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09 mars 2012

Sarko ou le complexe de Zorro

Il s’agit d’un livre d’entretien entre l’ancien Ministre de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche du gouvernement Jospin, et le journaliste Dominique de Montvalon. Pour Claude Allègre, dans un contexte de crise internationale historique, l’élection présidentielle à venir se résume à la question suivante : « à qui confier le navire France par si gros temps ? ».

Et pour lui, c’est Sarkozy. Pour expliquer ce choix, il va faire le bilan du quinquennat. Il le félicite entre autre pour sa gestion de la crise en Ossétie, de la crise des subprimes, pour sa présidence de l’UE, pour les nombreuses réformes entreprises en politique intérieur (RSA, l’université, les retraites, les collectivités, la Constitution, la carte judiciaire…).

Il se montre plus critique sur l’ouverture (Kouchner inadapté aux Affaires étrangère), sur le Grenelle de l’environnement (parasité par le courant écologique qu’il exècre), sur la dérive droitière de la majorité (discours sur les immigrés) ou sur la portée de certaines réformes (il souhaite aller plus loin sur l’université et les retraites).

Il relativise l’épisode du Fouquet’s, le voyage chez Bush, la candidature du fils à l’EPAD etc. en essayant d’expliquer les évènements. Il revient sur le bilan de Jospin dont il critique les 35h mais salue les emplois jeunes, la réforme de la recherche ou de la justice. Il explique sa récente mission des Assises européennes de la recherche.

Par rapport au PS, il regrette que DSK ne soit pas candidat, aime bien Martine Aubry qui a un vrai bilan ministériel et municipal, éprouve une sympathie pour Montebourg qui apporte au débat d’idées. Vis-à-vis d’Hollande, il balaye les critiques faites par la droite, mais le juge incapable de présider au vue de son bilan à la tête du PS.

Je suis assez réservé sur l’ensemble de l’entretien. Alors qu’il n’a été ni acteur, ni témoin de certains évènements, sauf à avoir fait partie du premier cercle sarkozyste, il revient sur ceux-ci pour en expliquer le déroulement et exonérer Sarkozy. C’est une posture bien moins crédible que son témoignage de l’époque Jospin.

On ne pourra pas nier que Sarkozy a entrepris un nombre important de réformes. Mais que ce soit sur la Constitution, la carte territoriale ou les retraites, Allègre manque d’« objectivité » et de recul. Saluer les réformes sur le seul principe qu’elles ont eu lieux, c’est quand même très court. Ca ne fait pas un projet de société.

03 mars 2012

Quo vadis Europa ?

De bien tristes nouvelles sur le front européen récemment…

« Mme Merkel, le président du Conseil italien, Mario Monti, et le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, se seraient ainsi "engagés verbalement" à ne pas recevoir François Hollande, que les sondages donnent vainqueur de la présidentielle, affirme Der Spiegel. Une promesse à laquelle se serait joint le premier ministre britannique, David Cameron. » (Le Monde avec AFP)

La raison ? François Hollande a annoncé en janvier dernier son intention, s’il est élu en mai prochain, de renégocier l’accord européen sur le pacte de stabilité, avec l’idée d’y insérer tout un volet sur la croissance. Merkel ne veut absolument pas en entendre parler.

Je trouvais déjà limite qu’elle apporte officiellement son soutien à la candidature de Sarkozy, c’est sans doute inédit dans la diplomatie européenne, mais refuser maintenant de rencontrer Hollande et faire passer le mot à ses homologues européens, c’est quand même faire preuve de bien peu d’intelligence.

On peut concevoir qu’ils ne souhaitent pas une renégociation des traités, en raison de divergences d’analyses économiques ou d’un équilibre diplomatique inter- gouvernemental trop fragile pour s’engager de nouvelles négociations. Mais snober celui qui est pressentie pour être leur futur interlocuteur, c’est bien mal engager l’avenir.

La position de Rajoy est d’autant plus surprenante que le bonhomme demande une révision du calendrier de retour à l’équilibre budgétaire, qu’il sait ne pas pouvoir tenir en raison de l’entrée en récession de son pays. S’il croit qu’il gagnera l’estime et la confiance des autres dirigeants européens pour une éventuelle concession à l’avenir, il commet là une grave erreur.

Quant à Mario Monti, je dois reconnaitre ma grande naïveté quant à sa position sur le nouveau pacte de stabilité et de croissance. Je pensais qu’il militait pour une autre politique de croissance. Mais la lettre envoyé par 12 premiers ministres européens à Von Rompuy et Barrosso montrent le sens très particulier donné à celle-ci : il s’agit de libéraliser certains secteurs et d’harmoniser certaines règlementations.

Je ne sais pas les intentions réelles de François Hollande ni quelles seront les marges de manœuvre diplomatiques dont il disposerait, si d’aventure il est élu en mai prochain, mais j’ose espérer une inflexion significative de la politique économique européenne. Parce que la direction actuelle nous amène tout droit au désastre.

21 novembre 2011

L’Espagne rebascule à droite

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(cliquer dessus pour agrandir)


Les espagnols votaient hier pour renouveler le Congrès et le Sénat. Sans surprise, le pays rebascule à droite. Le Parti Populaire obtient une confortante majorité absolue (186 députés), plus importante encore qu’en 2000, qui avait vu la réélection d’Aznar. Mariano Rajoy, le leader conservateur, ancien ministre de l’Education puis de l’Intérieur des gouvernements Aznar (1996—2004), candidat pour la 3ème fois, sera le nouveau Président du Gouvernement.

En remportant les élections législatives, la droite espagnole domine la majorité des collectivités publiques, puisqu’elle préside l’essentiel des municipalités et des communautés autonomes (l’équivalent de nos régions mais avec plus de pouvoirs) depuis ce printemps. Autant dire qu’elle a les coudées franches pour gouverner. Reste à savoir ce qu’elle compte faire, vu le flou sur son programme économique et ses positions rétrogrades sur les questions de société.

Les socialistes connaissent leur plus mauvais résultat électoral depuis le retour de la démocratie en Espagne. Ils payent lourdement leur gestion de la crise et l’adoption de mesures d’austérité en 2010. Le PSOE entame aujourd’hui une longue traversée du désert. Le retrait annoncé de Zapatero en mai dernier et l’incertitude quant à l’avenir politique de Rubalcaba au vu des résultats électoraux, laissent entrevoir une crise de leadership et d’orientation politique.

Bien que le mode de scrutin en ait atténué la portée, le nouveau Congrès espagnol sera le plus pluriel depuis le retour de la démocratie. De nouveaux partis rentrent au Parlement (Equo le parti écologiste, Amaiur le parti de la gauche basque nationaliste, et deux autres que je ne connais pas), d’autres en sont renforcés (IU la gauche écolo-communiste, UPyD un parti centriste et CiU le parti conservateur catalan). Le gain de ses partis se faisant au détriment du PSOE.

On va voir maintenant comment la nouvelle majorité entend sortir le pays de la crise. Mais vu la conjoncture internationale et la pression des Agences de notation et des marchés financiers, je ne suis franchement pas très optimiste pour la suite (je le suis pas plus pour la France, d’un point de vue franco-français et franco-européen). Mais je ne suis pas devin et je me suis plus ou moins trompé en 2008. Affaire à suivre.

19 novembre 2011

Les propositions de Rubalcaba

Après quinze jours de campagne officielle et deux débats télévisés – le premier entre Rajoy et Rubalcaba, les candidats des deux gros partis ; le second entre les partis présents au Parlement – les Espagnols votent demain pour les élections législatives.

Les intentions de vote, exprimés dans les enquêtes d’opinion, n’ont pas beaucoup bougés. Le Parti Populaire, c'est-à-dire la droite conservatrice, va remporter l’élection et bénéficier d’une assez large majorité.

Je n’ai pas eu le temps de suivre et commenter d’avantage cette campagne. Rubalacaba et les socialistes ont centré leur campagne sur le programme « occulte » et volontairement flou du PP, oubliant d’insister leurs propres propositions.

Ci-dessous, les principales mesures du programme des socialistes espagnols :

L’emploi :

Impulser un accord national pour l’emploi réunissant les administrations publiques, les entreprises et les travailleurs, autour de trois axes :

-      Un plan pour l’emploi des Jeunes.

-      Des programmes spécifiques dans les secteurs traditionnels et émergents.

-      Des programmes d’insertion pour les chômeurs de plus de 55 ans.

La fiscalité :

-      Rétablir un nouvel impôt sur les grandes fortunes

-      Créer un impôt sur les entités bancaires et financières, dont les recettes seront pour partie destinés au fond pour l’emploi.

-      Révision de la fiscalité sur les SICAV.

-      Créer un Office contre la Fraude pour combattre la fraude discale et la prévention et répression du blanchiment d’argent.

 L’économie :

-      Loi sur l’insolvabilité des personnes pour renforcer les droits financiers des citoyens

-      Loi sur la création d’entreprises qui facile l’apparition de nouvelles entreprises et leurs consolidations, améliore le financement des entrepreneurs, réduise les charges administratives et aide les PME à s’internationaliser.

L’énergie :

-      Fermeture progressive d’ici 2028 du parc nucléaire espagnol

-      Investissement massif dans les énergies renouvelables

-      Loi sur le Changement Climatique.

Les droits sociaux :

-      Etendre l’accès à l’éducation de zéro à trois ans et renforcer la formation des enseignants pour garantir l’excellence de l’éducation publique.

-      Réduire les écarts salariaux entre les hommes et les femmes

-      Obliger les entreprises à compter au moins 40% de femmes dans leur conseil d’administration.

-      Adopter une nouvel Agenda Espagne 2.0 pour bâtir la société de l’information, en garantissant l’accès de tous les espagnols à Internet

-      Garantir un système de santé public, gratuit et universel.

Démocratie et Institutions :

-      Adopter une Loi sur la Transparence et l’Accès à l’Information Publique.

-      Garantir l’austérité dans les Administrations publiques

-      Réformer la loi électorale (listes électorales débloquées)

-      Suppression d’un échelon territorial

L’Europe :

-      Impulser un gouvernement économique européen

-      Mettre en place un impôt sur les transactions financières internationales

-      Œuvre pour la création d’euro obligations.

02 septembre 2011

Primaire socialiste 2012 (5)

De la question de l’emploi et des contrats aidés.

Interpellé ce matin par la lecture d’un article d’Alternatives Economiques, consacré aux emplois aidés, j’ai eu envie de regarder ce que proposaient les six candidats à la primaire socialiste, sur la question de l’emploi en général. Et à ma grande surprise, surtout au regard du nombre élevé de chômeurs recensé en France et en Europe, le sujet est encore trop peu traité par les candidats.

A cela, deux raisons peuvent être avancés. D’abord, l’économie est bien au cœur des débats (via la démondialisation, la crise des dettes publiques, ou la stratégie de croissance), chacun ayant à l’esprit que sans un rebond durable de l’activité, il n’y aura pas de création d’emplois pour réduire le chômage. Les politiques de l’emploi,  complémentaires à une politique de croissance, seraient dès lors secondaires.

Ensuite, la notion d’emploi est aujourd’hui un mot fourre-tout, englobant des problématiques aussi diverses que l’accès (des jeunes, des seniors, des femmes, des handicapés, des chômeurs…) au marché du travail et leur maintient, le niveau de qualifications, le salariat pauvre, la précarité (temps partiel, intérim), les conditions de travail etc., loin d’être délaissés par les candidats.

Nous retiendrons ici la question de l’accès (et le maintien) au marché du travail. En 1997, le PS avait gagné les législatives avec les 35h et les 500 000 emplois jeunes. Pour 2012, face au chômage des jeunes, le projet socialiste prévoit 300 000 « emplois d’avenir » dans les domaines de l’innovation environnementale et sociale. Mais tout juste énoncée, la mesure a été la cible de nombreuses attaques.

Manuel Valls juge archaïque, peu crédible et trop couteux le retour des emplois jeunes et de la retraite à 60 ans. Jean-Michel Baylet s’est également prononcé contre sans donner plus d’explications ou avancer de contre-propositions. Arnaud Montebourg traite la question de l’emploi sous le seul angle de l’immigration légale de travail. Autant dire que ces trois là ne font pas de l’emploi une priorité.

En lien avec sa théorie du care (le soin, l’attention, la solidarité), Martine Aubry promet de créer 300 000 emplois-jeunes (dont 100 000 dès la première année) dans les domaines de l’innovation environnementale et sociale. Ces emplois aidés seraient financés par la suppression des subventions aux heures supplémentaires, décidées par la loi TEPA de 2007.

Pour relier la question de l’emploi des jeunes et celle des seniors, François Hollande propose un contrat de génération. L’employeur s’engage à garder un senior, le temps qu’il parte à la retraite à taux plein, et embauche un jeune de moins de 25 ans pour qu’il acquière l’expérience du senior. En contrepartie, l’employeur est dispensé pendant 3 ans de cotisation sociale sur les deux emplois.

Ségolène Royal formule l’idée d’un pacte de confiance pour l’emploi des jeunes, centré sur l’alternance et l’apprentissage, correctement rémunéré. Elle propose aussi de sécuriser le parcours des jeunes créateurs d’entreprises, en généralisant en région les « ateliers de la création » et les « bourses Désirs d’entreprendre ».

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(cliquez sur le graphique pour agrandir)

Les principaux éditorialistes, la droite mais aussi une partie de la gauche, ont beaucoup critiqués les propositions d’Aubry et Hollande en matière de contrats aidés qu’il s’agisse de leurs principes, le « retour des vieilles recettes », ou de leur mise en œuvre, « coûts pharamineux pour une efficacité incertaine ». Pourtant, alors que le chômage atteint un niveau quasi-record, le nombre de contrats aidés proposés reste timide.  

On trouve beaucoup de défauts/ limites aux contrats aidés : ils seraient couteux pour les finances publiques, ils stigmatiseraient les bénéficiaires en les enfermant dans le cercle vicieux des emplois subventionnés, ils se concentreraient sur des activités essentiellement « improductives » (i.e lié au secteur public), et leurs efficacités en terme de retour à l’emploi, seraient incertains.

Pourtant les emplois jeunes ont pu constituer une véritable première expérience pour tous ses bénéficiaires et faciliter ainsi leur insertion professionnelle. Ils ont aidés au développement de l’économie sociale et solidaire – le tiers secteur – afin de répondre à des besoins nouveaux ou émergents dans un cadre territorial donné. Ils sont un soutien aux familles ou aux personnes trop éloignés du marché du travail. Par les revenus qu’ils dispensent, ils viennent soutenir la consommation donc l’activité.

Depuis quelques années, on réduit drastiquement l’aide au milieu associatif ainsi que le nombre de contrats aidés. Peut être que la situation économique et sociale d’avant crise permettait de stabiliser voir réduire ces dépenses qu’on peut légitimement ne pas vouloir voir perdurer. Mais lorsqu’on subit la pire crise internationale depuis 1930, ne pas jouer sur ce levier, malgré toutes ses limites et imperfections, relève de l’inconscience…

Note 1 : Moscovici, candidat ?

Note 2 : Le PRG participera à la primaire socialiste

Note 3 : A propos des listes de soutiens

Note 4 : De la légitimité d’une candidature