Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18 janvier 2011

Démission(s) au Parti du Gauche

J’apprends dans Le Monde que Christophe Ramaux, un des responsables du Manifeste des économistes atterrés, vient de démissionner du Parti de Gauche, le parti de Jean-Luc Mélenchon. Il reproche au PG un fonctionnement interne trop verrouillé et personnalisé, et une ligne politique trop aléatoire et peu sérieuse.

« Je m'imaginais un parti ouvert, où l'on réfléchit, discute, débat (…). Le PG fonctionne, au contraire, comme un petit groupe 'discipliné’ » écrit M. Ramaux, qui regrette par ailleurs des  « phénomènes d'autosatisfaction et de cour en cascade », une « énergie disproportionnée mise à critiquer les médias », et l’absence de réunions de la commission économique chargée d’élaborer le projet.

Mon commentaire :

Sur la démission elle-même: bon, c’est le lot de tous les partis et associations. Des gens viennent, d’autres partent. Au final à peine un pour cent des français s’engagent dans un parti, 8% des salariés sont syndiqués. Je n’ai pas le chiffre pour les autres types d’association.

Sur l’absence (de débats) d’idées : les partis communiquent peu et assez mal sur leurs travaux programmatiques et autres, et les média (télé, radio, presse écrite) s’y intéressent assez peu. Et les partis tendent à externaliser de plus en plus la production intellectuelle aux think tanks.

Sur la discipline partisane : elle reste nécessaire à toute organisation pour cadrer le débat et fixer des limites aux ambitions des uns et des autres. Mais les amis de Mélenchon sont réputés pour être très disciplinés, c'est-à-dire travailleurs (étude de textes en section etc.) mais aussi de bons petits soldats.

Sur la personnalisation du PG : en politique, il y a d’un côté les partis qui se dotent de leaders (via des procédures et combats internes), et de l’autre des leaders qui fondent leurs propres partis. Mélenchon avec le PG, Chevènement avec le MRC, Bayrou avec le Modem, Dupont-Aignan avec Debout la République font partis de ceux là.

En raison de la logique présidentialiste de nos institutions, les partis politiques ont tout intérêt à se doter de leader. Le problème des partis politiques personnalisés, c’est que tout repose sur ces leaders et tout se fait en fonction et au nom d’eux. Et quand ils retirent, le parti ne survit guère longtemps.

De son propre aveu, Mélenchon est un républicain, pas un démocrate. Son attitude vis-à-vis de Cuba ou de la Chine est assez éloquente sur ce point. Il ne vaut guère mieux que les silences du PS ou de l’UMP vis-à-vis de certains gouvernements africains (dont quelques uns de leurs chefs se revendiquent de l’Internationale Socialiste).

16 janvier 2011

Les "grands récits"

J’ai envie de développer un peu plus cette notion de « grands récits » avancée sur le blog de Catherine, à l’occasion d’une discussion sur la stratégie de Mélenchon. Car le concept va en réalité au delà de la seule sphère politique, entendue ici comme les institutions publiques et la compétition pour l’exercice du pouvoir.

De mon point de vue l’Homme se caractérise par sa capacité à donner du sens aux choses (ses propres actions, celles de ses semblables, son environnement) et à se projeter dans un cadre temporel. Autre manière de dire que l’Homme est un être capable d’introspection.

Mais c’est aussi un animal social car il vit avec et par ses semblables. Les logiques de reproduction et de survie dans un environnement hostile sont les deux formes indépassables de dépendance sociale. De cela découle une nécessaire division des tâches sociales et la faculté et nécessité de communiquer. L’introspection passe au niveau collectif et s’enrichie d’une logique de transmission.

A partir du moment où nous avons développé la parole, nous avons élaboré les premiers grands récits. Ces grands mythes venaient expliquer nos origines et tout ce qui est encore inexplicable, et au final exorciser nos craintes de l’inconnue. Au fur et à mesure que les communautés humaines se sont complexifiées, les récits ont normalisés les coutumes sociales et légitimés les sanctions de leur inobservation.

Toutes religions et croyances reposent sur un grand récit. Leur institutionnalisation est le fruit des transformations successives des communautés : la sédentarisation a favorisé la constitution des lieux de cultes en faveur des divinités localisées à formes humaines ; l’écriture a facilité la transmission de la mémoire collective (l’histoire orale se précise par l’écrite) et l’uniformisation de la doctrine religieuse (écriture des Livres des grandes religions) ; et la centralisation du pouvoir politique.

La question du pouvoir est présente dans toute société, elle précise le processus de décision collective et son effectivité. Les institutions politiques et religieuses en Occident (au moins) vont se construire en parallèle : le pouvoir royal se donne une nouvelle légitimité (l’oint de Dieu) et en retour les institutions religieuses étendent leur champ d’influence, voir obtiennent une situation de monopole spirituel.

Avec les révolutions américaines et françaises, on sort petit à petit du grand récit royal et du sacré. La philosophie des Lumières, le culte de la Raison et l’avancée des sciences contribue à la sortie de la religion. On glisse vers la souveraineté nationale, qui légitime le nouveau régime (la République) tout en s’inspirant des vieux récits pour le consolider : cultes mémoriels, cérémonies républicaines, hymne national, drapeau etc.

Tout au long du XIXème siècle, les républicains et les monarchistes développent chacun un grand récit pour convaincre et se rallier la masse du peuple encore peu alphabétisé, dans un contexte d’extension du suffrage universel. La consolidation du régime républicain et l’arrivée de la question sociale feront émerger les grands récits socialistes. La Première guerre mondiale et l’incapacité des démocraties libérales à enrayer la crise des années 30 donnent de la voix aux tenants des grands récits totalisants fascistes et soviétiques.

Le gaullisme représente aussi une forme de grand récit, qui a permis d’une part, d’incarner la voix de la France résistante et exorciser la défaite de 1940 et la Collaboration ; et d’autre part justifier la Vème République avec un exécutif fort, un parlementarisme rationalisé, et conceptualiser un positionnement politique qui se veut au-delà des grandes idéologies (ou modèles de société) en France comme à l’étranger.

On devine également un autre grand récit pour accompagner la conquête du pouvoir par la gauche (« la rupture avec la capitalisme pour changer la vie avec l’union de la gauche ») ou expliquer les aléas liés à son exercice. Le fameux tournant de la rigueur a donné lieu à diverses interprétations.

Certains disent que les socialistes, sous l'influence des sociaux-libéraux et des acteurs financiers, ont renoncés à leur projet de rupture avec le capitalisme de 1981. Ils parlent de renoncement politique à l’origine, selon eux, du désenchantement du peuple de gauche. On compte parmi les tenants de cette thèse les amis de Chevènement (voir son dernier livre) et les amis de Mélenchon. Les trotskystes font plus simple encore : les socialistes sont par nature des sociaux-traites et réformer le capitalisme est une impasse.

Les socialistes réformistes ou sociaux-démocrates (revendiqués ou non) expliquent que le tournant de la rigueur symbolise la conversion des socialistes au réalisme et aux responsabilités qu'incombe le pouvoir. Mais comme certains ont eu du mal à assumer le changement de cap, on a parlé de parenthèse. Comme disait l’autre, on ne sort de l’ambigüité qu’à son détriment. C’est à partir de cette époque qu’on a clairement insisté sur le grand récit européen comme récit de substitution.

L’extension et la diversification des média de masse d’une part, et l’individualisation des rapports et besoins sociaux d’autre part, a changé les règles de communication politique classique. A la trilogie classique « reconnaissance d’un problème/ analyse/ préconisation d’une solution », on a substitué la suivante « capter l’attention/  stimuler le désir de changement/ emporter la conviction par l’utilisation d’arguments raisonnés », doublé d’une mise en scène croissante du personnel politique.

Mais le développement du storytelling, dernier avatar de la communication politique professionnelle, laisse apparaitre plus une transformation des « grands récits » que leur disparition. Les « grands récits » n’ont pas vocation à raconter des histoires aux pauvres crédules que nous serions, mais à expliciter notre histoire présente et commune à tous les individus de ce collectif qu’est la société. Il n’y a pas de vérités ou de mensonges mais seulement un rapport intellectualisé et émotif aux évolutions du grand monde, capable de fédérer une majorité.

C’est la raison d’être supérieure du politique : faire société, rassembler et utiliser les synergies individuelles pour conduire autant faire ce peu le changement incessant du monde. Or aujourd’hui les politiques font fasse à plusieurs défis :

-      Les avancées scientifiques ne cessent de réduire le champ de l’inconnu et de l’inexplicable jusqu’ici mystifié (le désenchantement du monde) ;

-      Les grands systèmes de pensée ne sont plus opérants dans la durée et dans les cas particuliers (la pensée complexe) ;

-      L’économisme et la quantophrénie sont les nouvelles vaches sacrées

-      Le consumérisme et la marchandisation du monde réduisent le lien social à une forme de compétition permanente..

Il y a d'autres choses encore certainement...

Ceux qui croient au récit du renoncement et de la trahison se racontent des bobards et se condamnent, s'ils reviennent aux responsabilités, au reniement le plus complet. Les vieux récits ne sont rien d’autres que des refuges.

Ma famille politique – le socialisme démocratique – a renoncé à proposer un grand récit fédérateur. Le récit européen est un substitut insuffisant dès lors que rien n’est fait pour aller vers une convergence par le haut, au-delà des cadres nationaux certainement pas immuables et indépassables à mes yeux. Le malaise de la gauche européenne vient de là pour partie.

M'enfin tout cela n'est que mon propre récit des « grands récits »…

13 juin 2009

Retour sur les résultats des européennes 2009

Me voilà de retour après cinq jours en déplacement à Pau. Bien qu’un peu épuisé par des journées de travail assez longues – obligation de finir le chantier pour aujourd’hui – je suis content de m’être déconnecté du net quelques jours et surtout, d’avoir pu changer totalement d’environnement après trois semaines de relatif farniente à la maison. Toutefois, ces vacances – au sens premier du terme – ne m’ont pas empêché de penser un peu aux résultats des élections européennes du weekend dernier.

L’enjeu majeur de ces élections, en tout cas tel que je l’ai appréhendé en tant que citoyen, était de savoir quelle majorité politique nous souhaitions, pour les cinq ans à venir, au Parlement européen (PE). Concrètement, le scrutin européen consistait à choisir entre la reconduction des conservateurs (rassemblés au sein du Parti populaire européen), adeptes de la non-intervention de la puissance publique dans l’économie et réticents à l’approfondissement de la construction politique de l’Europe, et les forces de gauche, avec en tête les socialistes européens. Ces derniers, pour la première fois depuis l’élection du PE au suffrage universel, ont proposés un texte commun-programme, le Manifesto, pour un véritable changement en Europe.

Les urnes ont parlées. L’abstention est la grande gagnante de cette élection (en qualité d’assesseur le jour du vote, j’ai bien vu que les gens de ma commune ne se bousculaient pas pour voter), les européennes ne passionnant décidément pas les peuples européens, même ceux qui « profitent le plus » de l’Union européenne. Mais sur le plan électoral, la droite reste majoritaire au PE et gagne même des sièges. Les libéraux (ADLE) et les Verts progressent un peu. Les grands perdants restent les socialistes. En France le PS, loin derrière l’UMP et talonné par Europe-Ecologie, enregistre un de ses plus mauvais résultats électoraux. Il perd la moitié de ses élus par rapport à 2004. Je dois avouer que je n’imaginais pas qu’on pourrait tomber si bas. Cela dit je ne m’attendais à pas un grand score non plus.

Après le temps de la déception, vient le temps de l’analyse, de la compréhension de ce résultat. Il faudra bien en tirer des leçons pour l’avenir. Au niveau du résultat européen, je retiens trois facteurs pouvant expliquer le mauvais score du PSE. D’abord la mauvaise image des partis socialistes/sociaux-démocrates dans les « nouveaux » entrants, où le socialisme est encore assimilé au communisme soviétique (j’ai pu le vérifier en parlant politique avec mes amies polonaises). Ensuite, le nombre de sièges par pays étant accordé selon le critère démographique, la défaite (ou stagnation) des socialistes dans les « grands pays » (Allemagne, France, Italie, Grande-Bretagne, Espagne, Pologne) entraine une baisse automatique sur le nombre total d’élus socialistes au PE. Enfin, malgré une crise économique et financière qui réhabilite les idées de régulation et du rôle de la puissance publique dans l’économie, thèmes chers aux socialistes, ces derniers ne parviennent pas à se faire entendre et à se démarquer suffisamment de la droite, quand ils ne sont pas désignés comme coresponsables de la dite crise pour leur gestion de l’économie dans les années quatre vingt dix.

Le faible score du Parti socialiste français peut s’expliquer par au moins cinq raisons. Ces raisons n’ont pas le même poids : certains facteurs sont structurelles, d’autres conjoncturelles, certains sont prédominants quand d’autres sont marginales.

Il y a d’abord ce que j’appelle l’effet balancier : lorsqu’un des grands partis recueille le plus de sièges à une élection, il lui est difficile d’égaler et encore plus d’augmenter son résultat à la prochaine élection. Du coup, il part « perdant » et il y a comme un effet de balance qui joue en faveur de son concurrent. C’est ce qui est arrivé à la droite aux municipales l’année dernière par rapport au très bon score de 2001. C’est ce qui est arrivé au PS aux européennes et c’est ce qui l’attend vraisemblablement demain aux régionales.

La désunion des socialistes peut être une deuxième raison de cette défaite. Le congrès de Reims en novembre dernier n’a pas permis de réaliser la synthèse – que tous les acteurs condamnaient – ou de dégager une majorité franche, le parti étant grosso-modo coupé en quatre forces à peu près égales. L’élection du Premier secrétaire n’a pas davantage aidé à la clarification puisque la victoire de Martine Aubry sur Ségolène Royal s’est jouée à quelques voix. Un si faible écart de voix et l’arbitrage de la commission de recollement, dont la composition est basé sur le score des motions, n’a pas donné une légitimité suffisante à Martine Aubry. Les accusations mutuelles et publiques de tricheries et les menaces, elles aussi publiques, d’action judiciaire ont porté un coup à la crédibilité politique et électorale du PS. La composition de la direction du PS n’a pas reflété le poids obtenu par chaque motion à Reims alors qu’en l’absence de majorité, c’était la solution la moins mauvaise. Pendent près de six mois, quelque soit le travail et la position du PS, il s’est toujours trouvé un socialiste pour venir dans les média en faire la critique : Rebsamen vis-à-vis du contre plan de relance, Lang vis-à-vis de la loi d’Hadopi, Collomb ou Peillon vis-à-vis du déroulement de la campagne des européennes… Durant cette campagne, certain(e)s militants ont fait le service minimum, quand d'autres étaient aux abonnés absents. Comment peut-on avancer dans ces conditions ?

Troisièmement, la campagne socialiste a connu des ratés. L’organisation des meetings manquait de préparation. Pour ne prendre qu’un exemple, le meeting de lancement de campagne à Toulouse a été décidé à peine trois semaines avant, et les tracts à distribuer à cet effet ont été livrés à la fédé quasiment la veille ! Seuls deux tracts nationaux (à ma connaissance du moins) ont été prévus pour toute la campagne avec un message insuffisamment mobilisateur. L’appel au vote sanction (à Sarkozy et à Barrosso) ne constitue pas un vote positif (« en faveur de ») et porteur d’espoir, mais un vote par défaut. Outre que la logique était reprise par d’autres partis, elle ramenait la campagne à une dimension trop nationale. Toutefois, lorsqu’on voit les satisfecit de la droite le soir des résultats (« Tout le monde dit I love you à Sarkozy » selon Karoutchi, « un soutien aux réformes du gouvernement » pour d’autres), on peut se demander si ce n’était pas pertinent au regard des principes. Il me semble que le PS a insuffisamment mis en valeur le Manifesto et ses propositions pour les 100 jours à venir. Enfin, il s’avère que le bulletin de vote pour les listes PS n’était si facilement identifiable.

Par ailleurs, je pense que les socialistes français ont payés la fracture européenne du référendum de 2005 (ouiste et noniste) et l’adoption du traité de Lisbonne par voie parlementaire en 2007. Certes, le camp du non de gauche en 2005 (une partie du PS, le PC, la LCR, LO, MDC, altermondialistes), qu’il est difficile d’identifier aujourd’hui tant la configuration politique a changé, n’a pas recueillis autant de voix qu’on ne l’aurai cru (Front de gauche, LCR, LO), mais le départ de Mélenchon de la famille socialiste a sans doute contribué à éloigner quelques voix – à mon avis les plus politisés – du vote socialiste. Quant à l’adoption du traité de Lisbonne par le Parlement français, il est considéré comme une confiscation de la démocratie. Pourtant Sarkozy avait été clair sur le sujet pendant les présidentielles : il négocierait un mini-traité par voie intergouvernementale (sans passer par la case comité paneuropéen et non politique comme ce fut pour le TCE) et le ferait adopter par voie parlementaire. Le PS, qui n’en a pas été l’initiateur et n’avait pas son mot à dire quant au choix du mode d’adoption, ne pouvait pas faire grand-chose de plus.

Enfin, malgré l’élaboration et la proposition d’un texte-programme commun à tous les partis socialistes, sociaux-démocrates et travaillistes européens, la campagne des socialistes européens, déclinée et adaptée à chaque pays et culture nationale, a cruellement manqué de coordination. Alors que l’élection du Parlement européen devrait mettre en valeur un intérêt général européen, chaque parti semble rester sur la défense du statut quo européen (co-gestion entre le PSE et le PPE) et la logique de ses intérêts nationaux (en particulier lorsque le parti est au gouvernement). Les socialistes européens avaient beau appeler à changer la majorité du PE et à une nouvelle composition de la Commission, ils ont été incapables de s’accorder sur le nom d’une personnalité alternative à celle de Barrosso. Pire ! Les socialistes espagnols et portugais, les travaillistes anglais et les sociaux-démocrates allemands ont soutenu plus ou moins ouvertement la candidature de Barrosso : les Portugais par solidarité nationale ; les Espagnols pour conserver deux puissantes commissions (sauver la place à Joaquim Almunia et à Javier Solana) et préparer la présidence espagnole de l’UE prévue de janvier à juillet 2010 ; les Anglais pour s’assurer que la Commission ne viendra pas réglementer la finance européenne dont la City est la pierre angulaire et le moteur de la croissance britannique ; les Allemands enfin, pour s’assurer une répartition à peu près égale des postes européens revenant à l’Allemagne entre la CDU et le SPD qui forment actuellement un gouvernement de coalition. Sans doute que le PS français a eu tord de focaliser sa campagne sur la personne de Barrosso mais avec des alliés pareils, il est difficile de croire en une alternative politique.

Et maintenant ? J’ai beau ne pas être très optimiste sur l’avenir du PS comme force alternative au sarkozysme, je ne participerai pas à l’autoflagelation ambiante, exercice qu’affectionnent certains camarades, ni à l’écriture de scénario de politique-fiction de ceux qu’on appelle encore aujourd’hui, « journalistes ». Ceux qui au PS croient qu’il faut un nouveau congrès ou qu’avec une autre personnalité à sa tête on aurait fait mieux, n’ont visiblement rien compris. Royal sans les hommes et femmes fortes du PS, qu’elle a volontairement écarté par rejet de la « jospinie », n’a pas pu gagner en 2007, Aubry et les autres n’ont pas pu gagner davantage les européennes sans Royal et ses amies. De mon expérience militante locale, j’ai appris qu’on ne peut pas fonctionner en écartant les uns et les autres selon sa convenance personnelle. L’Unité et la solidarité militante est la condition première d’un retour des socialistes. Mais l’ambiance est tellement pourrie qu’elle semble compromise, voir improbable. Le retour des socialistes ne peut passer que par un vrai travail de refondation – organisationnelle et programmatique – du plus vieux parti de France. Mais le verbe n’est pas l’action, et on attend du PS qu’il fasse ce travail et cesse de rester dans l’incantatoire (« y’a qu’à », « faut qu’on »).

Garder son esprit critique sur son propre parti est nécessaire, n’avoir que la critique à l’esprit est par contre suicidaire d’un point de vue collectif. L’ambiance nationale et locale font que je ne suis pas certain de rester militant socialiste encore très longtemps. On verra…