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04 avril 2010

DSK, la rupture au FMI

Erik Izraelewicz - Tribune

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DSK candidat à l'Élysée ? À Washington, le chouchou des Français a révolutionné le FMI. Il en a refait un pouvoir qui compte. Et il y a pris goût. Alors, présider la France ou influer sur le monde ?

Juin 2011, le sacre de Cannes. Le sacre, ce ne sera ni celui de Nicolas Sarkozy, l'hôte du G20 dans la capitale du cinéma, ni celui de Martine Aubry, la star des primaires du PS, ce sera en réalité celui de Dominique Strauss-Kahn. Un an avant les présidentielles, Cannes recevra les chefs d'État et de gouvernement du G20 ? Obama, Merkel, Hu Jintao, etc... Et celui que tous écouteront, ce sera le patron du FMI, DSK. En moins de trois ans, Dominique Strauss-Kahn a remis le Fonds au centre du monde. Il y a organisé une véritable « rupture ». Quand le professeur d'économie s'était installé, le 1er novembre 2007, à Washington, le FMI était une institution moribonde, sans moyen et en panne de légitimité. La crise aidant, pierre à pierre, DSK a reconstruit un « nouveau FMI ». Avant Cannes, on devrait pouvoir visionner les premiers rushes de ce FMI relooké dès cette année, lors de l'assemblée annuelle du Fonds, fin avril à Washington.

Le Fonds, une caserne de pompiers

En 2007, le FMI était le « grand méchant loup » que personne ne voulait accueillir. Les pays en difficulté financière ? l'Argentine à l'époque ? ne voulaient surtout pas de son aide. Aujourd'hui, ils frappent tous à sa porte ? l'Islande, la Lettonie, la Hongrie, etc... Dernier exemple en date, et pas le moins spectaculaire, l'Europe a appelé le FMI au secours de l'un des siens ? la Grèce. En moins de deux ans, l'institution est redevenue le sauveur des nations menacées de faillite. La crise a rendu nécessaire la présence, dans le monde, d'une caserne de pompiers, c'est vrai. Mais DSK a su habilement jouer de l'héritage du Fonds tout en le modernisant pour s'imposer comme le pompier en chef. Il a obtenu un renforcement considérable des moyens financiers de l'organisation internationale. Il a su aussi impulser des plans de sauvetage plus subtils que ceux inspirés du « consensus de Washington ». A la vingtaine de pays que le Fonds a aidés depuis qu'il le dirige, il a imposé des plans d'austérité sans toujours passer par des coupes brutales dans les dépenses sociales.

Un cabinet médical, une boîte à idées

En 2007, personne n'écoutait les recommandations du FMI. Aujourd'hui, elles sont incontournables. En janvier 2008, DSK lançait, à Davos, un cri d'alarme face à une situation économique mondiale qu'il annonçait gravissime. Un an après, il appelait tous les pays du monde à mettre en oeuvre des plans de relance massifs ? dans une optique très keynésienne. Il recommandait aux grandes nations de laisser filer leur déficit et d'injecter l'équivalent de 2 points de PIB dans l'économie pour éviter une dépression du type de celle des années 30. Ce qui fut fait. Aujourd'hui, il demande aux grandes puissances de ne pas relâcher trop tôt leurs efforts. Et il est écouté.

Mais le FMI n'est pas qu'un cabinet médical qui distille ses ordonnances à ses patients malades, il est aussi redevenu la plus influente des boîte à idées du monde. Avec ses copains économistes parfois iconoclastes, DSK a d'ores et déjà bousculé quelques-unes des vaches sacrées de la « pensée unique » - entendre de celle des banques centrales traditionnelles. L'inflation ? Peut-être qu'une petite dose ? 4 % au lieu de 2 % - pourrait bien être utile, disent ses gourous, au grand dam de Trichet, Bernanke et Weber. Le contrôle des mouvements de capitaux ? Pourquoi pas dans certaines circonstances. La taxation des banques ? Le FMI de DSK a été chargé de faire des propositions sur ce sujet au G20. Elles seront remises aux dirigeants du G20 avant la fin de ce mois. DSK rejette la taxe Tobin, mais plaidera pour une police d'assurance payée par tous les établissements financiers en fonction des risques qu'ils prennent. Il a d'ores et déjà eu l'habileté de ne pas parler d'une nouvelle taxe (genre « taxe carbone ») qui serait immédiatement assimilée à un impôt et de fait rejetée rapidement par tous ceux que l'impôt exaspère. Il s'agirait, subtilité, d'un « financial fee », d'une commission donc !

Les vaches sacrées, toutes bousculées

Ayant acquis quelque assurance, DSK cherche à pousser maintenant son avantage. Il n'hésite pas à donner son avis sur tous les sujets ? la politique macro-économique de l'Américain Obama, la politique de change du chinois Hu Jintao, le fonctionnement de la zone euro, etc... Sans que personne ne le lui demande, il multiplie les propositions. Les deux dernières en date ? un « fonds vert » et un FMI police de la finance mondiale - sont de véritables pavés dans la mare. À son initiative, le FMI a proposé de créer un « Fonds vert » qui lèverait 100 milliards de dollars par an d'ici à 2020 pour aider les pays pauvres à se doter de technologies vertes. Le Fonds a, toujours sous son impulsion, fait explicitement acte de candidature pour assurer la supervision du système financier mondial. Il veut faire du FMI la nouvelle tour de vigie de la finance mondiale. Les maîtres du monde ne viennent-ils pas tout juste de créer, avec le Conseil de stabilité financière, une institution pour cela. DSK n'est pas totalement convaincu que les banquiers centraux sont de bons économistes, pas plus que de bons gendarmes. Pas sûr néanmoins que ses « actionnaires » - ses 185 États membres de l'organisation - approuvent cette extension souhaitée du champ d'activité du Fonds. DSK ne manque pourtant, dans ces deux combats, ni d'arguments, ni d'alliés.

Le vrai pouvoir, à Paris ou à Washington ?

Pour réinstaller ainsi le FMI au centre du monde ? sans avoir eu besoin du nouveau Bretton Woods demandé par Nicolas Sarkozy ?, DSK a profondément transformé l'institution de l'intérieur aussi. Il a obtenu une nouvelle répartition des droits de vote au sein de son conseil. Il a réduit et rajeuni les effectifs de l'organisation. Il y a fait entrer du sang neuf ? il va accueillir, le 3 mai prochain, à ses côtés, un nouveau « conseiller spécial »,un Chinois, Zhu Min, le numéro deux de la banque centrale chinoise. Après avoir ainsi organisé, avec une discrétion et une efficacité redoutables, la « rupture » au FMI, DSK souhaitera-t-il demain revenir batailler dans l'Hexagone ? Alors qu'à Paris, on s'interroge sur son éventuel retour, avec inquiétude ou espoir, c'est selon, la question mérite d'être posée. Avec son « nouveau FMI » et alors que son mandat court jusqu'à novembre 2012, DSK peut espérer influer sur les affaires du monde autrement que depuis un bureau à l'Elysée, sans que cela d'ailleurs ne l'empêche de peser un jour aussi sur le sort de la France ? quand celle-ci, pour cause d'endettement excessif, sera obligée d'aller frapper à la porte du Fonds.

00:00 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : dsk, économie

01 avril 2010

La gauche française rénovée ne craint pas de parler de sécurité.

Le texte qui suit est une traduction faite par mes soins, d'un interview réalisé par le quotidien argentin « Ambito Financiero », auprès de Jean-Jacques Urvoas, député socialiste du Finistère et Secrétaire National à la Sécurité du Parti Socialiste.

 

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Qu'un parti socialiste compte au sein de son Secrétariat National un responsable sur la Sécurité est quelque chose de surprenant, étant donné l'habitude de la gauche à nier le problème ou à le regarder comme un thème de la droite. Mais le socialisme français semble décider à assumer le besoin d'un électoral qui voit sa vie quotidienne envenimé par l'augmentation de la délinquance. Les promesses non tenues du président Nicolas Sarkozy en la matière expliquent, en plus, en bonne partie la déroute de « l'officialisme » (?) et le regain socialiste aux élections régionales du 21 mars dernier. « Ambito Financierco » a interviewé Jean-Jacques Urvoas, député de Quimper et secrétaire national pour la Sécurité du PS. « Je suis un ministre de l'Intérieur » ironise-t-il dans son bureau à proximité du Palais Bourbon où siège l'Assemblée Nationale.

Le Journaliste : Le discours de la gauche sur la sécurité a-t-il changé ?

Jean-Jacques Urvoas : Le Parti Socialiste a toujours eu un regard lucide sur ce thème. Mais depuis 1997, nous osons le dire de manière différente, en laissant de coté des termes comme « sentiment d'insécurité », qui pouvaient laisser penser qu'il ne s'agissait pas d'une réalité. Nous assumons pleinement que la sécurité n'est pas quelque chose d'accessoire. La différence avec la droite c'est que nous croyons qu'il faut mieux punir, mais aussi mieux prévenir. Une peine est efficace si elle évite qu'une personne qui a commis un crime ait l'envie de récidiver.

Le Journaliste : Comment on arrive à cela ?

J.J.U. : Il n'y a rien de pire qu'une peine qui n'est pas effectuée. En France, beaucoup de condamnations ne sont pas effectives parce que les tribunaux sont débords, manquent de moyens etc. De là née le sentiment d'impunité. Mais la peine doit être proportionnelle, la sanction n'a pas à être nécessairement l'emprisonnement. La droite tend à mesurer l'efficience par l'enfermement. C'est pour ça que nos prisons sont saturées et que la délinquance ne baisse pas. La prison est criminogène : on y sort encore plus délinquant que lorsqu'on y est entré. L'échelle des peines doit s'adapte au délit et à la personne. Quand je juge un délit, je juge aussi un homme. L'acte ne suffit pas à déterminer la peine.

Le Journaliste : L'insécurité a augmentée ?

J.J.U. : Oui, parce que la Police et la Gendarmerie - nos deux forces de sécurité - n'ont pas les moyens ni les méthodes pour lutter efficacement contre la délinquance. Une Police efficace est une Police présente. Celle qu'on voit tous les jours, celle qui vie dans les quartiers dans lesquelles elle travaille. La population aura confiance en sa Police si elle la connait et le policier connaitra mieux le milieu s'il y vie.

Le Journaliste : Il manque des policiers dans les rues ?

J.J.U. : La Police doit être dans les rues pour protéger les gens mais le Gouvernement supprime des postes et les remplace par des caméras de surveillance. Nous préférons qu'il y ait plus de policiers dans les rues. Parce que la prévention sera toujours plus efficace avec des personnes qu'avec des machines. Aujourd'hui la Police n'est pas là où l'on en a besoin parce qu'on n'a pas superposé la carte de la présence policière à celle des délits. Pendant six jours on ne voit personne et le septième jour arrivent les patrouilleurs à saturer l'espace et effrayer les délinquants qui, lorsqu'arrivent les « unités mobiles », s'en vont. S'il y avait une Police toute la semaine, peut être qu'il n'y aurait pas délinquants. Nous avons une Police d'interpellation. L'an passé on a atteint un record scandaleux de 800 000 arrestations. C'est parce que le Gouvernement a changé les lois de telle sorte que, devant le moindre délit, on peut procéder à une arrestation. Par ailleurs, cela impulse une logique de chiffre, un impératif de rendement que la Police vie très mal parce que ça la condamne à être moins efficace. Lorsqu'on est évalué, par exemple, à partir d'un nombre d'arrestations de vendeurs de cannabis, c'est tentant de se consacrer qu'à ça et de ne pas démanteler le réseau. La relation entre les gens et la Police s'est dégradée. La Police ne protège pas la population si ce n'est qu'elle se consacrer à faire du chiffre pour que le Gouvernement puisse dire qu'il est efficace. Mais la vérité c'est que l'insécurité augmente.

Le Journaliste : Quels sont les délits les plus fréquents ?

J.J.U. : La petite délinquance, celle qui affecte les gens, augmente : « el arrebato » (?), l'agression gratuite dans les rues, les vols de maisons, etc.

Le Journaliste : La crise influe-t-elle sur cette augmentation de la délinquance ?

J.J.U. : Bien entendu, du moment qu'existe une paupérisation croissance, il y a sans doute des tentations plus fortes. Mais ce n'est pas pour cela que la délinquance est condamnée à croitre. L'Etat doit s'adapter. Garantir la sécurité des personnes et des biens est un devoir de l'Etat, pas quelque chose de facultatif. Justement c'est parce que la situation se détériore sur le plan économique, que la sécurité doit être garantie. La sécurité est un droit.

Le Journaliste : La sécurité a-t-elle joué un rôle dans ces élections régionales ?

J.J.U.: Beaucoup. Nicolas Sarkozy s'est fait élire sur la base de la promesse de la sécurité. C'était sa marque d'origine. Et il n'a pas réussi. Les chiffres - mêmes officiels - montrent que la situation est en train de se dégrader. On peut dire par la télévision que les choses s'améliorent, mais pas lorsqu'une personne ne se sent pas en sécurité lorsqu'elle sort dans la rue.

21:12 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ps, gauche

12 mars 2010

Peut-on vivre sans aller voter ?

A quelques jours du premier tour des élections régionales, il n'est pas rare de croiser encore quelques électeurs indécis, également tentés par l'abstention. Parmi ceux là, certains cachent mal leur scepticisme sur l'intérêt et le sens du vote. Et leur récurrente question - « A quoi ça sert de voter !? » - laisse difficilement indifférent les démocrates convaincus.

Le gouvernement a lancé il y a quelques mois le scandaleux « débat » sur l'identité nationale et de l'immigration. Le durcissement de la politique sur l'immigration a conduit les services préfectoraux à remettre en cause la nationalité française des concitoyens qui venaient renouveler leurs papiers d'identités. Ce qui apparait comme une bévue administrative matérialise en fait la précarité (voire la négation !) de notre identité citoyenne. Face à cette dérive, le vote, parce qu'il exprime la voix de celui qui acquiert le rang de citoyen, est le pouls de la  vie démocratique et le ciment de notre identité républicaine.

Je pense également qu'une part de l'abstention et/ou du scepticisme des électeurs vient du fait que les gens, au final, ne savent pas à quoi servent les régions. J'ai pu en prendre la mesure en tractant sur le marché de ma commune le samedi matin. Les candidats de la liste socialiste en Midi-Pyrénées, présents sur le marché à l'occasion, ne manquent pas de rappeler les compétences de la Région.

Une Région, ce n'est pas un mini-Etat. N'étant pas dans un contexte d'Etat fédéral comme en Allemagne ou aux Etats-Unis, nos régions n'édictent pas leurs propres lois et ne créent ni ne lèvent des impôts propres à leurs territoires. Dotée de la clause générale de compétence, la collectivité « région » peut intervenir dans tous les domaines où elle estime, via l'assemblée délibérante (le conseil régional), la représentant, devoir intervenir et sous réserve de respecter la loi (produit de l'Assemblée Nationale et du Sénat).

Mais les différentes lois de décentralisation ont confiées aux régions des champs de compétences précis. La Région intervient en matière de développement économique (aide aux entreprises, de filières locales), de transport férrovière (TER), d'aménagement du territoire (développement durable), de formation professionnelle et d'apprentissage, de lycée (personnel TOS, création et rénovation d'établissements scolaires ainsi que le mobilier). Autrement dit, la région intervient dans les affaires de la vie courante, aux cotés des départements et des communes.

Malgré des budgets limités et des règles budgétaires strictes encadrant leurs dépenses (la région ne peut s'endetter que pour investir), les régions, avec l'ensemble des collectivités locales, réalisent les ¾ de l'investissement public. En dépit de nombreux bouleversements (transferts de compétences non toujours compensés financièrement par l'Etat ; suppression de la taxe professionnelle, principale ressource fiscale des collectivités), les régions participent au soutien de l'activité des entreprises locales et au développement durable de nos territoires.

19:40 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (3)

24 janvier 2010

Quand Lionel raconte une part de notre histoire...

Certaines situations politiques ne manquent pas d'ironie. Alors qu'en mai 2007, un certain candidat Sarkozy nous proposait de « construire la France d'après », presque trois ans après, la France justement, semble empreinte d'une certaine nostalgie. Comme si les perspectives du futur seraient trop sombres pour qu'on s'y attarde, le débat politique est aujourd'hui en partie marqué par un retour sur l'histoire et certains de ses acteurs contemporains.

Pour s'en convaincre, il suffit de voir le succès du premier tome de l'autobiographie de Jacques Chirac ou encore l'émotion et le débat suscité par la disparition de Philippe Séguin, deux personnages politiques qui ont marqués plus ou moins la vie politique des quarante dernières années. A un autre niveau, le monologue sur l'Identité nationale contribue à un débat sur nos origines respectives.

Hasard du calendrier, c'est dans ce contexte de retour vers le passé que parait en librairie le dernier livre de Lionel Jospin : Lionel raconte Jospin. A travers une série de dialogues avec Patrick Rotman et Pierre Favier, le dernier Premier Ministre socialiste que la France a connue, relate une partie de sa jeunesse et revient sur sa longue expérience politique.

En attendant de pouvoir dévorer le livre - dès qu'un de mes potes l'aura fini - j'ai patienté en regardant le documentaire en deux parties, diffusé dernièrement sur France 2. Dans la mesure où ma conscience politique est née l'année où Jospin s'est fait éliminer dès le premier tour de l'élection présidentielle, j'éprouve de fait, toujours une certaine sympathie pour le personnage. Et le 21 avril 2002 suscite encore un questionnement sur la démocratie.

Dans la première partie du documentaire, il est question de la période qui va de l'enfance de Lionel à la réélection de François Mitterrand en 1988. Du fait des éléments traités (l'enfance, la famille, le lycée, sa passion pour le sport, son entrée à l'ENA, son passage à l'OCI, sa période de professorat, son arrivée au PS, son travail auprès de Mitterrand, son rôle de Premier secrétaire), cette première partie du documentaire est à mon avis la plus personnelle. Mais pas non plus trop intime, le personnage restant discret et austère, fidèle à l'image qu'on se fait de lui.

La seconde partie qui aborde la période 1988-2002 se regarde surtout en tant qu'histoire collective, celle du socialisme français et de la politique française en général, analysée sommairement par un homme qui a plus ou moins occupé un rôle de premier plan. Le second septennat de Mitterrand est quand même rapidement survolé.

On a droit à quelques commentaires sur son passage à l'Education nationale, ou sur ses rapports avec Mitterrand lors de la guerre du Golf ou lors du référendum de Maastricht. Quelques mots aussi sur le congrès de Rennes (à l'origine du différend Jospin-Fabius et l'éclatement de la mitterrandie), sur l'arrivée de Cresson à Matignon, puis sur Bernard Tapis. Par contre, la mort de Bérégovoy n'est même pas abordée...

Cette seconde période se concentre surtout sur sa candidature à l'élection présidentielle de 1995 (du désistement de Delors et de l'organisation des premières primaires socialiste à la campagne présidentielle et son échec face à Chirac) puis son passage à Matignon entre 1997-2002 (rapports au sein de la gauche plurielle, rapports au sein du gouvernement, rapports avec Chirac et la droite de l'époque). Le documentaire finit sur son analyse de la défaite et les raisons de son départ définitif de la vie politique.

Plusieurs choses m'ont marqués dans ce documentaire :

D'abord, le phrasé de Jospin. Son verbe, y est très retenu, très pensé et très structuré. Il a une voix et une locution très personnelle et bien reconnaissable. Elle attire l'attention je trouve. En tout cas j'aime bien l'écouter.

Ensuite, on ne peut s'empêcher de remarquer une certaine neutralité dans ses propos par rapport à certains responsables politiques socialistes ou de la gauche en général, à l'exception de Mitterrand et de Tapis. Points de portraits flatteurs ou de petites phrases désobligeantes à l'égard de Rocard, Fabius, Chevènement, Aubry, Royal ou DSK... les trois derniers ne sont même pas cités il me semble.

Par ailleurs, on peut mesurer son attachement à défendre coute que coute son bilan à Matignon que ce soit sur le plan économique, politique, sociétal ou sécuritaire. Et du coup, l'épisode du 21 avril semble pour lui rester une douloureuse expérience, encore mal digéré. Les quelques concessions faites sur ses lacunes masquent mal son sentiment d'injustice. Pour l'autocritique on repassera...

Il y a également l'attachement affiché et répété à la famille socialiste en général et au Parti Socialiste en particulier. Cela ne laisse pas indifférent les militants socialistes, surtout les plus anciens. Cet attachement sentimental à cette vielle et belle famille force pour moi le respect. Mais du coup il dégage une image d'un homme de parti qui écorne celle d'homme d'Etat, qu'il a été. Sans parler du fait que par moment, il donne l'impression de vouloir figer le socialisme dans le temps, en le réduisant à la période où il exerçait des responsabilités.

Il faudra bien pourtant que celui qui s'était octroyé un droit d'inventaire sur les années Mitterrand finisse par accepter de laisser à une nouvelle génération ce droit à juger les années Jospin. Le tout étant de construire une critique « objective » et non systématique de ces cinq années là. A bien des égards, son bilan législatif est remarquable. Les résultats sont cependant plus nuancés.

Enfin, on pouvait retrouver dans les images d'archives, les principales personnalités socialistes de nos jours, à l'époque où elles occupaient des responsabilités sous le second mandat de Mitterrand et plus encore sous le gouvernement Jospin. Et si je n'ai pas coutume de porter de jugement sur l'âge et l'image de nos responsables politiques, je dois bien reconnaitre que j'ai été stupéfait de voir que certains ont pris un coup de vieux.

Cela doit nous rappeler que la gauche ne doit pas avoir les yeux rivés sur la « dream team » de la période 1997-2002, et que plus on restera attaché à cette période, dont il convient de tirer profit du meilleur, plus le décalage avec la société dans le présent se sentira. Il revient à la gauche d'écrire une nouvelle page de son histoire, et ce faisant de bâtir un nouveau chapitre de celle de notre République.

02 décembre 2009

Réjouissantes perspectives

A l'université d'été de La Rochelle de cette année, Martine Aubry avait annoncé la tenue d'une convention sur le nouveau modèle économique et social à construire. Cette convention sera présidée par Pierre Moscovici et devrait avoir lieu après les élections régionales de mars prochain. On en sait un peu plus désormais sur l'organisation de ce stimulant travail intellectuel. Il y aura donc trois grands thèmes, subdivisés en treize ateliers. Voilà de réjouissantes perspectives !


Thème 1 : Un nouveau modèle de d'éco-développement au service du progrès


Atelier 1 : Un nouveau modèle de production pour sortir de la crise, une stratégie industrielle pour préparer l'avenir

Atelier 2 : Accélérer la mutation social-écologique de notre économie et de nos modes de consommation

Atelier 3 : Une politique énergétique pour la diversification, l'indépendance et la sécurité des approvisionnements

Atelier 4 : Commerce international : quelles politiques pour un juste échange ?

Atelier 5 : La recherche et l'innovation au service d'une nouvelle croissance


Thème 2 : Relancer le progrès social


Atelier 6 : Plein emploi, bon emploi : de nouveaux outils pour l'égalité réelle

Atelier 7 : Pouvoirs, propriété et gouvernance dans l'entreprise : de nouvelles règles pour un juste partage des richesses et l'amélioration des conditions de travail

Atelier 8 : Pour la société du bien-être : refonder la protection sociale


Thème 3 :  Réhabiliter l'intervention publique


Atelier 9 : Réarmer l'Etat et la puissance publique, développer les services publics, distinguer les biens publics et les biens privés

Atelier 10 : La révolution budgétaire et fiscale au service de la justice

Atelier 11 : De nouveaux outils pour un monde solidaire et durable

Atelier 12 : Réorienter l'action publique européenne

Atelier 13 : Le nouveau modèle de développement et les territoires

22:28 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ps, économie, aubry, moscovici