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04 novembre 2008

75ème Congrès du PS (3)

Dans cette troisième note sur le congrès de Reims, je m’attarderai sur deux thèmes de réflexions qui m’occupent l’esprit depuis quelques jours : la question du leadership d’une part et l’étrange notion de « guerre de religions » au PS d’autre part.

Le leadership.

Avant que la crise financière ne finisse par éclipser le congrès du PS comme sujet d’actualité, les média s’intéressaient à la bataille interne des socialistes uniquement sous l’angle du leadership. Pour eux un parti est inaudible parce qu’il n’a pas de leader. Les questions de programme, de propositions, de méthode les importent bien peu, encore plus quatre ans avant les prochaines présidentielles. Soit...

Depuis un certain temps déjà, je m’interroge sur la notion de leader et sur le rôle qu’il doit occuper dans une organisation (comme l’est le PS) et le fonctionnement de celle-ci. Ni adepte de l’autogestion comme mode organisation sociale par excellence, ni pourfendeur pavlovien de l’autorité, j’ai malgré tout un mal fou à comprendre le besoin de « chefitude » que certains aiment exprimer sur d’autres, et dans lequel d’autres ont besoin de se placer vis-à-vis de certains. Autant par respect des conventions sociales je me soumets aisément au rapport d’autorité (étudiant vis-à-vis du professeur, malade vis-à-vis du docteur, enfant vis-à-vis des parents etc), autant je n’aime pas me faire commander.

Mais qu’est-ce qu’un leader ? Deux réponses me viennent en tête : une personne qui occupe un poste clé dans une organisation hiérarchique donnée et/ou une personne qui montre une capacité certaine d’influence et d’animation d’un groupe donné. Alors que le premier tire sa qualité de leader de la légitimité d’un poste ou d’un statut, le second la revendique de l’expérience sociale. Biens sûr il y a surement d’autres définitions plus appropriées.

Les principaux candidats plus ou moins déclarés au poste de Premier secrétaire conçoivent différemment le leadership. Bertrand Delanoë et Ségolène Royal me semble vouloir accéder au poste Premier secrétaire pour revendiquer le « leadership bureaucratique » comme source de leur autorité politique. Ils mettront en avant le vote des militants et/ou le ralliement des responsables fédéraux comme source de légitimité. Martine Aubry semble concourir au « leadership bureaucratique » pour mieux mettre en valeur son « leadership de la pratique sociale ».

Sur le rôle du leader dans l’organisation et le fonctionnement du PS, là aussi on note des divergences. Royal envisage(ait) de créer une sorte de dyarchie politique au PS : elle serait présidente du parti avec en dessous une sorte de secrétaire général qui s’occuperait, avec une direction pleine de nouvelles têtes, des affaires internes du PS pendant qu’elle parlerait aux « vrais gens ». Delanoë a une vision plus managériale : il faut un « vrai » chef qui sache initier des projets et trancher les décisions, un chef accompagné d’une direction resserrée où les gens ont intérêt à se bouger le fion s’ils veulent rester en place. Une véritable culture du résultat en somme. Martine Aubry semble privilégier une direction plus collégiale où on fixerait ensemble la position du PS et on la défendrait ensemble à l’extérieur.

Cependant entre ce que les trois affichent et ce qu’ils feront effectivement demain s’ils sont à la tête du PS, il peut y avoir des écarts abyssaux. Pour l’instant je me sens proche de la conception collégiale de la motion D. Je conçois le Premier secrétaire comme une sorte de super animateur, capable de faire travailler collégialement une majorité des forces du parti dans une direction et un secrétariat général rénové, resserré et qui sert à quelque chose.

« Guerre de religions » au PS

L’expression sonne mal lorsqu’on la rapproche du nom d’un parti politique laïc. Mais elle a un sens. La réflexion qui suit se base sur les propos entendus d’un intervenant de l’émission politique « Déshabillons-les » de la chaine LCP. L’émission que j’avais vu concernait le style Aubry, jugé comme « l’anti-Royal ». Les commentateurs analysaient les différences des mots employés, des expressions faciales et autres entre les deux dames du PS.

Puis j’ai entendu un « Aubry fait partie des hollandais ». Ce n’était pas une référence à François Hollande, le premier secrétaire du PS, mais à la culture protestante. Ce qui m’importe ici c’est moins la pratique religieuse de tel ou tel responsable politique, que le lien entre la culture peu ou proue religieuse et la pensée politique. Car mon sentiment est que la culture religieuse dans laquelle on baigne plus ou moins dans sa jeunesse structure pour partie (et seulement pour partie, je me garde bien de tirer des relations de causes à effet), la manière qu’un individu a de penser, de vivre et de faire la politique.

Bien qu’on observe depuis une trentaine d’année un recul du fait religieux dans notre société, l’histoire montre que politique et religion se croisent. La sociologie électorale met en évidence la tendance politique de chaque communauté religieuse (à noter que les tendances évoluent dans le temps et dans l’espace) et l’étude de l’histoire des idées ne peut faire l’impasse sur l’apport des religions et de leur contestation.

Au risque de faire trop de raccourcis schématiques, l’histoire tend à montrer que le protestantisme, par ses origines mêmes, constitue une certaine forme de pensée critique alors que le catholicisme (et ses institutions) rejoint les forces conservatrices (*). On voit que les deux religions, tout en partageant un tronc commun, n’utilisent pas vraiment le même modèle de pensée et ne privilégient pas les mêmes valeurs.

La culture protestante se base pour l’essentiel sur les notions d’individualisme et de responsabilité. La grande place accordée à l’individualité conduit naturellement à la reconnaissance et à la défense de libertés, notamment politiques, par rapport au pouvoir arbitraire du souverain puis de l’Etat. La responsabilité, qui vient du refus du concept du « pêché avoué à demi pardonné » de l’Eglise catholique (**), va déboucher sur les valeurs de probité et d’éthique : il faut être irréprochable, l’austérité et l’ascétisme sont de mises et l’expression des sentiments réprouvé (***). Par ailleurs, le protestantisme s’accompagne de la distinction entre le bien et le juste ce qui amène à une autre conception de la justice que celle de la pensée catholique.

De son côté, la culture catholique privilégie la notion de communauté qui dépasse les individus qui la compose en même temps qu’elle écarte (par la violence physique ou symbolique) ceux n’en faisant pas partie. Elle exprime un certain attachement à l’ordre moral et au respect de celui-ci. L’apparence et le symbolique sont très importants. L’humilité et la compassion sont mises en avant.

C’est par ces différences de culture politique, que des gens comme Michel Rocard et Lionel Jospin ne s’entendent pas bien avecdes Ségolène Royal et d’autres. A côté de ces deux cultures fortement inspiré par des valeurs peu ou prou religieuses, je note une troisième culture, plus républicaine et libérale, que représente DSK.

(*) Lorsqu’on regarde nos voisins européens on remarque que les protestants sont plutôt sociaux-démocrates et les catholiques plutôt conservateurs.

(**) Il se matérialise sur le principe : des dons contre ton salut.

(***) Ces valeurs seraient à l’origine du capitalisme.

23:14 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : ps, média, dsk, rocard, jospin, royal, aubry

19 septembre 2008

75ème Congrès du PS (1)

Le 14, 15 et 16 novembre prochain doit se tenir à Reims, le 75ème Congrès du Parti Socialiste français. J’avais dans une note précédente exprimés mes doutes et partagé l’analyse que je tirais de la situation. Six mois après, après bien des événements, j’ai envie de revenir sur le sujet.

Mode d’emploi d’un congrès au PS :

La rédaction de contributions générales et thématiques. Seuls des membres du Conseil National (le Parlement du Parti) peuvent, en déposant leurs signatures, porter ces textes au Bureau National qui les enregistre. Les militants sont libres de les signer tout en sachant qu’on ne peut apporter sa signature qu’à une seule contribution générale. Les textes n’engagent à rien mais c’est souvent l’occasion pour les différents courants et sensibilités internes d’exister.

A partir de ces contributions, les différentes sensibilités élaborent des motions. Elles constituent le programme politique (vie interne, politique nationale) des signataires qui la portent devant les militants.

Après une brève campagne, les militants votent sur ces motions.

Ensuite les militants organisent les congrès fédéraux (au niveau du département) sur la base des motions nationales et organisent la répartition des sièges fédéraux en fonction du résultat du vote des militants.

Le Congrès national officialise le résultat des votes qui détermine la physionomie du conseil national (en gros qui pèsent quoi, il faut savoir que seule une motion qui obtient plus de 5% des voix peut prétendre avoir des représentants au sein du Conseil national). C’est aussi à ce moment là qu’on se décide ou non à faire la synthèse.

Les militants votent en section pour l’élection du Premier secrétaire.

Enfin, le conseil national désigne le Bureau national et élit le Secrétariat national (sorte de gouvernement du parti).

 

Les motions :

Cette année on en décompte 21. Je ne parle même pas des contributions thématiques tellement nombreuses que la direction a décidé de ne pas nous les envoyer par courrier. Cette littérature militante montre toute la richesse de la diversité des pensées et d’analyses des socialistes : ces textes représentent quand même un certain travail et un certain investissement militant. C’est important de le souligner.

Mais d’un autre côté, dans la mesure où certaines contributions partagent grosso modo les mêmes idées, cette quantité de textes donne l’image d’un émiettement suicidaire. Je n’ai pas suffisamment d’expérience militante mais ce congrès ne semble pas être « normal ».

J’envisageais au départ une analyse comparée des positions des différentes contributions sur un certain nombre de thèmes (économie, Europe, politique sociale, environnement, le parti, désignation du candidat etc.), mais j’avoue avoir fait mon feignant. Je le ferai pour les motions.

Après une lecture rapide d’une majorité des contributions*, j’en tire la typologie suivante. Bien entendu, elle est discutable. Je l’ai établie selon ma perception des choses.

1. les contributions des présidentiables (Bertrand Delanoë, Ségolène Royal)

2. les contributions des courants réformistes (Laurent Fabius, Pierre Moscovici, Martine Aubry)

3. les contributions « personnelles » (François Hollande, Gaëtan Gorce, Frédéric Leveillé, Marylise Lebranchu)

4. les contributions « de la gauche » du PS (Dolez, Hamon, Emmanuelli, Mélenchon, Filoche, Lienemann, Fleury)

5. les contributions régionales (Ayrault, Collectif Ligne Claire, fédération de Meurthe et Moselle)

6. les contributions innovantes (Utopia, Socialisme écologique, Urgence sociale)

Mes observations: 

Je constate que le pôle réformiste ou de tendance social-démocrate (dans lequel je mets Delanoë, Moscovici, Aubry, Royal, Hollande pour les plus fameux), qui avait fondé l’ancienne motion A, arrivée en tête au 74ème congrès du Mans, est aujourd’hui éclaté. S’il continue sa division lors du dépôt des motions, on risque bien de se retrouver sans réelle majorité. Et alors tout est possible.

Etant un soutient de Dominique Strauss-Kahn et un proche de Socialisme et démocratie, « son » courant, j’aurai pû signer la contribution « Besoin de Gauche », portée par Pierre Moscovici. Mais cette contribution constitue surtout une méthode de gouvernance du parti pour les 2, 3 prochaines années, et basée sur le refus de la présidentialisation du parti, la relance du travail collectif via des conventions régulières, et le choix du mode des primaires pour la désignation du leader socialiste.

Je trouve que pour un courant qui se pensait à l’avant-garde de la réflexion et des propositions, le texte présenté est forcément décevant. Par ailleurs je regrette qu’aucunes précisions n’aient été apportées sur les modalités du débat et travail collectif. D’autre part le choix des primaires ne me convainc pas vraiment. Enfin, le comportement de certains responsables SD au cours de ces 6 derniers mois m’a peu incité à signer cette contribution.

J’ai donc signé la contribution « Urgence sociale » de Pierre Larrouturou, motivé par le constat fait sur la situation économique (et politique français et internationale. Mais je ne cache pas que les solutions envisagées sont diversement appréciables et la méthode pas toujours crédible. Le courant Utopia m’a également semblé très novateur dans le paysage politique, même si peut être trop conceptuel et pas assez « pratique ».

La semaine prochaine je parlerai des motions et des enjeux du congrès.

* vous pouvez retrouver l'ensemble des contributions sur le site du Parti socialiste français

19:06 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : congrès, ps, dsk, larrouturou

16 avril 2008

Parti des Socialistes Européens

 

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http://www.pes.org/

 

 

Ce soir j’ai décidé de sauter le pas : j’ai adhéré au Parti des Socialistes Européens (PSE)

 

On ne le sait pas forcément mais si le PS fait partie du PSE, adhérer au premier ne vous fait pas automatiquement entrer au second. De la même manière, vous pouvez adhérer au PSE sans devenir nécessairement militant du PS français.

 

Mais bien sûr, l'idéal me semble de militer dans les deux structures qui se complètent plus qu'elles ne se superposent. Si beaucoup de choses se décident encore au niveau national, de plus en plus de sujets demandent une réponse européenne. D'où ma décision d'adhérer au mouvement socialiste européen.

20:29 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : ps, pse, gauche, europe

09 avril 2008

L'impasse

C’est bien sûr le titre du dernier ouvrage de Lionel Jospin. Mais c’est surtout la situation dans laquelle je me trouve intellectuellement dès lors que je me penche sur le 75ème Congrès du Parti Socialiste, prévu en novembre prochain.

Laminé aux dernières élections présidentielles et législatives (même si pour ce dernier scrutin, il enregistre une progression du nombre de députés par rapport à 2002), le premier parti d’opposition semble reprendre quelques couleurs après les victoires aux dernières municipales. Elections dont l’enjeu et les résultats, il faut l’avouer, m’ont laissés grandement indifférent, à l’exception notable des cas de Toulouse et de Metz.

Dans le fonctionnement et l’histoire d’un parti politique comme le Parti Socialiste, un congrès est un évènement majeur. C’est par ces grandes réunions qu’est arrêté officiellement - après tout un long processus sur plusieurs mois d’élaboration de contributions, de motions puis de vote des militants - la ligne politique du parti. Et c’est à partir de cette ligne politique qu’est composée la direction du parti puis qu'ensuite est désigné le Premier secrétaire, le grand chef des socialistes. Tels sont les enjeux du prochain congrès.

En tant que militant socialiste je suis donc appelé à me déterminer par rapport à une ligne politique, matérialisée par une motion, portée par un certains nombres de personnes signataires mais réduite symboliquement au premier d’entre eux. Or lorsque j’observe le champ politique du PS, la confusion envahit mon esprit mais l’amertume aussi.

Un parti politique, je l’ai déjà dit dans une note précédente, est un champ de lutte, une organisation mue par une dynamique entropique et neg-entropique, à la fois interne et externe. On veut que ce congrès aboutisse à une clarification entre diverses tendances qui s’affrontent plus ou moins violement. Mais on veut aussi qu’un leader apparaisse et s’impose tant à l’intérieur pour calmer la cacophonie et la pluralité de tête et de paroles, qu’à l’extérieur, sur le champ médiatique et politique.

De ces deux exigences ressort d’une part, un rejet unanime de toute synthèse telle que pratiqué lors du dernier congrès (mais qui a été une pratique courante dans l’histoire du PS) et d’autre part, une concentration du prisme médiatique sur la fameux duel Ségolène Royal // Bertrand Delanoë.

Ces deux tendances ne me satisfont pas. La première tend à la multiplication des courants à tendance identitaire, légitime mais « sectaire » dès lors que toute discussion et/ou négociation avec un autre groupe est perçue comme une compromission des valeurs et une dilution de son identité. La seconde, parce qu’elle est imposée et disproportionnée par la classe médiatique, personnifie le débat à l’extrême et tue tout débat d’idées et essaie d'analyses.

Dans les deux cas je suis mal à l’aise. La non-candidature de personnes de valeurs telle que Michel Rocard, Lionel Jospin et Dominique Strauss-Kahn, font de Martine Aubry et Pierre Moscovici mes préférences par défaut. Et la multiplication des courants revendiquant chacun sa spécificité fait oublier certaines convergences et similitudes de pensées et renvoit le problèmes des idées au second plan.

Il y a un vrai clivage idéologique au sein du PS. Le Parti est divisé essentiellement en deux tendances. Une tendance sociale-républicaine et une tendance sociale-démocrate. Schématiquement les points de discorde, ça donne ça :

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A parti de là se superpose toute une panoplie de courants :

 

1. Ligne sociale-républicaine (au sens large):

  • Force Militante – Démocratie socialiste (Marc Dolez et Gérard Filoche)
  • Pour la République Sociale (Jean Luc Mélenchon)
  • Nouveau Parti Socialiste (Henri Emmanuelli, Benoit Hamon)

2.   Ligne sociale-démocrate (au sens large):

  • le courant fabiusien (Fabius, Weber, Bartolone)
  • le courant hollandais – jospinistes (Hollande, Jospin, Delanoë)
  • Socialisme et Démocratie (DSK, Moscovici, Rocard)
  • Désir d’Avenir (Royal, Sapin, Peillon)

Sont un peu à part Rénover Maintenant d’Arnaud Montebourg et Manuel Valls.

D'après moi, le PRS de Mélenchon et S&D de DSK représentent le mieux, les deux lignes idéologiques du parti. Ce sont les deux courants qui offrent le mieux une idéologie structurée, identifiée et opérationnelle. A côté, les autres courants apportent leurs spécificités propres tout en partageant l'essentiel d'un des deux courants phares. Ils sont parfois même mieux structurés et implantés dans les fédérations mais n'équivalent pas PRS et S&D sur le plan idéologique.

A partir du moment où la multiplication des courants et des candidatures au poste de Premier secrétaire rend improbable - mais pas impossible - la victoire de l'un de ces groupes par majorité absolue, il faut peut être chercher du côté de ceux qui divisent le moins et qui tentent de faire un pas vers les autres.

Sur le plan des idées, je suis plus sur une ligne sociale-démocrate et m'identifie plus facilement à Socialisme et Démocratie de DSK et Michel Rocard qu'à tout autre groupe. Le problème c'est que les choses ont évolués du côté de SD depuis le départ de DSK. J'aurai souhaité une motion SD avec une identité sociale-démocrate affichée, mais ça ne sera surement plus le cas.

Je pourrai me rabattre idéologiquement sur Royal ou Delanoé mais ça m'est tout simplement impossible, tant leurs comportements, leurs attitudes et leurs pratiques politiques ne me conviennent pas. J'écarte l'hypothèse Jean Luc Mélanchon pour qui j'ai toutefois une certaine sympathie et dont j'éprouve toujours un peu de curiosité pour ses analyses politiques.

Il y a aussi cet OPNI que sont les Reconstructeurs. Ce mouvement crée à l'initiative de Jean Christophe Cambadélis et Laurent Baumel, tente un rapprochement sur le plan des idées avec Martine Aubry, les amis de Laurent Fabius et Arnaud Montebourg. Pour certains, vu le positionnement politique de Montebourg et de Fabius, en particulier sur l'Europe, un tel rapprochement parait contre-nature voir opportuniste. A dire vrai, je ne suis pas dupe sur ces personnalités dont certains choix et interventions ne m'ont pas toujours plu. Mais j'ai de l'estime pour le combat de Montebourg contre la corruption ou son projet de nouvelle république qu'il faudrait réactualiser. Le cas Fabius est plus difficile à cerner: c'est une bête politique hors pair, un homme d'Etat intelligent, bon parleur mais avouons-le, un peu cynique. Sa culture très typé ENA le rapproche de cette approche politique centré sur l'Etat mais son expérience gouvernementale me le fait classer malgré tout parmi les sociaux-démocrates.

Le doute est permis sur le cas Larrouturou. L'auteur d'Urgence sociale et du Livre noir du libéralisme, qui fait signer via le net une pétition appelant le PS à se remettre au boulot, tiens des propos rafraichissants. Ses constats, analyses et ses propositions face à la crise économique actuelle sont diversements appréciables mais laisse à penser que la "rénovation" peut porter sur les idées et non seulement sur les hommes. Et si ces critiques sur le fonctionnement interne du PS et la vie politique actuelle semblent correctes, sa capacité à interferrer dans l'histoire semble marginale. Il a le défaut de sa qualité : une certaine candeur politique. Il ne semble pas en mesure de jouer sur les "tares" du PS pour le faire avancer. Son influence reste modeste.

Je suis donc face à une impasse.

- L'enjeux du prochain congrès reste l'élection d'une nouvelle direction et d'une nouvelle stratégie politique, ce qui éveille l'appétie politique de certain(e)s et pousse les média à se centrer sur la seule question du leader.

- Mais ce qui est aussi au coeur du de la bataille du prochain congrès, c'est notre capacité collective à poser les bases d'une refondation idéologique telle que le Parti Socialiste en a connu à 3 reprises dans son histoire (Congrès de 1905, le Congrès de Tours en 1920 et le Congrès d'Epinay en 1971).

- Cette refondation devra tour à tour aborder la question 1) de la structure et du fonctionnement interne du PS (status, processus de décision interne, adhésion et formation des militants, relation avec société civile et le PSE etc) 2) réevaluer notre corpus idéologique et nos grilles de lectures de nos sociétés du XXIème siècle et en tirer des solutions 3) élaborer une stratégie politique (dont la question des alliances électorales).

- Mais j'ai la désagréable impression qu'on est loin du compte et qu'il me faut me déterminer malgré tout pour la moins mauvaise option au risque d'en voir gagner une qui me serait insupportable d'un point de vue de mes valeurs. 

C'est donc par défaut, sans illusion, mais à raison, que je penche plutôt pour la démarche des Reconstructeurs dans la volonté de rassembler une majorité la plus large qui soit, sur un socle social-démocrate stable mais à rénover.

J'attends encore de voir ce que ça va donner, en particulier sur le champ des idées. Je lirai bien sur toutes les motions. Nous verrons d'ici novembre comment les choses évoluent. Je verrai d'ici là si je choisis le combat, la planque, ou la fuite... Car si l'avenir du PS n'est que ce que nous en faisons aujourd'hui, mon avenir ne dépend pas du PS... pas encore du moins.

22 décembre 2007

La fin des organisations politiques ?

Le mois dernier j’ai regardé sur Arte un reportage sur Georges Marchais et ses rapports à la télévision, intitulé « Georges le cathodique, parts de Marchais ». A quelques semaines près, cela correspondait aux 10 ans de la mort de l’ancien secrétaire général du Parti Communiste Français (PCF).

 

Le documentaire était d’un grand intérêt. Premièrement il m’a permit de découvrir un personnage haut en couleur avec une forte personnalité et des expressions faciales et verbales très directes et très marquantes. Ensuite et d'un point de vue politique, ce documentaire montre comment Georges Marchais représentait la réponse stratégique (on pourrait dire marketing politique) du PCF à l'arrivée et la diffusion de la télévision comme mass-média. Autrement dit, le PCF avait alors compris que la communication se ferait moins dans les meetings qu'au travers du petit écran, et qu'il fallait alors trouver une "bête de télé". Par ailleurs c'est aussi une histoire des média et notamment des émissions politiques. On retrouve alors les indécrottables Elkabbach et (Alain) Duhamel comme journalistes politiques, dans des émissions au style très sobre, où l'audimat était une variable déjà importante mais où celle du temps n'avait pas encore amené à concentrer les émissions. Enfin, le documentaire trace l'histoire du PCF depuis les années 70 en parallèle à celle d'un ses plus importants leaders et pourtant aujourd'hui oublié. Se distinguent 2 phases : l'apogée et le déclin.

 

Le déclin. Depuis les années 80, on ne cesse de parler de déclin du PCF et d'annoncer sa disparition tambour battant. Il est vrai qu'au regard des votes obtenus élections après élections, du nombre d'élus communistes partout en France, et surtout de militants enregistrés années après années, le bilan du PCF n'est pas lumineux. Et pourtant il subsiste. Les autres partis de gauche, avec leur configuration et caractéristiques propres, ne sont pas nécessairement dans une meilleure situation. Et que dire aujourd'hui où les dernières présidentielles ont montrés que la Gauche est minoritaire !

 

Cette notion de déclin m'interpelle. L'être humain est un organisme qui croit et dépérit jusqu'à s'éteindre et disparaitre, tel un cycle, le cycle de la vie.  Mais toute organisation sociale (les partis, les associations, les syndicats, les entreprises etc) n'est-elle pas finalement un organisme collectif vivant et donc soumis à un certain cycle de vie (i.e une certaine entropie) ? Toute la différence réside dans le fait que l'individu se sait condamner (avec comme question: quand, comment et avec qui ?) alors qu'un organisme collectif possède en lui une tendance à l'entropie (le déclin) et une à la neg-entropie (la survie par un redynamisme). L'eros et le tanatos organisationnel.

 

Je suis membre d'un parti politique centenaire, le Parti Socialiste, le plus vieux parti politique de France après le Parti Radical (1901) si l'on considère qu'existe encore un tel parti. A l'heure du sarkozysme triomphant et de sa politique d'ouverture, le PS est dans la confusion la plus totale. La classe médiatique, qui se plait à mettre de l'huile sur le feu, joue sur les divisions et rivalités à l'intérieur de chaque camp politique et va jusqu'à appeler le PS, un "astre mort".

 

Entre fantasme médiatique et confusion politique généralisée en cette sombre période, il est difficile de s'avoir ce qu'il en en est réellement. Le Parti Socialiste est le principal parti d'opposition légal de ce pays. Appartenant au système de partis légal et institutionnalisé, du fait des suffrages reçus, il bénéficie d'atouts majeurs qui écartent toute idée de disparition subite. Je veux parler du système de financement des partis politiques et du système de temps de parole. L'argent et le temps de parole sont le nerf de survie de tout parti. Ajoutons à cela un réseau d'élus (justifiant le financement public du parti) et un nombre important de militants, ces quatre piliers imbriqués les uns aux autres, maintiennent un PS en état de marche. Aussi, à ceux qui pensaient que le MoDem allait bouffer le PS, je les renvois à ces observations socio-politiques de base, à quoi j'ajouterai le mode de scrutin à deux tours, qui favorise un certain bipartisme et favorise in fine le PS.

 

J’admets volontiers que ces quelques critères soulignés en gras, ces systèmes finalement, garantissent l'actuel système partisan. Pour faire l'analogie à une étude de marché en situation de concurrence, ces systèmes émettent un prix d'entrée très élevé sur le marché de la représentation en même temps qu'il subventionne les acteurs en place. C'est un cadre conceptuel, un cadre d'étude que j'utilise là mais je n'oublie pas que l'enjeu reste la démocratie. Le système de représentation, et par là le système politique, est tiraillé entre deux logiques: le besoin de représenter les gens dans leur diversité (sociale, âge, sexuelle, professionnelle, ethnique) et représenter leurs idées ET un besoin d'efficacité. Un parti politique, pour reprendre Schumpeter, est une "entreprise politique" visant à conquérir et exercer le pouvoir. Le conquérir par le suffrage universel en cherchant à représenter une majorité des divers (et contradictoires) intérêts du monde social; l'exercer par l'appareil étatique pour changer et/ou conserver l'ordre social établie.

 

Mais un parti politique, comme tout organisme collectif vivant, est une institution avec ses logiques dynamiques, extérieures et intérieures propres, parfois contre-productives sur un échelle de valeur, en somme notre idéal démocratique. En bref, il y a des logiques de pouvoirs à l'intérieur de toute structure dynamique. Cela ne se résume pas au désir de chef qui anime certains, mais au positionnement des uns et des autres dans la structure collective complexe. Au PS c'est la logique des courants et notabilière fondées sur des frictions personnelles (tempérament différents) comme de schéma de représentations. Du côté des logiques extérieures, la compétition avec d'autres partis pour le monopole de la représentation politique du monde social, amène à une lutte sur le champ médiatique comme sur le champ électoral ou social. La dimension temporelle et la concentration de celle-ci, c'est à dire le laps de temps toujours plus court entre chaque élections, ne facilite pas les logiques dynamiques internes positives et au contraire encourage celles qui sont entropiques.

 

Le système partisan actuel est sur le champ de représentations, le produit d'une dynamique socio-historique faite de clivages en série et d'événements communs (mais différemment vécus) tel que la Révolution industrielle. J'en avais parlé, reprenant les propos de Rokkan et Lipset, il s'agit des clivages religieux (laïcité ou pas), politique (monarchie parlementaire/absolue, république), social (bourgeoisie VS prolétariat), écologique etc. Du fait de cette histoire sociale, la forme des partis politiques depuis l'introduction de la démocratie représentative, n'a cessé d'évolué: partis de cadres/partis de masses, partis de gouvernement/partis de protestation, parti sectoriel/parti-attrape-tout etc. La massification des partis fin XIXème/début XXème siècle notamment chez les partis socialistes ou sociaux-démocrates, est une réponse sociale à un enjeu donné: l'organisation du mouvement salarié et des revendications politiques. C'est pour répondre à cette double d'exigence de dignité sociale et politique (l'extension de la représentation et des droits citoyens), que les partis socialistes sont nés en général du syndicalisme.

 

Or le monde a changé. Le libéralisme est né de 3 révolutions politiques (Anglaise, Américaine, Française), le socialisme de la révolution industrielle du XIXème siècle. Les conditions de vies et de travail ont changés. L'expérience gouvernementale des partis de gauche a changé pour partie le monde de représentation du monde social. Les attitudes comportementales ont changés, rien qu'en l'espace des 3 dernières générations (au sens de filiation, non au sens culturel). (1) Le progrès technique, la technologie n'y est pas étranger. Je suis d'une génération dépolitisé, largement exposé à la télé post-ORTF, privatisée, américanisée et pré-numérique et à la société de consommation différenciée. Du coup les repères, les représentations et les modes d'actions et de comportement sont différents. L'investissement social et politique s'en trouve changé. Que dire de la génération qui n'aura connu qu'Internet plus toutes les autres technologies que nous réserve le futur ?

 

Le PS est-il un astre mort ? Peut être qu'en réalité la question c'est de savoir si les organisations politiques et sociales (ici syndicales, voir associatives déjà) et leurs formes actuelles, ne sont pas dépassées. A une structure basée sur la hiérarchie et les procédures plus ou moins formalisées (forme de bureaucratie), se substituerai alors une structure en réseau encore en construction, en élaboration. Nous avons conscience que cela change mais nous ne savons comment ni vers quoi on va, et le malaise vient de là.

 

Sur cette longue réflexion, je vous souhaite de passer de bonnes fêtes.

(1) La population actuelle du PS est plutôt âgée et le recrutement se fait rare sauf dans certaines zones, que va-t-il se passer une fois que se retirera l'actuelle génération?