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10 janvier 2012

Souvenirs de l'euro

Le 1er janvier 2002, l’euro entrait effectivement en circulation et remplaçait peu à peu nos vieilles monnaies nationales. Récemment, le site LeMonde.fr était à la recherche de témoignages ou souvenirs de cette journée là, de ce premier contact avec la monnaie unique.

En janvier 2002, j’étais en Afrique, à Djibouti. Je n’ai donc découvert l’euro que six mois plus tard, une fois rentré définitivement en France. Sans certitude, je crois bien que mon premier achat en euros aura été une place de cinéma (Star Wars, L’attaque des clones).

En revanche je me souviens avoir travaillé en classe, à l’initiative de notre professeur de sciences économiques et sociales, à la préparation d’une conférence sur l’euro. Devant nos parents et quelques curieux, chacun devait faire un petit topo sur la monnaie unique. J’avais bossé sur l’euro et les entreprises.

En ce moment on parle pas mal d’un possible démantèlement de l’euro, accusé un peu vite à mon goût de tous les maux économiques de l’Europe. Laissons de côté les problèmes de gouvernance économique de la zone euro. Je pense à l’acte politique qu’avait constitué l’arrivée de l’euro.

On aime bien nous dire que l’Europe c’est la paix, que la construction européenne nous éloigne des guerres fratricides du XXème siècle. Et c’est vrai. Mais plus le temps passe et moins l’argument a du sens, renouvellement générationnel oblige. Il faut autre chose pour réanimer l’esprit européen.

Pour moi, l’euro (avec Erasmus) est la réalisation la plus concrète de la construction européenne. C’est aussi un outil de liberté. Enfant, je me rappelle de mes vacances en Espagne où l’on utilisait la Peseta, qu’il fallait faire changer de retour en France etc. Avoir une même monnaie facilite nos déplacements et nos échanges.

J’ai conscience que tout le monde n’a pas l’habitude de bouger – outre mes séjours en Espagne de part mes origines, j’ai souvent vécu dans des régions frontalières – mais je reste persuadé que l’euro est la cristallisation des acquis communautaires en matière de liberté et de mobilité.

21:20 Publié dans Récit de vie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe

06 janvier 2012

Les politiques de l’emploi en France

Depuis le déclenchement de la crise financière fin 2008 et le ralentissement de l’activité économique qui en a suivi, la France compte près d’un million de chômeurs en plus. Les faibles perspectives de croissance pour les années à venir éloignent un peu plus l’objectif de « plein emploi » fixé en 2000.

Avec la fin des Trente glorieuses et l’essoufflement des gains de productivité et des taux de croissance, le chômage s’est enraciné en France avec un taux évoluant entre 8 et 12%, malgré quelques périodes d’amélioration (1986-1990, 1997-2001, 2006-2008). La France souffre d’un déficit d’emplois.

La création d’emplois est généralement liée à la croissance économique, c'est-à-dire l’augmentation du PIB produit par un pays donné, d’une année à l’autre. Plus l’économique est dynamique, plus elle tend à créer de l’emploi. On estime à 2-2,5% le taux de croissance nécessaire pour une baisse significative du chômage.

Pour lutter contre la chômage, les gouvernements successifs ont mis en place différentes politiques de l’emploi. Agissant sur l’offre du travail émanant des salariés/ménages ou sur la demande du travail émanant des entreprises, ces politiques visent à favoriser l’embauche ou le retour des chômeurs à l’emploi.

On peut dès lors s’interroger sur les caractéristiques des politiques de l’emploi menées en France depuis une vingtaine d’année, et examiner leurs efficacités respectives.

A cette fin, nous examinerons :

-      La réduction du temps de travail et les allègements de charges sociales (I)

-      La formation professionnelle et les dispositifs d’insertion et d’emplois aidés (II)

-      Les mesures règlementaires et les incitations à la reprise d’activité (III)

 

La réduction du temps et de travail et les allègements de charges.

La réduction du temps de travail.

Au début des années quatre-vingt, pour face à la recrudescence du chômage, certains ont avancé l’idée d’opérer une politique de partage du travail. Ce partage s’effectuant par une réduction du temps de travail ou pas l’exclusion progressive du marché du travail de certaines catégories de personnes.

Arrivée au pouvoir en 1981, le gauche réduit la durée légale hebdomadaire du travail de 40 à 39h. On estime à 40 000 le nombre d’emplois crées par cette première réduction du temps de travail. En parallèle, la gauche abaisse l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans et crée le dispositif de préretraites.

En 1996, la loi de Robien donne une base légale à la négociation et l’expérimentation d’une réduction du temps de travail en échange d’allègements de charges. Les lois Aubry de 1998 et 2000 reprennent et étendent ce dispositif pour abaisser la durée légale du travail hebdomadaire à 35 heures.

La première loi offre des allègements de charges aux entreprises qui réduisent leur temps de travail de 6% en moyenne et embauchent 10% de salariés. La seconde loi offre plus de flexibilité aux employeurs en instituant l’annualisation du temps de travail. Les heures supplémentaires sont surenchéries pour favoriser l’embauche.

D’après une étude de la DARES, on estime à 450 000 les emplois crées à l’occasion du passage aux 35 heures. Mais d’autres études mettent en avant les conséquences en termes de compétitivité, de modération salariale ou de dégradation des conditions de travail (stress, flexibilité).

Les allègements de charges ou du coût du travail.

Les promoteurs de cette politique partent du postulat suivant : l’entreprise va fixer la combinaison des facteurs de production en fonction du coût relatif du travail et du capital. Selon le coût de travail, une entreprise peut préférer substituer le capital au travail, ce qui pénalise avant tout les travailleurs peu ou faiblement qualifiés.

Il s’agit donc par la voie d’allègements des cotisations sociales (charges patronales) de jouer sur le coût unitaire de travail et inciter les entreprises soit à l’embauche soit à ne pas remplacer les emplois par des machines. Il s’agit également de ne pas trop pénaliser l’entreprise dans un contexte de guerre de compétitivité.

Les allègements Juppé puis Fillon opèrent des allègements de charges pour les emplois rémunérés jusqu’à 1,2 – 1,5 fois le SMIC. En 1995, le gouvernement Juppé institue les « zones franches urbaines ». Ce dispositif exonère de charges les entreprises s’installant dans ces zones (quartiers) souvent touchées par le chômage.

La multiplication de ces allègements rend difficile un bilan global de cette politique. Le coût budgétaire, en particulier pour les finances sociales, est assez conséquent. Centré sur les bas salaires, elles favorisent le travail sous qualifié. Les zones franches ont toutefois permis de redynamiser des secteurs très sinistrés.

La formation professionnelle et les dispositifs d’insertion/emplois aidés.

La formation professionnelle.

La formation professionnelle est une politique concourant à assurer l’employabilité des salariés dans le temps, à défaut de protéger l’emploi, dans un contexte de fortes restructurations d’entreprises et de transformations économiques continues.

Depuis son apparition en droit français en 1970, la formation professionnelle s’est beaucoup développée et enrichie : développement du droit individuel à la formation (20h par an cumulable sur 6 ans), congés formation, congés bilan de compétence, congés de validation de l’acquis par l’expérience etc.

Les entreprises de plus de 300 salariés ont l’obligation de négocier tous les trois ans sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, pouvant déboucher sur un plan d’entreprise de formation. La loi 2009 sur la formation et la sécurisation des parcours professionnels renforce le droit à la formation (portabilité des droits).

La principale limite observée à l’encontre de la formation professionnelle, c’est qu’elle bénéficie d’avantage aux grandes entreprises qu’aux PME et TPE, et qu’elle concerne d’avantage les salariés bien formés aux salariés les moins qualifiés, les plus exposés en cas de restructuration.

Les dispositifs d’insertion et emplois aidés.

Les politiques d’insertion et des emplois aidés visent à aider les personnes les plus éloignées du marché du travail, ou à accompagner vers l’emploi certaines catégories de personnes durement touchées par le chômage. Elles regroupent différents dispositifs.

A destination des jeunes, les « emplois jeunes » du gouvernement Jospin sont certainement les emplois aidés les plus emblématiques. D’une durée de cinq ans maximum, ils permettaient de travailler dans le secteur public ou de l’économie sociale et solidaire. La loi Borloo de 2005 a quant elle favorisé l’apprentissage.

De plus en plus exclus du marché du travail et amené à travailler plus longtemps (recul de l’âge légal de départ à la retraite, allongement de la durée de cotisation), les seniors bénéficient d’une attention particulière. En 2008, un « CDD senior » d’une durée de 18 à 36 mois a été institué.

Le « contrat unique d’insertion », fusion du contrat d’accompagnement vers l’emploi (CAE) et du contrat initiative emploi (CIE), est destiné à permettre aux personnes éloignées du marché du travail, un retour rapide et durable à l’emploi.

En dépit de quelques annonces de relance, le nombre de contrats aidés diminue depuis 2007. Leur efficacité en termes de retour durable à l’emploi est souvent contestée. Les personnes en bénéficiant sont parfois victimes de stigmatisation, ce qui affaiblie d’autant plus ces contrats.

Les mesures règlementaires et les incitations à la reprise d’activité.

Les mesures règlementaires : la réforme du droit du travail.

Pour certains économistes, le marché du travail français manquerait de fluidité et de flexibilité. La cause en serait une réglementation du travail trop rigide, ce qui in fine pénaliserait l’embauche et l’activité. Depuis le milieu des années 80, un certain nombre de réformes sont intervenus.

Parmi celles-ci, la suppression de l’autorisation administrative de licenciement, décidée en 1986. Bien qu’accordée dans 80% des cas, cette autorisation allongeait la procédure de licenciement, et retardait donc l’ajustement/ l’adaptation de l’entreprise à la situation économique.

D’autres mesures venues donner plus de flexibilité aux entreprises : l’introduction du CNE (supprimé depuis), faciliter le recours au CDD et à l’intérim, création de la rupture conventionnelle, création d’un contrat de projet (CDD pour cadres de 18 à 36 mois), création du statut d’auto-entrepreneur.

Toutefois le bienfait de cette plus grande flexibilité donné aux entreprises en matière d’emploi n’est pas évident. La législation évolue trop rapidement et crée parfois une insécurité juridique (cas du CNE censé permettre de licencier un salarié pendant une période d’essai de deux ans sans justification).

Le workfare : les incitations à la reprise d’activité.

La multiplication des allocations et subsides sociales, avec des critères d’attribution (notamment de revenu) différentes et une durée de couverture plus ou moins longue, aurait un effet désincitatif sur la recherche ou la reprise d’emploi. Les bénéficiaires de ces aides seraient victimes d’une trappe à pauvreté ou inactivité.

La prime pour l’emploi a été créée en 2001 pour encourager les bas salaires à rester en activité et améliorer leur pouvoir d’achat. Le RSA s’est substitué en 2009 au RMI et à l’API et se compose en RSA socle (ex-RMI) et RSA activité pour aider à la reprise d’activité (casser les effets de seuils).

Afin d’améliorer le taux d’activité des seniors (39% en 2010), plus encore au moment où allonge la durée de cotisation, le gouvernement a cherché à faciliter le cumul emploi-pensions pour les retraités et supprimé les dispositifs pré-retraites. Un système de bonus/malus doit encourager les gens à rester en activité le plus longtemps.

Les premiers résultats du RSA viennent d’être publiés et concluent à un faible retour durable à l’activité. Deux raisons à cela : la crise a détruit de nombreux emplois et offre donc moins de débouchés ; l’entreprise de simplification/fusion des nombreuses allocations n’a pas été mené jusqu’au bout (projet de fusion PPI, RSA, APL etc). Il existe également un risque de paupérisation de ce public.

22:18 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie

29 décembre 2011

Rajoy annonce la couleur

Un peu plus de trois semaines après la victoire écrasante des conservateurs aux élections législatives du 20 novembre dernier, Mariano Rajoy a été officiellement investi Président du Gouvernement espagnol. Accompagné d’un gouvernement resserré - tout juste 13 ministres - il lève enfin le voile sur sa politique économique.

Durant la campagne, il s’était engagé à poursuivre la consolidation budgétaire (passer le déficit public d’environ 6,2% du PIB en 2011 à 2,1% en 2014), à maintenir le pouvoir d’achat des pensions, à remettre à plat les dépenses publiques, à réformer le marché du travail et à achever la réforme du système bancaire et financier.

En matière de dépenses publiques, il a confirmé dans son discours d’investiture la préparation d’une loi organique pour fixer le déficit structurel et d’endettement de toutes les administrations publiques. Et pour le budget 2012, non encore adopté, son gouvernement cherche déjà 8 milliards d’euros d’économies supplémentaires.

Concernant le marché du travail, ses ministres confirment le projet du gouvernement de réformer les règles de la négociation collective pour donner la prééminence aux accords d’entreprises en ce qui concerne les négociations salariales et les conditions de travail. On va par ailleurs vers une réduction du « super-pont » pendant les fêtes de Noël.

Le gouvernement vient d’annoncer le gel* du SMIC pour 2012, une première depuis sa création en 1980. Fixé à 641,40 euros et comptant parmi les faibles de l’Union européenne, il sert de référence dans les avantages sociaux conventionnels et pour l’accès à certaines aides sociales. En revanche il revalorisera le minimum retraite (1% pour l'an prochain).

Enfin si le gouvernement exclu de reprendre la proposition du patronat espagnol d’un CDD rémunéré à 400 euros, il entend bien favoriser le travail à temps partiel et aller vers un contrat de travail unique (il existerait près de 17 types de contrats de travail). Il laisse aux partenaires sociaux jusqu’au 7 janvier pour trouver un accord.

Les prévisions de croissance pour 2012 sont tellement chaotiques qu’on peut d’ors et déjà prévoir l’accélération de réformes structurelles d’inspiration néolibérale : flexibiliser toujours plus le marché du travail, réduire encore les dépenses publiques sans toucher aux impôts directs.

Le problème fondamental de l’Espagne (et de l’Europe du reste) reste son éco-système de croissance. On peut jouer autant qu’on veut sur la législation du travail ou sur la modulation des cotisations sociales pour inciter à l’embauche, il reste que seule l’activité peut réduire le chômage. Et l’activité ça se stimule.

On nous dit que la crise européenne est née des déséquilibres extérieurs, en gros un problème de compétitivité et de financement public. Mais l’obsession de la compétitivité-prix pousse à une dévaluation générale organisée, c'est-à-dire une course perdue d’avance et mortifère. Quand va-t-on enfin le comprendre ?

* Le "gel du SMIC" signifie qu'il n'est même pas revalorisé pour tenir compte de l'augmentation des prix de l'année écoulée (2,8% en 2011). En 2009 et 2010 les faibles revalorisations ne compensaient déjà pas la hausse des prix.

26 décembre 2011

Nouveau passe-temps

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Les fêtes de Noël, le temps des cadeaux. Chez nous, dans ma famille nucléaire je veux dire, en général on se demande d’abord si on a une envie particulière, histoire d’être sûr de faire plaisir. Quand on n’a pas trop d’idée ou pas trop le temps de se concerter, on joue aussi l’effet surprise.

Après beaucoup d’hésitation et d’indécision, le temps de savoir ce que je voulais vraiment et si ça en valait la peine, j’ai fini par demander un piano/clavier. Enivrée de l’écoute en boucle de quelques chansons de Springsteen où domine le piano, je me suis décidé à apprendre de cet instrument.

Depuis deux semaines, j’ai trouvé quelques partitions sur le net et je pianote un peu tous les jours. J’ai « commencé » par The Scientist de Coldplay, No One d’Alicia Keys, Thunder Road de Springsteen et Summer de Joe Hisaichi ;-). Pour l’instant je décrypte les notes, je joue par de tout petits bouts, je cherche de tutoriels sur le net.

Voilà je m’amuse. Je sais pertinemment qu’il me faudra beaucoup de temps et de patience avant de savoir jouer à peu près correctement et de façon « fluide » ne serait-ce qu’un ou deux des morceaux précités, mais y’a pas le feu. Le tout c’est de s’y tenir. Au besoin je suivrai des cours.

19 décembre 2011

Into the wild

Into The Wild.jpg

Pour ceux qui n'ont pas vu le film ou lu le livre qui a inspiré le film, le commentaire qui suit dévoile en partie le dénouement du film. L'information en question n'enlève rien en soi à l'intérêt du film mais on part de fait avec une autre approche. L’interprétation de cette séquence et du film en général est purement personnelle.

 

Réalisé par Sean Penn et sorti sur les écrans en 2007, le film est tiré d’une histoire vraie, celle de Christopher Mc Candless. Un jeune américain qui, fraichement diplômé dans les années quatre-vingt-dix, a tout plaqué (famille, argent, matériel, civilisation) pour se lancer dans une aventure solitaire, parcourant les Etats-Unis jusqu’en Alaska, où il décède de malnutrition.

J’ai vu le film il y a peu. A la fois magnifique et bouleversant. Magnifique pour toutes ces images de cette terre et nature américaine, à fort pouvoir d’attraction, si plurielle, si extrême aussi. Bouleversant par l’aventure humaine, épique et tragique, de cet homme qui aura tout laissé pour réaliser son rêve de bonheur spirituel et de solitude en osmose avec la nature.

Mais si le périple de Christopher fait échos à ce désir de liberté, voir d’escapade, qui sommeille parfois en nous, sa mort tragique et ses derniers écrits nous rappellent aussi que la Nature regorge de dangers (et que l’humanité s’est construite sur la maitrise de ceux-ci), et que le bonheur n’a de sens que partagé. Une étrange et cruelle leçon de vie.