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10 février 2009

S'engager aujourd'hui

Ce mois ci, cela va faire deux ans que j’ai rejoint le Parti Socialiste français. Certes, au regard d’un certain nombre de camarades de section qui affichent pas moins de trente ans de militantisme au compteur, mon expérience fait pâle figure. Il est évident que j’ai encore beaucoup de chemin à parcourir. Pourtant, à l’heure où le militantisme tend à se résumer de plus en plus à une adhésion furtive et une consommation compulsive (j’aime, j’adhère/ j’aime pas, je me casse), j’ai le sentiment que passer le cap des deux ans, ça relève presque de l’exploit aujourd’hui.

Entreprendre cette démarche d’adhésion à un parti politique n’est pas chose facile. Elle ne va pas de soi dans nos sociétés modernes, où l’individualisme et la méfiance portés aux institutions collectives (parti politiques, syndicats, et même le tissu associatif) fragilisent l’engagement dans les causes collectives. Sur ce point le gaullisme, le stalinisme et le paternalisme social ont largement participés à entretenir cette culture politique anti-partisane et anti-syndicaliste, comme la « bureaucratisation » observée à toute organisation qui s’institutionnalise. Aussi décider de s’engager et franchir le pas est un acte qui coûte.

Il coûte parce qu’il faut se battre contre trois regards. D’abord se battre contre le regard qu’on porte soi même sur les organisations collectives, cette crainte continuelle d’être endoctriner et/ou de se faire manipuler. C’est là un travail sur soi même, et sur ses représentations mentales. Ensuite se battre contre le regard des autres, celui qui exprime autant cette méfiance sur les organisations collectives que sur les gens qui les peuplent jugés partisans, donc corporatiste, donc pas « objectif ». Enfin, et c’est là une difficulté supplémentaire, il faut savoir affronter le regard de gens qu’on vient justement rejoindre. Ces derniers, imprégnés de la culture de l’institution (soit l’ensemble de pratiques et de croyances), voient avec circonspection et méfiance ces petits nouveaux justement non initiés aux pratiques et codes de languages admis. A bien des égards, l'engagement est un rituel d'initiation. Par ailleurs, lorsqu’on s’engage il faut savoir que cela coûte financièrement (cotisation, voiture pour déplacement, repas, apéros) et en terme de temps investis.

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Le moins que je puisse dire c’est que j’ai mis du temps à rejoindre le plus vieux parti de France. Pourtant mon intérêt pour la politique est ancien. C’est d’abord par l’apprentissage de l’histoire et des sciences économiques et sociales – qu’on voudrait d’ailleurs aujourd’hui supprimer – que j’ai compris que la politique, c'est-à-dire le processus de décision publique, avait, quelque soit le champ qu’il occupe (l’économie, la santé, l’éducation etc), des conséquences sérieuses dans nos vies quotidiennes. C’est ensuite, je crois, mon séjour à Djibouti qui a marqué l’éveil de ma conscience politique. La découverte du tiers-monde, et plus précisément d’une société partagée entre ses traditions et les conditions matérielles de l’Occident, m’ont appris à m'interroger sur certaines choses, comme à en relativiser d'autres. Mais les inégalités sociales de cette République bananière, véritable dictature déguisée, liant la problématique économique et politique, m'ont conduit à épouser une lecture marxiste du monde moderne. Mes compagnons de classe m'appelaient "little bolcho"... Mais autant je considérais la logique révolutionnaire comme moyen de conquête du pouvoir, autant la logique réformiste commandait l’exercice du pouvoir (via les coopératives, les conventions collectives progressistes, et des nationalisations décentralisées).

En fait, c’est principalement la découverte du blog de Dominique Strauss-Kahn qui m’a rapproché du Parti Socialiste. Les analyses et commentaires de l’actualité que faisait l’ancien ministre de l’économie du gouvernement Jospin sur son blog m’ont convaincu de la justesse et de toute l’actualité de la social-démocratie, courant de pensée qu’on dit facilement dépassé. La lecture d’un certain nombre d’ouvrages de Michel Rocard m’a conforté dans une lecture politique très « deuxième gauche ». Ma formation académique, centrée sur l’économie et la sociologie politique, m’a familiarisé aussi avec ce courant d’idées. Mais c’est bien le contact, certes virtuel mais quasi-quotidient, avec un certain nombre de militants, pas forcément encartés depuis des lustres d'ailleurs, qui m’a fait franchir le pas et rejoindre le Parti socialiste. J'ai eu d'ailleurs grand plaisir à en rencontrer certains dans la vie réelle.

Comme c’est par internet que je me suis ré-intéressé à la politique, c’est pas ce biais, que j’ai adhéré au PS. Je fais donc partie de ces militants à 20 euros. J’ai adhéré en février 2007, alors que j’étais en mobilité académique à Barcelone, après avoir, non sans mal c’est vrai, dépassé les réserves que j’éprouvais pour la candidate du parti. J’ai fait la connaissance de ma première section socialiste qui réunissait à Barcelone une douzaine de récents militants socialistes. Avec les moyens et difficultés qui étaient les nôtres, nous avons fait campagne. C’était une ambiance tout à fait conviviale et la campagne n’empêchait pas des débats animés et réguliers.

Puis la gauche a perdu les élections présidentielles et législatives. Et, entre l’ouverture opérée par le sarkozysme triomphant post-victoire et le débat douloureux (et sans fin) sur la responsabilité des uns et des autres dans les deux défaites électorales, le PS a traversé une longue période de turbulence qui correspondait aussi à la bataille pour la succession de François Hollande, premier secrétaire du parti depuis 11 ans. Nommé au FMI, DSK a fermé son blog, laissant sans repères ses partisans, dont je suis, et sans espace de discussion quelques centaines d’intervenants irréguliers.

*

C’est à partir de mon retour en France durant l’été 2007 que j’ai déchanté un peu sur le militantisme. J’ai été transféré de ma section de Barcelone à celle de ma commune, via les fédérations, dont la première réunion, mi octobre, correspondra à la présentation des candidats à la candidature socialiste pour les municipales de 2008. Je découvre alors une section vieillissante, démobilisée et surtout divisé par des animosités personnelles qui paralysent le tout et qui rejoignent qu’occasionnellement la division née des courants du parti. Le lendemain, on désigne alors le premier de socialistes, mais je me vois refusé le droit de voter par l’un des candidats sous prétexte que je n’ai pas ma carte d’électeur, même si je reste persuadé que c’est parce qu’il m’a vu discuter avec l’autre candidat la veille (que je connaissais pas). M’apprêtant à voter blanc je n’insiste pas et joue le simplet.

La candidat qui m’a refusé le droit de voter perd le vote des militants et fera campagne au sein d’un collectif citoyen, avec des communistes et quelques personnes de la société civile, et contre son parti. Le candidat vainqueur, GF, veut que je l’aide dans la campagne municipale et que j’intègre la liste. Par respect du vote du parti et extérieur à toutes ces histoires personnelles, je décide de le soutenir tout en me refusant d’intégrer la liste (c’est là un autre niveau d’engagement auquel je n’ai pas pu me résoudre). La section ne se réunissant pas, GF sera durant ces quelques mois ma seule relation avec elle. En dépit d’une hospitalité certaine, j’irai souvent chez lui me tenir au courant des avancées, je mesure au fur et à mesure les limites du personnage : désigné par défaut par ses camarades ceux-ci ne se pressent pas pour composer la liste et faire campagne ; têtu comme une mule, il ne cherchera pas à faire l’union avec le collectif (qui finiront par présenter leur liste) ; enfin il n’a montré aucune capacité d’analyses ou de synthèses (lors de nos réunions) et n’a pas le contact humain facile.

La campagne sera un désastre. La composition de la liste sera tardive et laborieuse, les réunions de travail interminables et pas toujours fructueuses. Et surtout les décisions arrêtées collectivement ne seront pas forcément respectées. A cela, il faut ajouter les susceptibilités égocentriques des uns et des autres. La dimension humaine tout simplement. Un meeting sera organisé mais l’absence de public n’inquiéta personne, pire ça en soulagera certains. En résumé, ce fut une campagne de bureaux et précipitée. J’en prends ma part de responsabilité. Le verdict sera sans appel : le maire ump sera élu dès le premier tour. Mais si la campagne fut mal gérée, l’après sera encore pire. Car GF, comme on peut tous un peu l’être, est susceptible et n’acceptera pas les critiques a posteriori. Et en dépit d’une promesse de fonder une association pour rassembler les gens de la liste afin de garder le contact et travailler déjà pour la suite, rien ne sera fait, insultant par ce fait ces rares et délicieuses personnes qui ont osés s’engager.

Sans nos quatre élus, l’association sera bel et bien crée, après un repas rassemblant une grande majorité des colistiers. A l’occasion de l’élection du conseil d’administration, au cours d’un autre repas, je me porterai candidat au poste de secrétaire (ni président, ni trésorier) et ne récolterait qu’une voix… la mienne! L’exemple typique de ces gros moments de solitude. J’ignorai simplement l’accord officieux qui prévoyait ce poste à une certaine personne. Mais bon prince, ils créeront et m’accorderont le poste de secrétaire adjoint. Un an après, la relation avec nos élus s’est un peu améliorée mais les deux seuls représentants du PS refusent de nous reconnaitre. Aujourd'hui l'association n'avance pas., les gens ne semblant pas vouloir s'investir. L'argent nous manque. GF, dans sa haine contre le collectif, préférera s’entendre avec le maire pour obtenir quelques commissions que réellement s’opposer. Ni remerciement des électeurs, ni compte rendu régulier. Le mépris total.

Et puis il y a eu le 75ème congrès du parti, au cours duquel les militants sont appelés à renouvelés toutes les instances : sections, fédérations et conseil national. J’en ais fait des notes , et . Je suis très content de la victoire de Martine Aubry et du travail entrepris depuis deux mois. Certes, il y a des choses à améliorer (la réactivité, la cohésion, la coordination) mais le PS semble enfin en marche. Au niveau local, nous avons enfin changés de secrétaire de section. Le précédent, partisan de Royal, n’ayant pas souhaité se représenter, et en l’absence de candidatures concurrentes, c’est un camarade d’origine grecque et soutenant la motion C, qui a été désigné secrétaire de section. Fort de son expérience au sein du PASOK comme au sein du PS, il s’est donné l’objectif de recoller les morceaux et de remettre la section en ordre de marche. Son soucie d’une représentativité totale de chaque courant (et « clan ») l’a conduit à proposer, pour la composition de la commission administrative, des postes à chaque motion, en fonction du résultat de celles-ci au niveau local. Ca n’a pas été forcément bien compris et un clan, celui du candidat malheureux en interne, n’a pas souhaité jouer le jeu. En tout cas, son souci d’un travail régulier et de procédures délibératives collectives à la fois claires et ouvertes, change radicalement avec les pratiques d’avant. Je suis désormais secrétaire adjoint en charge de la communication internet.

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Ces deux années, au grès de mes rencontres – virtuelles ou réelles – et de mes lectures, je pense avoir appris sur moi-même et sur les autres. J’ai eu cette chance de rencontrer des gens qui m’ont beaucoup appris, de par leurs expériences rapportées ou par leurs réflexions. Je pense ici à tous mes camarades et amis du net. J’ai pu mieux saisir le comportement humain en groupe : les problèmes de communication et de partage de sens peuvent très vite mettre à mal la cohésion et le fonctionnement du groupe. Et quand il y a des intérêts personnels et des ambitions derrières, ça complique d’avantage le vivre-ensemble. Plusieurs logiques se superposent, coexistent et s’entretiennent entre elles.

Je me rends compte qu’il est difficile de faire travailler une section quand vous êtes vu comme un étranger, jeune qui plus est, ou quand les membres ont perdu l’habitude de faire quelque chose en commun. Les différences de niveaux de formation peuvent créer de la méfiance et une certaine mésentente. Enfin le facteur démographique, le PS a une base militante de plus en plus âgée, révèle aussi les différences de préoccupation (certains pensent à leurs retraites quand moi j’ai pas encore commencé à bosser). Mais si beaucoup ont perdus la motivation et l’intérêt des réunions de section, rédaction et diffusion de tracts (exercice nouveau pour moi), ils n’en ont pas moins une mémoire militante que le PS est en train de perdre sans se rendre compte la richesse qu’elle représente. Mais j’ai bien peur que ce soit là quelque chose de recherché.

Je ne suis pas un militant modèle. Je doute régulièrement sur la durabilité future de mon engagement comme de mon apport réel, à mon modeste niveau, dans un parti où l’on se haït beaucoup. C’est par respect pour les luttes et combats passés que je garde à l’esprit l’importance de l’engagement. Et puis un bon ami m’a dit un jour, approximativement, que « le PS de demain c’est ce que vous les jeunes décidez d’en faire aujourd’hui ».

05 décembre 2008

Huesos - Pedro Guerra

J'ai trouvé cette vidéo sur le blog du camarade Oscar Cerezal.

Je reviendrai sur le sujet des fosses communes en Espagne.

En attendant, j'écoute la musique j'en ais les larmes aux yeux...

21 août 2008

Notes de vacances

Déjà la fin de mes congés ! Je n’ai pas vu les jours passés. En attendant la reprise du travail ce lundi, je profite de mes derniers jours dans les Pyrénées. Au total quinze jours tranquilles comme d’habitudes.

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Ayant achetés une dizaine de livres en début de l’été, deux d’entre eux ayant fait l’objet de notes sur le blog et , j’ai donc essayé d’avancer dans mes lectures en retard. Je viens de finir La guerra civil española de Pierre Vilar, intéressant résumé de cette tragédie qui a marqué le XXème siècle et l’histoire espagnole. J’aurai l’occasion d’en reparler prochainement.

Et quand je ne lis pas un livre, je lis le journal. Un ami, abonné au Monde, m’a donné quelques numéros récents. Et puis je ne cache pas mon plaisir chaque fois que je le peux, d’acheter El Pais, le principal quotidien espagnol, dont chaque numéro m’occupe bien 2,3 jours. Si on peut lire gratuitement ces deux quotidiens sur l’internet, il faut savoir de temps à autre, quand on en a les moyens bien sûr, contribuer à la survie financière de la presse écrite. C’est à cette fin que j’ai décidé de faire un don de 20 euros à L’Humanité qui connaît à nouveau des difficultés financières. Bien que ce ne soit pas un journal que je lis souvent, son approche des faits d’actualités reste originale dans le paysage médiatique français. Cette originalité mérite d’être sauvée*. 

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Prenant mon courage à deux mains, j’ai décidé de faire un peu d’exercice. Comme j’ai pris quelques kilos ces deux dernières années et que j’ai arrêté le sport depuis le lycée, je me suis dit qu’il fallait bien se prendre en main à un moment donné. Je m’en vais donc courir une bonne demi-heure chaque matin en parcourant à peu près 3 kilomètres. C’est peut être pas beaucoup mais mieux vaut commencer doucement et repousser ses limites petit à petit. Et avec ça je marche près de 2h, 5 à 7 kilomètres.

En parlant de sport, je ne peux m’empêcher d’écrire quelques lignes sur les Jeux Olympiques de Pékin. Je dois avouer que j’aime assez peu regarder le sport à la télé. Malheureusement la passion de mon oncle monopolise le petit écran. Je regarde bien quelques épreuves tantôt côté français, tantôt côté espagnol, mais je ne peux m’empêcher de penser à la dimension politique de ces J.O. La cérémonie d’ouverture en est la caricature même : images travaillées à l’ordinateur (feux d’artifices, pollution masquée), imposture sur la jeune chinoise qui chantait. Les employés de relations clientèles recrutées pour l’occasion l’ont été sur des critères discriminants (taille, beauté), amenant des chinoises à subir des opérations pour gagner quelques centimètres ou être plus photogéniques. Les sportifs, dont l’âge et le nombre d’heure d’entrainement laisse planer le doute, sommés de s’excuser publiquement si d’aventure ils ne pourraient participer à une épreuve.

Tout est fait pour donner une belle image de la Chine au monde entier. Sans parler du problème du Tibet, je pense que ces J.O. ne doivent pas faire oublier l’entreprise politico-mercantile qu’est le C.I.O et la nature politique du régime chinois (qui combine le pire du communisme et du capitalisme).

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En allant faire quelques courses en Espagne, on m’a expliqué que je pouvais demander la nationalité espagnole. Le sujet m’avait déjà interpellé lors des débats en Espagne sur la loi sur la mémoire historique. J’avais appris, et l’avait dit à Den, que les fils et petits-fils d’exilés républicains espagnols pouvaient demander, dans un délai de deux ans, la nationalité espagnole.

Mon histoire de famille m’écarte du dispositif car la venue de mes grands parents paternels en France n’était pas motivée par des raisons politiques mais économiques. Bref. Il s’avère que le fait que mes grands parents soient espagnols et que mes parents soient nés là bas me permettrait de revendiquer la nationalité espagnole.

Il faudrait que j’aille demander quelques renseignements au consulat espagnol. Mais pour l’instant je réfléchis à l’opportunité et au sens d’une telle démarche. Au fond la question qui importe c’est de savoir si je me sens suffisamment espagnol pour demander à appartenir à la communauté hispanique.

* voir les réactions sur l'article du Monde

07 juin 2008

Partir...

Invité à prendre congés, je récupère mon gros sac à dos et salue mon examinateur avant de sortir de la salle. Je viens de passer mon oral de socio des politiques publiques, la dernière de mes épreuves d’examen. Me voilà libre. Je salue quelques collègues qui s’apprêtent à passer l’oral, je téléphone à un ami et m’en vais illico à la gare. Mon année universitaire est finie : j’attends ce moment depuis quelques temps déjà.

Après avoir passé un bon mois et demi à bosser sur mon mémoire et à préparer puis passer mes examens, j’étais arrivé à saturation. Lassé de voir les mêmes têtes, déçu par certaines d’entre elles, fatigué d’une certaine routine quotidienne, je ressentais le besoin de voir autre chose, de faire une rupture.

Dans une moindre mesure, le temps passé devant mon ordi à bosser et/ou sur le net à suivre l’actualité politique (dont celle de mon parti) me laissait chaque jour la désagréable impression d’étouffer. Le besoin de me changer les idées s’imposait. C’est pour ça que je suis parti une petite semaine sur Barcelone. J’ai un temps pensé monter sur Paris mais la question du logement m’embarrassait. Et puis j'avais promis à ma famille et à des amis que je reviendrai les voir.

*

Arrivé sur Narbonne en début de soirée mes parents me récupèrent pour partir chez des amis près de Perpignan. Le lendemain matin je prends le train direction Barcelone. Jusqu’à Cerbères, presque seul dans le wagon, mon esprit vagabonde. J’aime beaucoup les voyages en train pour ça. On se retrouve avec soit même. Je me met à penser aux livres que j’ai commandé juste avant mes examens et que je lirai à mon retour. Je tente de me remémorer certains rêves récents (les périodes d’examens sont souvent celles où je m’en souviens le plus). Je joue parfois à les analyser. Le plus souvent je repense aux personnes que j’y retrouve et que je connais dans la vie réelle. Une amie occupe mon esprit. Encore.

A Port Bou je patiente une heure. Je passe le temps à jouer avec mon portable. Je regarde aussi autour de moi. Je vois un couple avec leur enfant. Mon regard se centre un instant sur la femme qui tente de parler à la caisse pendant que son mari s’occupe du petit. Je vois un groupe de jeunes aux traits scandinaves parler et rire en anglais. On sent qu’on se rapproche de Barcelone ! Dans le train, plus je m’éloigne de la frontière, plus je fais le vide dans mon esprit. Peut être est-ce le fait d’entendre parler espagnol et catalan ! Je commence à lire El Portico. J’arrive à Barcelone vers midi. Il pleut.

*

Deux jours après. J’ai passé le week-end chez mes oncles. Il est 14h, je me ballade sur  l’avenue Passeig de Gracia et je descends vers la Place Catalunya. Le ciel est assez couvert. J’espère qu’il ne va pas pleuvoir car je dois passer tout l’après midi dehors en attendant de retrouver quelques camarades en début de soirée. Il y a du monde, beaucoup de monde. L’avenue est remplie de magasins, les gens qui se baladent sont assez typés, socialement parlant. Comme je suis en plein centre-ville, il y a aussi beaucoup de touristes. Plusieurs nationalités se croisent plus qu’elles ne se rencontrent vraiment. A chaque passage piéton, j’ai le chic pour me taper le rouge, mon regard se laisse distraire par la gente féminine. Comme dit mon cousin, à Barcelone on tombe amoureux à chaque coin de rue. Je suis toujours frappé par la beauté et l’élégance des femmes catalanes.

Je fais ensuite le tour de la place Catalunya pour arriver à la sortie de métro près des Ramblas. Il se trouve qu’un an auparavant, un collègue m’avait attendu là pour aller faire la fête. J’entreprends de descendre les Ramblas. C’est un coin touristique, il y a donc beaucoup de mondes. On y trouve quelques animations : des gens se déguisent, d’autres font des petits shows (un imitateur de Michael Jackson, mais beaucoup plus bronzé que l’original).

 

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Dans les différents groupes de touristes que je dépasse en zigzagant, j’entends du français. Ca ressemble à un groupe scolaire. Des adolescents. D’ailleurs je surprendrai un gamin qui s’amusait à dire « bonjour » aux passants en croyant qu’il n’était pas compris. Un peu plus loin en descendant la rue, je vois un bâtiment qui annonce une exposition sur la Chine. Je projetai de la faire durant mon séjour, il n’en sera rien. J'arrive ensuite au niveau de la sortie de métro Liceu, à l'endroit même où j'ai quitté mes amies polonaises un an plus tôt. J’espérai y trouver une rue parallèle pour retrouver un musée, mais j’ai la flemme de chercher alors je vais jusqu’à la statue de Christophe Colomb.

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A ce moment là, je décide d'emprunter le Passeig de Colomb qui borde un temps le port jusqu'au métro de Barceloneta. J'emprunte alors le métro jusqu'à la sortie Jaume 1. A la sortie du métro, le temps s'est un peu éclairci. Je vois un petit café et décide de m'y arrêter. Je prends une sorte de capuccino glacé qui me laisse sur ma faim. Je m'attendais à autre chose. En sortant du bar, je me rend compte que la sortie de métro en question était le point de rendez-vous de ma toute première sortie Erasmus. Amusé, je prends un passage piéton à la recherche du Musée Pablo Picasso. Mais lorsque je le trouve, je trouve les portes fermées. J'essaye ensuite de trouver le Musée de la Xocolata mais sans succès.

Et puis comme je marche un peu au hasard pour le plaisir de marcher, j'emprunte des chemins qui m'éloigne des lieux initialement cherchés. Je me retrouve aux portes du Parc de la Ciutadela, pas loin de mon ancienne fac. C'est là qu'on peut voir le Parlement de Catalunya. Puis le parc est sympa.

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Peu après je sors du parc. Souhaitant faire une pause cyber-café, je recherche les deux cybercafés que je connais. Le premier est près de l’université mais il est aujourd’hui fermé. Le second est un peu plus loin, sur une rue qui peut vous conduire à la Sagrada Familia. J’y reste une heure, le temps de lire mes mails, répondre à quelques messages sur mon blog et vider les spams. Je retourne ensuite au parc car je sais qu’il y a un musée de zoologie à visiter. Je passe par une autre entrée du parc, non loin de l'Arc de Triomphe.

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Le musée est fermé. Je me rend compte que beaucoup de musée sont fermés le lundi et que je pourrai rien voir cet après midi. Il est 16h, j’ai encore du temps à tuer. Je décide de faire le grand tour du Parc par l'extérieur, il n'y a pas grand chose de beau à voir. J'arrive à la station de métro de la Ciutadela que je connais parce que c'est pas loin de ma fac et que c'est cette sortie de métro que j'empruntais quotidiennement. De là je vois les bâtiments de mon ex-université, mais j'ai pas envie d'y aller. J'ai pas quité mon université en France pour courir voir celle que j'ai fréquenté en Espagne. Sans compter que la plus part des gens que je connaisais sont partis. Je vais donc côté plage, à 5 minutes de marche à peine. Au bord de la mer, je déambule le long du Passeig Maritimo, perdu dans mes pensées.

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Je me mets à penser à une des polonaises. Je me souviens de notre première rencontre. C’est l’autre polonaise qui nous avait présenté. Ce fut assez laborieux au départ : elle ne savait presque rien d’espagnol, et j’étais trop limité en anglais (du reste, je le suis toujours) pour faire la conversation. Sans parler que je suis pas d'un naturel très bavard. Mais elle fît en trois mois de grands progrès en castillan. J’appréciais sa compagnie et parler avec elle. Elle avait de beaux yeux clairs, mais il m’était difficile de les lire (parfois certaines personnes ont un regard très expressif).

Elle était bien mignonne ma polonaise, surtout en maillot de bain! J’ai eu le sentiment qu’elle savait lire l’état de mon âme… quand j’étais tristounet, quand je perdais patience (faut dire qu’elles avaient bien du mal à se décider pour choisir un bar ou un restaurant). En tout cas j’appréciais ses paroles prévenantes à mon égard. Pour moi c’est important, même si je suis peut être pas aussi secret que je ne le crois. C’était une bonne amie. Nous avons passé de bons moments. Je lui avais fait goûté les huîtres dans un petit restaurant et elle avait visiblement pas trop aimé. Et encore j’ai attendu qu’elle mange la première avant de lui dire que c’était vivant !

Dès lors je ne comprends pas pourquoi elle refuse de me répondre sur internet lorsque je la vois connecté et que je lui envois un message. Je lui ais envoyé en décembre un mail pour lui souhaiter de bonnes fêtes, j'attends encore sa réponse. Je m'interroge. Je culpabilise même. Ai-je commis une faute à un moment donné ? Peut être que tout simplement, on voit se confirmer à nouveau le fait que le temps et la distance sont les pires ennemis d'une amitié.

*

Arrivé au bout du passage maritime, je décide de revenir vers la statue de Colomb. Je passe devant le musée d'histoires de la Catalogne que j'ai visité lors d'un précédent séjour. Mes jambes commencent à fatiguer. Ca fait quelques heures déjà que je marche au hasard, selon le bon vouloir de mon âme. Comme la veille je suis allé courir avec mon oncle et que ça faisait un moment que je ne l'avais pas fait, j'ai des courbatures partout.

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Je ressent l'envie de m'asseoir. Je décide d'aller dans un bar très sympa à côté du musée de cire, lui même à proximité de la statue de Colomb, à droite en remontant les Ramblas. L'ambiance y est sympa mais c'est surtout le décor. Une partie du bar ressemble à une forêt avec des faux tronc, et des fausses feuilles, l'autre étant une sorte de chambre du XIXèeme siècle. La sangria y est excellente. Comme d'habitude, je m'en prends une, et comme souvent je la bois un peu trop vite. J'écris entre temps un sms avec mon portable espagnol afin de contacter un collègue catalan. Il ne me répondra pas.

A la sortie du bar, j'ai un peu la tête qui tourne. Mais honnêtement je me sens bien. Le temps s'est éclairci. Je photographie une sorte de colèche. Puis décide de remonter les Ramblas.

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Ne trouvant aucun intérêt à les refaire (même si c'est jamais lassant de s'y promener), je décide de tenter une rue à gauche. Je l'emprunte et quelques temps après je prends la droite, une rue parallèle à celle des Ramblas. Je m'engage dans une petite place où des prostituées (ça y ressemblait bien) font face à des gens aux traits pakistanis ou indiens. Je préfère changer de trotoir, redoutant qu'une prostituée ne me prenne un bras et ne s'accroche à moi (ce qui entrainerait un long dialogue de sourd où elle insisterait à chaque fois que je répeterai que je n'ai ni envie, ni argent). Quelques rues plus loins je me retrouve sur les Ramblas du Raval, un quartier populaire où habite quand même pas mal d'immigrés.

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"Oh, oh, z'ai cru vois un gros minet !"

Par je ne sais quel hasard, je me suis retrouve sur cette place où l'an passé, nous avions achevés une visite entre Erasmus un samedi matin. On avait bu l'apéro dans un bar sur les tables mises à l'extérieur sur la place. J'étais avec des belges et la première polonaise. Ce qui me fait penser à un bar de bières belges que m'avaient fait découvrir des amis belges justement, et où je ne suis plus retourné depuis. Il faudra que j'y retourne parce qu'elles sont vraiment bonnes ces bières ;-)

A partir de là je décide de jouer le jeux de ma mémoire et de reprendre, autant que je m'en souvienne, le chemin à l'envers que nous avions fait lors de cette sortie. Je m'aventure dans plusieurs ruelles. Je fais quelques essais. A un moment donné je croise un gars un peu émeché qui me lance et répète un "y a ti que ta pasa ?". Il était accompagné. J'ignore superbement ses propos bien qu'en mon fort intérieur je pense :"je vais te pêter la gueule, tu vas voir c'est quoi mon problème!". Mais dès fois il vaut se méfier d'un verre de sangria...

Je retrouve plus loin le MACBA, le Musée d'Art Contemporain de Barcelone. Je le ferai deux jours plus tard sans vraiment apprécier l'art exposé, à l'exception de quelques photos.

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En remontant j’arrive aux portes de l’Université Autonome de Barcelone, à l’endroit même où nous avions commencé la visite guidée signalée ci-dessus. On peut me demander quel est l'intérêt de refaire ce qu'on fait. Je répondrai benoitement qu'on ne le refait jamais avec les mêmes yeux! Je me balade ensuite sur quelques ramblas, le temps de retrouver mes amis pour manger. Repas de 21h jusqu'à minuit. Je rentrerai finalement à la maison à 2h du mat, complétement épuisé...

 

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10 mars 2008

Verdict des élections espagnoles : 4 ans de plus pour le PSOE

Le verdict est tombé hier soir à 20h: les Espagnols confirment Zapatero dans ses fonctions de Président de gouvernement en donnant une nouvelle majorité relative au PSOE.

 

 

Les premières simulations à l'annonce des résultats accordaient une majorité absolue aux socialistes, mais au fur et à mesure de l'avancement du dépouillement, la franche victoire est devenue relative.

 

 

Des résultats plus en détail sur le lien suivant : http://www.elpais.com/especial/elecciones-generales/congr...

 

 

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La participation a été de 75,32 % soit 2 points de moins que 4 ans plutôt.

 

 

Le PSOE gagne 5 sièges par rapport à 2004 mais il lui en manque encore 7 pour atteindre la majorité absolue.

 

 

Le PP a progressé en voix et en sièges (5 sièges également). C'est pour lui une "défaite relative". Sa stratégie d'opposition violente et systématique n'a pas été autant sanctionnée qu'on l'aurait cru. Il mobilise toujours autant ses électeurs.

 

 

Izquierda Unida continue sa dégringolade et perd 3 sièges, conséquence du monde de scrutin et du vote utile en faveur des socialistes.

 

 

Quant aux nationalistes, à l'exception des nationalistes catalanistes (CiU) qui se maintiennent et gagnent un siège, ils sortent fragilisés des ces élections. Le bipartisme s'en trouve accentué.

 

 

C'était aussi le vote d'une grande partie des sénateurs. Le PP se maintient mais la gauche progresse bien.

 

 

Reste la question des alliances. Le PSOE, ayant épuisé ses réserves sur sa gauche, va-t-il devoir faire alliance avec les nationalistes catalans de droite comme Felipe Gonzalez en 1993 ? Une telle hypothèse mettrait en danger le PSOE en Catalogne, gouvernée par l'alliance PSC-ERC-ICV.