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06 juillet 2011

Primaire socialiste 2012 (2)

Jean-Michel Baylet participera à la primaire.

J’apprends ce soir que le Parti Radical de Gauche participera à la primaire socialiste, en présentant un candidat. Jean-Michel Baylet, le président du PRG, devient ainsi le sixième candidat à demander l'ivestiture des sympathisants de gauche, susceptible d’aller voter en octobre prochain.

La consultation des militants en octobre 2009 avait porté (entre autre) sur le principe de primaire, et sur la possibilité d’ouvrir celle-ci à l’ensemble des formations de gauche, pour la désignation d’un candidat commun. Mais aucun parti à gauche n’a exprimé le souhait d’y participer.

L’élection présidentielle étant l’événement politique majeur des institutions sous la Vème République, très peu de partis sont disposés à renoncer à y présenter un candidat, c'est-à-dire de renoncer à la garantie d’une visibilité politique et médiatique certaine.

De mémoire, à l’exception de la présidentielle de 2002, le PRG a toujours soutenu le candidat du Parti socialiste dès le premier tour. Le souvenir du 21 avril relance sans cesse le débat sur l’intérêt d’une multitude de candidatures à gauche, et les risques d’éviction de cette dernière au second tour.

Une primaire, ouverte à tous les partis de gauche, est un moyen d’éviter cette dispersion fatidique. Elle garantie le pluralisme en permettant à chaque tendance politique de présenter un (ou plusieurs) candidat(s). Et elle garantie l’union puisque chacun s’engage à suivre le candidat désigné au final.

La candidature de Jean-Michel Baylet permettra d’exprimer la sensibilité radicale (ou radical-socialiste), de peser sur l’issue final de la primaire et négocier les législatives. Enfin, la présence du PRG à la primaire socialiste est une façon de couper court aux rumeurs de rapprochement avec le Parti Radical Valoisien de Borloo.

23:11 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : primaires

28 juin 2011

Primaire socialiste 2012 (1)

Pierre Moscovici réflechie à une possible candidature.

J’inaugure par ce billet, une nouvelle série de notes consacrée cette fois à la primaire socialiste. Celle-ci, ouverte à tous les sympathisants de gauche, est prévue le 9 et 16 octobre prochain. D’ici le vote, je vous ferais part, plus ou moins régulièrement, de mes observations et réflexions sur la campagne des candidats, et in fine, de celui ou celle que je choisirai de soutenir.

Précisons, pour ceux qui débarqueraient, que j’ai été un adversaire des primaires comme mode de désignation, pour un parti donné, de son candidat à l’élection présidentielle. Je m’en suis expliqué dans cette note. Je redoute toujours autant les conséquences de ce mode de désignation sur la vie interne des partis comme sur la politique en général. Mais les militants ont tranché.

Jusqu’au mois de mai dernier, j’avais un candidat de cœur et de raison : Dominique Strauss-Kahn. J’ai rejoint le PS par sympathie pour ses idées, que j’ai découvert via son blog, au contact de militants et sympathisants socialistes très proches de ces dernières. Au-delà de la pensée social-démocrate qu’il incarnait au PS, c’était l’homme que j’appréciais, ses analyses, son intelligence, son libéralisme politique et culturel.

Son éviction, dans les circonstances que l’on sait, me peine beaucoup. Il était en train de composer son équipe pour la primaire et la présidentielle et plancher avec celle-ci un projet complémentaire à celui du PS, inspiré d’expériences à l’étranger. Lié avec Aubry, Fabius et bien d’autres, sa candidature semblait ouvrir la voie à un rassemblement large (certes pas unanime) des socialistes. Ce n’est pas en soi un objectif mais dans une campagne présidentielle, la cohésion est primordiale.

DSK empêché, la donne politique au PS s’en trouve changé, plus ouverte aussi. Aujourd’hui, 28 juin, marque l’ouverture officielle des candidatures à la primaire. Martine Aubry a fait acte de candidature, précédée plus ou moins récemment par François Hollande, Arnaud Montebourg, Manuel Valls et Ségolène Royal. On aura mi juillet la liste définitive des candidats, après vérification faite du nombre de parrainage requis.

Pierre Moscovici pourrait être le sixième candidat. Il devrait décider, avec son équipe Besoin de Gauche, de sa (non)-candidature jeudi ou vendredi. Il laisse planer le doute sur ses intentions, regrettant l’absence d’une candidature authentiquement « réformiste, social-démocrate et européenne », qualités qu’il trouve ni chez François Hollande, ni chez Martine Aubry, les « deux favoris » de la primaire.

A mon sens le PS est aujourd'hui très majoritairement de tendance réformiste et social-démocrate, sur le plan de la pratique gouvernementale et sur le plan des idées. Si l'on regarde les motions de Reims, sur le plan des idées, les motions A (Delanoé, Hollande, Moscovici), D (Aubry, Fabius, Cambadélis), E (Royal, Peillon, Collomb) s'inscrivent grosso modo dans cette mouvance.

Ceci ne signifie pas dire qu'il n'y a pas de différences entre ces motions et les personnes qui les portaient alors. La trajectoire politique (constance ou pas), la pratique gouvernementales (plus ou moins dirigiste ou pas) et certaines propositions, parfois insolites, suffisent à distinguer ces personnalités et à les juger à l’aune du référentiel soc-dem.

A la différence d'autres courants, le courant Socialisme et Démocratie puis Besoin de Gauche (mais en bien moins performant) revendique cette culture social-démocrate (d’inspiration anglo-saxonne ET scandinave) et a su structuré la pensée soc-dem au sein du PS. Aujourd’hui, la spécificité de Besoin de Gauche (les amis de Moscovici) me semble être l’Europe, et franchement au PS où le sujet a du mal à passer, ce n’est pas rien.

L'aile-gauche, l'autre tendance que j'appelle social-républicaine et qu'incarnait à merveille Jean-Luc Mélenchon, pèse à peine 20%. Et malgré quelques postes à forte visibilité, cette tendance est divisée (Hamon, Emmanuelli, Montebourg, Filoche) et sans « doctrine » structurée, incapable de s’imposer ou de peser durablement sur la ligne majoritaire du PS.

Alors en dépit de toute la sympathie que j’ai pour Pierre Moscovici - j’aime son sérieux, son ton posé, sa nuance - je ne le vois pas aujourd’hui porter autre chose qu’une candidature de témoignage. Sur le fond, hormis peut être la question européenne, je ne vois pas comment il pourra se distinguer de François Hollande et de Martine Aubry, aux yeux des sympathisants de gauche susceptibles de voter à la primaire citoyenne.

Sur la forme, Moscovici n’est pas actuellement organisé pour mener une campagne de primaire. Son réseau d’élus est plutôt réduit (aurait-il les parrainages nécessaires) et son courant semble peu structuré et mal animé. Ses partisans sont peut être concentrés sur quelques zones géographiques, affaiblissant par là les moyens de relayer ses idées et sa candidature.

Par rapport à d’autres candidats - Aubry et Hollande pour le soutien des élus, Montebourg et Royal pour le soutien des « volontaires de terrain » - les lacunes de Pierre Moscovici sont importantes. Et si une campagne électorale, fut-elle « interne », est affaire de rythme et d’interactions, je vois mal comment il pourrait rattraper son retard. Je crois en réalité que les tergiversations de Pierre masquent son prochain ralliement à François Hollande.

20 juin 2011

Primaire d’Europe Ecologie (2)

Quelques remarques complémentaires après avoir vu le second et troisième débat de cette primaire d'Europe Ecologie:

L'ambiance des deux autres débats a été beaucoup moins conviviale. Stéphane Lhomme s'en est pris ouvertement à la candidature Hulot dès le début du second débat, et il s'est fait hué pour cela. Eva Joly a attaqué Nicolas Hulot, lors du troisième débat, sur son positionnement et sur des propos qu'il aurait tenus à son égard. Ce dernier, bien qu’agacé, a répondu point par point calmement mais fermement. Ceci dit, après quelques minutes tendues, les esprits se sont calmés et on est revenu au débat de fond.

Eva Joly m'a semblé beaucoup moins hésitante dans sa prise de parole et dans les chiffres qu'elle citait, que lors du premier débat. C’est peut être une question d’exercice. En tout cas, elle était plus crédible du coup. Par contre, elle a un fort accent qui la rend parfois inintelligible, elle gagnerait peut être à faire des phrases plus simples. Ceci dit j'aimerai pouvoir parler le "norvégien" comme elle parle français, et je rappelle à toute fin utile qu'Eva Joly est bien française de nationalité.

Extérieur à l'écologie politique "traditionnelle", Nicolas Hulot assume sa candidature d'ouverture, c'est à dire celle qui entend s'adresser aux indécis, aux déçus du sarkozysme, aux personnes sensibles aux questions d'environnement mais qui ne se reconnaissent pas pour autant dans l’écologie politique classique. S’il est désigné, il risque peut être d’être mal soutenu par la base écolo. Stéphane Lhomme a par exemple dit qu'il ne le soutiendrait pas.

Bien qu'écologiste depuis peu de temps (en comparaison à Henri Stoll et Stéphane Lhomme), Eva Joly représenterait certainement mieux la ligne écolo "traditionnelle" que Nicolas Hulot, tout en apportant une touche d'ouverture par rapport à Stoll et Lhomme. Elle revendique l'idée que la transition écologique de l’économie et de la société ne se fera pas sans mal et sans coûts. Et sur le fond, je pense qu’elle a raison. Du coup ça lui donne l'air d’une "mère-sévère" mais c'est plus honnête politiquement.

Enfin, la primaire de l'écologie montre à nouveau les limites de cette nouvelle procédure de désignation. Tous membres de la même famille politique (malgré des parcours différents), tous signataires du Manifeste de l'écologie (sorte d'avant-programme), les quatre candidats développent des réponses d'avantage complémentaires que différenciées. Sur tous les grands enjeux, ils sont d'accord. Ce sont des différences de style, d’approche, de mise en pratique qui les différencie. Rien d'anormal en soi, ça complique juste un peu le choix du meilleur candidat. Ceci dit, ce genre de débats permet à des non-initiés comme moi d'en savoir plus sur les grandes lignes du projet écologiste. Sur ce plan, c'est un vrai exercice démocratique.

17 juin 2011

Primaire d'Europe Ecologie

Le concept des primaires, comme mode de désignation d’un candidat d’un parti à l’élection présidentielle, gagne du terrain à gauche. Plusieurs formations politiques ont adopté ce système, même si les modalités diffèrent d’un parti à l’autre.

Après l’avoir expérimenté en 1995 et 2006 en le réservant à ses seuls adhérents, le Parti socialiste a décidé d’ouvrir la primaire à tous les sympathisants de gauche. C’est prévu en octobre prochain.

Au Front de Gauche – qui rassemble le PC, le PG et Gauche Unitaire – la primaire est, d’après ce que j’ai compris, réservé aux seuls militants communistes, qui devront choisir entre Mélenchon (PG) et quelques candidats communistes.

Enfin, Europe Ecologie – Les Verts organisent en ce moment leur primaire, avec quatre candidats en lice. Après trois débats (Toulouse, Paris, Lille), les militants et adhérents de la « coopérative » sont appelés à voter.

Bien que je ne sois pas membre du mouvement écologiste, les articles de presse couvrant l’évènement m’ont donné envie de connaitre un peu mieux les candidats. Et  j’avoue, qu’après le PS, les Verts sont la sensibilité politique que j’apprécie le plus.

Hier j’ai visionné le premier débat via le site http://primairedelecologie.fr, qui permet de suivre la primaire des Verts, lire la profession de foi de chaque candidat et revoir les trois débats. Je vous livre mes impressions.

Tout d’abord, malgré quelques piques indirectes généralement adressées à Nicolas Hulot, j’ai trouvé l’ambiance de ce premier débat plutôt conviviale. C’était bien moins aseptisé que les débats télévisés de la primaire socialiste de 2006, trop encadrés.

Nicolas Hulot m’a semblé le plus à l’aise dans l’exercice, aidé par son expérience des média (journaliste, animateur). Des quatre, c’est le seul à avoir compris qu’il fallait convaincre au-delà de la sphère écolo traditionnelle. Son idée-fixe : « l’écologie par la pédagogie »

Eva Joly est apparue plus hésitante, se mélangeant les pinceaux sur ses chiffres, recherchant parfois ses mots. Cette fragilité apparente contraste un peu avec la fermeté de ses positions, revendiquant une « écologie de combat ». Son expérience de juge d’instruction et d’eurodéputée étoffe à mon avis sa candidature.

Henri Stoll est maire d’une petite commune alsacienne où il met en œuvre depuis trois mandats ses idées écologistes. Il défend les couleurs d’une « écologie de terrain ». Si l’homme a beaucoup d’humour, ses expériences et ses références au terrain ne collent pas avec une élection d’envergure nationale.

Stéphane Lhomme est le plus radical des candidats. Il représente certainement la frange la plus extrême des écologistes. Bien que défavorable à la candidature de Nicolas Hulot, il n’a pas été, au moins dans ce premier débat, aussi agressif envers ce dernier que la presse ne le dit. Mais à part ses propos sur le nucléaire et son hostilité à Nicolas Hulot, on comprend mal ses ambitions.

En voyant ce premier débat et les thèmes abordés, j’ai l’impression que les écologistes ne parviennent pas à se projeter dans le rôle de parti de gouvernement. Je vois des gens de convictions, très engagés sur le terrain et dans des combats précis, mais pas d’hommes et femme d’Etat. Une candidature écologiste y gagnerait pourtant en crédibilité.

29 août 2009

Réflexion sur les primaires ouvertes à gauche

Depuis la défaite de la gauche à l’élection présidentielle de 2007, et dans un contexte de crise de leadership prolongé au sein du premier parti de gauche face à l’hyper présidence Sarkozy, on a vu émergé et s’imposer dans le débat public le projet de primaires à la française afin de faire émerger le futur challenger au Président en 2012.

C’est d’abord la Fondation Terra Nova qui en 2008, a lancé le débat par la publication d’un essai, intitulé Pour une primaire à la française, et co-écrit par Olivier Duhamel et Olivier Ferrand. Reprise par certaines personnalités socialistes (Moscovici, Royal, Valls, Hamon) à l’occasion du congrès de Reims, inscrite dans certaines motions (C, D, E au moins), l’idée sera, au travers du débat parti de militants contre parti de supporters, un des enjeux du congrès. Enfin, en juin dernier, après la défaite des socialistes aux élections européennes, Arnaud Montebourg, secrétaire national à rénovation, a publié une note sur le sujet et appelle les socialistes à adopter ce système de désignation en vue de la prochaine présidentielle.

Depuis, les principaux responsables du PS se sont succédés dans les média pour s’exprimer en faveur des primaires et demander à la direction de s’engager sur ce point: Pierre Moscovici a lancé une pétition après les européennes ; Arnaud Montebourg appelle la direction à adopter le projet de primaires pour faire tomber les murs ; Vincent Peillon et ses amis, réunis à Merseille, "veulent aller vite" ; Manuel Valls parle de question de vie ou de mort ; Bertrand Delanoë et Laurent Fabius – jusqu’ici connus pour leur peu d’enthousiasme sur le sujet – ont finit par s’incliner. Et voilà que Martine Aubry s’engage clairement sur le sujet, tout en évitant de trancher la question du périmètre des primaires : le seul PS ou toute la gauche.

A titre personnel, malgré une lecture sérieuse des rapports susmentionnés et de nombreuses discussions avec des camarades plutôt favorables au projet, je ne suis pas convaincu de l’intérêt des primaires. Tout en reconnaissant la qualité des travaux de réflexion (A), je pense que ce système apporte plus de problèmes qu’il n’en résout (B).

 

- A -

L’intérêt de l’essai de Terra Nova est triple.

D’abord, il s’intéresse à la manière dont un parti politique se désigne un leader. Pour cela, les auteurs retracent l’histoire des primaires à gauche en revenant sur les désignations des candidats socialistes à la présidentielle depuis 1981. Bien que la première primaire socialiste date de 1995 – elle opposait alors Henri Emmanuelli à Lionel Jospin – il s’avère que les statuts du PS, en soumettant le choix du candidat socialiste aux militants, offrait dès le départ la possibilité d’organiser les primaires. C’est le retrait de la candidature de Michel Rocard face à celle de François Mitterrand qui a empêché le recours aux primaires en 1981.

Ensuite il fait état des expériences de primaires à l’étranger (américaines, italiennes, anglaises et dans une moindre importance espagnoles, grecques et allemandes) pour déterminer les bien faits et leurs limites, et inspirer le modèle des primaires françaises. Il en ressort ce tableau :

Enfin, l’essai propose aux socialistes de choisir en deux types de primaires : d’une part une « primaire présidentialiste », ouverte aux sympathisants socialistes et organisée peu avant la prochaine présidentielle sur le modèle du Parti Démocrate américain, et d’autre part une « primaire parlementariste », ouverte aux seuls militants et organisée juste après la dernière présidentielle sur le modèle du Parti conservateur anglais. La première doit désigner le candidat socialiste à la présidentielle quand la deuxième doit désigner le principal leader de l’opposition pour toute la législature. Les auteurs font part de leur préférence pour la première solution.

ps,gauche,aubry,rocard,mitterrand,jospin,royal

 

Le rapport Montebourg retient l’hypothèse de « primaires présidentialistes » ouvertes à tous les partis de gauche qui souhaitent y participer, et qui dans ce cas, les co-organiseraient du début (élaboration de la charte et des règles communes) jusqu’à la fin (désignation et campagne commune). Le principal intérêt du rapport réside dans l’exposition des principes qui doivent guider le choix et l’organisation des primaires ; et dans l’édiction de règles, claires et précises, encadrant le processus électoral des primaires.

Souhaitant éviter la répétition des erreurs de la dernière primaire socialiste, les auteurs du rapport Montebourg prévoient une campagne des primaires de six mois. En préalable, le PS organiserait une campagne de mobilisation pour constituer un premier fichier de sympathisants, base du réseau social de la primaire. La campagne se ferait en deux temps : la phase des éliminatoires, et le scrutin nominal à deux tours pour les deux derniers candidats.

Participerait aux éliminatoires, tout candidat revendiquant un certain nombre de parrainages de grands élus (la liste devant être définie bien avant la campagne et plus large que celle de 2006 qui limitait drastiquement le nombre théorique de candidats) ou de signatures d’un certain % de militants/sympathisants (à définir également).

Les éliminatoires se dérouleraient sur trois/quatre tours :

- au premier, on retiendrait les candidats ayants obtenu au moins 5% des suffrages exprimés,

- au second, ceux ayant obtenu au moins 10% des suffrages,

- au troisième, ceux revendiquant plus de 15% des suffrages,

- au quatrième tour, on ne garderait que les deux principaux.

 

Les éliminatoires doivent assurer « le rassemblement des candidats et de leur projet en équipe autour du vainqueur » par l’appel et l’engagement des candidats éliminés dans le soutien actif aux candidats restants. Le scrutin nominal à deux tours pour les deux derniers candidats durerait un à deux mois et devra déterminer le candidat unique des partis participants à la primaire.

Voilà en résumé, le projet des primaires du rapport Montebourg-Ferrand. Je ne peux que saluer la qualité du travail de  réflexions et propositions, très détaillées, de ces deux textes. Je partage en outre l'idée qu'il convient, si on adopte le principe de primaires, de poser le cadre et les règles du jeu bien avant le début de la primaire. Cela ne peut que faciliter la participation de tous les possibles candidats et déminer à l'avance tout procés de "jeu de dés pipés".

 

- B -

Cela étant dit, je reste sceptique devant ce gros et beau projet. Mais dire cela ne signifie pas, comme me rétorquent certains mauvais esprits, que je sois pour le statut quo, que ce soit sur le fonctionnement actuel du PS ou sur e processus de désignation du candidat. Ne soutenant a priori personne dans les candidats déclarés ou probables – je ne renie en rien ma sympathie et ma proximité politique et intellectuelle avec DSK – ma position n’est pas guidée par le calcul politique.

Je pense que le principal défaut de ce projet de primaires reste d’avoir pris la présidentielle de 2012 (ou l’élection présidentielle en général) comme point de départ de la réflexion. La présidentielle reste dans le cadre de la Vème République, qu’on le veuille ou non, l’élection centrale du jeu politique et institutionnel. Pour autant, si on observe bien, cette élection n’occupe le temps politique qu’entre deux et huit mois sur une législature de cinq ans ; les deux mois correspondent à la durée légale de la campagne officielle, le reste étant la période où apparaissent, s’affirment et se déclarent les principaux futurs candidats.

Que des hommes et des femmes y songent bien avant et s’y préparent au sein de partis politiques ne doit pas nous faire oublier qu’entre l’élection du président et la prochaine présidentielle, c’est le temps de l’action gouvernementale. L’objet de la présidentielle, suivie des législatives, reste la désignation par le peuple français d’une équipe et d’une majorité politique en vue d’appliquer un programme. On se présente aujourd’hui pour agir demain.

A trop vouloir anticiper et préparer à l’avance la grande échéance, on court le risque de monopoliser le débat politique sur ce seul thème, et de le saturer, a fortiori lorsque l’enjeu est réduit à une question de personnes. Ce n’est pas sans conséquences sur le jeu démocratique. L’action gouvernementale peut s’en trouver paralysée (bataille de succession entre plusieurs possibles candidats de la majorité ; bataille de réélection qui impose de lever le pied dans le rythme des réformes). Et une exposition médiatique et politique trop hâtive et prolongée des aspirants peut leur etre nuisible, que ceux-ci sortent du bois deux, trois, quatre ans avant.

En ce sens, le projet des primaires n’est pas sans risques. Une campagne interne de six mois, utile pour que chaque candidat développe ses idées et son projet et qu’une personnalité s’en dégage avec une certaine étoffe de présidentiable, a l’inconvénient d’exposer trop longtemps le candidat qui après sa désignation doit encore passer l’épreuve de la campagne officielle. Ses forces et faiblesses, mis en évidence durant cette pré-campagne, seront exploitées par ses futurs adversaires. Une campagne interne fondée sur la différenciation des candidats et de leurs projets pose la question de la réconciliation, une fois le candidat désigné.

Une campagne interne de six mois peut s’avérer trop nombriliste si les questions de personnes supplantent les questions de fond (risque de démotivation voir de rejet des français) ou si les valeurs et les problématiques privilégiées par les candidats sont trop marquées politiquement pour mobiliser un électorat peu politisé. Enfin, il ne faut pas oublier les risques de surenchères de la part des candidats, sous l’effet de logiques internes (se donner une posture) ou sous l’effet des sondages d’opinion (qu'ils portent sur les personnes ou sur des enjeux précis).

Par ailleurs je suis sceptique vis-à-vis du projet des primaires parce qu’il me semble que la réflexion sur ce sujet ne s’est pas accompagné d’une réflexion sur le rôle des partis politiques et des militants dans le processus électoral et le système politique. Et si cette réflexion a eu lieu, alors je crains que je n’en partage pas les conclusions.

Le système des primaires a pour objectif la désignation d'un candidat en lui donnant une meilleure légitimité que celle acquise par un vote de quelques 200 000 militants. Dans l'idéal, chaque candidat avance avec sa tendance et son projet, et les militants/sympathisants arbitrent. Mais alors que vont devenir nos congrès internes si la question du programme et du leadership est réglé à la fin ? A quoi sert le Parti Socialiste (ou tout autre parti) pendant le temps qui sépare la dernière présidentielle de la primaire pour la prochaine ?

Les partis politiques sont des machines électorales qui servent à désigner des candidats et à faire la campagne de ces derniers à partir des ressources (financières, médiatique, symboliques, logistiques, humaines) dont ils jouissent en tant qu’organisation. Mais ce sont aussi des lieux de vies, de socialisation politique en interne (formation des militants) et en externe (vecteur de sensibilisation et de politisation de l’électorat). On ne peut pas se contenter de la première partie de la définition.

Acter le principe de primaires en fin de législature pour régler les problèmes de leadership, c’est instaurer la crise permanente de leadership. Car si l’enjeu du programme et du leadership peut se régler par une primaire, quel intérêt auront les responsables politiques de ménager le parti et sa direction, voir d’y travailler en son sein, si tout est réglé/tranché à la fin ? On n’est pas prêt de sortir des luttes internes. On a bien vu en 2006, que dans l’attente de la désignation des candidats par le système des primaires, chaque présidentiable s’est bien gardé de (trop) participer à la rédaction du projet, pour se garder quelques cartouches au moment de la campagne interne.

Le rapport Montebourg explique que le projet de primaires revalorisera le rôle des militants qui vont assumer la logistique des primaires sur le terrain, accessoirement en défendant leurs idées et leur leader. Il me semble que cela privilégie une logique de supporters (tout est ramené à la personne qu’on soutien) à la logique de militants (syndical, associatif, mutualiste), même s’il convient de reconnaitre que cette dernière est de moins en moins exploitée et favorisée. Un camarade FFE avait écrit une fois: "le PS est un parti d'élu qui ne sait pas quoi faire de ses militants". J'ai tendance à croire, qu'avec le système des primaires, ils souhaitent s'en débarrasser.

Je ne suis pas certain que les penseurs du projet de primaires aient forcément réfléchit et évalué les effets des primaires sur le rôle et le fonctionnement des parti et des militants. Dans ce sens, le débat sur les primaires ressemble à mon avis à celui sur le quinquennat. On justifie les primaires pour régler la question du leadership comme on justifiait hier le quinquennat pour mettre fin aux situations de cohabitation. Seulement, on n’a pas pensé que le quinquennat changerait le rythme politique et renforcerait la figure du président sur le Parlement. Or, comme disait Mendes-France, "gouverner, c'est prévoir".

Il me semble qu’avec les primaires, on va encore accélérer le rythme polico-médiatique en le centrant toujours plus sur les présidentielles. La démocratie ce n'est pas que les élections, c'est aussi le débat d’idées, les mobilisations sociales, les batailles parlementaires etc.

 

Pour conclure ces long propos, ije n’exclue pas de me tromper dans mon diagnostic et dans ma position. J’avais écrit l’an dernier que la forme des partis politiques étaient peut être désuètes et qu’à une organisation de type bureaucratique, il fallait peut être rechercher une organisation en réseau. Il est possible que l’engagement politique, qui n’est pas une spécialité française que ce soit en politique, dans le monde syndical ou associatif, soit à géométrie variable. Comme me disait Belgo, un jeune va peut être s’engager auprès des écolos sur tel enjeu, auprès des socialistes sur telle question, et auprès de gens de droite sur tel autre question. Aux partis de s'adapter. Il est possible aussi qu’avec le système des primaires, les partis politiques connaissent une nouvelle jeunesse en renouant des liens avec des milieux sociaux qui se sont éloignés de la politique. Pour l’instant, j’en doute.

C’est pourquoi sur le sujet des primaires, je préférerai encore la seconde solution qu'avait préconisé Terra Nova dans son essai: une primaire en interne et en début de législature. Mais cela implique une réforme de nos statuts et du fonctionnement de nos congrès (ne plus découpler vote de motion et vote du Premier secrétaire, rehausser le taux de représentativité à 10% ou donner un bonus à la motion arrivée en tête).