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08 février 2012

Pour une réforme des parrainages

A chaque élection présidentielle, le sujet revient systématiquement dans le débat public. On entend des mêmes formations politiques, les mêmes plaintes à l’égard du système des parrainages : trop restrictif, trop injuste, trop peu démocratique.

Rappelons-le, ce système impose à tout prétendant à l’élection présidentielle, d’avoir au moins 500 signatures d’élus (parmi plus de 40 000 édiles) pour être reconnu officiellement candidat (et ainsi bénéficier des financements publics).

A la base, le système a été mis en place pour éviter les candidatures farfelues (Coluche et autres) et s’assurer que les prétendants à la présidentielle disposent d’un ancrage territorial et citoyen (via le nombre d’élus, d’au moins 30 circonscriptions).

Mais depuis 1965, première élection présidentielle au suffrage universel direct, on a de plus en plus de candidats sur la ligne de départ, alors même que certains n’ont aucune prétention à gouverner ou ne sont pas en situation de gagner ou de peser.

La critique des parrainages vient toujours des formations politiques qui n’utilisent l’élection présidentielle que comme une tribune politique et médiatique. Or elles délaissent très souvent les élections intermédiaires, par manque d’intérêt/de moyens.

Comme alternative au système actuel, on trouve le parrainage direct par les citoyens, l’abaissement du seuil de parrainage, la non publicité des parrains, la possibilité de parrainer plusieurs candidats ou élargir le parrainage aux conseillers municipaux.

Partisan d’un rapprochement des scrutins présidentiels et législatifs (qu’il faudrait organiser le même jour), je propose de conditionner la candidature à la présidentielle à la présentation conjointe de 577 candidats aux législatives.

Loin du mensonge gaullien d’une rencontre entre un homme et un peuple, l’élection présidentielle c’est l’élection d’un homme (ou d’une femme) qui aspire à gouverner avec l’appui d’une majorité parlementaire. Le président n’a pas un rôle honorifique.

Ma proposition aurait l’intérêt de conditionner une candidature non plus aux résultats électoraux passés mais à un projet concret de majorité future. Et on limiterait l’intérêt des candidatures de témoignage ou d’intérêt (alliances de 2nd tour).

14:53 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0)

04 février 2012

Epargne et endettement au niveau international.

C’est le sujet d’économie d’un concours que j’ai passé en janvier dernier. Il ne fut pas évident à traiter car ce n’est pas du tout un sujet classique. Déjà parce qu’il introduit une perspective internationale alors qu’on est souvent concentré, actualité immédiate oblige, sur les problèmes européens. Ensuite parce qu’il faut trouver un équilibre entre éléments théoriques, associés aux concepts d’épargne et d’endettement, et situations empiriques.

Au final j’ai fini ma composition à l’arrach. J’ai perdu trop de temps à faire un plan cohérent, embrouillé que j’étais par tous les éléments (théoriques et factuels) que j’avais mis au brouillon. J’ai fait le choix d’une composition plus factuelle que théorique. Les propos ci-dessous sont une reconstitution de ma composition sur la base de mon brouillon.

 

1. Depuis les années 80 l’endettement a été au cœur du modèle de croissance des pays développés, compensé par l’excès d’épargne des pays émergents.

Après la crise des années 70, les pays développés enregistrent une inflation à deux chiffres (liée à la facture énergétique et à la spirale prix-salaire-prix). Les entreprises doivent faire face à la concurrence internationale, avec l’ouverture croissante et généralisée des échanges internationaux.

S’ensuit dans les années 80 des mesures de modération salariale (désindexation des salaires sur l’évolution des prix), une tendance à la substitution du capital au travail et à la délocalisation d’activités (permet de contenir les coûts, s’installer dans les économies dynamiques). Partage de la valeur ajoutée défavorable au travail.

La libéralisation des marchés financiers (via la dérèglementation et la dérégulation) permet d’alléger la contrainte financière pensant sur les Etats et de soutenir (via le développement du crédit) la consommation des ménages. Hausse de l’endettement public et privé des pays développés. Aux USA le taux d’épargne devient négatif à partir du milieu des années 90.

L’endettement des pays développés est compensé par l’épargne des pays émergents (Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud, Mexique, les quatre dragons, les bébés tigres). Ils bénéficient d’une croissance que repose sur le dynamisme des exportations (via le coût de main d’œuvre bon marché) et de l’investissement (via les entreprises et capitaux extérieurs).

2. Pour éviter le risque d’une crise des dettes souveraines un rééquilibrage s’impose, centré sur la réduction des déficits publics et des déséquilibres extérieurs.

La crise financière de 2008 a touché l’ensemble de l’économie réelle. Les Etats se sont alors endetter pour soutenir l’activité économique : plan de soutien bancaire (garantie et recapitalisation), plan de relance (sectoriels ou global) et stabilisateurs automatiques (l’activité diminue => hausse des dépenses d’intervention et baisse des recettes fiscales).

L’endettement public devient préoccupant : le stock important de dette initial de certains Etat (Grèce, France), le niveau des spreads (écart des taux) et des primes de risque augmente les intérêts demandés aux Etats (donc le coût de l’emprunt), et avec l’affaiblissement de la croissance, l’endettement devient quasi-automatique (rapport entre taux de croissance et taux d’intérêt).

Problème de déficit public structurel côté des dépenses publiques (dépenses sociales et d’interventions ont augmenté alors qu’on a réduit les dépenses d’investissements) et côté des recettes (baisses régulières depuis 2000 avec les réformes de l’IRPP, IS, ISF, TP). En France près de 100 milliards en moins en dix ans.

De nombreux pays européens ont un problème de compétitivité. Solde déficitaire de la balance des paiements (balance commerciale + balance des capitaux + balance des flux financiers) d’une économie signifie un endettement vis-à-vis de l’extérieur (donc dépendance vs à vis de l’extérieur). Compétitivité-prix (coûts salariaux) et compétitivité hors-prix (spécialisation de l’économie).

Au sein de la zone euro, pays endettés (France, Espagne, Grèce, Italie, Portugal) et pays excédentaires (Allemagne, Autriche, Finlande etc). Il convient donc de mener une politique de compétitivité (investissements R&D, éducation et formation, développement industriel sur les secteurs à forte valeur ajoutée : bio et nano-technologie).

15:47 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : économie, europe

28 janvier 2012

Les nouveaux chiens de garde

Ce film documentaire diffusé actuellement au cinéma est inspiré du livre de Serge Halimi, le directeur du Monde diplomatique, publié en 1997. Il a pour sujet central les média et le rôle de ses protagonistes (journalistes, éditorialistes, intervenants divers etc.) dans la promotion et le maintient de l’ordre économique et social dominant.

Alors que les acteurs de ce système médiatique se pensent comme un contre-pouvoir en démocratie - et revendiquent à cette fin leur indépendance, leur objectivité et leur pluralisme - le documentaire s’emploie à démontrer leurs dépendances aux groupes industriels, leurs partis-pris et le manque criant de pluralisme des idées.

Les principales idées du film :

La concentration des média entre les mains de puissants groupes industriels et financiers (Bouygues, Bolloré, Dassault, Lagardère, Pinault, Arnault…) qui n’est pas sans incidence sur leur ligne éditoriale.

Le parcours de socialisation très semblables des principaux journalistes (mêmes origines sociales, mêmes écoles de formation via Sciences Po, HEC, etc)

Les liens très forts entre politiques, industriels et journalistes (symbolisé dans le film par les fameuses rencontres au club Siècle) et le mélange des genres (mariage entre journaliste et politique, les nombreux « ménages »).

Le manque de diversité et de renouvellement des experts économiques comme des journalistes/ commentateurs/ éditorialistes dans le temps, qui pour certains cumulent les postes et les média.

Les liens qu’entretiennent de nombreux experts économiques avec les entreprises font douter de la neutralisé de leurs discours.

Le discours économique homogène (pro-entreprise, pro-réformes, comparatisme européen) des experts, des journalistes, des éditorialistes, des commentateurs.

La mise à l’écart ou la mise dans les rangs des intervenants trop atypiques ou critiques contre le système.

Quiconque a un regard un peu avisé, les arguments avancés dans le film n’ont rien d’extraordinairement nouveaux. Mais l’intérêt du film est qu’il vient étayer ces critiques par l’image, par des exemples et un travail d’investigation. C’est une analyse intéressante de l’évolution des média depuis l’ORTF, et en particulier du discours dominant.

Mais j’émettrai quand même quelques réserves.

L’argumentaire développe une lecture un peu « complotiste » ou globalisante des choses. C’est l’idée que rien n’est hasard et que tout est lié. Le club du Siècle est certainement un lieu de réseaux et socialisation, de là à penser qu’on y décide en sous-mains de l’avenir de la France et des masses.

Ce n’est pas parce que les « experts économiques » n’ont pas prévu la crise et qu’ils sont nombreux à s’être trompés sur les conséquences de la crise, qu’ils sont complètement disqualifiés. Je connais peu d’individus ayant su prévoir la crise de 2008 (Roubini, Jorion, Rocard et encore pas avant 2006) et de nombreux intervenants apparaissent plus prudents dans leurs propos.

Le film fait l’impasse sur la montée du FN (paradoxalement favorisé par les média) et de commentateurs réactionnaires, au discours quand même en opposition avec les partis de gouvernement, soit disant acquis aux intérêts et valeurs des média et des élites dominantes.

Dans une lecture un peu marxisante, le système médiatique est au service de l’économie et du politique, or je crois que le système médiatique a sa propre autonomie et a un rapport avec l’économie et le politique fait de complémentarité et de confrontation.

24 janvier 2012

Le PSOE prépare l’après-Zapatero

Après leur défaite aux élections législatives du 20 novembre dernier où ils ont fait leur plus mauvais résultat depuis le retour de la démocratie, les socialistes espagnols préparent actuellement leur 38ème congrès, prévu les 3, 4 et 5 février prochain.

L’évènement est important puisqu’il marque le début de l’ère de l’après-Zapatero. Ce dernier, secrétaire général du parti depuis 2000, va quitter la vie politique. Et c’est le premier congrès organisé dans l’opposition, après sept ans aux responsabilités.

Valable pour chaque parti politique, le congrès a trois fonctions : renouveler les instances locales et nationales, déterminer l’orientation et la stratégie politique pour les années à venir et choisir un leader ou lui renouveler sa confiance.

Le déroulement d’un congrès du PSOE

Il est intéressant de constater que le PSOE et le PS s’organisent et fonctionnent un peu différemment. Le PS est un parti centralisé, le PSOE un parti fédéral. Le PS fonctionne sur le principe des courants alors que le PSOE n’en compte officiellement qu’un (Izquierda socialista, qui représente la gauche du parti).

Le congrès du PS se déroule schématiquement en trois temps : les contributions (individuelles, collectives, thématiques), le vote des motions qui déterminent la répartition des sièges au sein du Conseil et Bureau National, puis l’élection du Premier secrétaire par les militants.

Celui du PSOE s’organise autour d’un seul texte programmatique, amendable via une commission de travail, et en deux temps : les congrès provinciaux pour choisir les délégués qui vont participer au congrès fédéral. Le secrétaire général est choisi par les délégués, et non par les militants.

Cela dit, je ne crois pas que les fédérations espagnoles aient beaucoup plus de pouvoirs et de libertés que les fédérations françaises. Et si les courants n’ont pas au sein du PSOE le poids qu’ils ont au PS, ils s’organisent également autour de certaines personnalités (Gonzales/ Guerra, Borrell/ Almunia, Zapatero/ Bono, Rubalcaba/ Chacon).

Le retour des débats internes

Généralement lorsqu’un parti est au pouvoir, les débats internes sont très limités quand ils ne sont pas encadrés voir éclipsés par l’action du gouvernement. Et depuis 2008 au moins, et avec l’approfondissement de la crise, la direction de Zapatero m’a l’air d’avoir pas mal verrouillé les débats.

Avec le temps, non seulement Zapatero s’est passé de l’avis des instances du parti mais en plus il en exigeait un soutient total à l’action du gouvernement. Sans exclure un biais journalistique (je lis essentiellement El Pais pour m’informer de l’actualité espagnole et le journal est proche des socialistes), j’ai rarement entendu des voix discordantes au discours officiel du PSOE.

Lorsqu’en mai 2011 Zapatero a annoncé qu’il ne se représenterait pas, espérant sauver les élections municipales, la question de sa succession immédiate a été très vite réglée : on a parlé un temps d’une primaire pour départager Rubalcaba et Chacon, les deux favoris, avant que cette dernière ne soit priée de renoncer au profit du premier.

Depuis la défaite électorale du 20 novembre dernier et la décision d’organiser un congrès dès février 2012 (quand on pense que le PS a mis plus d’un an à organiser son congrès après sa défaite en 2007), il n’y a pas un jour sans qu’un responsable socialiste ne publie ses analyses de la défaite et explique la stratégie à adopter pour l’avenir.

Le duel Chacon/Rubalcaba

Deux candidats briguent la succession de Zapatero à la tête du PSOE. D’une part Alfredo Perez Rubalcaba, 60 ans, ancien ministre de l’Intérieur (2006-2011) et vice-président du gouvernement (2010-2011), chef de liste aux dernières élections. D’autre part Carme Chacon, 40 ans, ex-ministre du Logement (2007-2008) et de la Défense (2008-2011).

Carme Chacon et ses partisans ont publié un manifeste intitulé « Mucho PSOE por hacer ». Tout en revendiquant les avancées de l’ère Zapatero, ils proposent de faire un inventaire de ces années de gouvernement et en particulier de la gestion de la crise. Ils souhaitent une réforme fiscale d’avantage progressiste et un gouvernement économique et démocratique en Europe. Enfin ils militent pour un parti ouvert et travaillant avec la société civile, puis pour l’organisation de primaires citoyennes.

Alfredo Rubalcaba et ses soutiens ont publié un manifeste intitulé « 38 proposiciones y mas ». Ils plaident pour un parti plus à l’image de l’Espagne, de masse (vise les 2 millions d’adhérents), pluriel et intergénérationnel, respectant les identités régionales mais en parlant d’une seule voix. Ils souhaitent un parti plus participatif (via les NTIC) avec notamment l’élection du candidat à la présidence par la voie de primaires citoyennes. Enfin, un parti ancré en Europe et dans l’Internationale Socialiste.

Le premier texte privilégie une démarche politique globale quand le second est centré sur le parti, présenté comme un outil de reconquête. Pour l’instant, à l’issu des premiers congrès provinciaux organisés le weekend dernier, Rubalcaba partirait avec un léger avantage sur Chacon, mais un bon tiers des délégués n’ont pas encore pris position.

Difficile pour ma part de départager les deux candidats. Je connais bien mal Chacon mais je trouve intéressant le principe d’inventaire des années ZP. Elle apparait encore trop sans consistance mais risque surtout de payer sa « catalanité » suite aux bisbilles PSC/PSOE. Rubalcaba est d’avantage expérimenté et c’est un bon contradicteur, ce qui serait utile au Parlement. Verdict dans deux semaines.

20 janvier 2012

Le docile Mario Monti ?

Désigné Président du Conseil de l’Italie (c'est-à-dire Premier Ministre) après le départ en catastrophe de Silvio Berlusconi en novembre dernier, Mario Monti a la lourde tâche de redresser l’Italie, qui reste, rappelons-le, la troisième économie de la zone euro.

Ancien commissaire européen à la concurrence (on lui doit le paquet Monti-Kroes qui encadre, entre autre, les aides publiques), ancien « membre » de Goldman Sachs, son arrivée à la tête de l’Italie est vue comme le symbole de la dérive technocratique de l’Europe.

A peine arrivée, il a fait adopter toute une série de mesures d’austérité (réforme des retraites, du marché du travail, plans de privatisations, réduction des dépenses publiques etc). On se souvient de la ministre du travail s’effondrant en larmes en annonçant les mesures.

Mais dans cette course morbide à l’austérité et à la rigueur, Mario Monti est peut être celui qui a le discours économique le plus intéressant parmi les dirigeants européens actuels. Il plaide pour des politiques ciblant la croissance, des euro-obligations, et une Allemagne solidaire des autres pays de la zone euro.

Là où d’autres dirigeants semblent appliquer les politiques d’austérité sans broncher – Papandréou et son successeur, Zapatero et Rajoy – Mario Monti milite pour une réponse collective et coordonnée, une manière de contester la suprématie et le dirigisme du couple Merkozy.

D’après El Pais, Sarkozy et Merkel vont proposer au prochain sommet européen un paquet compétitivité et croissance, comprenant un plan européen d’apprentissage, un renforcement des moyens des agences de l’emploi, le fléchage des fonds européens vers les pays en difficultés (Grèce, Portugal, Espagne), une harmonisation de la fiscalité sur les entreprises etc.

On est encore loin d’une vraie relance économique à l’échelle européenne (ciblant les secteurs économiques porteurs et des projets industriels transeuropéen) et financée par emprunt (euro-obligations) et/ou une fiscalité communautaire (hausse de la TVA, taxe carbone, taxe Tobin, un point d’IS harmonisé), mais l’idée semble faire son chemin.

16:16 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, europe