre fin par anticipation les contrats d'apprentissage. Ensuite, et surtout, c'était un incorrigible étourdie.

Ah le bougre ! Il en faisait voir de toutes les couleurs à mon oncle-chef d'équipe, pourtant d'une grande patience et d'une gentillesse qui lui est parfois reproché. Il oubliait la gamelle du midi, il perdait du matériel, il arrivait parfois en retard au boulot à cause de sa moto voir ne venait pas de la journée. Il multipliait les gaffes, écoutant les consignes de mon oncle pour les oublier cinq minutes après. Et bien sur, il justifiait toujours ses bourdes par une cause extérieure...

Forcément, les autres gars de l'entreprise se moquaient facilement de lui. C'était presque un petit jeu : quelle connerie va-t-il encore faire aujourd'hui ? Les quelques fois que je l'ai croisé, je rigolais de l'air désespéré de mon oncle. C'était moins marrant quand l'un des salariés, anciennement apprenti, se prenait pour le petit chef et lui cassait les couilles pour un oui, pour un non. Mais la vérité, c'est que Cédric n'avait pas mauvais fond. Ses conneries, ses absences n'étaient pas calculées, pas intentionnelles. C'était simplement un gamin qui pensait qu'à s'amuser après le boulot avec ses amis et qui réalisait pas encore qu'il était entré dans le monde du travail.

Mon oncle m'avait dit de lui qu'il était tellement inconscient, qu'il allait mourir jeune. Il ne pensait pas avoir raison. Je sais ce soir qu'il se mord les doigts d'avoir penser et dire cela, le pauvre. En tout cas, en dépit de l'opinion parfois très sévère que les uns et les autres portaient sur le môme, sa disparition n'a pas laissé indifférent. Quoi de plus normal après tout, deux ans passés ensemble, ça créer des liens. Et puis c'est une petite entreprise.

Le peu de temps que j'ai bossé avec lui, quelques semaines ici ou là, je sais qu'on s'entendait bien. J'avais l'impression qu'en raison de mes études, il me voyait comme un peu à part et avait un certain respect peut être, et qu'en raison de ma simplicité, il m'appréciait. C'est sur que je m'adressais à lui avec plus de finesse et de gentillesse que d'autres. Mais je ne me voyais pas non plus faire mon petit chef. C'était plus des défis collectif « aller Cédric, on met tant de temps pour se faire ce portail ». Bien sur, je le charriais aussi, c'est un peu l'ambiance, parfois je le faisais marcher, mais sans jamais de méchanceté.

Je repense à ces quelques petits instants de vie sociale commune. Trop courts pour m'apparaitre comme de la franche camaraderie, trop peu personnel pour avoir été une réelle amitié. Il fera partie de ces gens que j'ai croisés furtivement dans le BTP et que j'ai eu plaisir à rencontré et à côtoyer. En tout cas, son brusque départ me refait penser que la voiture n'est pas un jouet et qu'il convient de l'utiliser avec prudence.

06 septembre 2008

Le mépris

Ce lundi j’entame ma dernière semaine de travail saisonnier. En repensant à ces six étés passés dans le domaine de la peinture et de la pose du sol, je mesure le chemin parcouru - avec ses rencontres et ses aléas - et prend conscience de l’expérience – tant professionnelle qu’humaine -acquise au fur et à mesure. La satisfaction du patron et de mon chef d’équipe, tous les deux de ma famille, sonne comme une reconnaissance pour un non-manuel, à la base, comme moi.

Terminant en principe mes études l’été prochain, je ressens comme un pincement au cœur en constatant que c’est certainement la dernière fois que je travaille dans ce secteur. Il me faudra chercher un métier du côté de l’action publique, secteur qui me tient à cœur et qui a été à la base du choix de mon parcours universitaire. Je sais que dans cette optique, mon expérience professionnelle dans le bâtiment ne m’aidera pas beaucoup, quand elle ne me sera pas cyniquement et socialement reprochée.

Ceci me fait penser au mépris que certaines personnes affichent vis-à-vis de ces métiers et des gens qui y travaillent. Je pense à un de mes cousins qui s’est fait snobé toute une soirée par un couple, dès lors qu’il avait dit sa profession. Je pense à ce triste témoignage de certains ouvriers vis-à-vis de la gente féminine : « quand tu dis que t’es peintre, tu fais fuir les filles ». Je pense à certains cadres du bâtiment (archi, conducteurs de travaux etc.) qui prennent les ouvriers pour des buses et à qui ils refusent de fournir un sanitaire sur un chantier. « Quoi ! Mais vous chiez vous ? » Doivent-ils penser. Je pense à cette boutade entres camarades étudiants, mais qui ne m’est pas concernée, sur l’option professionnelle si on ne trouve rien après notre diplôme: "si je trouve rien, tu m'embaucheras comme peintre".

Ce qui me surprend en fait, c’est que je croyais que le mépris venait plutôt de gens « d’en haut » alors que des gens « d’en bas » affichent aussi un certain mépris. Signalons déjà qu’entre gens du bâtiment, on ne se fait pas de cadeau, je pense à certains commentaires entre corps de métiers, ou à des propos à caractère ethnique.

Mais je pensais à cette expérience toute personnelle, fraiche de ce vendredi. Nous travaillions dans un quartier populaire, dans une maison individuelle, toute proche de barres HLM. Nous refaisions le plafond chez une mamie de 82 ans, veuve et isolée, qui nous tapait la causette. Comme c’est moi qui ait les clés du camion (alors que je ne le conduis pas), j’ai l’impression d’être Saint Pierre, je vais y chercher du matériel. J’ai fait plusieurs allés retours sans histoires.

Là, je cherche quelque chose dans le camion quand j’entends la voix d’un d’homme me dire :

- « Oh ! Ca vous plait comme boulot ? »

Je me retourne et répond benoitement :

-  Oui, bien sûr…

-  Mais c’est un métier de merde !

La réponse me laisse sur le cul comme on dit. J’observe l’homme. Il a un visage dur, peu souriant. Outre qu’il dégage un air antipathique, il semble tout à fait sérieux.

- Ah ! Et vous !? Vous faites quoi monsieur dans la vie ?

- Moi, je travaille pas…

Je n’arrive pas à me rappeler s’il avait ajouté quelque chose ou pas.

- Ah… fis-je, avec un sourire en coin.

- Ah bien sûr ! Vous valez plus que moi, c’est ça hein ? dit-il d’un air offusqué.

- Pas du tout… Non mais attendez, vous arrivez ici et me dites que mon métier c’est de la merde !

- C’est pas ce que j’ai dit !

- Si ! Vous m’avez dit que je faisais un métier de merde !

- C’était pas la première chose que j’ai dite, je vous ai demandé si ça vous plaisez…

- Eh bien oui, ça me plait ! – et j’ajoute plus loin - Même si je fais ça que l’été.

Un temps de silence.

- Et les gens, ils vous accueillent bien ? ils sont contents ? me demande-t-il.

L’expression du visage a changé. Il sourit. Je vois pas bien où il veut en venir.

- Ca dépend… dis-je en haussant les épaules

On dirait qu’il rigole. J’ignore si c’est de moi ou de lui-même en pensant à nos premiers échanges

- Oui… C’est compliqué ! Répète-t-il en hochant la tête. Il sourit toujours

- Voilà. Allez, au revoir.

Et je m’en vais.

Voulait-il dire que peintre est un métier peu valorisant - et dans ce cas c'est un jugement - ou bien peu valorisé - et là c'est un regret - ? La doute est permi. On passe à la limite du mépris à la méprise. Mais en réalité, il n'était pas question pour moi de laisser insulter cette profession que j'exerce l'été. Par principe.

18:33 Publié dans Récit de vie | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : bâtiment

01 mai 2008

Travail de recherche - mémoire

Sur le point de finir mon mémoire de 4ème année, je met à disposition ce que sera le plan de mon étude. Quelle aventure ! Tout en souhaitant rester sur le secteur de la construction, j'ai tardé à trouver la bonne approche et à m'y lancer pour de bons. J'ai réalisé un certain nombre d'entretiens, et j'en profite pour remercier ceux qui ont bien voulu m'accorder un peu de leur temps. Un grand merci à M.B. pour m'avoir soutenu et supervisé.

Je dédie ce travail à mon grand père (immigré et maçon), à mes oncles (artisans) et plus généralement à toutes "ces petites mains silencieuses", quelque soit leurs origines, qui travaillent dans le secteur du bâtiment. Secteur où on m'a appris à me servir des mes deux mains gauche pleinnes de pouces ;-) J'ai la faiblesse de penser que l'acte de construction est à la base du processus de la civilisation, il en révèle aussi toutes ses contradictions et ses mécanismes sociaux.

Problématique :

Comment sont appréhendées les problématiques de santé et de sécurité dans le secteur du BTP toulousain:

Quels acteurs pour quels rôles ?

 

Introduction

Chapitre 1: Les questions de santé et sécurité au coeur de l'entreprise: Une responsabilité de l'employeur, une organisation collective.


A. Du chef d'entreprise à l'organisation des chantiers: panorama d'acteurs et leurs principales obligations.

a) Le chef d'entreprise, l'ingénieur sécurité et la réalisation du document unique: premier pas vers la prévention des risques.

b) L'organisation des entreprises sur un chantier: une pluralité d'acteurs pour une pluralité d'obligations.

B. Le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail, l'instance représentative au sein de l'entreprise, spécialisée en matière de prévention des risques professionnels.

a) La constitution d'un CHSCT: une obligation réglementaire adaptée au secteur du BTP.

b) Le rôle effectif du CHSCT et des représentants du personne: une instance influente sur les questions de santé et de sécurité dans l'entreprise.

Chapitre 2: "Les instituitions de veille" : un apport recherché et souhaité par les entreprises.

A. Les organisations professionnelles: un rôle complémentaire dans le soutien juridique et technique pour l'entreprise.

a) Présentation des organismes clés: l'oppbtp, la capeb et les syndicats.

b) Une démarche de branche sur les conditions de travail dans le secteur du BTP : un rassemblement des acteurs pour une stratégie collective

B. Les services de santé au travail: entre observation clinique et accompagnement vers un plan d'action de prévention.

a) Le médecin du travail à l'avant garde des problèmes sanitaires: comment passer de l'écoute des salariés au conseil et à l'action préventive

b) L'ingénieur prévention et le développement de la prévention primaire : comment accompagner les entreprises vers une prise de conscience et un plan d'action

Chapitre 3: "Les institutions de contrôle": un partenariat au quotidien où se joue conciliation et sanction.

A. L'inspection du travail : entre incitation à la conciliation et menace de sanctions.

a) De l'administration du travail aux sections d'inspections: quelques notes sur le système administratif français de prévention des risques professionnels.

b) Compétences et pouvoirs d'attributions d'un inspecteur du travail et ce qu'il en fait au quotidien.

B. Les organismes de contrôle de la Sécurité Sociale, la cnam et les cram: un tronc commun de l'expertise, du conseil et de la coercition.

a) La cnam et le réseau d'organismes experts (inrs, affset, anact), la cadre national du système de prévention et d'expertises des risques professionnels.

b) La cram et l'action de terrain: du pouvoir d'injonction à celui coercition financière

Conclusion

10 septembre 2007

Colère, indignation, impuissance et culpabilité

Bonsoir...

Etrange titre que celui ci. Je ne vois pas d'autres mots pour décrire ce que je ressens en ce moment. C'est une expérience qui n'est pas à mon honneur, aussi je demande clémence dans votre jugement...

*

Juste avant la rentré universitaire en semaine prochain, j'entame ma dernière semaine de boulot de peintre. Alors que je m'étais levé dans l'idée d'aller reprendre le chantier de l'immeuble en constructions dans ma petite ville (c'est assez rare d'avoir un chantier aussi près), mon oncle-patron nous envois dans une toute autre direction, pour une toute autre besogne...

Besogne est un bien joli mot, un travail ingrat voir célérat conviendrait mieux... parce que voyez vous, il m'a été demandé d'enlever les affaires d'une femme qui venait de se faire expulser vendredi.

Je peux vous dire qu'allez chez quelqu'un, quand bien même elle n'y est pas, et toucher à ces affaires pour les lui foutre dehors (dans le cas précis dans un lieux à l'abri des regards en attendant le jugement) c'est dûr.

La première fois, c'était il y a une semaine, dans le même immeuble mais pour un autre appartement. Nous avions repeins tout l'appartement qui était vide à l'origine (c'est à dire quand nous avons commencé les travaux) et il nous avait été demandé d'aller vider la cave.

Dans cette cave, on trouvait, si vous me permettez l'expression, à boire et à manger. Une vieille paire de ski usée et inutilisable, quelques jouets (des morceaux d'une dinette, quelques voitures miniatures), des meubles (une table), des vieux accessoires (un balladeur, une radio, un velo etc) des habits, et des livres.

Nous étions 4 pour vider la cave, tout embarquer dans la fougonette et aller le jeter à la déchetterie. Nous avons fait la chaine pour aller plus vite. J'étais celui qui amenait, au grand jour en pleine rue et devant les regards des passants, les affaires jusqu'à mon collègue qui les rangeait dans le fourgon. J'ai honte à le dire, mais si scrupules il y a eu, cela concernait les livres. Ils étaient sales, un peu abimé (certains beaucoup), plutôt anciens, pas forcément les grands classiques de la littérature. De mémoire, il y avait un Pagnol, et quelques ouvrages d'enseignements plutôt anciens... et j'ai reconnu Le Tunnel, un roman que j'avais lu il y a longtemps, sur un français dans un camp de travail nazi en Yougoslavie.

Je les ais amenés d'un pas lent, je prennais connaissance de titres d'un regard furtif.... enfin peut être pas si furtif que ça puisque les choses s'entassaient à la sortie de la cave, preuve que je prenais du retard. Un papy est arrivé et a fouillait les livres, ce qui m'a sciemment fait ralentir. Après tout, 2,3 livres de sauvés, c'était toujours ça.

En regardant tous ces livres je suis tombé sur La Rose et le Noir de Catherine Nay. Le livre m'a tappé dans l'oeil parce qu'il y avait Mitterrand sur la première page de couverture. Mais après réflexions et après lecture rapidos du bouquin, j'ai estimé qu'il n'en valait pas la peine. Je m'attendais à une critique du Mitterrandisme or le livre s'arrête en 1984...

Toujours est-il que lorsqu'il m'a fallu les jetter à la déchetterie, c'est la mort dans l'âme et les "yeux interieurs" fermés que je l'ai fait.

* *

Aujourd'hui, c'était différent car nous avons pénétré dans un appartement meublé, chargé d'affaires en toute sorte, et donc quelque part chargé de vie, d'une vie. Quel étrange paradoxe: un appartement inhabité mais chargé de vie !

C'était en réalité un tout petit studio, au 7ème étage d'une tour, avec une pièce qui faisait chambre-salon-cuisine et à côté, une petite salle de bain.

Lorsque je suis entré dans le studio la première fois, ça a été un petit choc. La première chose qui frappe c'est l'odeur. Celle de la poubelle qu'on a oublié de sortir et qui reste là pendant des jours, celle du renfermé et des chats aussi.

La seconde chose qui m'a marqué c'est l'état pitoyable du studio. Il y avait des graffitis partout, quelques signes anarchistes ici ou là, des petits bouts de message que s'écrivaient les occupants (la locataire et ses amis) entre eux, des phrases un brin philosophique... J'ai retenu "Ne sous-estimez pas le poids de la mauvaise conscience lorsque vous nous mettrez dehors", "Une vie ne vaut rien mais rien ne vaut une vie" et un "tu sautes, je saute".

Les murs étaient très noir, surement du à l'effet du tabac. Il y avait beaucoup de poster (un poster de Brassens, Ferre et Brel ensemble notamment), de cartes postales accrochés dessus. En dessous de la fenêtre, le radiateur avait disparu et une plaque de placo a été détruite par des coups de pieds. Idem à un autre endroit, le placo a été bouzillé. Le volet en pvc qu'on fait descendre avait un trou caché par du schoch. Le pire doit être la porte de la salle de bain avec un énorme gros trou au milieu... en fait il ne restait que les bords de la porte.

Côté mobilier forcément, vu la petitesse du studio, il n'y avait que le minimum. Un matela à même le sol servait de lit et de canapé. Il y avait 2 meubles étagères dans un état tel qu'on se demandait comment ça tenait, et où s'entassait au choix, des fringues (plein de poils de chats), des bouteilles (vides) et autres bibelots. Un petit frigo servait de coffre fort, où la dame rangait des K7 de musiques, des piles. Dans la salle de bain, une chose m'a surpris. La douche servait d'entrepos de malletes et de litière de chat, ce qui me donne à penser que la dame ne se lavait pas.

C'est dans une colère froide, le dégoût et un brin de peur que je me suis mis à bosser, après m'être mis des gants. Il nous aurait surtout fallu un masque, je n'ai pas pu avaler ma salive de toute la matinée. Et en rentrant pour manger, je me suis pris un douche, comme pour me laver psychologiquement de ce que je ressentais.

- Colère froide pour le fait qu'on puisse nous donner ce type de travail de merde, je dirai même un putain de mauvais cadeau. Pourquoi c'était à nous de nous occuper de cela, de participer à cette expulsion... ? à ce sytème...

- Dégoût parce que vous l'aurez compris le studio c'était une vrai merde et l'odeur ne nous facilitait pas la tâche.

- Peur parce que la femme pouvait très bien revenir et que c'était une violente. A l'entrée de l'immeuble, elle a fortement abîmée la vitre de la porte d'entrée, je vous parle même pas de la porte de la cave. Elle était craint dans l'immeuble. Il va de soit que si elle s'était manifesté, elle ne nous aurait pas fait des embrassades... comment vous réagiriez vous en voyant qu'on sort vos affaires ?

Nous avons tous mis dans des cartons et nous avons tout descendu, non sans difficulté vu le petit ascenceur qui y avait.

Ne pouvant emporter les chats, ni les fouttre dehors (ils vivaient entre le studio et le toi de l'immeuble), nous nous sommes assurés qu'ils auraient de quoi boire et manger. Ils cherchaient toujours à rentrer et rester très pereux à notre égard. L'un d'eux m'a fait peur lorsque j'ai vidé l'étagère des fringues... il s'y était caché et lorsque j'ai vu une tête de chat, j'ai crié! Benh ouais...

* * *

Je vous cache pas que je reste un peu sous le choc de cette histoire.

J'ai du mal à comprendre un certain nombre de choses...

Cette femme d'abord, alcoolique et violente apparament, sans travail, sans hygiène non plus, qui ne payait pas le loyer. Une "vie" à part, plus centrée sur ses chats et ses amis qu'autre chose.

D'où vient-elle ? Pourquoi vivait-elle ainsi ? Que lui est-il arrivé ?

Ce système enfin...

Un homme (le propriétaire) concentre (via un accord) sur un immeuble presque, seulement des "cas-sociaux" comme on les appelle, et qui assume les coûts (les loyers impayés et les réparations, les problèmes... et on y retourne souvent) à sa seule charge... il n'est pas le plus à pleindre certes.

Et ces gens qu'on parque dans ces immeubles sans qu'on ne fasse rien d'autre que leur donner les minima... et qu'on expulse un jour...

Etrange monde...

22 juillet 2007

Peintre en bâtiment

Voilà cinq ans maintenant que je passe mes étés à travailler dans le BTP (bâtiment et travaux publics) au sein de l’entreprise familiale d’un de mes oncles. Je précise familiale parce que mon oncle emplois à plein temps son frère, son beau frère et son neveu, en plus de quelques autres salariés. La petite entreprise est spécialisée dans la peinture et la pose du sol, ce qui n’empêche pas de temps à autre et selon les circonstances, de faire du placo ou du carelage.

Je me souviens encore de mes débuts dans l’entreprise. Il y a cinq ans de ça, le soir même des résultats du baccalauréat, mes parents m’achetèrent un billet de train à destination de Toulouse, pour rejoindre ma sœur et commencer à travailler pour mon oncle. J’ai eu les résultats le vendredi à 17h, et le lundi 9h, j’étais sur le chantier à poser du parquet.

Je n’avais jamais travaillé de ma vie, je ne savais rien faire de mes mains (au point que mon père dit toujours que j’ai « deux mains gauche et que des pouces ») mais ma mère ne concevait pas (et ne le conçoit toujours pas) qu’un adolescent ou jeune adulte, à partir de 17/18 ans donc, ne bosses pas l’été pour gagner son pain et affirmer ainsi son autonomie. Pour moi, il s’agissait surtout de subvenir à mes besoins durant l’année universitaire, ma mère aimant à répéter qu’elle n’est pas Rotchild. Je n’ai jamais discuté cette conception, cette valeur de mes parents pour le travail d’été et l’autonomie. Quelque part j'y souscrit, tout en respectant que d'autres ne la suivent pas.

En repenssant à ces cinq derniers étés, je me dis que l'expérience est formatrice et humainement enrichissante.

Je n'étais pas du tout bricoleur, à l'inverse de mon père qui a des "mains en or", et j'ai pu apprendre à peindre et à poser divers types de sols (parquet, dalles mocquettes, lino). Loin d'être devenu l'as de la peinture, mon expérience m'a quand même permi d'aider mon père à refaire la maison qu'ils ont achetés (peinture et sols) et à changer le sol de la maison d'une tante. Et je sais que si un jour j'ai l'occasion d'avoir ma maison, je serai capable de faire quelques petits trucs, ça sert toujours.

Actuellement étudiant et envisageant de travailler dans le secteur des services (publics) donc dans une activité "intellectuelle" (col blanc), le travail manuel (et notamment le sol et la peinture) a cette particularité de permettre à l'ouvrier de voir le résultat de son travail et de s'en satisfaire. On a le plaisir qu'on peut diront peut être certaines mauvaises langues, mais quel plaisir de voir une pièce terminée et de savoir le temps passés et les enmerdes qu'on a du se farcir !

C'est ma première grande expérience professionnelle. Bien que travaillant en famille, j'ai appris ce qu'était les contraintes du quotidien de la vie laborale. Je pense bien sur aux respects des horaires et des délais impartis, nous emmenant de temps à autre à rester plus tard sur le chantier qu'il nous faut terminer. Je pense aussi aux problèmes de circulation et de stationnement rencontrés (1). Je pense aussi aux conditions de travail pas toujours dès plus facile (travail en extérieur lorsqu'il fait bien chaud, absence de chiottes et d'eau (2)). Mais je pense surtout à l'apprentissage des contraintes humaines.

On est tous différents, on a tous notre caractère. Certaines personnes sont faciles à vivre, et d'autres moins. Famille ou pas d'ailleurs. Je n'ai jamais eu de problèmes avec les gens de ma famille avec qui je bosses, mais mes oncles/chefs d'équipe ont tous une pédagogie et un comportement différent. Pour l'un, diriger c'est gueuler dessus et te donner les tâches les plus ingrates, pour un autre, diriger c'est expliquer, montrer et faire confiance, pour un autre enfin, c'est donner les consignes et déléguer etc.

De même, avec les autres ouvriers (non de la famille eux) ou les intérimaires, il faut savoir composer avec la nature des gens: ceux qui vous posent des questions et ne vous écoutent pas, ceux qui vous parle de leur trucs et cherche à vous en mettre plein la vue, ceux qui te prennent de haut, ceux qui n'aiment faire qu'une tâche et te refilent les autres etc. Là par contre j'ai eu un problème avec un "saisonier" comme moi, qui me prenait de haut et croyait peut être qu'il s'agissait là d'un combat de coq. Enfin, il faut du savoir faire avec les clients, les architectes, d'autres corps de métier qu'on parfois très peu de respect pour le travail des autres (3).

Travailler dans le bâtiment et particulièrement dans la peinture c'est un insoupçonnable voyage dans la hiérarchie sociale et les divers milieux sociaux de sa propre ville. Autrement dit, on rencontre d'un quartier à l'autre, différents milieux sociaux. J'ai une assez bonne mémoire des endroits où j'ai travaillé tout au long de ces cinq derniers étés, je n'en dirai pas autant des noms des rues et du nom des clients (leur visage par contre). Nous avons travaillés dans des entrepros (4), dans des maisons de retraites et des crèches (5), dans des résidences en construction, dans des villa à la campagne (plutôt des jeunes cadres et classes moyennes aisées), dans des bureaux (6), dans des quartiers plus populaires (7), chez des particuliers (8) etc. Un bel panorama en miniature de la société et de ses composantes, dans une grande ville comme Toulouse.

J'y ais rencontré des gens intéressant (je pense notamment à R.B. dont j'ai toujours apprécié les discutions politiques en dépit de son extrémisme, de son catégorisme, JFT pour ses connaissances en informatique et toutes ces vieilles manies devenus rituels) des situations parfois douloureuses (humiliation, blaggue douteuse) mais aussi de très bon moments. C'est par respect pour tout ces gens là, et en mémoire à mon grand père, que j'envisage de travailler mon mémoire de 4ème année sur le secteur du BTP toulousain.

* *

(1) Pour le coup je me souviens d'un jour où je devais garder une place de parking vide le temps que mon oncle fasse le tour pour s'y garer, et une femme pressée en voiture, m'a demandé de la laisser se garer et m'a fait sortir de la place en m'intimidant par son forçage à la voiture. Je me souviens aussi d'une fois où avec mon oncle nous avions fait le tour d'un quartier 5,6 fois le temps qu'une place se libère.

(2) Lors de mon premier chantier, c'était dans une résidence en construction, nous devions poser le parquet dans une trentaire d'appartements et trois villas.  Plusieurs corps de métiers se cotoyaient, parmi lesquels des façadiers. A chaque fois que nous rentrions dans un appartement, il nous fallait garder notre respriration  au passage des toillettes car elles avaient été baptisées par un des façadier et comme il n'y avait pas de chasse. Le pire c'est que les gens refusent de nous mettre l'eau pour éviter qu'on use les toilettes et lavabos...

(3) Et comme le travail du peintre c'est généralement la finition, à nous de rattraper la merde des autres. Je vous parle même pas des incohérences lié à la non coordination des corps de métier, et surtout à leur non respect des délais.

(4) Certains en construction, dans l'un d'eux j'ai ballayé l'équivalent d'un terrain de foot), d'autres où on nous demande de corriger quelques merdes d'où la devise d'un de mes oncles "peinture sur merde = propreté".

(5) Concernant les deux maisons de retraites, quelques anecdotes. De la première je me souviens de la directrice qui nous refusait tout (style laisser le vieux lino à l'entrée le temps d'une soirée) et nous mettait la pression sous prétexte pour qu'on avance afin d'éviter à tout prix l'accident d'une personne âgée, tout ça pour éviter qu'elle, elle soit enmerder. Je me souviens surtout d'une pauvre femme qui s'est mise à pleurer pendant que je changeais sa barre de seuil, me disant que ses petits enfants ne vennaient pas la voir. De la 2nde, plus folklorique, je me souviens des pensionnaires nous demandant dès qu'ils nous voyaient un "je peux passer ?" marrant, mais répétitif et lassant. Des pensionnaires "malades", l'une avait la phobie de la poussière et la peur de glisser (à tel point que vers la fin, on lui répondait dès qu'elle demander à passer, qu'elle allait vraiment tomber mais quelque chose de grave et là elle souriait et fermait sa porte violament...cette femme était instit à l'origine), l'autre qu'avait la phobie des cafars et qui refusait qu'on lui change de barre de seuil en me parlant de cafards volant etc, 2 personnes qui volaient les photos des autres, une pauvre femme qui apeurée en nous voyant, une femme touchée par l'alzeimer nous répétant qu'elle venait de telle ville... un vrai mouroir ces maisons de retraites!

(6) où avec mon cousin nous ne cessions de passer devant le bureau de jeunes femmes ma foi bien mignones, portant les cartons de mocquettes.

(7) Dans un appartement où il nous fallait tout repeindre et refaire le sol, moi je me suis tappé le nettoyage de la cuisine plein de tâches de graisses, et de la salle de bain. Soyons clair, je n'amalgame pas les classes populaires avec la crasse l'insalubrité etc, en réalité, ce sont des personnes à la limite de l'exclusion qui habitent dans cette rue. Mon oncle me raconte d'ailleurs que l'entreprise y retourne souvent, dès qu'un locataire est foutue dehors ou s'en va... .

23:35 Publié dans Récit de vie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : bâtiment