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17 décembre 2009

Entre-deux, entre soi.

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*

Entre le battement et l'épuisement, un cœur en débat.

Entre le souvenir et l'oubli, une mémoire en question.

Entre l'éphémère et la durée, un instant vécue.

*

Entre l'examen et le résultat, une attente prolongée.

Entre le projet et le retard, un contretemps survenu.

Entre Barcelone et Madrid, un possible à saisir.

*

Entre le bonheur et la tristesse, une émotion exprimée.

Entre l'espérance et la désillusion, une âme en quête de sens.

Entre la pensée et le mot, le portail du silence à franchir.

...

23 novembre 2009

Parti bien jeune…

On ne prête pas toujours attention aux faits divers de nos canards locaux. Je n'ai pas l'habitude de les lire. L'appellation même de cette rubrique suggère d'ailleurs que les évènements qui y sont rapportés sont peu importants, d'une certaine banalité, tant ils font partie des aléas de la vie.

Quand on y apprend le décès d'une connaissance, on voit alors les choses différemment. Cédric S., 18 ans, s'en est ainsi allé. Un stupide accident de voiture. Le conducteur du véhicule où il siégeait en passager arrière, a cherché à éviter deux chiens qui se baladaient sur la route. Un autre véhicule, peut être, se trouver en face.

Le gamin avait travaillé comme apprenti pendant deux ans dans l'entreprise de peinture de mon oncle. Il l'avait quitté fin juillet, à la fin de son contrat, pour rentrer dans l'armée de terre. Pour être franc, son départ était vécu comme un soulagement. D'abord la crise économique a vu ralentir l'activité dans le bâtiment et il n'est pas possible de mettre fin par anticipation les contrats d'apprentissage. Ensuite, et surtout, c'était un incorrigible étourdie.

Ah le bougre ! Il en faisait voir de toutes les couleurs à mon oncle-chef d'équipe, pourtant d'une grande patience et d'une gentillesse qui lui est parfois reproché. Il oubliait la gamelle du midi, il perdait du matériel, il arrivait parfois en retard au boulot à cause de sa moto voir ne venait pas de la journée. Il multipliait les gaffes, écoutant les consignes de mon oncle pour les oublier cinq minutes après. Et bien sur, il justifiait toujours ses bourdes par une cause extérieure...

Forcément, les autres gars de l'entreprise se moquaient facilement de lui. C'était presque un petit jeu : quelle connerie va-t-il encore faire aujourd'hui ? Les quelques fois que je l'ai croisé, je rigolais de l'air désespéré de mon oncle. C'était moins marrant quand l'un des salariés, anciennement apprenti, se prenait pour le petit chef et lui cassait les couilles pour un oui, pour un non. Mais la vérité, c'est que Cédric n'avait pas mauvais fond. Ses conneries, ses absences n'étaient pas calculées, pas intentionnelles. C'était simplement un gamin qui pensait qu'à s'amuser après le boulot avec ses amis et qui réalisait pas encore qu'il était entré dans le monde du travail.

Mon oncle m'avait dit de lui qu'il était tellement inconscient, qu'il allait mourir jeune. Il ne pensait pas avoir raison. Je sais ce soir qu'il se mord les doigts d'avoir penser et dire cela, le pauvre. En tout cas, en dépit de l'opinion parfois très sévère que les uns et les autres portaient sur le môme, sa disparition n'a pas laissé indifférent. Quoi de plus normal après tout, deux ans passés ensemble, ça créer des liens. Et puis c'est une petite entreprise.

Le peu de temps que j'ai bossé avec lui, quelques semaines ici ou là, je sais qu'on s'entendait bien. J'avais l'impression qu'en raison de mes études, il me voyait comme un peu à part et avait un certain respect peut être, et qu'en raison de ma simplicité, il m'appréciait. C'est sur que je m'adressais à lui avec plus de finesse et de gentillesse que d'autres. Mais je ne me voyais pas non plus faire mon petit chef. C'était plus des défis collectif « aller Cédric, on met tant de temps pour se faire ce portail ». Bien sur, je le charriais aussi, c'est un peu l'ambiance, parfois je le faisais marcher, mais sans jamais de méchanceté.

Je repense à ces quelques petits instants de vie sociale commune. Trop courts pour m'apparaitre comme de la franche camaraderie, trop peu personnel pour avoir été une réelle amitié. Il fera partie de ces gens que j'ai croisés furtivement dans le BTP et que j'ai eu plaisir à rencontré et à côtoyer. En tout cas, son brusque départ me refait penser que la voiture n'est pas un jouet et qu'il convient de l'utiliser avec prudence.

21 octobre 2009

Un air d'Orange Mécanique

 

Il y a quelques semaines de cela, à la suite de quelques faits divers, de nombreux responsables politiques se sont précipités sur les plateaux télé pour se prononcer en faveur de la castration chimique des délinquants sexuels, ou pédophiles condamnés. A ce moment là, je n’ai pu m’empêcher de penser à Orange Mécanique, le roman d’anticipation ou de contre-utopie d’Anthony Burgess, magistralement porté à l’écran par Stanley Kubrick en 1971.

 

Orange mécanique c’est l’histoire d’un antihéros, Alex, qui retrace ses exploits de délinquants (passage à tabac d’un SDF, baston entre gang, alcool, viols, vol etc.) jusqu’à son arrestation et incarcération. Afin de pouvoir sortir plus vite de prison, il se porte volontaire pour suivre un traitement médical qui le conditionne à renoncer à tout désir de violence. Mais à sa libération, on assiste à un renversement de situation, car il se retrouve désarmé et victime face à la violence symbolique et physique de ses anciennes victimes.

 

L’œuvre d’Anthony Burgess, loin d’être une ode à la violence comme on l’accusait de l’être à la sortie du film (Kubrick avait pris quelques libertés avec le livre qui selon moi change la lecture de l’œuvre), est une réflexion sur l'origine et l'expression de la violence symbolique et physique, individuelle et collective, privée et d’Etat. La récupération politique des actes de délinquances, partie intégrante de la seconde partie de l’histoire, est quand même d’actualité. Je pense d’ailleurs qu’une nouvelle adaptation cinématographique de l’œuvre est possible voir souhaitable.

 

De fait notre façon de penser la violence, qui peut se manifester par la délinquance juvénile, sexuelle, etc., et la manière dont on entend la traiter, est très révélateur des valeurs d’une société et de son niveau de maturité civilisationnelle. Il me semble que c’est Michel Foucault qui a montré que la violence (monopole d’Etat) tendait avec le temps à « s’adoucir » (il renonce à son droit de vie et de mort sur ses sujets) et à être circonscrite dans un espace toujours plus éloigné du grand public.

 

La pédophilie est un acte détestable et le désir de justice des victimes et des familles est on ne peut plus normal. Mais dans ces affaires là il me semble que la justice ne peut amener réparation, et que les victimes doivent apprendre à se reconstruire que la justice soit rendue ou non. Cela prend du temps et c’est quelque chose de personnel, je suppose. Bien sur une condamnation de justice participe, j’imagine là aussi, à ce processus de reconstruction, mais ce n’est pas une condition suffisante. Je crois que les pouvoirs publics sont impuissants face à ce phénomène car il est difficile à s’adapter à l’identité de chacun.

 

La réponse au problème de pédophilie ne peut pas être pénale et médicale. Il me semble que la confusion des genres est une atteinte aux droits. C’est une double condamnation : on purge sa peine et on est à nouveau condamné pour quelque chose qu’on est censé avoir payé. Un lecteur du Monde sur un article traitant de ces questions avait posé le problème avec, me semble-t-il, intelligence. Soit la pédophilie est un acte de délinquance, auquel cas la réponse pénale est adéquate et on peut imaginer alourdir la peine. Soit la pédophilie est une maladie auquel cas le traitement médical, la castration chimique par exemple, sur une durée longue et dans un établissement particulier, serait plus judicieux.

 

Ce ne sont là que des réflexions générales et je ne revendique pas avoir compris tout les tenants et aboutissants d’un problème assez grave, ni d’avoir les solutions miracles. Il est clair que le fait d’adopter l’une ou l’autre de ces approches entraine un nouveau débat sur les définitions puis les moyens d’y répondre.

29 septembre 2009

Suis-je cynique et désabusé ?

Je ne peux m’empêcher de me poser ce genre de questions. On ne se refait pas, je fonctionne comme ça, je crois. A un moment donné dans mon quotidien, je ressens toujours le besoin de sortir le nez du guidon et de m’interroger sur le sens des choses, celui des propos et des actes des autres à mon égard ou en en général, celui que j’assigne à ma propre parole et à mes propres actions au regard de certains principes ou des objectifs fixés ou latents, sur la façon dont ils peuvent perçus par les autres etc.

Signe d’hypersensibilité ? D’un manque de confiance en soi ? D’un manque de confiance envers les autres ? Sans doute il y a de tout cela dans ma démarche cognitive. Je crois surtout que c’est parce que je me sais par moments complètement indifférent aux évolutions du monde et aux situations des gens, prétentieux et pleins de certitudes, trop confiant dans les autres au point de trop m’exposer et de leur donner plus que ce qu’ils ne semblent prêt à donner (approche très individualiste je reconnais), que j’éprouve ce besoin d’avoir du recul. C’est une sorte de réflexe, de besoin d’équilibre entre deux attitudes « extrêmes ».

La question du cynisme et de la désillusion concerne en fait mon engagement politique.

En effet, je me suis rendu compte, au fil de quelques discussions entre amis, que je n’étais pas très clair sur le pourquoi de mon adhésion et de ma présence au PS. Envie de matérialiser des idéaux ? Je pense que j’ai plus de principes que d’idéaux (j’en revendique quand même !), ma formation en sciences politiques m’ayant ôté mes grandes illusions. Je sais en outre que les politiques menées par mon parti sont parfois bien loin des idéaux affichés. Envie d’être élu ? Je suis trop introverti et trop frileux pour cela. Plan de carrière ? Bof, avoir sa carte aide marginalement à décrocher un job dans les ministères ou dans les collectivités, sauf à constituer et entretenir un réseau et revendiquer une compétence, ce que je ne fais pas.

Par ailleurs, j’ai pris conscience que j’avais coutume de parler du PS à des gens extérieurs (amis ou parents) dans des termes peu positifs*. Loin de rejoindre la position de certains « camarades » (royalistes notamment), ou d’observateurs (un peu) politisé, qui consiste à taper sur telle personne, tel courant, voir la direction pour mieux mettre en valeur mon candidat, mon courant (je n’en ais pas), je dessine en fait, dans les grandes lignes, le fonctionnement interne du PS. J’adopte le principe du « parler vrai » non pas pour décourager les gens de voter ou venir au PS, mais pour leur présenter la « société des socialistes » telle que je la vois. Mais sans nécessairement juger sur le plan moral ou de l’éthique. Les personnes importent moins que leurs contributions au fonctionnement structurel du système. Or ce faisant, je peux donner l’impression d’être amoral, cynique, « pourrie », ceci d’autant plus que je n’ai pas émis d’avis sur le livre récent sur le congrès de Reims (que je n’ai pas lu mais dont l’hypothèse centrale interroge).

Je pense que ma philosophie, mon approche, est résumé dans le commentaire suivant que j’ai posté sur le blog de Moscovici à l’adresse d’un (ex-)militant :

« Le PS, comme toutes les organisations sociales, est un champ de luttes. Oui, il y a une tendance oligarchique (démontrée par Robert Mitchels) et bureaucratique (le propre d'une institution qui prend de la bouteille et qui s'installe durablement). Oui, on s'y bat pour des places. Oui, il y a des rapports de forces. Oui, il y a un système de réseau. Oui c'est décourageant, quand on est non-initié et un peu idéaliste... Les partis comme machines à produire de la déception. Mais c'est la vie, on retrouve ça partout ! Soit on accepte cet état de fait et on se bat à sa manière et à son niveau pour le changer. Soit on tire sa révérence parce qu'on ne veut pas se compromettre mais en sachant qu'on retrouvera cela à peu près partout. »

Partir d’un constant lucide pour tenter d’arranger cela, lorsque c’est possible, à son humble niveau, en gardant à l’esprit ses principes et ses idéaux. Telle est en tout cas ma ligne de conduite, auprès de mon secrétaire de section, dans mon « militantisme » local. Après, c’est une question de temps et de courage… Alors cynique et désabusé ? Non, mais optimiste raisonné oui J.

* Néanmoins, je n’écarte pas non plus ce que je crois être les bons aspects du PS.

20:25 Publié dans Réflexion du jour | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ps

06 juillet 2009

Entre-deux

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Mais où allons nous ? Vers la lumière ou bien vers l'obscurité ?

En attendant l'entre-deux.

Le théatre des ombres, la caverne de Platon.

Il est difficile en ce moment de penser l'avenir avec optimisme.

. . .

L'horizon s'est éclairci un temps. Le brouillard est de retour.

Muad'Dib a perdu le pouvoir de préscience. Il est aveugle.