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31 janvier 2011

Les chasseurs de Dune

science-fictionDans le registre de la science-fiction, le cycle de Dune est mes yeux un classique incontournable. Depuis mes quinze ans je le considère comme mon livre de chevet, tant l’univers et les personnages imaginés par Frank Herbert sont riches, complexes et fascinants.

L’histoire de Dune tourne autour de la planète Arrakis, infini désert aride abritant des vers de sables géants et un peuple guerrier, les fremens. Seule source de l’Epice de tout l’univers, Dune fait l’objet de toutes les attentions et convoitises de la part de plusieurs grandes institutions.

Le Mélange est nécessaire aux Navigateurs de la Guilde pour les voyages dans l'espace, et à la sororité Bene Gesserit pour le pouvoir de préscience. L’Epice permet d’accroitre la longévité des hommes et d’augmenter leurs capacités cérébrales, en particulier celle des Mentats, sorte d’ordinateurs-humains.

Toute l’architecture économique et politique de cet univers futuriste dépend de cette ressource rare. Deux grandes familles de la noblesse, les Atréides et les Harkonnens, ennemis héréditaires, s’affrontent pour le contrôle de la production de l’épice, à l’instigation de l’Empereur, inquiet de la popularité croissante des Atréides.

Entre manœuvres politiques (riches en alliances et traitrises, des plans à l’intérieur des plans) et mythologies religieuses, le cycle Dune (composé de six tomes) se déroule sur plusieurs millénaires. Malheureusement Frank Herbert est décédé sans avoir pu donner une fin à son œuvre.

Brian Herbert, son fils, et Kevin J. Anderson ont fait le pari d’écrire la suite. Mais avant cela, ils ont préférés revenir au début de l’histoire à travers deux trilogies : Avant-Dune, qui relate les événements précédant la naissance de Paul Atréides et la guerre sur Arrakis, puis La genèse de Dune, qui revient sur la guerre des hommes contres les machines des millénaires avant.

Le développement de l’histoire sur tant de périodes rend la lecture et le suivi de l’œuvre difficile, pour les fans dont la lecture des six premiers tomes remonte à quelques années déjà, et plus encore pour les non-initiés qui doivent se demander par quel bout commencer.

Les chasseurs de Dune est la suite directe de La Maison des Mères, le dernier livre écrit par Frank Herbert. Les sœurs du Bene Gesserit sont en guerre contre les Honorées Matriarches, qui ont fait exploser Dune. Un ennemi encore plus grand guette l’humanité. A bord du non-vaisseau, Duncan Idaho et quelques autres ont pu sauver des vers de sables et un Maitre Tleilaxu, capable de faire renaitre quelques glorieux héros du passés.

Ayant lu Les Hérétiques de Dune et La Maison des Mères il y a près de neuf ans déjà, j’ai eu quelques difficultés à retrouver mes marques et à identifier certains personnages. Mais au bout de quelques chapitres, je suis facilement rentré dans l’histoire, plutôt bien menée et accrocheuse je dois dire… pour les fans du genre et de l’œuvre.

Les deux auteurs ont réussi à recréer l’ambiance de Dune, en particulier des premiers tomes qui sont les meilleurs à mes yeux, et à se rapprocher du style narratif de Frank Herbert. En effet, dans les deux autres trilogies, j’ai remarqué qu’ils avaient tendance à reproduire le même schéma narratif : raconter séparément l’histoire de plusieurs personnages jusqu’à leur rencontre qui produit le dénouement partiel/final.

En revanche, je trouve qu’Herbert père savait davantage travailler ses personnages en leur donnant une réelle profondeur et une complexité, sans doute sous l’influence  de sa formation en psychologie. Herbert fils et Anderson donnent l’impression de s’intéresser plus à l’enchainement des événements qu’aux personnages même, parfois trop caricaturaux.

Il me reste maintenant à lire Le triomphe de Dune. D’après ce que j’entrevois, la fin définitive envisagée par les auteurs semble faire le lien avec leurs trilogies, et à un degré moindre, aux premiers tomes. La boucle serait ainsi bouclée. Reste la question de savoir si Herbert père avait/aurait imaginé une fin similaire…

23 janvier 2011

La route

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Un monde post-apocalyptique, sans vie, sans bruits. Pas un seul oiseau dans le ciel, irrémédiablement gris. Ni végétation, ni faune dans ces paysages de cendres. Rien n’a survécu à cette catastrophe dont on ne sait rien.

L’humanité a périe. Des villes de ruines, des carcasses de voitures brûlées, des ossements épars, tels sont les restes d’une civilisation perdue. Dans cet enfer terrestre, quelques débris d’humanité vagabondent.

Sur la route, un homme et son fils marchent en direction des côtes. Malgré les divers dangers – la faim, le froid, le vol, la folie, le cannibalisme – et les souvenirs d’un monde qui n’est plus, l’homme tente de rester debout pour celui qui est désormais son seul univers.

Le film est aussi bouleversant que dérangeant. La prestation de Viggo Mortensen est simplement extraordinaire. L’absence d’actions et le faible nombre de dialogues, déconcertant pour un spectateur, renforcent l’ambiance sombre et angoissante de ce monde désolé.

La relation entre ce fils, né après la catastrophe et si innocent des dangers du présent, et ce père, qui malgré des discours rassurants tente de préparer son fils à l’inéluctable fin qui les attend, représente notre humanité.

J’ai trouvé très intéressant les critiques des spectateurs. Beaucoup lui reprochent un manque d’actions, de rythme, et d’histoire, à l’image finalement de ce monde désolé retranscrit. Un monde sans vie, forcément ça dérange.

11 décembre 2010

L’homme bicentenaire d'Asimov

el hombre bicentenario.jpgIl m’aura fallu plus d’un an pour lire ce recueil de nouvelles de science-fiction. J’en avais commencé la lecture lors d’un voyage en train à destination de Barcelone. Entre temps j’ai suivi une préparation aux concours de la fonction publique, le temps m’a manqué, et pour être honnête, l’envie aussi. J’ai alors eu tendance à délaissé les romans en tout genre. C’est l’overdose de lectures « sérieuses » qui m’a donné envie de reprendre le livre, et par l’occasion, la lecture d’œuvres de science-fiction.

J’ai découvert l’univers d’Isaac Asimov avec I-Robot, le film avec Will Smith, et son style, avec le livre éponyme (car rebaptisé après la sortie du film). Asimov ayant toujours eu à cœur de se faire comprendre par le plus grand nombre, son style d’écriture est très accessible. La description des lieux et des personnages est réduite au maximum. Ses histoires se déroulent dans un futur plutôt lointain et tournent généralement autour des rapports entre robots et humains, encadrés par les Trois lois de la robotique.

Asimov fait souvent intervenir le personnage de Susan Calvin, une robot-psychiatre qui semble avoir plus d’empathie pour les robots que pour le genre humain, dans les nouvelles où des incidents (genre défaillance ou comportement étrange des robots) laissent planer le doute sur le respect des Trois lois. A travers les personnages et leurs raisonnements – Asimov est un scientifique à la base – on suit l’enquête jusqu’à la découverte de la vérité. On réalise alors que si les Trois lois sont générales et absolues, leurs applicabilité dans des situations diverses révèlent bien des paradoxes.

Je trouve que ces situations, qui mettent en rapport les robots et le genre humain, interrogent fortement la nature humaine, aussi bien ce qui la définie et la délimite, que les émotions par lesquelles on l’exprime. A bien des égards, les robots d’Asimov sont le reflet de notre propre humanité car on en apprend plus sur nous même finalement.

Non sans liens avec quelques événements personnels, les nouvelles qui m’ont le plus marquées tournent autour du sens de la vie et de la mort : ces astronautes qui par leur mort enclenche le processus de transformation de toute une planète et permettent à la vie (organique) de s’y développer ; ce savant fou égocentrique qui simule sa mort pour avoir le seul plaisir de lire sa nécrologie ; ce scientifique qui en transférant l’esprit d’un enfant autiste dans le corps d’un robot, envoyé sur Mercure, parvient à l’épanouir ; Andrew le robot-autonome qui va chercher à ressembler aux humains jusqu’à en devenir un…

01:24 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : science-fiction, asimov

07 septembre 2010

Vers la société post-humaine

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Copyright © Alan Rabinowitz 

Le post-humanisme trouve son origine chez le philosophe allemand Peter Sloterdijk. Il évoque la redéfinition de l’espèce humaine qu’implique le développement des biotechnologies.

La société post-humaine aurait pu être le titre du très intéressant article du Monde, paru Dimanche/Lundi, et  dont je reproduis ici quelques extraits : 

« Dans 30 ans, peut être moins, les réseaux d’ordinateurs dotés de systèmes d’intelligence artificielle seront devenus plus intelligents que leurs créateurs humains. Ils seront capables de se reproduire industriellement sans intervention humaine, de s’autoaméliorer, d’avoir des sentiments, de l’imagination, de faire des projets et de les mettre en œuvre. Bref, ils pourront gérer la planète à notre place, de façon plus rationnelle et plus efficaces » 

« L’événement de la Singularité : le temps pour les machines de basculer en mode 100% autonome. (…) Toute prévision de ce que sera la post-Singularité est impossible car tout sera crée et dirigé par une intelligence suprahumaine, qu’un cerveau biologique, lent et limité ne sera jamais capable d’appréhender » 

« Il faut profiter des dernières années pendant lesquelles l’homme a encore le pouvoir sur les machines pour les programmer, de telle sorte que la préservation et l’amélioration de la race humaine fassent partie de leurs objectifs »

«  Le corps humain peut fonctionner indéfiniment à condition que les cellules qui le composent soient soumises à une maintenance périodique » : « introduire dans l’organisme des cellules cultives in vitro pour remplacer celles qui sont défectueuses ; insérer à l’intérieur des cellules vieillissantes et encrassées, des enzymes chargés d’avaler les détritus qui les encombrent ; bloquer les mutations génétiques qui affaiblissent la capacité des cellules à produire l’énergie dont elles ont besoins ».

« Pour les transhumanistes, l’espèce humaine n’a pas terminé son évolution : l’homo sapiens n’est qu’une créature intermédiaire (…). Avec l’explosion des technologies de l’information et du génie génétique, les humains d’aujourd’hui vont pouvoir planifier et organiser leurs propres évolution vers un stade supérieur ».

« Les humains augmentés : l’intelligence artificielle des machines s’est intégrée à notre cerveau et a pris le contrôle de notre corps pour le transformer de fond en comble et le remplacer par autre chose ».

Commentaire :

Pour tout amateur de science-fiction qui se respecte, la simple lecture de certaines idées ci-dessus fait écho à quelques œuvres romanesques et cinématographiques de ce genre un peu particulier et trop longtemps mésestimé.

Dans les films Terminator les personnages parlent du Jour du Jugement pour qualifier le moment où les Machines (plus exactement le super-ordinateur Skynet) deviennent totalement autonomes et déclenchent une guerre nucléaire planétaire.

Isaac Asimov dans son cycle Les robots fixe les « Trois Lois de la Robotique » comme garde-fou entre robots et humains, même si le film I-Robot montre que ces règles peuvent à un moment justifier la domination des robots sur les humains (spoiler).

Le meilleur des mondes et Bienvenue à Gataca décrivent des sociétés où la distinction sociale est opérée à partir du gène, par ailleurs modifié pour perfectionner l’espèce humaine. The Island aborde lui le sujet du clonage et son utilisation à des fins médicales.

Enfin La Genèse de Dune de Brian Herbert et Kevin J. Anderson, qui revient quelques millénaires en arrière au moment du Jihad Bultérien, esquisse une civilisation de super-cyborgs – les Titans – soit des cerveaux humains dans des corps de super machines (genre transformers).

Par définition, la science-fiction part de travaux et hypothèses scientifiques reconnus ou non pour en créer une fiction. Certaines œuvres, surtout dans la genèse du genre, ont popularisés ces idées/conceptualisation en le plaçant sur le plan de l’imaginaire. Je pense ici Jules Verne et le sous-marin ou l’idée de voyager jusqu’à la Lune.

D’autres œuvres peuvent aussi se lire comme des mises en garde. C’est notamment  le cas des essais d’anticipation, de contre-utopie, ou d’uchronies. Mise en garde conte quoi ? Contre nous même, contre une partie de nous même, contre l’utilisation de telle technologie à telle fin politique.

Je l’ai dit, la SF en dit plus sur les hommes contemporains que ceux à venir. Et en lisant les propos et idées recueillis dans l’article du Monde, j’y vois surtout une dérive scientiste, une forme de science sans conscience, de la part d’hommes et femmes qui jouent les apprentis sorciers avec les lois de la nature.

 Entre les exigences de liberté du monde scientifique expérimental et les attentes et lobbying des commerciaux et financiers pour en faire un marché lucratif, des règles de bioéthique sont plus que nécessaires. Mais qui est là pour les énoncer et les faire appliquer ?

28 août 2010

Evasion stellaire

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Après plus de trois semaines à réviser enfermé chez moi, tel le lion dans sa cage, je tourne en rond, j’enrage et je sature. Comme c’est les vacances, tout le monde est partie ou s’est fait discret. Même sur la blogosphère, l’activité s’est ralentie et les absences se ressentent. Et au bout d’un moment, n’avoir (presque) personne à qui parler, c’est vraiment pesant. Je redoute encore plus la rentrée sur ce point. J’éprouve le besoin de m’évader et de me changer les idées.

En parcourant Le Monde, je tombe sur l’article suivant. Rien de tel pour s’évader un instant de la pression du concours et de la médiocrité politique ambiante. Alors mon esprit vagabonde entre souvenirs et imagination. Il me revient à l’esprit ma passion des étoiles. Gamin, j’étais abonné à la revue/collection Astronomia, que j’affectionnai plus pour les images que les textes, pas forcément accessible quand on n’a que 8-9 ans. Et en y repensant j’espère prendre le temps un jour de m’y replonger. 

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Sur la page de l’article, on peut lire le commentaire suivant d’un internaute : « L’existence d’autres mondes habités compatibles avec le christianisme ?!? Pas marrant pour Jésus, le fils de Dieu, qui a dû prendre forme locale dans chacun de ces mondes pour "sauver" ses habitants intelligents du Malin ! Et s’il a été crucifié (ou torturé avec l’équivalent local) sur chacune de ces planètes, ça devient vraiment atroce, d’être "fils de Dieu" ».   

Et bien, par je ne sais quelles connections de l’esprit, je pense à différentes œuvres de sciences fiction : 2001, Star Wars, Star Treck, Planète Hurlante, Total Recall ou Dante01 pour les films ; Dune, Etoile Mourante, La Grande Porte, Chroniques Martiennes pour les livres. J’admire le génie d’Isaac Asimov, de Frank Herbert et de Ray Bradbury – il y en a bien d’autres – pour savoir nous faire voyager sur des terres inconnues. Des mondes étranges où pourtant les formes de vie organisées sont semblables au notre. C’est pour moi là que réside le génie de la science fiction.

Quant à la découverte d'une autre forme de vie que la nôtre, si elle doit avoir lieu et lorsqu'elle aura lieu, elle pourrait constituer un choc d'une ampleur comparable à la découverte des peuples d'Amérique non christiannisés. Comment réagira l'humanité ?

Bon. Je redescend sur Terre. Je vais m'absenter pour une semaine.