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27 septembre 2008

Début de polémique: l'itw de Rocard au Parisien

Début de polémique au PS après les propos tenus par Michel Rocard, dans un entretien au Parisien, sur le discours de Sarkozy à Toulon. Voir l’article du Nouvel Obs ici.

Réputé pour son « parler-vrai » et ses prises de positions parfois à contre courant de celles généralement tenues par les principaux dirigeants socialistes, l’ancien Premier Ministre de François Mitterrand surprent toujours, autant qu’il agace certains.

J’ai pour ma part, et c’est pas nouveau, une grande admiration pour ce monsieur. Ca ne m’empêche pas d’être en désaccords avec ses choix et certaines de ces argumentations. En l’espèce, si je regrette son optimisme sur le RSA, je pense qu’on lui fait encore un mauvais procès.

 

Pour qui a lu ses récents livres et suivit ses interviews, les positions de Michel Rocard ne sont pas surprenantes. Je dirai même qu’ils sont dans la continuité de ce qu’il défend depuis des années, en particulier sur les changements de l’économie mondiale et la dangerosité des thèses néolibérales dérégulatrices souvent défendues par les droites américaines et européennes. A ce titre il ne peut qu’applaudir les propos de Sarkozy d’en finir avec le « laisser-faire » et « laissez-passer ».

Mais il ne faut pas oublier qu’on est en période de congrès et que certains socialistes vont user de la sortie de Rocky pour attaquer la motion A, dont le premier signataire est Bertrand Delanoë et dont Michel Rocard est signataire.

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JDD. Sarkozy est-il de gauche?

Michel Rocard. Evidemment non ! Le fait d’être de droite ou de gauche est l’affaire de toute une vie, d’une continuité, d’une grille de choix permanente. Les amitiés et les relations de M. Sarkozy sont clairement dans le grand capital, clairement à droite. Et sa ligne politique aussi : on le voit dans l’inhumanité avec laquelle il traite le problème de l’immigration.

Mais c’est un homme de droite qui a de fortes pulsions réformatrices. Il a envie de changer des choses. Et en tant que président de la République il veut maintenir la cohésion sociale en France. Je rappelle que le revenu de solidarité active (RSA) est une idée sur laquelle nous avons nous-mêmes beaucoup travaillé au Parti socialiste. Et ce RSA correspond trait pour trait à l’allocation compensatrice de revenu que les groupes de réflexion du PS avaient soumise à Lionel Jospin lorsqu’il était Premier ministre.


Le RSA est donc bien une mesure de gauche ?


C’est d’abord une mesure sociale intelligente. Pourquoi vouloir tout étiqueter et classer ? Je suis content de voir resurgir ce revenu de solidarité, mais cela ne fait pas pour autant du président un homme de gauche. La droite française défend de manière inconditionnelle un régime économique nommé capitalisme. Or ce régime a subi depuis trente ans une formidable révolution interne. La croissance et le plein-emploi ont disparu. Le quart de la population est précaire, chômeur ou pauvre. Que même des hommes politiques de droite se rendent compte qu’il y a là une erreur d’aiguillage du capitalisme, c’est la moindre des choses ! Cela n’en fait pas des hommes de gauche pour autant, mais cela rend des convergences possibles.


Quel est le principal critère qui empêche, selon vous, de considérer Nicolas Sarkozy comme quelqu’un de votre camp ?


Cela a toujours été le critère fiscal. Le paquet fiscal a confirmé que Nicolas Sarkozy est un homme de droite.

Mais là, il veut s’en prendre aux parachutes dorés, donc pénaliser les plus riches…

Je l’espère bien ! Henry Ford, qui fut un grand industriel, et qui incarnait la droite paternaliste, disait qu’il ne fallait pas trop de règles dans le capitalisme, mais qu’il fallait, du coup, une éthique. Il trouvait scandaleux que les grands patrons se payent plus de 40 fois le salaire moyen des gens qu’ils commandent. Nous sommes passés aujourd’hui à 300 ou 350 fois plus ! L’équité a disparu, le système n’est plus vendable à des électeurs. Et Sarkozy le comprend parfaitement.

Sarkozy cherche-t-il à brouiller les pistes entre droite et gauche ?

Disons que c’est un homme de droite ouvert. La crise est suffisamment grave pour qu’on respecte ce qu’en dit le président sans y voir, en plus, de la manoeuvre politicienne.

Quelles autres mesures d’inspiration de gauche, comme le RSA, lui souffleriez-vous ?

Pour sortir de la crise, il faut s’attaquer aux paradis fiscaux, développer une régulation financière beaucoup plus ferme, s’attaquer aux rémunérations excessives, limiter les OPA et probablement interdire qu’elles servent à dépecer les entreprises. Sur tout ça, il peut y avoir une grande convergence entre une droite réformatrice et intelligente ce qui est le cas de Nicolas Sarkozy et une gauche non révolutionnaire. S’il y a un sommet mondial, comme il le demande, il y aura sûrement des gouvernements de gauche qui y participeront.

Son épouse Carla peut-elle l’inspirer ?

Oui. C’est d’ordre privé mais c’est tout à fait possible, on est toujours influencé par ceux qu’on aime. La composition du gouvernement avant même l’épisode Carla Bruni avait montré que ce n’est pas un homme sectaire.

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