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28 janvier 2012

Les nouveaux chiens de garde

Ce film documentaire diffusé actuellement au cinéma est inspiré du livre de Serge Halimi, le directeur du Monde diplomatique, publié en 1997. Il a pour sujet central les média et le rôle de ses protagonistes (journalistes, éditorialistes, intervenants divers etc.) dans la promotion et le maintient de l’ordre économique et social dominant.

Alors que les acteurs de ce système médiatique se pensent comme un contre-pouvoir en démocratie - et revendiquent à cette fin leur indépendance, leur objectivité et leur pluralisme - le documentaire s’emploie à démontrer leurs dépendances aux groupes industriels, leurs partis-pris et le manque criant de pluralisme des idées.

Les principales idées du film :

La concentration des média entre les mains de puissants groupes industriels et financiers (Bouygues, Bolloré, Dassault, Lagardère, Pinault, Arnault…) qui n’est pas sans incidence sur leur ligne éditoriale.

Le parcours de socialisation très semblables des principaux journalistes (mêmes origines sociales, mêmes écoles de formation via Sciences Po, HEC, etc)

Les liens très forts entre politiques, industriels et journalistes (symbolisé dans le film par les fameuses rencontres au club Siècle) et le mélange des genres (mariage entre journaliste et politique, les nombreux « ménages »).

Le manque de diversité et de renouvellement des experts économiques comme des journalistes/ commentateurs/ éditorialistes dans le temps, qui pour certains cumulent les postes et les média.

Les liens qu’entretiennent de nombreux experts économiques avec les entreprises font douter de la neutralisé de leurs discours.

Le discours économique homogène (pro-entreprise, pro-réformes, comparatisme européen) des experts, des journalistes, des éditorialistes, des commentateurs.

La mise à l’écart ou la mise dans les rangs des intervenants trop atypiques ou critiques contre le système.

Quiconque a un regard un peu avisé, les arguments avancés dans le film n’ont rien d’extraordinairement nouveaux. Mais l’intérêt du film est qu’il vient étayer ces critiques par l’image, par des exemples et un travail d’investigation. C’est une analyse intéressante de l’évolution des média depuis l’ORTF, et en particulier du discours dominant.

Mais j’émettrai quand même quelques réserves.

L’argumentaire développe une lecture un peu « complotiste » ou globalisante des choses. C’est l’idée que rien n’est hasard et que tout est lié. Le club du Siècle est certainement un lieu de réseaux et socialisation, de là à penser qu’on y décide en sous-mains de l’avenir de la France et des masses.

Ce n’est pas parce que les « experts économiques » n’ont pas prévu la crise et qu’ils sont nombreux à s’être trompés sur les conséquences de la crise, qu’ils sont complètement disqualifiés. Je connais peu d’individus ayant su prévoir la crise de 2008 (Roubini, Jorion, Rocard et encore pas avant 2006) et de nombreux intervenants apparaissent plus prudents dans leurs propos.

Le film fait l’impasse sur la montée du FN (paradoxalement favorisé par les média) et de commentateurs réactionnaires, au discours quand même en opposition avec les partis de gouvernement, soit disant acquis aux intérêts et valeurs des média et des élites dominantes.

Dans une lecture un peu marxisante, le système médiatique est au service de l’économie et du politique, or je crois que le système médiatique a sa propre autonomie et a un rapport avec l’économie et le politique fait de complémentarité et de confrontation.

24 janvier 2012

Le PSOE prépare l’après-Zapatero

Après leur défaite aux élections législatives du 20 novembre dernier où ils ont fait leur plus mauvais résultat depuis le retour de la démocratie, les socialistes espagnols préparent actuellement leur 38ème congrès, prévu les 3, 4 et 5 février prochain.

L’évènement est important puisqu’il marque le début de l’ère de l’après-Zapatero. Ce dernier, secrétaire général du parti depuis 2000, va quitter la vie politique. Et c’est le premier congrès organisé dans l’opposition, après sept ans aux responsabilités.

Valable pour chaque parti politique, le congrès a trois fonctions : renouveler les instances locales et nationales, déterminer l’orientation et la stratégie politique pour les années à venir et choisir un leader ou lui renouveler sa confiance.

Le déroulement d’un congrès du PSOE

Il est intéressant de constater que le PSOE et le PS s’organisent et fonctionnent un peu différemment. Le PS est un parti centralisé, le PSOE un parti fédéral. Le PS fonctionne sur le principe des courants alors que le PSOE n’en compte officiellement qu’un (Izquierda socialista, qui représente la gauche du parti).

Le congrès du PS se déroule schématiquement en trois temps : les contributions (individuelles, collectives, thématiques), le vote des motions qui déterminent la répartition des sièges au sein du Conseil et Bureau National, puis l’élection du Premier secrétaire par les militants.

Celui du PSOE s’organise autour d’un seul texte programmatique, amendable via une commission de travail, et en deux temps : les congrès provinciaux pour choisir les délégués qui vont participer au congrès fédéral. Le secrétaire général est choisi par les délégués, et non par les militants.

Cela dit, je ne crois pas que les fédérations espagnoles aient beaucoup plus de pouvoirs et de libertés que les fédérations françaises. Et si les courants n’ont pas au sein du PSOE le poids qu’ils ont au PS, ils s’organisent également autour de certaines personnalités (Gonzales/ Guerra, Borrell/ Almunia, Zapatero/ Bono, Rubalcaba/ Chacon).

Le retour des débats internes

Généralement lorsqu’un parti est au pouvoir, les débats internes sont très limités quand ils ne sont pas encadrés voir éclipsés par l’action du gouvernement. Et depuis 2008 au moins, et avec l’approfondissement de la crise, la direction de Zapatero m’a l’air d’avoir pas mal verrouillé les débats.

Avec le temps, non seulement Zapatero s’est passé de l’avis des instances du parti mais en plus il en exigeait un soutient total à l’action du gouvernement. Sans exclure un biais journalistique (je lis essentiellement El Pais pour m’informer de l’actualité espagnole et le journal est proche des socialistes), j’ai rarement entendu des voix discordantes au discours officiel du PSOE.

Lorsqu’en mai 2011 Zapatero a annoncé qu’il ne se représenterait pas, espérant sauver les élections municipales, la question de sa succession immédiate a été très vite réglée : on a parlé un temps d’une primaire pour départager Rubalcaba et Chacon, les deux favoris, avant que cette dernière ne soit priée de renoncer au profit du premier.

Depuis la défaite électorale du 20 novembre dernier et la décision d’organiser un congrès dès février 2012 (quand on pense que le PS a mis plus d’un an à organiser son congrès après sa défaite en 2007), il n’y a pas un jour sans qu’un responsable socialiste ne publie ses analyses de la défaite et explique la stratégie à adopter pour l’avenir.

Le duel Chacon/Rubalcaba

Deux candidats briguent la succession de Zapatero à la tête du PSOE. D’une part Alfredo Perez Rubalcaba, 60 ans, ancien ministre de l’Intérieur (2006-2011) et vice-président du gouvernement (2010-2011), chef de liste aux dernières élections. D’autre part Carme Chacon, 40 ans, ex-ministre du Logement (2007-2008) et de la Défense (2008-2011).

Carme Chacon et ses partisans ont publié un manifeste intitulé « Mucho PSOE por hacer ». Tout en revendiquant les avancées de l’ère Zapatero, ils proposent de faire un inventaire de ces années de gouvernement et en particulier de la gestion de la crise. Ils souhaitent une réforme fiscale d’avantage progressiste et un gouvernement économique et démocratique en Europe. Enfin ils militent pour un parti ouvert et travaillant avec la société civile, puis pour l’organisation de primaires citoyennes.

Alfredo Rubalcaba et ses soutiens ont publié un manifeste intitulé « 38 proposiciones y mas ». Ils plaident pour un parti plus à l’image de l’Espagne, de masse (vise les 2 millions d’adhérents), pluriel et intergénérationnel, respectant les identités régionales mais en parlant d’une seule voix. Ils souhaitent un parti plus participatif (via les NTIC) avec notamment l’élection du candidat à la présidence par la voie de primaires citoyennes. Enfin, un parti ancré en Europe et dans l’Internationale Socialiste.

Le premier texte privilégie une démarche politique globale quand le second est centré sur le parti, présenté comme un outil de reconquête. Pour l’instant, à l’issu des premiers congrès provinciaux organisés le weekend dernier, Rubalcaba partirait avec un léger avantage sur Chacon, mais un bon tiers des délégués n’ont pas encore pris position.

Difficile pour ma part de départager les deux candidats. Je connais bien mal Chacon mais je trouve intéressant le principe d’inventaire des années ZP. Elle apparait encore trop sans consistance mais risque surtout de payer sa « catalanité » suite aux bisbilles PSC/PSOE. Rubalcaba est d’avantage expérimenté et c’est un bon contradicteur, ce qui serait utile au Parlement. Verdict dans deux semaines.

20 janvier 2012

Le docile Mario Monti ?

Désigné Président du Conseil de l’Italie (c'est-à-dire Premier Ministre) après le départ en catastrophe de Silvio Berlusconi en novembre dernier, Mario Monti a la lourde tâche de redresser l’Italie, qui reste, rappelons-le, la troisième économie de la zone euro.

Ancien commissaire européen à la concurrence (on lui doit le paquet Monti-Kroes qui encadre, entre autre, les aides publiques), ancien « membre » de Goldman Sachs, son arrivée à la tête de l’Italie est vue comme le symbole de la dérive technocratique de l’Europe.

A peine arrivée, il a fait adopter toute une série de mesures d’austérité (réforme des retraites, du marché du travail, plans de privatisations, réduction des dépenses publiques etc). On se souvient de la ministre du travail s’effondrant en larmes en annonçant les mesures.

Mais dans cette course morbide à l’austérité et à la rigueur, Mario Monti est peut être celui qui a le discours économique le plus intéressant parmi les dirigeants européens actuels. Il plaide pour des politiques ciblant la croissance, des euro-obligations, et une Allemagne solidaire des autres pays de la zone euro.

Là où d’autres dirigeants semblent appliquer les politiques d’austérité sans broncher – Papandréou et son successeur, Zapatero et Rajoy – Mario Monti milite pour une réponse collective et coordonnée, une manière de contester la suprématie et le dirigisme du couple Merkozy.

D’après El Pais, Sarkozy et Merkel vont proposer au prochain sommet européen un paquet compétitivité et croissance, comprenant un plan européen d’apprentissage, un renforcement des moyens des agences de l’emploi, le fléchage des fonds européens vers les pays en difficultés (Grèce, Portugal, Espagne), une harmonisation de la fiscalité sur les entreprises etc.

On est encore loin d’une vraie relance économique à l’échelle européenne (ciblant les secteurs économiques porteurs et des projets industriels transeuropéen) et financée par emprunt (euro-obligations) et/ou une fiscalité communautaire (hausse de la TVA, taxe carbone, taxe Tobin, un point d’IS harmonisé), mais l’idée semble faire son chemin.

16:16 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, europe

10 janvier 2012

Souvenirs de l'euro

Le 1er janvier 2002, l’euro entrait effectivement en circulation et remplaçait peu à peu nos vieilles monnaies nationales. Récemment, le site LeMonde.fr était à la recherche de témoignages ou souvenirs de cette journée là, de ce premier contact avec la monnaie unique.

En janvier 2002, j’étais en Afrique, à Djibouti. Je n’ai donc découvert l’euro que six mois plus tard, une fois rentré définitivement en France. Sans certitude, je crois bien que mon premier achat en euros aura été une place de cinéma (Star Wars, L’attaque des clones).

En revanche je me souviens avoir travaillé en classe, à l’initiative de notre professeur de sciences économiques et sociales, à la préparation d’une conférence sur l’euro. Devant nos parents et quelques curieux, chacun devait faire un petit topo sur la monnaie unique. J’avais bossé sur l’euro et les entreprises.

En ce moment on parle pas mal d’un possible démantèlement de l’euro, accusé un peu vite à mon goût de tous les maux économiques de l’Europe. Laissons de côté les problèmes de gouvernance économique de la zone euro. Je pense à l’acte politique qu’avait constitué l’arrivée de l’euro.

On aime bien nous dire que l’Europe c’est la paix, que la construction européenne nous éloigne des guerres fratricides du XXème siècle. Et c’est vrai. Mais plus le temps passe et moins l’argument a du sens, renouvellement générationnel oblige. Il faut autre chose pour réanimer l’esprit européen.

Pour moi, l’euro (avec Erasmus) est la réalisation la plus concrète de la construction européenne. C’est aussi un outil de liberté. Enfant, je me rappelle de mes vacances en Espagne où l’on utilisait la Peseta, qu’il fallait faire changer de retour en France etc. Avoir une même monnaie facilite nos déplacements et nos échanges.

J’ai conscience que tout le monde n’a pas l’habitude de bouger – outre mes séjours en Espagne de part mes origines, j’ai souvent vécu dans des régions frontalières – mais je reste persuadé que l’euro est la cristallisation des acquis communautaires en matière de liberté et de mobilité.

21:20 Publié dans Récit de vie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe

06 janvier 2012

Les politiques de l’emploi en France

Depuis le déclenchement de la crise financière fin 2008 et le ralentissement de l’activité économique qui en a suivi, la France compte près d’un million de chômeurs en plus. Les faibles perspectives de croissance pour les années à venir éloignent un peu plus l’objectif de « plein emploi » fixé en 2000.

Avec la fin des Trente glorieuses et l’essoufflement des gains de productivité et des taux de croissance, le chômage s’est enraciné en France avec un taux évoluant entre 8 et 12%, malgré quelques périodes d’amélioration (1986-1990, 1997-2001, 2006-2008). La France souffre d’un déficit d’emplois.

La création d’emplois est généralement liée à la croissance économique, c'est-à-dire l’augmentation du PIB produit par un pays donné, d’une année à l’autre. Plus l’économique est dynamique, plus elle tend à créer de l’emploi. On estime à 2-2,5% le taux de croissance nécessaire pour une baisse significative du chômage.

Pour lutter contre la chômage, les gouvernements successifs ont mis en place différentes politiques de l’emploi. Agissant sur l’offre du travail émanant des salariés/ménages ou sur la demande du travail émanant des entreprises, ces politiques visent à favoriser l’embauche ou le retour des chômeurs à l’emploi.

On peut dès lors s’interroger sur les caractéristiques des politiques de l’emploi menées en France depuis une vingtaine d’année, et examiner leurs efficacités respectives.

A cette fin, nous examinerons :

-      La réduction du temps de travail et les allègements de charges sociales (I)

-      La formation professionnelle et les dispositifs d’insertion et d’emplois aidés (II)

-      Les mesures règlementaires et les incitations à la reprise d’activité (III)

 

La réduction du temps et de travail et les allègements de charges.

La réduction du temps de travail.

Au début des années quatre-vingt, pour face à la recrudescence du chômage, certains ont avancé l’idée d’opérer une politique de partage du travail. Ce partage s’effectuant par une réduction du temps de travail ou pas l’exclusion progressive du marché du travail de certaines catégories de personnes.

Arrivée au pouvoir en 1981, le gauche réduit la durée légale hebdomadaire du travail de 40 à 39h. On estime à 40 000 le nombre d’emplois crées par cette première réduction du temps de travail. En parallèle, la gauche abaisse l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans et crée le dispositif de préretraites.

En 1996, la loi de Robien donne une base légale à la négociation et l’expérimentation d’une réduction du temps de travail en échange d’allègements de charges. Les lois Aubry de 1998 et 2000 reprennent et étendent ce dispositif pour abaisser la durée légale du travail hebdomadaire à 35 heures.

La première loi offre des allègements de charges aux entreprises qui réduisent leur temps de travail de 6% en moyenne et embauchent 10% de salariés. La seconde loi offre plus de flexibilité aux employeurs en instituant l’annualisation du temps de travail. Les heures supplémentaires sont surenchéries pour favoriser l’embauche.

D’après une étude de la DARES, on estime à 450 000 les emplois crées à l’occasion du passage aux 35 heures. Mais d’autres études mettent en avant les conséquences en termes de compétitivité, de modération salariale ou de dégradation des conditions de travail (stress, flexibilité).

Les allègements de charges ou du coût du travail.

Les promoteurs de cette politique partent du postulat suivant : l’entreprise va fixer la combinaison des facteurs de production en fonction du coût relatif du travail et du capital. Selon le coût de travail, une entreprise peut préférer substituer le capital au travail, ce qui pénalise avant tout les travailleurs peu ou faiblement qualifiés.

Il s’agit donc par la voie d’allègements des cotisations sociales (charges patronales) de jouer sur le coût unitaire de travail et inciter les entreprises soit à l’embauche soit à ne pas remplacer les emplois par des machines. Il s’agit également de ne pas trop pénaliser l’entreprise dans un contexte de guerre de compétitivité.

Les allègements Juppé puis Fillon opèrent des allègements de charges pour les emplois rémunérés jusqu’à 1,2 – 1,5 fois le SMIC. En 1995, le gouvernement Juppé institue les « zones franches urbaines ». Ce dispositif exonère de charges les entreprises s’installant dans ces zones (quartiers) souvent touchées par le chômage.

La multiplication de ces allègements rend difficile un bilan global de cette politique. Le coût budgétaire, en particulier pour les finances sociales, est assez conséquent. Centré sur les bas salaires, elles favorisent le travail sous qualifié. Les zones franches ont toutefois permis de redynamiser des secteurs très sinistrés.

La formation professionnelle et les dispositifs d’insertion/emplois aidés.

La formation professionnelle.

La formation professionnelle est une politique concourant à assurer l’employabilité des salariés dans le temps, à défaut de protéger l’emploi, dans un contexte de fortes restructurations d’entreprises et de transformations économiques continues.

Depuis son apparition en droit français en 1970, la formation professionnelle s’est beaucoup développée et enrichie : développement du droit individuel à la formation (20h par an cumulable sur 6 ans), congés formation, congés bilan de compétence, congés de validation de l’acquis par l’expérience etc.

Les entreprises de plus de 300 salariés ont l’obligation de négocier tous les trois ans sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, pouvant déboucher sur un plan d’entreprise de formation. La loi 2009 sur la formation et la sécurisation des parcours professionnels renforce le droit à la formation (portabilité des droits).

La principale limite observée à l’encontre de la formation professionnelle, c’est qu’elle bénéficie d’avantage aux grandes entreprises qu’aux PME et TPE, et qu’elle concerne d’avantage les salariés bien formés aux salariés les moins qualifiés, les plus exposés en cas de restructuration.

Les dispositifs d’insertion et emplois aidés.

Les politiques d’insertion et des emplois aidés visent à aider les personnes les plus éloignées du marché du travail, ou à accompagner vers l’emploi certaines catégories de personnes durement touchées par le chômage. Elles regroupent différents dispositifs.

A destination des jeunes, les « emplois jeunes » du gouvernement Jospin sont certainement les emplois aidés les plus emblématiques. D’une durée de cinq ans maximum, ils permettaient de travailler dans le secteur public ou de l’économie sociale et solidaire. La loi Borloo de 2005 a quant elle favorisé l’apprentissage.

De plus en plus exclus du marché du travail et amené à travailler plus longtemps (recul de l’âge légal de départ à la retraite, allongement de la durée de cotisation), les seniors bénéficient d’une attention particulière. En 2008, un « CDD senior » d’une durée de 18 à 36 mois a été institué.

Le « contrat unique d’insertion », fusion du contrat d’accompagnement vers l’emploi (CAE) et du contrat initiative emploi (CIE), est destiné à permettre aux personnes éloignées du marché du travail, un retour rapide et durable à l’emploi.

En dépit de quelques annonces de relance, le nombre de contrats aidés diminue depuis 2007. Leur efficacité en termes de retour durable à l’emploi est souvent contestée. Les personnes en bénéficiant sont parfois victimes de stigmatisation, ce qui affaiblie d’autant plus ces contrats.

Les mesures règlementaires et les incitations à la reprise d’activité.

Les mesures règlementaires : la réforme du droit du travail.

Pour certains économistes, le marché du travail français manquerait de fluidité et de flexibilité. La cause en serait une réglementation du travail trop rigide, ce qui in fine pénaliserait l’embauche et l’activité. Depuis le milieu des années 80, un certain nombre de réformes sont intervenus.

Parmi celles-ci, la suppression de l’autorisation administrative de licenciement, décidée en 1986. Bien qu’accordée dans 80% des cas, cette autorisation allongeait la procédure de licenciement, et retardait donc l’ajustement/ l’adaptation de l’entreprise à la situation économique.

D’autres mesures venues donner plus de flexibilité aux entreprises : l’introduction du CNE (supprimé depuis), faciliter le recours au CDD et à l’intérim, création de la rupture conventionnelle, création d’un contrat de projet (CDD pour cadres de 18 à 36 mois), création du statut d’auto-entrepreneur.

Toutefois le bienfait de cette plus grande flexibilité donné aux entreprises en matière d’emploi n’est pas évident. La législation évolue trop rapidement et crée parfois une insécurité juridique (cas du CNE censé permettre de licencier un salarié pendant une période d’essai de deux ans sans justification).

Le workfare : les incitations à la reprise d’activité.

La multiplication des allocations et subsides sociales, avec des critères d’attribution (notamment de revenu) différentes et une durée de couverture plus ou moins longue, aurait un effet désincitatif sur la recherche ou la reprise d’emploi. Les bénéficiaires de ces aides seraient victimes d’une trappe à pauvreté ou inactivité.

La prime pour l’emploi a été créée en 2001 pour encourager les bas salaires à rester en activité et améliorer leur pouvoir d’achat. Le RSA s’est substitué en 2009 au RMI et à l’API et se compose en RSA socle (ex-RMI) et RSA activité pour aider à la reprise d’activité (casser les effets de seuils).

Afin d’améliorer le taux d’activité des seniors (39% en 2010), plus encore au moment où allonge la durée de cotisation, le gouvernement a cherché à faciliter le cumul emploi-pensions pour les retraités et supprimé les dispositifs pré-retraites. Un système de bonus/malus doit encourager les gens à rester en activité le plus longtemps.

Les premiers résultats du RSA viennent d’être publiés et concluent à un faible retour durable à l’activité. Deux raisons à cela : la crise a détruit de nombreux emplois et offre donc moins de débouchés ; l’entreprise de simplification/fusion des nombreuses allocations n’a pas été mené jusqu’au bout (projet de fusion PPI, RSA, APL etc). Il existe également un risque de paupérisation de ce public.

22:18 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie