Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17 juin 2011

Primaire d'Europe Ecologie

Le concept des primaires, comme mode de désignation d’un candidat d’un parti à l’élection présidentielle, gagne du terrain à gauche. Plusieurs formations politiques ont adopté ce système, même si les modalités diffèrent d’un parti à l’autre.

Après l’avoir expérimenté en 1995 et 2006 en le réservant à ses seuls adhérents, le Parti socialiste a décidé d’ouvrir la primaire à tous les sympathisants de gauche. C’est prévu en octobre prochain.

Au Front de Gauche – qui rassemble le PC, le PG et Gauche Unitaire – la primaire est, d’après ce que j’ai compris, réservé aux seuls militants communistes, qui devront choisir entre Mélenchon (PG) et quelques candidats communistes.

Enfin, Europe Ecologie – Les Verts organisent en ce moment leur primaire, avec quatre candidats en lice. Après trois débats (Toulouse, Paris, Lille), les militants et adhérents de la « coopérative » sont appelés à voter.

Bien que je ne sois pas membre du mouvement écologiste, les articles de presse couvrant l’évènement m’ont donné envie de connaitre un peu mieux les candidats. Et  j’avoue, qu’après le PS, les Verts sont la sensibilité politique que j’apprécie le plus.

Hier j’ai visionné le premier débat via le site http://primairedelecologie.fr, qui permet de suivre la primaire des Verts, lire la profession de foi de chaque candidat et revoir les trois débats. Je vous livre mes impressions.

Tout d’abord, malgré quelques piques indirectes généralement adressées à Nicolas Hulot, j’ai trouvé l’ambiance de ce premier débat plutôt conviviale. C’était bien moins aseptisé que les débats télévisés de la primaire socialiste de 2006, trop encadrés.

Nicolas Hulot m’a semblé le plus à l’aise dans l’exercice, aidé par son expérience des média (journaliste, animateur). Des quatre, c’est le seul à avoir compris qu’il fallait convaincre au-delà de la sphère écolo traditionnelle. Son idée-fixe : « l’écologie par la pédagogie »

Eva Joly est apparue plus hésitante, se mélangeant les pinceaux sur ses chiffres, recherchant parfois ses mots. Cette fragilité apparente contraste un peu avec la fermeté de ses positions, revendiquant une « écologie de combat ». Son expérience de juge d’instruction et d’eurodéputée étoffe à mon avis sa candidature.

Henri Stoll est maire d’une petite commune alsacienne où il met en œuvre depuis trois mandats ses idées écologistes. Il défend les couleurs d’une « écologie de terrain ». Si l’homme a beaucoup d’humour, ses expériences et ses références au terrain ne collent pas avec une élection d’envergure nationale.

Stéphane Lhomme est le plus radical des candidats. Il représente certainement la frange la plus extrême des écologistes. Bien que défavorable à la candidature de Nicolas Hulot, il n’a pas été, au moins dans ce premier débat, aussi agressif envers ce dernier que la presse ne le dit. Mais à part ses propos sur le nucléaire et son hostilité à Nicolas Hulot, on comprend mal ses ambitions.

En voyant ce premier débat et les thèmes abordés, j’ai l’impression que les écologistes ne parviennent pas à se projeter dans le rôle de parti de gouvernement. Je vois des gens de convictions, très engagés sur le terrain et dans des combats précis, mais pas d’hommes et femme d’Etat. Une candidature écologiste y gagnerait pourtant en crédibilité.

08 avril 2011

Mémoire vivante - Michel Rocard

Mémoire vivante - Michel Rocard.jpgLa note de lecture qui suit remonte à octobre 2006. Le Parti Socialiste organisait ses primaires pour désigner son candidat à la magistrature suprême. Sans être militant, je soutenais déjà Dominique Strauss-Kahn et les idées social-démocrates, autrefois incarné par Michel Rocard et Jacques Delors.

J'ai fait le choix de ne pas retoucher mon texte même si, sans avoir relu le livre, j'aurai certainement une autre façon de voir et présenter les choses aujour'hui. J'ai trouvé intéressant de pouvoir relire les enseignements que j'avais tiré des propos de Rocard, à l'aune de la crise internationale et de la présidence Sarkozy surtout. Si j'ai pris d'avantage de distances avec le personnage Rocard et quelques unes de ses analyses, je reste fidèle à ses idées.

A noter que Michel Rocard est revenu sur son parcours personnel et politique dans deux ouvrages: Si la gauche savait (2005), Si ça vous amuse. Chroniques des mes faits et méfaits (2010).

*

Ce livre d'entretien avec Michel Rocard date de 2001. Bien que l’homme ait surtout marqué l’actualité politique des années quatre-vingt, donc une période que je n’ai pas connu du fait de mon jeune âge, j’éprouve à son égard une grande admiration mêlé d’un immense respect. Cet homme que les média d’aujourd’hui ont un peu oublié fait pourtant parti de ceux qui ont marqué l’histoire de la gauche française ces 40 dernières années.

Certaines mauvaises langues ne voient en lui qu’un perdant sous prétexte qu’il ne serait pas devenu président de la République, poste qu’il aurait convoité pendant tant d’années alors que « tout » (la popularité dans les sondages ; la compétence) le prédisposé à ce destin. D’autres voient en lui une occasion manqué, constituant un « certain regret ». Le regret de n’avoir pu rénover le socialisme français (notamment faire émerger une social-démocratie française assumée), le regret de n’avoir pu inculquer une nouvelle méthode de gouvernement à une classe politique de plus en plus coupé des réalités, le regret de n’avoir pu rassembler les français pour moderniser notre société.

Et si certains éprouvent ce regret, c’est bien que l’état actuel des choses (la décrépitude du Parti Socialiste français ; la crise socio-politique du CPE, le non au T.C.E…) ne nous poussent pas à l’optimisme. Le livre ne raconte pas seulement le vécu d'un des plus atypiques hommes politiques français de ces trente dernières années, mais il expose nombre de ses pensées et réflexions. Et on comprend alors toute la modernité de son engagements, de son raisonnement, de sa méthode.

Une première partie du livre est consacré à sa jeunesse, à ses parents, à ses études… On comprends de suite que c’est un certain niveau. Son père (qui a contribué à l’élaboration de la bombe atomique française), son grand père et son arrière grand père ont tous les 3 fait Polytechnique… d’où ses capacités en mathématiques qui l’aideront à étudier l’économie. Lui-même a fait Sciences po puis l’ENA puis l’Inspection des finances (grand corps d’Etat).Il raconte sa relation avec son père (qui ne lui pardonne pas d’avoir délaissé les sciences exactes pour sciences po) et sa mère (qui lui inculque les principes protestants). Il est fait mention des événements (la guerre, l’occupation), des rencontres (un ouvrier, un prêtre protestant) qui l’ont amené à tenter la voie politique. A une époque où le communisme est très en vogue, surtout chez les jeunes, Michel Rocard préfère s’en tenir à l’écart (il comprendra très vite le sectarisme des militants PC) sans pour autant adhérer à la SFIO (ancien PS) vieillissante et empêtrée dans les guerres de décolonisations.

Dans une autre partie, l'ancien Premier Ministre revient sur ses activités militantes et politiques à l'occasion de la guerre d'Algérie. Effectuant son service militaire en Algérie il contribuera par l'intermédiaire d'un rapport à informer l'opinion publique sur les pratiques de la torture par l'armée française. Anti-colonialiste dans l'âme, il se définit comme un militant des droits de l'homme (et donc socialiste par logique…sa logique) et non l'inverse.

Sont également abordés son choix d'intégrer l'Inspection des finances (un des grands corps d'État) à la sortie de l'ENA, et les informations et savoirs faire qu'il en retire en terme de culture économique et fiscale ("connaissance du réel", ex: impact d'une nouvelle mesure fiscale auprès de commerçants).

Mai 68 est un autre des grands événements où Michel Rocard s'est illustré. Il nous explique alors la création du PSU (parti socialiste unifié, en référence à l'œuvre de Jaurès lorsqu'il fonda le PSU-SFIO), et le rôle de celui-ci dans l'anticipation et l'accompagnement des mouvements estudiantins et ouvriers. Dans un souci de respect de l'ordre public, soucieux d'éviter les affrontements entre manifestants et CRS, il ira jusqu'à annuler des manifestations. Il revient sur ses relations avec Daniel Cohn-Bendit, avec Pierre Mendès-France (à l'occasion de la grande réunion de Charléty) et bien sur, François Mitterrand (jugé "hors jeux" par rapport aux événements).

Au travers de deux autres chapitres, il relate son adhésion au PS dirigé alors par Mitterrand, et son expérience gouvernementale après la victoire de la gauche en 1981. Il revient sur ses divergences avec François Mitterrand tant en termes de culture politique (le fameux clivage "première/deuxième gauche") que de choix stratégiques à adopter. Par exemple s'il adhère à l'union de la gauche avec les communistes, il conteste en parties le programme commun de gouvernement (dont les nationalisations à 100%) que sous-tend l'union PS-PC. Il regrette vivement la surenchère idéologique adopté par le PS, le manque de "parler vrai" des politiques face aux citoyens, que le PS payera dès 1983…

Il nous fait part de son expérience gouvernementale.  Qu'il soit au ministère du Plan, de l'agriculture ou à Matignon, il applique la méthode Rocard que l'on pourrait résumer par le triptyque " déminer- dialoguer- solutionner". En rentrant dans le détail, il nous explique comment ministre de l'agriculture il a contribué avec le conseil des ministres de l'agriculture au niveau européen, à réformer la PAC (entre autres). Sur son passage à Matignon, il nous explique en large et en travers comment il a obtenu les accords de paix de Nouméa, comment est né l'idée de RMI et comment il l'a négociée et mise en application très rapidement (je dis "il" mais bien sur l'entreprise est collective). Il aborde la question de la mise en place de la CSG (contribution sociale généralisée) et de la réforme de l'assurance maladie (négociation entamée avec lui, rompue à l'arrivée d'Edith Cresson). Autres réformes à son actif, la "réforme" de la langue française (sujet en apparence anodin mais bien complexe), le sauvetage de Renault (fusion avec Volvo), le changement de statut des PTT (devenu distinctement La Poste et France Télécom), un début de réforme de la justice. S'il regrette de ne pas avoir fait la baisse du temps de travail, il s'enorgueillit d'avoir entamé la réforme lente et discrète de l'assurance maladie et du système de retraites; regrettant qu'Edith Cresson en ait interrompue la négociation ou bien la méthode des Premiers Ministres Balladur et Juppé par rapport aux retraites.

Enfin les deux derniers chapitres abordent l'après Matignon, à savoir son bref passage à la direction du PS et son engagement européen en tant que député européen auprès de Yasser Arafat notamment.

Tout au long de l'entretient, Michel Rocard développe sa réflexion sur bien des sujets. Le rôle et les responsabilités de l'élu, les affaires, la mondialisation et l'évolution du capitalisme, les relations Nord-Sud, l'Europe politique sont tour à tour abordées.

Ce que j'ai retenu de Michel Rocard en termes de mode de gouvernement :

- Ne pas penser obligatoire en terme de clivages… idée que l'on retrouve dans son discours de politique générale devant l'Assemblée Nationale en 1988. "Je rêve d'une politique où l'on soit attentif à ce qui est dit plutôt qu'à qui le dit". D'ailleurs on ne peut être que frappé de voir, tout au long de l'entretien, Michel Rocard rendre hommage à divers hommes politiques en particulier ceux avec qui il n'est pas d'accord (Juppé, Chevènement etc.).

- Le rôle de l'élu n'est pas d'inventer, il n'en a ni le temps ni les facultés (au sens de formation), mais de sélectionner/arbitrer les mesures proposées par les techniciens de l'économie et du social. On serait tenter d'y voir une justification de l'Énarchie et de la technocratie confisquant le pouvoir au élus, moi j'y vois plutôt une légitimation de l'élu professionnel. Personnellement j'aime bien comparer un élu à un artiste. L'élu est essentiellement devenu un interprète… mais rien ne l'interdit de composer !

- Une volonté ferme de dialogue, de concertation longue et continue entre les acteurs concernés, les plus à même à apporter une solution aux problèmes/phénomènes qu'ils vivent au quotidien. En ce sens, la décentralisation poussée est préférée au jacobinisme et son centralisme.

- Tant qu'on préférera le spectaculaire au discret, l'immédiat au durablele symbolique au concret, la loi dictée par l'État au contrat négocié parles acteurs sociaux… alors aucune réforme n'est envisageable en France. Et une réforme sera d'autant plus accepté que les coûts seront partagé par toute la société.

Au regard de cette éthique, au regard de cette rigueur d'esprit… est-il possible de dire si aujourd'hui les prétendants à la présidence de la République soient acquis à ce mode de gouvernance ?

22 décembre 2007

La fin des organisations politiques ?

Le mois dernier j’ai regardé sur Arte un reportage sur Georges Marchais et ses rapports à la télévision, intitulé « Georges le cathodique, parts de Marchais ». A quelques semaines près, cela correspondait aux 10 ans de la mort de l’ancien secrétaire général du Parti Communiste Français (PCF).

 

Le documentaire était d’un grand intérêt. Premièrement il m’a permit de découvrir un personnage haut en couleur avec une forte personnalité et des expressions faciales et verbales très directes et très marquantes. Ensuite et d'un point de vue politique, ce documentaire montre comment Georges Marchais représentait la réponse stratégique (on pourrait dire marketing politique) du PCF à l'arrivée et la diffusion de la télévision comme mass-média. Autrement dit, le PCF avait alors compris que la communication se ferait moins dans les meetings qu'au travers du petit écran, et qu'il fallait alors trouver une "bête de télé". Par ailleurs c'est aussi une histoire des média et notamment des émissions politiques. On retrouve alors les indécrottables Elkabbach et (Alain) Duhamel comme journalistes politiques, dans des émissions au style très sobre, où l'audimat était une variable déjà importante mais où celle du temps n'avait pas encore amené à concentrer les émissions. Enfin, le documentaire trace l'histoire du PCF depuis les années 70 en parallèle à celle d'un ses plus importants leaders et pourtant aujourd'hui oublié. Se distinguent 2 phases : l'apogée et le déclin.

 

Le déclin. Depuis les années 80, on ne cesse de parler de déclin du PCF et d'annoncer sa disparition tambour battant. Il est vrai qu'au regard des votes obtenus élections après élections, du nombre d'élus communistes partout en France, et surtout de militants enregistrés années après années, le bilan du PCF n'est pas lumineux. Et pourtant il subsiste. Les autres partis de gauche, avec leur configuration et caractéristiques propres, ne sont pas nécessairement dans une meilleure situation. Et que dire aujourd'hui où les dernières présidentielles ont montrés que la Gauche est minoritaire !

 

Cette notion de déclin m'interpelle. L'être humain est un organisme qui croit et dépérit jusqu'à s'éteindre et disparaitre, tel un cycle, le cycle de la vie.  Mais toute organisation sociale (les partis, les associations, les syndicats, les entreprises etc) n'est-elle pas finalement un organisme collectif vivant et donc soumis à un certain cycle de vie (i.e une certaine entropie) ? Toute la différence réside dans le fait que l'individu se sait condamner (avec comme question: quand, comment et avec qui ?) alors qu'un organisme collectif possède en lui une tendance à l'entropie (le déclin) et une à la neg-entropie (la survie par un redynamisme). L'eros et le tanatos organisationnel.

 

Je suis membre d'un parti politique centenaire, le Parti Socialiste, le plus vieux parti politique de France après le Parti Radical (1901) si l'on considère qu'existe encore un tel parti. A l'heure du sarkozysme triomphant et de sa politique d'ouverture, le PS est dans la confusion la plus totale. La classe médiatique, qui se plait à mettre de l'huile sur le feu, joue sur les divisions et rivalités à l'intérieur de chaque camp politique et va jusqu'à appeler le PS, un "astre mort".

 

Entre fantasme médiatique et confusion politique généralisée en cette sombre période, il est difficile de s'avoir ce qu'il en en est réellement. Le Parti Socialiste est le principal parti d'opposition légal de ce pays. Appartenant au système de partis légal et institutionnalisé, du fait des suffrages reçus, il bénéficie d'atouts majeurs qui écartent toute idée de disparition subite. Je veux parler du système de financement des partis politiques et du système de temps de parole. L'argent et le temps de parole sont le nerf de survie de tout parti. Ajoutons à cela un réseau d'élus (justifiant le financement public du parti) et un nombre important de militants, ces quatre piliers imbriqués les uns aux autres, maintiennent un PS en état de marche. Aussi, à ceux qui pensaient que le MoDem allait bouffer le PS, je les renvois à ces observations socio-politiques de base, à quoi j'ajouterai le mode de scrutin à deux tours, qui favorise un certain bipartisme et favorise in fine le PS.

 

J’admets volontiers que ces quelques critères soulignés en gras, ces systèmes finalement, garantissent l'actuel système partisan. Pour faire l'analogie à une étude de marché en situation de concurrence, ces systèmes émettent un prix d'entrée très élevé sur le marché de la représentation en même temps qu'il subventionne les acteurs en place. C'est un cadre conceptuel, un cadre d'étude que j'utilise là mais je n'oublie pas que l'enjeu reste la démocratie. Le système de représentation, et par là le système politique, est tiraillé entre deux logiques: le besoin de représenter les gens dans leur diversité (sociale, âge, sexuelle, professionnelle, ethnique) et représenter leurs idées ET un besoin d'efficacité. Un parti politique, pour reprendre Schumpeter, est une "entreprise politique" visant à conquérir et exercer le pouvoir. Le conquérir par le suffrage universel en cherchant à représenter une majorité des divers (et contradictoires) intérêts du monde social; l'exercer par l'appareil étatique pour changer et/ou conserver l'ordre social établie.

 

Mais un parti politique, comme tout organisme collectif vivant, est une institution avec ses logiques dynamiques, extérieures et intérieures propres, parfois contre-productives sur un échelle de valeur, en somme notre idéal démocratique. En bref, il y a des logiques de pouvoirs à l'intérieur de toute structure dynamique. Cela ne se résume pas au désir de chef qui anime certains, mais au positionnement des uns et des autres dans la structure collective complexe. Au PS c'est la logique des courants et notabilière fondées sur des frictions personnelles (tempérament différents) comme de schéma de représentations. Du côté des logiques extérieures, la compétition avec d'autres partis pour le monopole de la représentation politique du monde social, amène à une lutte sur le champ médiatique comme sur le champ électoral ou social. La dimension temporelle et la concentration de celle-ci, c'est à dire le laps de temps toujours plus court entre chaque élections, ne facilite pas les logiques dynamiques internes positives et au contraire encourage celles qui sont entropiques.

 

Le système partisan actuel est sur le champ de représentations, le produit d'une dynamique socio-historique faite de clivages en série et d'événements communs (mais différemment vécus) tel que la Révolution industrielle. J'en avais parlé, reprenant les propos de Rokkan et Lipset, il s'agit des clivages religieux (laïcité ou pas), politique (monarchie parlementaire/absolue, république), social (bourgeoisie VS prolétariat), écologique etc. Du fait de cette histoire sociale, la forme des partis politiques depuis l'introduction de la démocratie représentative, n'a cessé d'évolué: partis de cadres/partis de masses, partis de gouvernement/partis de protestation, parti sectoriel/parti-attrape-tout etc. La massification des partis fin XIXème/début XXème siècle notamment chez les partis socialistes ou sociaux-démocrates, est une réponse sociale à un enjeu donné: l'organisation du mouvement salarié et des revendications politiques. C'est pour répondre à cette double d'exigence de dignité sociale et politique (l'extension de la représentation et des droits citoyens), que les partis socialistes sont nés en général du syndicalisme.

 

Or le monde a changé. Le libéralisme est né de 3 révolutions politiques (Anglaise, Américaine, Française), le socialisme de la révolution industrielle du XIXème siècle. Les conditions de vies et de travail ont changés. L'expérience gouvernementale des partis de gauche a changé pour partie le monde de représentation du monde social. Les attitudes comportementales ont changés, rien qu'en l'espace des 3 dernières générations (au sens de filiation, non au sens culturel). (1) Le progrès technique, la technologie n'y est pas étranger. Je suis d'une génération dépolitisé, largement exposé à la télé post-ORTF, privatisée, américanisée et pré-numérique et à la société de consommation différenciée. Du coup les repères, les représentations et les modes d'actions et de comportement sont différents. L'investissement social et politique s'en trouve changé. Que dire de la génération qui n'aura connu qu'Internet plus toutes les autres technologies que nous réserve le futur ?

 

Le PS est-il un astre mort ? Peut être qu'en réalité la question c'est de savoir si les organisations politiques et sociales (ici syndicales, voir associatives déjà) et leurs formes actuelles, ne sont pas dépassées. A une structure basée sur la hiérarchie et les procédures plus ou moins formalisées (forme de bureaucratie), se substituerai alors une structure en réseau encore en construction, en élaboration. Nous avons conscience que cela change mais nous ne savons comment ni vers quoi on va, et le malaise vient de là.

 

Sur cette longue réflexion, je vous souhaite de passer de bonnes fêtes.

(1) La population actuelle du PS est plutôt âgée et le recrutement se fait rare sauf dans certaines zones, que va-t-il se passer une fois que se retirera l'actuelle génération?