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15 mai 2011

Désintégration ?

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J'apprends ce matin l'arrestation de DSK par la police de New York pour agression sexuelle présumée. Certains cachent mal leur plaisir de voir le "candidat favori" du PS et de la gauche face à Sarkozy, tomber. François Bayrou, Bernard Debré et Marine Le Pen sortent les couteaux et piétinent au passage le principe de présomption d'innocence.

De toute façon dans la sphère politico-médiatique d'aujourd'hui, on est présumé coupable d'entrée. Et si par chance, on est lavé de toutes accusations par la justice, il restera des soupsons, des non-dits, comme quoi la justice n'aurait pas fait son travail correctement. Le mal est fait.

Et maintenant ? Soit, on découvre dans les deux mois qui viennent qu'il s'agit d'un coup monté, et alors DSK pourra concourir aux primaires, plus ou moins renforcé ou affaibli selon l'impact de l'affaire sur les consciences. Soit, l'affaire n'est pas réglée ou pire, sa culpabilité est avérée, et alors c'est fini pour lui... et pour nous en 2012.

12:14 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : dsk, média

23 avril 2011

Les Trois Lois de la Politique

Petit clin d'oeil à Isaac Asimov et ses Trois Lois de la Robotique. Mais plus que des "lois", au sens des sciences sociales plutôt qu'au sens des sciences dures, ce sont surtout les trois conclusions que j'ai tiré de l'observation des rapports du Politique aux Média.

- On ne meurt jamais définitivement en politique, sauf à y renoncer une fois pour toute. Et l'histoire politique a montré plusieurs cas de rebondissements et retours inattendus (Mitterrand, Chirac etc).

- Plus on est exposé médiatiquement et plus on s'use politiquement. Le rythme médiatique est mortifère. Sarkozy a tenté la saturation de l'espace médiatique au début de son mandat, ça n'aura pas durer.

- Tous les hommes et femmes qui font la surprise politique d'une élection à un moment donné, ne peuvent pas tenir la distance éternellement. Les attentes et sollicitations médiatiques à leurs endroits leur font perdre toute "originalité" avec le temps. On ne peut pas être deux fois l'outsider.

Dans Ethique et Démocratie, Michel Rocard analysait très bien l'influence des média sur le rythme politique en général et le comportement des politiques en particulier. Sa conclusion est sans appel: les média, dont l'indépendance et le pluralisme sont une garantie de démocratie, sont paradoxalement en train de tuer la démocratie.

18 janvier 2011

Démission(s) au Parti du Gauche

J’apprends dans Le Monde que Christophe Ramaux, un des responsables du Manifeste des économistes atterrés, vient de démissionner du Parti de Gauche, le parti de Jean-Luc Mélenchon. Il reproche au PG un fonctionnement interne trop verrouillé et personnalisé, et une ligne politique trop aléatoire et peu sérieuse.

« Je m'imaginais un parti ouvert, où l'on réfléchit, discute, débat (…). Le PG fonctionne, au contraire, comme un petit groupe 'discipliné’ » écrit M. Ramaux, qui regrette par ailleurs des  « phénomènes d'autosatisfaction et de cour en cascade », une « énergie disproportionnée mise à critiquer les médias », et l’absence de réunions de la commission économique chargée d’élaborer le projet.

Mon commentaire :

Sur la démission elle-même: bon, c’est le lot de tous les partis et associations. Des gens viennent, d’autres partent. Au final à peine un pour cent des français s’engagent dans un parti, 8% des salariés sont syndiqués. Je n’ai pas le chiffre pour les autres types d’association.

Sur l’absence (de débats) d’idées : les partis communiquent peu et assez mal sur leurs travaux programmatiques et autres, et les média (télé, radio, presse écrite) s’y intéressent assez peu. Et les partis tendent à externaliser de plus en plus la production intellectuelle aux think tanks.

Sur la discipline partisane : elle reste nécessaire à toute organisation pour cadrer le débat et fixer des limites aux ambitions des uns et des autres. Mais les amis de Mélenchon sont réputés pour être très disciplinés, c'est-à-dire travailleurs (étude de textes en section etc.) mais aussi de bons petits soldats.

Sur la personnalisation du PG : en politique, il y a d’un côté les partis qui se dotent de leaders (via des procédures et combats internes), et de l’autre des leaders qui fondent leurs propres partis. Mélenchon avec le PG, Chevènement avec le MRC, Bayrou avec le Modem, Dupont-Aignan avec Debout la République font partis de ceux là.

En raison de la logique présidentialiste de nos institutions, les partis politiques ont tout intérêt à se doter de leader. Le problème des partis politiques personnalisés, c’est que tout repose sur ces leaders et tout se fait en fonction et au nom d’eux. Et quand ils retirent, le parti ne survit guère longtemps.

De son propre aveu, Mélenchon est un républicain, pas un démocrate. Son attitude vis-à-vis de Cuba ou de la Chine est assez éloquente sur ce point. Il ne vaut guère mieux que les silences du PS ou de l’UMP vis-à-vis de certains gouvernements africains (dont quelques uns de leurs chefs se revendiquent de l’Internationale Socialiste).

16 janvier 2011

Les "grands récits"

J’ai envie de développer un peu plus cette notion de « grands récits » avancée sur le blog de Catherine, à l’occasion d’une discussion sur la stratégie de Mélenchon. Car le concept va en réalité au delà de la seule sphère politique, entendue ici comme les institutions publiques et la compétition pour l’exercice du pouvoir.

De mon point de vue l’Homme se caractérise par sa capacité à donner du sens aux choses (ses propres actions, celles de ses semblables, son environnement) et à se projeter dans un cadre temporel. Autre manière de dire que l’Homme est un être capable d’introspection.

Mais c’est aussi un animal social car il vit avec et par ses semblables. Les logiques de reproduction et de survie dans un environnement hostile sont les deux formes indépassables de dépendance sociale. De cela découle une nécessaire division des tâches sociales et la faculté et nécessité de communiquer. L’introspection passe au niveau collectif et s’enrichie d’une logique de transmission.

A partir du moment où nous avons développé la parole, nous avons élaboré les premiers grands récits. Ces grands mythes venaient expliquer nos origines et tout ce qui est encore inexplicable, et au final exorciser nos craintes de l’inconnue. Au fur et à mesure que les communautés humaines se sont complexifiées, les récits ont normalisés les coutumes sociales et légitimés les sanctions de leur inobservation.

Toutes religions et croyances reposent sur un grand récit. Leur institutionnalisation est le fruit des transformations successives des communautés : la sédentarisation a favorisé la constitution des lieux de cultes en faveur des divinités localisées à formes humaines ; l’écriture a facilité la transmission de la mémoire collective (l’histoire orale se précise par l’écrite) et l’uniformisation de la doctrine religieuse (écriture des Livres des grandes religions) ; et la centralisation du pouvoir politique.

La question du pouvoir est présente dans toute société, elle précise le processus de décision collective et son effectivité. Les institutions politiques et religieuses en Occident (au moins) vont se construire en parallèle : le pouvoir royal se donne une nouvelle légitimité (l’oint de Dieu) et en retour les institutions religieuses étendent leur champ d’influence, voir obtiennent une situation de monopole spirituel.

Avec les révolutions américaines et françaises, on sort petit à petit du grand récit royal et du sacré. La philosophie des Lumières, le culte de la Raison et l’avancée des sciences contribue à la sortie de la religion. On glisse vers la souveraineté nationale, qui légitime le nouveau régime (la République) tout en s’inspirant des vieux récits pour le consolider : cultes mémoriels, cérémonies républicaines, hymne national, drapeau etc.

Tout au long du XIXème siècle, les républicains et les monarchistes développent chacun un grand récit pour convaincre et se rallier la masse du peuple encore peu alphabétisé, dans un contexte d’extension du suffrage universel. La consolidation du régime républicain et l’arrivée de la question sociale feront émerger les grands récits socialistes. La Première guerre mondiale et l’incapacité des démocraties libérales à enrayer la crise des années 30 donnent de la voix aux tenants des grands récits totalisants fascistes et soviétiques.

Le gaullisme représente aussi une forme de grand récit, qui a permis d’une part, d’incarner la voix de la France résistante et exorciser la défaite de 1940 et la Collaboration ; et d’autre part justifier la Vème République avec un exécutif fort, un parlementarisme rationalisé, et conceptualiser un positionnement politique qui se veut au-delà des grandes idéologies (ou modèles de société) en France comme à l’étranger.

On devine également un autre grand récit pour accompagner la conquête du pouvoir par la gauche (« la rupture avec la capitalisme pour changer la vie avec l’union de la gauche ») ou expliquer les aléas liés à son exercice. Le fameux tournant de la rigueur a donné lieu à diverses interprétations.

Certains disent que les socialistes, sous l'influence des sociaux-libéraux et des acteurs financiers, ont renoncés à leur projet de rupture avec le capitalisme de 1981. Ils parlent de renoncement politique à l’origine, selon eux, du désenchantement du peuple de gauche. On compte parmi les tenants de cette thèse les amis de Chevènement (voir son dernier livre) et les amis de Mélenchon. Les trotskystes font plus simple encore : les socialistes sont par nature des sociaux-traites et réformer le capitalisme est une impasse.

Les socialistes réformistes ou sociaux-démocrates (revendiqués ou non) expliquent que le tournant de la rigueur symbolise la conversion des socialistes au réalisme et aux responsabilités qu'incombe le pouvoir. Mais comme certains ont eu du mal à assumer le changement de cap, on a parlé de parenthèse. Comme disait l’autre, on ne sort de l’ambigüité qu’à son détriment. C’est à partir de cette époque qu’on a clairement insisté sur le grand récit européen comme récit de substitution.

L’extension et la diversification des média de masse d’une part, et l’individualisation des rapports et besoins sociaux d’autre part, a changé les règles de communication politique classique. A la trilogie classique « reconnaissance d’un problème/ analyse/ préconisation d’une solution », on a substitué la suivante « capter l’attention/  stimuler le désir de changement/ emporter la conviction par l’utilisation d’arguments raisonnés », doublé d’une mise en scène croissante du personnel politique.

Mais le développement du storytelling, dernier avatar de la communication politique professionnelle, laisse apparaitre plus une transformation des « grands récits » que leur disparition. Les « grands récits » n’ont pas vocation à raconter des histoires aux pauvres crédules que nous serions, mais à expliciter notre histoire présente et commune à tous les individus de ce collectif qu’est la société. Il n’y a pas de vérités ou de mensonges mais seulement un rapport intellectualisé et émotif aux évolutions du grand monde, capable de fédérer une majorité.

C’est la raison d’être supérieure du politique : faire société, rassembler et utiliser les synergies individuelles pour conduire autant faire ce peu le changement incessant du monde. Or aujourd’hui les politiques font fasse à plusieurs défis :

-      Les avancées scientifiques ne cessent de réduire le champ de l’inconnu et de l’inexplicable jusqu’ici mystifié (le désenchantement du monde) ;

-      Les grands systèmes de pensée ne sont plus opérants dans la durée et dans les cas particuliers (la pensée complexe) ;

-      L’économisme et la quantophrénie sont les nouvelles vaches sacrées

-      Le consumérisme et la marchandisation du monde réduisent le lien social à une forme de compétition permanente..

Il y a d'autres choses encore certainement...

Ceux qui croient au récit du renoncement et de la trahison se racontent des bobards et se condamnent, s'ils reviennent aux responsabilités, au reniement le plus complet. Les vieux récits ne sont rien d’autres que des refuges.

Ma famille politique – le socialisme démocratique – a renoncé à proposer un grand récit fédérateur. Le récit européen est un substitut insuffisant dès lors que rien n’est fait pour aller vers une convergence par le haut, au-delà des cadres nationaux certainement pas immuables et indépassables à mes yeux. Le malaise de la gauche européenne vient de là pour partie.

M'enfin tout cela n'est que mon propre récit des « grands récits »…

20 novembre 2010

Michel Rocard - France Info - Novembre 2010


Michel Rocard - Parlons Net du 19 novembre 2010
envoyé par FranceInfo. - L'actualité du moment en vidéo.

Je découvre ce matin, grâce à notre ami Aiglon, cet entretien de Michel Rocard sur France Info à l'occasion de la sortie de son dernier livre Si ça vous amuse. Chroniques de mes faits et méfaits.

C'est toujours avec plaisir que j'écoute cet homme qui, du haut de ses quatre-vingts ans, surclasse bien des hommes politiques aujourd'hui en activité, par la profondeur et la richesse de ses réflexions.

Interrogé par des journalistes très professionnels pendant près de cinquante minutes, Rocard a eu tout le loisir de s'exprimer sur les rapports média-politique, l'Europe et la crise, l'Otan, la Turquie, le réchauffement climatique, la guerre en Afghanistan, le remaniement ministériel et l'affaire Karachi.

Il constitue à mes yeux une certaine boussole politique, non que je me positionne en fonction de ses différentes prises de positions - que je ne partage pas toujours, l'homme a ses faiblesses et le tempo politique et médiatique rend difficile un recul - par rapport à la pensée social-démocrate qu'il défend. Il fait oeuvre de pédagogie lorsqu'il théorise l'action publique et la conduite des réformes.

Pour toute personne qui aspire, quelque soit l'échellon, à gouverner les hommes et à administrer les choses, l'expérience et la parole de Rocard constitue une vraie source d'inspiration. Ou en tout cas, cela ne laisse pas indifférent.

15:33 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : rocard, média, europe