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25 mai 2010

L'étranger

book_cover_l_etranger_51303_250_400.jpgDepuis quelques temps déjà, je tarde à m'endormir et les nuits sont courtes. L'autre soir, incapable de calmer mon esprit, j'ai pris un des livres entreposés sur ma table de chevet : L'Etranger d'Albert Camus, retrouvé il y a peu dans une armoire lors d'un rangement.

Je dois admettre que je connais peu les œuvres de Camus. J'avais survolé un de ses livres, Le premier homme, en cours de français en classe de Première sans avoir été convaincu. Mais avec le débat lancé il y a quelques mois sur le transfert de son corps au Panthéon a avivé ma curiosité sur l'œuvre du bonhomme.

L'histoire se déroule en Algérie. Monsieur Meursault vient d'apprendre le décès de sa mère, placée en asile il y a quelques années. De l'enterrement de sa mère jusqu'à son exécution en place publique pour homicide, Meursault nous raconte alors son quotidien au travail, dans les rues d'Alger, à la plage, au tribunal, en prison.

Le rythme du récit est vif, rapide parce que le narrateur est minimaliste dans ses descriptions  des événements, les lieux, des gens, des propos échangés. On est frappé par l'indifférence, presque apathique, du personnage au regard des situations qu'il rencontre (enterrement, procès) et des personnes qu'il croise (ses voisins, sa fiancée). Une indifférence qui révèle une certaine naïveté du personnage et le rend étranger à cette terre, ses semblables, lui-même. C'est aussi cette indifférence qui le fait condamner à mort.

Entre les lignes, une réflexion sur la norme sociale, la vie, la mort, la liberté, le destin. L'absurdité de chacun de ces termes. Une œuvre que j'ai pris plaisir à lire, peut être un peu trop rapidement.

01:05 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : albert camus

18 mai 2010

Deux femmes

Il y a quelques mois déjà, je faisais visiter le centre de Toulouse à un de mes cousins d'Espagne de passage en France. En empruntant une rue piétonne, mon regard porte son attention sur deux femmes qui viennent en sens inverse. Elles semblent accompagnées par deux hommes, peut être leurs compagnons respectifs, qui marchent un peu en retrait derrière elles. Les quatre sont d'origine magrébine.

Les deux femmes ne semblent pas avoir le même âge. Je me suis un instant demandé si celle qui paraissait plus âgé n'était pas la mère de l'autre, mais la différence d'âge ne m'a pas paru si importante. La plus jeune, plutôt rondelette, semblait s'approcher des 30, l'autre, plus grande et maigrichonne, plutôt des 40. Mais ce n'est pas impossible que l'écart soit moindre. Les apparences sont trompeuses parfois.

De fait, ce n'est pas leur physique - pas spécialement attrayant à mon gout - qui a retenu mon attention, mais leurs habits si différents. La plus jeune portait un « voile » bleu-mauve qui laissait voir le visage mais couvrait le corps. Je sais que ce n'était ni la burka ni le nikab qu'elle portait (erratum: il semble qu'on appelle ça un  hijab). A l'inverse,  la deuxième femme portait un jean plutôt moulant, des bottes qui lui arrivait jusqu'aux genoux, un chemisier rose qui laissait le nombril à l'air, et une veste jaune fluo.

J'ai trouvé remarquable le contraste entre les deux tenues vestimentaires, et au-delà de l'habit, qui ne fait pas le moine c'est bien connue, ce que cela pouvait signifier sur le rapport des deux femmes au corps. L'une cachant ses rondeurs derrière des habits larges, la seconde « exhibant » des parties de son corps. Mais le plus étrange, c'est cette apparente différence d'âge. On pourrait croire que les femmes les moins favorables au port du voile soient les plus jeunes, or ce n'est pas évident.

Cette observation s'est faite bien avant le débat actuel sur l'interdiction du voile dans les lieux publics. Mais je ne peux m'empêcher de voir dans ces deux femmes, le conflit de valeurs qui anime nos sociétés entre un rapport pudique au corps/à l'image du corps, et l'exhibition de celui-ci. Exhibition largement dominante dans les « lieux publics », au risque d'assimiler le corps à un objet. Il me semble que l'affaire du "voile" (vois-le...) dépasse la seule question de la liberté de la femme par rapport à son époux.

04 mai 2010

Crépuscule

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Février dernier. Plongé dans un quasi comas, un être cher se bat entre la vie et la mort dans un lit d'hôpital. Les diagnostics ne laissent pas place au doute, les jours sont comptés. Douloureuse patience. Interminable entre deux.

Les uns et les autres se relayent au chevet du malade pour se ménager un peu. Entre deux allers-retours à la clinique, on profite de la fin de l'après midi pour partir déambuler dans les rues de Saragosse, histoire de se changer (un peu) les idées.

Non loin de l'appartement de mes oncles, se trouve le site qui a accueilli l'Exposition universelle en 2008 et consacrée au thème de l'eau. Je n'avais pas pu venir la visiter cette année là. On me fait alors une visite guidée basée sur les souvenirs de chacun.

A l'exception de quelques personnes, le site est pratiquement désert. C'est devenu un lieu de promenade. Il n'y a plus rien à voir puisque les pavillons ont été démontés. Reste les bâtisses, parfois l'armature, en cours de réaménagement pour accueillir des bureaux.

En écoutant silencieusement les explications des mes proches, je tente d'imaginer l'ambiance du site, les décors, les spectacles, les pavillons etc. Je suis surtout épaté par l'ensemble des travaux réalisés et des prouesses architecturales (les ponts, la maison de l'eau).

Mais en voyant les lieux vides et les immeubles en travaux, j'ai l'impression de visiter une cité en ruine. Impression renforcé par les retards ou arrêts de travaux de réaménagements en raison de la crise qui frappe sévèrement l'Espagne. C'est comme si la crise avait arrêté soudainement la vie..

Alors que le site a hébergé quelques mois durant toute la diversité des grandes cultures humaines de cette planète, je sens comme une ambiance apocalyptique. Celai me fait penser aux cités désertes martiennes de Bradbury.

C'est drôle ces expositions universelles quand même. Elles excellent notre créativité, manifestent notre folie des grandeurs et en même temps laissent entrevoir ce qui restera de notre espèce au moment de son crépuscule...c'est-à-dire pas grand-chose. L'homme moderne est un homme sans histoire.

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