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09 décembre 2011

Un label « Produit en France » ?

François Bayrou, candidat du Modem à la présidentielle, participait hier à l’émission politique Des Paroles et des Actes. Il a proposé d’instituer un label « Produit en France » pour soutenir la production française et nos emplois. « C’est une démarche civique » a-t-il encore plaidé. Et il n’est pas le seul candidat à aller dans ce sens. Le libre-échange/ le protectionnisme seront-ils au cœur du débat présidentiel ?

Entre l’accumulation de déficits dans notre balance commerciale, la délocalisation de certaines activités, le phénomène de désindustrialisation etc. c’est un fait que la France perd en compétitivité, en base productive, en compétences et en emplois. Aussi face à la déferlante du « Made in China » certains, mû par patriotisme, intérêt écologique ou économique, appellent à « acheter et produire français ».

Mais ce genre d’initiative pose à mon sens deux difficultés. D’abord celle de définir le « produit français » : s’agit-il d’un bien produit en France ou d’un bien produit par une entreprise française ? L’internationalisation des entreprises et les délocalisations d’activités rendent plus difficile l’identification du lien entre un produit et la nationalité de l’entreprise.

Deuxième difficulté, l’enrichissement de la chaîne de production. Entre la production et l’acte d’achat, il y a une multitude d’intervenants et d’activités (conceptualisation, marketing, commercialisation, transports etc). Or si le producteur est une entreprise chinoise par exemple, les autres acteurs peuvent très bien être français. Ces biens seront-ils considérés comme étrangers ou français ?

L’idée d’un label « France » est intéressante mais la multiplication des labels et autres éléments d’informations rend plutôt aléatoire leur impact sur le choix du consommateur. Et le prix reste bien souvent le signal le plus important. Plus qu’identifier la nationalité du site de production, le label « France » devrait permettre d’évaluer la part française de valeur ajoutée dans le produit fini.

21:27 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bayrou, économie

24 novembre 2011

Retour sur les primaires

Un peu plus d’un mois après les primaires citoyennes qui ont vu la désignation de François Hollande comme candidat socialiste et radical à l’élection présidentielle, Terra Nova publie sur son site un bilan plutôt positif de l’expérience. La fondation progressiste propose l’amélioration, la généralisation et la légifération du procédé.

Parmi les recommandations : l’allongement de la durée de campagne (commencer en juin avec un premier débat, le vote restant en octobre), un meilleur déploiement de la campagne à l’échelle locale (débats régionaux et départementaux, mise en place de caucus) et la réduction des barrières à la participation (plus de contribution d’un euros, utilisation des bureaux de vote des scrutins républicains).

Olivier Ferrand et son équipe jugent insuffisantes les trois semaines de campagne ayant précédé la primaire citoyenne, et rappellent qu’aux Etats-Unis la campagne des primaires dure plus de six mois, ce qui laisse aux outsiders le temps de se faire connaitre et de s’imposer s’ils s’avèrent être les meilleurs.

Terra Nova souhaite non seulement convaincre les autres partis d’adopter le processus, mais milite pour le généraliser à la désignation des têtes de liste aux élections municipales (villes de plus de 50 000 habitants) et régionales ainsi qu’au niveau européen pour la désignation du candidat de chaque parti à la Présidence de la Commission européenne.

Mes commentaires :

J'aime bien les analyses de Terra Nova en général mais j’ai toujours pensé qu’il y avait des non-dits et des angles morts dans leurs points de vue sur ce nouveau mode de désignation des candidats. Et je crois qu’ils devraient calmer leurs ardeurs sur le succès et l’intérêt des primaires.

Il est évident qu’une primaire avec des centaines de milliers voir des millions de participants donne une toute autre légitimité au candidat vainqueur que les seuls militants d’un parti. Mais la primaire n’a d’intérêt que si le parti n’a pas réglé la question du leadership.

Les primaires citoyennes, organisées par le PS et le PRG, ont été un succès parce qu’il y a une forme d’exaspération des français à l’égard de la majorité actuelle (en place depuis 10 ans), parce que les débats politiques se font rares, et parce que c’était nouveau.

Sur la durée de la campagne, je pense qu’un bon mois est suffisant. En organisant la votation courant octobre, allonger la campagne signifie la commencer durant l’été, ce qui n’est pas porteur. Par ailleurs, on prend le risque de saturer l’espace médiatique et l’intérêt des gens, d’autant plus si le procédé est repris par d’autres.

Terra Nova oublie peut être que les militants ne sont pas des professionnels de la politique. Après le boitage, le tractage sur les lieux publics, le porte à porte, les nombreuses réunions publiques, la gestion des bureaux de vote, on veut maintenant nous rajouter des "caucus" (les militants se mettent dans la peau des débatteurs)…

Si l’on donne un cadre législatif au système des primaires avec un système de financement public, je peux concevoir que l’on supprime la contribution symbolique. Mais si tel n’est pas le cas, il faut la garder, les gens ont donnés plus en général, et tant pis pour ceux qui font un blocage sur ça.

19:19 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : primaires, hollande, ps

21 novembre 2011

L’Espagne rebascule à droite

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(cliquer dessus pour agrandir)


Les espagnols votaient hier pour renouveler le Congrès et le Sénat. Sans surprise, le pays rebascule à droite. Le Parti Populaire obtient une confortante majorité absolue (186 députés), plus importante encore qu’en 2000, qui avait vu la réélection d’Aznar. Mariano Rajoy, le leader conservateur, ancien ministre de l’Education puis de l’Intérieur des gouvernements Aznar (1996—2004), candidat pour la 3ème fois, sera le nouveau Président du Gouvernement.

En remportant les élections législatives, la droite espagnole domine la majorité des collectivités publiques, puisqu’elle préside l’essentiel des municipalités et des communautés autonomes (l’équivalent de nos régions mais avec plus de pouvoirs) depuis ce printemps. Autant dire qu’elle a les coudées franches pour gouverner. Reste à savoir ce qu’elle compte faire, vu le flou sur son programme économique et ses positions rétrogrades sur les questions de société.

Les socialistes connaissent leur plus mauvais résultat électoral depuis le retour de la démocratie en Espagne. Ils payent lourdement leur gestion de la crise et l’adoption de mesures d’austérité en 2010. Le PSOE entame aujourd’hui une longue traversée du désert. Le retrait annoncé de Zapatero en mai dernier et l’incertitude quant à l’avenir politique de Rubalcaba au vu des résultats électoraux, laissent entrevoir une crise de leadership et d’orientation politique.

Bien que le mode de scrutin en ait atténué la portée, le nouveau Congrès espagnol sera le plus pluriel depuis le retour de la démocratie. De nouveaux partis rentrent au Parlement (Equo le parti écologiste, Amaiur le parti de la gauche basque nationaliste, et deux autres que je ne connais pas), d’autres en sont renforcés (IU la gauche écolo-communiste, UPyD un parti centriste et CiU le parti conservateur catalan). Le gain de ses partis se faisant au détriment du PSOE.

On va voir maintenant comment la nouvelle majorité entend sortir le pays de la crise. Mais vu la conjoncture internationale et la pression des Agences de notation et des marchés financiers, je ne suis franchement pas très optimiste pour la suite (je le suis pas plus pour la France, d’un point de vue franco-français et franco-européen). Mais je ne suis pas devin et je me suis plus ou moins trompé en 2008. Affaire à suivre.

19 novembre 2011

Les propositions de Rubalcaba

Après quinze jours de campagne officielle et deux débats télévisés – le premier entre Rajoy et Rubalcaba, les candidats des deux gros partis ; le second entre les partis présents au Parlement – les Espagnols votent demain pour les élections législatives.

Les intentions de vote, exprimés dans les enquêtes d’opinion, n’ont pas beaucoup bougés. Le Parti Populaire, c'est-à-dire la droite conservatrice, va remporter l’élection et bénéficier d’une assez large majorité.

Je n’ai pas eu le temps de suivre et commenter d’avantage cette campagne. Rubalacaba et les socialistes ont centré leur campagne sur le programme « occulte » et volontairement flou du PP, oubliant d’insister leurs propres propositions.

Ci-dessous, les principales mesures du programme des socialistes espagnols :

L’emploi :

Impulser un accord national pour l’emploi réunissant les administrations publiques, les entreprises et les travailleurs, autour de trois axes :

-      Un plan pour l’emploi des Jeunes.

-      Des programmes spécifiques dans les secteurs traditionnels et émergents.

-      Des programmes d’insertion pour les chômeurs de plus de 55 ans.

La fiscalité :

-      Rétablir un nouvel impôt sur les grandes fortunes

-      Créer un impôt sur les entités bancaires et financières, dont les recettes seront pour partie destinés au fond pour l’emploi.

-      Révision de la fiscalité sur les SICAV.

-      Créer un Office contre la Fraude pour combattre la fraude discale et la prévention et répression du blanchiment d’argent.

 L’économie :

-      Loi sur l’insolvabilité des personnes pour renforcer les droits financiers des citoyens

-      Loi sur la création d’entreprises qui facile l’apparition de nouvelles entreprises et leurs consolidations, améliore le financement des entrepreneurs, réduise les charges administratives et aide les PME à s’internationaliser.

L’énergie :

-      Fermeture progressive d’ici 2028 du parc nucléaire espagnol

-      Investissement massif dans les énergies renouvelables

-      Loi sur le Changement Climatique.

Les droits sociaux :

-      Etendre l’accès à l’éducation de zéro à trois ans et renforcer la formation des enseignants pour garantir l’excellence de l’éducation publique.

-      Réduire les écarts salariaux entre les hommes et les femmes

-      Obliger les entreprises à compter au moins 40% de femmes dans leur conseil d’administration.

-      Adopter une nouvel Agenda Espagne 2.0 pour bâtir la société de l’information, en garantissant l’accès de tous les espagnols à Internet

-      Garantir un système de santé public, gratuit et universel.

Démocratie et Institutions :

-      Adopter une Loi sur la Transparence et l’Accès à l’Information Publique.

-      Garantir l’austérité dans les Administrations publiques

-      Réformer la loi électorale (listes électorales débloquées)

-      Suppression d’un échelon territorial

L’Europe :

-      Impulser un gouvernement économique européen

-      Mettre en place un impôt sur les transactions financières internationales

-      Œuvre pour la création d’euro obligations.

08 novembre 2011

Débat Rajoy-Rubalcaba

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En juillet dernier le Président du Gouvernement espagnol, José-Luis Rodrigues Zapatero, annonçait de façon assez inattendue la tenue d’élections législatives anticipées. Elles auront lieu le 20 novembre, une date particulière pour l’Espagne puisqu’elle correspond à la date de décès de Franco.

Malgré la désignation d’Alfredo Perez-Rubalcaba, l’ancien Ministre de l’Intérieur de Zapatero et longtemps le mieux placé dans les sondages d’opinion, comme tête de liste du PSOE, et la dissolution récente de l’ETA, les socialistes espagnols sont largement donnés battu dans cette élection.

Le pays est très durement touché par la crise économique internationale. Cinq millions d’espagnols sont privés d’emplois. Le chômage des jeunes atteint près de 50%. La grande pauvreté augmente. Et la politique d’austérité engagée début 2010 par le gouvernement n’offre aucune perspective de sortie de crise.

C’est dans ce contexte de sinistrose économique et de contestation sociale – via le mouvement des Indignés – que les espagnols sont appelés à se rendre aux urnes. Le système politique espagnol favorise les deux grands partis : le PSOE et le PP. Leurs candidats respectifs se sont affrontés hier dans un débat télévisé.

Le débat était organisé autour de trois grandes thématiques : l’économie et l’emploi d’abord, les politiques sociales ensuite, la démocratie et la politique extérieure enfin. Chaque candidat a bénéficié de quelques minutes en début et fin d’émission pour expliquer et rappeler les raisons de sa candidature.

Mariano Rajoy, le candidat de droite, était dans une position confortable : le bilan de la majorité socialiste est franchement mauvais et les enquêtes d’opinion lui prédisent une large majorité absolue. Il s’est contenté de dramatiser le bilan du PSOE pour justifier un changement de cap sans beaucoup exposer de solutions. J’ai été frappé de le voir rivé sur ses notes.

Alfredo Rubalcaba, débateur craint et reconnu, comptait sur le débat pour marquer la différence et rattraper son retard. Mais après un bon début, riche en propositions, il a choisi d’attaquer son adversaire sur les points ambigus de son programme pour l’obliger à s’expliquer. Du coup il est apparu un tantinet agressif et suffisant. Par contre je lui trouve clairement une stature d’homme d’Etat.

La dimension européenne et internationale a été peu abordée : Rubalcaba souhaite un Plan Marshall européen pour relancer l’économie et décaler dans le temps l’effort de redressement des comptes publics ; Rajoy veut défendre les intérêts des agriculteurs dans le cadre de la réforme de la PAC et investir dans les relations avec les BRIC.

Alors que je m’attendais à ce que les thèmes de démocratie et d’institutions soient l’occasion de répondre aux revendications des Indignés, il n’en fut rien (ou presque). Rajoy a réduit la question à une réforme générale de l’Etat (RGPP et réforme territoriale). Rubalcaba a proposé une réforme du monde du scrutin (proportionnelle) et la suppression d’un échelon de collectivité/ d’une charge publique (la diputacion).

Quelques éléments plus triviaux : la France fait référence (pour l’organisation des débats télévisés, pour l’imposition des riches, nos performances économiques malgré la crise) ; Rajoy s’est adressé deux fois à Rubalcaba en l’appelant de Zapatero ; il me semble avoir entendu Rubalcaba dire « cette fois c’est vous qui mentez » qui a crée un silence gêné de quelques secondes…

Quelques précédentes notes relatives à la politique espagnole:

- Le système politique et partisan espagnol

- Le débat télévisé Zapatero - Rajoy de 2008

- La politique économique de Zapatero (2004-2010)

- Zapatero ne sera pas candidat pour un troisième mandat

- Rubalcaba, le nouveau candidat des socialistes espagnols