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31 juillet 2010

Entre ouverte

porte_ouverte.jpg

Une porte entre ouverte, voilà la situation dans laquelle je me trouve à l’annonce des résultats du concours militaire (celui de commissaire) que j’ai passé entre juin et juillet. Je suis en effet cinquième sur liste complémentaire avec la possibilité d’être appelé, en cas de désistements d’autres candidats, jusqu’au 6 septembre. 

A dire vrai, je ne me fait guère d’illusions sur l’issue finale. Il y a tout juste 8 admis, et nous sommes 6 sur la liste d’attente. Quelques désistements sont possibles (tel candidat préférant plutôt un autre corps d’armée ou un autre concours à celui-ci etc.), mais pas dans de grosses proportions, et cela dépend trop de circonstances extérieures maintenant. 

Au regard de mes performances en sport (assez mauvaise, il faut bien le dire mais ça ne s’improvise pas) et en culture générale (entretien avec le jury), je ne m’attendais pas vraiment à faire partie des heureux élus. Mais dans un malentendu, on se dit (et espère) que ça peut passer et que tout est possible,. 

Mais paradoxalement, je reste optimiste pour la suite. D’abord parce que j’ai pu passer le cap des écrits, ce qui ne m’était pas arrivé depuis l’an dernier malgré 7 ou 8 concours passé et une préparation spécifique (à noter que j’ai raté l’avant dernier concours d’un point et des poussières, et que je pense avoir enfin acquis la méthodologie de la note de synthèse).  

Ensuite, j’ai noté une amélioration dans mes prestations à l’oral, même si je reste un homme d’écrit plus que de paroles. J’ai du mal à penser vite, que ce soit pendant le temps de préparation de l’exposé ou au cours de l’entretien. Je suis un peu lent au démarrage, que voulez-vous ! On m’appelle la flèche…

Je repars maintenant pour quelques mois de concours. Courant septembre-début octobre, je commencerai à chercher du travail en venant grossir ce qu’appelait Karl Marx « l’armée de réserve » du capitalisme.

10 juillet 2010

Après la démocratie - Emmanuel Todd

Après la démocratie.jpgC’est sur le blog de Malakine, recommandé par notre ami Belgo en 2007 déjà, que j’ai entendu parler d’Emmanuel Todd, anthropologue et essayiste français, défenseur d’un protectionnisme européen et auteur, malgré-lui, de la formule « la fracture sociale », devenu le thème de campagne de Chirac en 1995. 

Il s’est rendu célèbre pour ses ouvrages « prémonitoires » sur la fin de l’empire soviétique (La chute finale) ou les difficultés de l’hégémonie amériaine (Après l’empire) et sa défense sur modèle français d’intégration (Le destin des immigrés). En novembre 2008 il publie Après la démocratie, un essai d’analyse sur ce qu’il appelle « le moment Sarkozy ». 

En introduction, il dénonce l’incompétence diplomatique et économique du Président de la République, ainsi l’exhibition de sa vie privée. Il voit dans l’élection de Sarkozy, le signe de la vaste crise idéologique contemporaine et de la montée en puissance des forces antidémocratiques. 

Todd va alors analyser les défauts humains et sociétaux : le respect des forts et le mépris pour les faibles, le culte affiché de l’argent, la défense des inégalités, le narcissisme, le besoin d’agression et la désignation de boucs émissaires. 

L’incohérence de la pensée du président correspondrait au vide idéologique et religieux de nos sociétés, la médiocrité intellectuelle renvoie à une crise profonde de l’éducation et de la démocratie, l’agressivité à la désignation de non-citoyens, l’amour de l’argent pose le problème plus général de l’acceptation aveugle du libre-échange et des inégalités qu’il génère et, enfin, l’instabilité affective trouve un écho dans l’évolution des valeurs familiales. 

La mort des idéologies et la désaffection religieuse.  

Todd explique que les valeurs religieuses structuraient en profondeur la société française et dessinaient une géographie politique. Or aujourd’hui on assiste à une érosion des croyances (8 % de Français se déclarent en 2007 pratiquants réguliers pour 37 % en 1948) et une décomposition de l’idéologie politique. Et si la bipolarisation droite/gauche semble résister, elle est faite d’une souplesse qui s’apparente à bien des trahisons : conversion de la gauche socialiste au libéralisme, renoncement à la charité et conversion au culte de l’argent pour la droite. 

Le vide métaphysique guette l’individu en quête de sens, et si le bien-être et la sécurité ont un temps remplacé les valeurs supérieures, que se passe-t-il, se demande Todd, lorsque le niveau de vie dans la société de consommation baisse ou que la sécurité n’est plus assurée ? La crise s’accompagne d’un retour logique de l’irrationnel. 

La stagnation éducative et le pessimisme culturel contemporain. 

A partir des cas de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, Todd met en évidence une baisse du niveau de diplôme des hommes politiques actuels. Ces élites, selon lui, se répartissent toutefois aujourd’hui entre des énarques conformistes et convaincus par le credo libéral et des individus dont le niveau de diplôme est plus faible, qui sont émancipés mais qui n’ont pas pour autant de programme économique ou idéologique solide. 

Ce vide s’explique par la crise éducative : encore aujourd’hui entre 5 et 10 % d’illettrés en France,  stagnation, depuis 1995, des résultats et du niveau, le nombre de sortants sans diplôme du système et le nombre de bacheliers se stabilisent. 

Deux faits se dégagent : d’une part, on a un discours démobilisateur sur l’inertie éducative qui démoralise la société (cf. essais de Finkielkraut, de Michéa ou de Baverez) et, d’autre part, il y a indéniablement une « pause éducative » (après deux siècles de progrès). 

Autour de l’idée de « déclin » s’opère une convergence de deux écoles de pensée dites « réactionnaires » : la pensée unique néolibérale qui parie sur la régulation miraculeuse du marché et le national-républicanisme qui regrette un passé idéalisé et parie sur les vertus de la réaction. 

La crise de la démocratie. 

Nos démocraties contemporaines sont marques par un mécontentement général à l’égard des gouvernants, un fort taux d’abstention électorale (crise du système représentatif) et une dérive vers la droite. 

Todd reprend Guy Hermet dans L’hiver de la démocratie en 2007 : le système démocratique combine la gouvernance (entendu comme oligarchie pour Todd) qui est réservée à une élite qui décide des grandes orientations et travaille avec des acteurs privés ou cooptés, et le populisme qui agit par les élections et travaille avec les acteurs de la société civile. 

Todd insiste sur le lien entre la donne éducative, démocratie (sens critique) et l’homogénéité éducative de la France. Le développement de l’enseignement du secondaire et son ouverture démocratique génèrent une stratification de la population entre instruits primaires, secondaires, supérieurs. 

L’hétérogénéité va primer dans la société et l’élite va progressivement craindre de perdre sa distinction. Elle se referme sur elle-même et développe des stratégies pour conserver la séparation avec le peuple. Cela peut se traduire par un certain nombrilisme culturel ou plus certainement par une forme de séparatisme social et spatial. 

Les diplômés du supérieur de plus en plus nombreux perdent leurs attaches politiques et religieuses. La mort des idéologies aboutit à un resserrement sur les intérêts propres et efface les communications entre les strates sociales. Dans les partis politiques, cela se traduit par une séparation entre le militantisme concret de base et le militantisme intellectuel mais narcissique. Sur ce dernier point, il cite La société des socialistes, une enquête sociologique du milieu de militance socialiste. 

La question de l’égalité. 

Todd reprend le lien entre éducation et démocratie mais montre que la correspondance est rarement effective entre la montée de l’une et l’avènement de l’autre, car il entre en jeu une autre donnée : la structure familiale. 

La structure familiale joue un rôle dans le rapport des peuples à l’égalité. D’après ce que j’ai compris, la structure familiale est la base de l’analyse d’Emmanuel Tood et le fil conducteur de sa pensée. 

Il étudie la structure familiale en Angleterre, en France, en Russie et en Allemagne mais nous ne reproduirons que ici que son analyse pour l’Angleterre et la France. 

Angleterre

France

Famille paysanne nucléaire et

propension à l’individualisme social

Modèle familial nucléaire

mais égalitaire

L’inégalité dans

l’héritage est possible

L’héritage se répartit entre tous

les enfants du foyer

=  Altérité

=  Homogénité

L’hypothèse d’une ethnicisation possible de la démocratie. 

Todd analyse qu’aux États-Unis, la présence de groupes marginalisés (Indiens et Noirs) aurait permis de former la cohésion du groupe des Blancs (les WASP). La démocratie américaine se serait construire sur le fondement du racisme : des « Blancs » égaux face à des esclaves inégaux. 

L’auteur note qu’il en est de même pour l’Allemagne nazie et pour l’Angleterre victorienne. Mais pour lui, la France fait ici figure d’exception, même si l’altérité structure dès la Révolution (l’aristocrate) et que la lutte des classes va prendre la suite. Mais l’égalité reste une valeur capitale. 

Or, d’après lui, avec la présidence Sarkozy, on observe un retour du discours du bouc émissaire (l’immigré, le jeune, le musulman). La mise en place d’une grille de lecture ethnique de la crise des banlieues de 2005 et une instrumentalisation de l’insécurité peuvent créer une cristallisation identitaire. 

Le libre-échange contre la démocratie. 

Todd s’attaque au dogme contemporain de la liberté de circulation des marchandises. La globalisation, encore plus avec l’irruption de la Chine dans le jeu économique, conduit à une baisse des salaires et du niveau de vie. 

Or il constate que cette intuition n’est pas partagée par les intellectuels en France : l’économie est encore vue avec distance, voire avec mépris. L’aveuglement semble primer : face à la baisse des revenus, la réduction des sécurités et de la fonction publique et la montée des inégalités, le discours reste celui du libre échange au moins du côté des strates supérieures et dirigeantes.

En revanche, le corps électoral, parce qu’il est plus touché par le libre-échange, se positionne de plus en plus en faveur de mesures protectionnistes et perturbe le fonctionnement des instances démocratiques par ses refus réguliers manifestés par les urnes. 

La classe politique est, pour sa part, peu sensible au protectionnisme : la gauche met en avant l’argument selon lequel les pays du Sud seraient très désavantagés par des mesures protectionnistes et la majorité des sympathisants du PS, issus de la fonction publique, est relativement protégée de la mondialisation. À droite, les PME sont plus sensibles aux avantages du protectionnisme, mais les grands chefs d’entreprise issus des grandes écoles croient aux vertus du libre-échange. 

Possible retour de la lutte des classes. 

Celle-ci avait disparu du discours de la gauche avec l’effacement du PC et la chute du taux de syndicalisation. Pourtant, l’analyse des votes des dernières élections montre que la stratification économique joue encore un rôle capital. 

Les inégalités augmentent entre la fraction la plus riche et la plus pauvre, la baisse du niveau de vie et  la prise de conscience d’un avenir économique moins favorable bouleversent les rapports sociaux. Les conditions seraient donc réunies pour un retour de l’affrontement socio-économique ou pour la désignation d’un bouc émissaire ethnique ou religieux. 

La France serait plutôt en voie de préférer la première hypothèse (conflits sociaux réactivés, rééditions de Marx…) tant son attachement à l’égalité la détourne pour l’instant de la réaction raciste. 

Deux pistes possibles d’évolution de la société. 

Selon Todd, ce sont aujourd’hui les classes moyennes qui par leur hésitation vont dessiner l’avenir de la société. Il envisage dès lors deux possibilités 

La République ethnique : la crise suscite une fuite vers l’irrationnel et la désignation d’un bouc émissaire, ethnique, religieux ou racial. Il remarque la montée de l’islamophobie chez les élites (chrétiens et laïcs). 

La suppression du suffrage universel : l’heure est à la dépolitisation. Les gouvernants ayant de plus en plus de mal à se faire élire pour ensuite ne pas parvenir à gouverner, on pourrait, dès lors, être « lucide » et passer à un régime autoritaire qui seul permettrait d’agir sans blocages. 

Todd n’élimine pas tout à fait cette deuxième hypothèse même si basculer dans un régime autoritaire lui parait peu envisageable en France. Toutefois il souligne que, dans un climat sécuritaire, des individus fragilisés sur un plan économique ou social peuvent s’en remettre à un contrôle politique ferme. Selon lui, le risque de la suppression du suffrage universel est ainsi plus fort que celui de la solution ethnique. 

Le protectionnisme comme solution. 

Il note qu’avant la globalisation il y avait une convergence entre l’espace économique, l’espace social et l’espace politique. Or, la mondialisation a introduit une rupture dans cette harmonie. 

A défaut de pouvoir élargir l’espace politique au monde (idée de démocratie mondiale), il préconise de réduire le champ économique en réintroduisant le rôle de l’Europe. Cette dernière doit opter pour des mesures protectionnistes. 

Mais pour cela, il faut d’une part que l’Europe soit le vrai pari des gouvernants et non leur alibi, et d’autre part, il faudra surmonter le blocage allemand, dont le modèle de croissance économique s’inscrit dans la cadre de la mondialisation (jouer sur l’exportation et faire pression sur les salaires internes). 

Dans le contexte actuel de crise de l’euro et de politiques de rigueur généralisée, inspirée l’Allemagne, puissance économique dominante au sein du l’UE, ou encore du refus d’une taxe carbone aux frontières, on voit bien que l’Europe ne s’oriente pas dans cette voie.

*

J'avoue que je ne m'attendais pas trop à ce type d'analyse quand j'ai acheté le livre. Je croyais au départ, que l'auteur y dessinnait ce que pourrait être le régime d'une post-démocratie. Mais je ne connaissais alors rien ou presque de l'auteur en question.

J'ai beaucoup aimé l'ouvrage, très bien construit parce que progressif, même si le ton parfois un peu violent vis à vis de quelques politiques surprend. Ton justifié par l'auteur par la violence symbolique même des responsables politiques.

Quand l'ouvrage est sorti, le monde était au bord du précipice avec la quasi-faillite du système financier international (risque systémique) et donc propice à un changement de paragdime, tout au moins à une remise en cause de certains postulats économiques et politiques, jusqu'ici "dominants".

Or deux ans après, malgré certains changements, on semble revenir aux discours et aux pratiques de l'avant-crise, comme si rien n'était arrivé.

23:35 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : emmanuel todd

02 juillet 2010

Un objectif, une méthode

Note à destination des militants de ma section en vue d'adopter une méthode et un calendrier de travail pour les socialistes, dans l'optique des prochaines municipales.

En mars dernier, le Parti Socialiste et ses alliés ont remportés les élections régionales. De l’avis de nombreux militants, cette victoire confère au PS et à la gauche en général une responsabilité particulière : celle de réussir l’alternance en 2012 au niveau national – et c’est l’objectif de nos conventions thématiques, de la préparation du projet socialiste et de l’organisation des primaires ouvertes – et en 2014 en ce qui concerne X (ma commune).

Les dernières réunions de section ont montrés que si nous sommes tous d’accord sur l’objectif – notons bien que gagner une élection n’est pas une fin en soi mais un préalable à l’action – nos approches diffèrent sur la méthode à employer pour atteindre cet objectif. Un des désaccords concerne la relation entre le PS et les autres composantes de la gauche locale et/ou acteurs de la vie locale. Certains souhaitent associer nos partenaires d’emblée à l’élaboration d’un programme commun, d’autres privilégient a contrario un travail interne comme préalable à l’ouverture.

La proposition que nous faisons se veut une synthèse entre ces deux positions. Elle est justifiée entre autre par l’agenda politique à venir. En effet, si l’élection municipale a lieu au printemps 2014, la section sera mobilisée par les primaires (fin 2011) puis les élections présidentielles et législatives, trois moments politiques qui ne favoriseront pas vraiment, à notre avis, un rapprochement politique local.

Ainsi nous proposons une méthode de travail en deux temps :

 

Septembre 2010 – Fin 2011

Septembre 2012 – Début 2014

Nous consacrerons certaines réunions de section (un sur deux ou une sur trois) sur un thème précis (préalablement défini) avec l’intervention en introduction d’une ou plusieurs personnalités reconnues pour leurs expertises sur le sujet traité.

 

L’intervenant est là pour nous donner une grille de lecture ainsi que des connaissances devant nous permettre de travailler sur le sujet  rapporté à Castelginest. Il y a aussi un objectif de formation et de partage d’information.

 

Une position commune issue de nos travaux collectifs sur le sujet, sera adoptée lors des réunions thématiques suivantes. Ces positions communes ne constitueront pas le projet local des socialistes en tant que tel mais une base de discussion pour la deuxième phase.

Nous contacterons nos partenaires locaux ou tout acteur local s’inscrivant dans la famille des progressistes, pour lancer des réunions de travail communes.

 

En lieu et place de  certaines réunions de section (un sur deux ou une sur trois), nous organiserons ces réunions communes. De ces réunions doit émerger le projet collectif en vue des municipales

 

Des négociations devront être menées pour constituer une liste unique de la gauche et s’accorder sur un dispositif de ratification du projet.

 

Il est indispensable que le/la premier(e) des socialistes, élu fin 2013, s’inscrive dans cette démarche et non en porte à faux.

Les thèmes traités pourraient être les suivants: l’urbanisme, l’environnement, les transports, la culture, l’éducation, la vie associative, l’économie/finance etc. La liste n’est pas exhaustive.

Nous avons tous des thèmes de prédilection et d’autres qu’on maitrise moins ou qui ne nous passionnent pas. Mais il est important, dans la mesure où nous ferons venir des intervenants, que les militants fassent un effort de mobilisation. Par respect pour l’intervenant qui fait le déplacement.

Par cette proposition nous souhaitons relancer le débat, si possible en le clarifiant, et non le fermer. Toutes les critiques sont bienvenues. Idem pour les amendements ou les contre-propositions.

Mais une fois la méthode adoptée – celle-ci ou une autre – par tous les militants réunis en assemblée générale, elle devient celle de tous les socialistes.

20:24 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)