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08 octobre 2011

Primaire socialiste 2012 (7)

Six candidats, trois débats, un choix.

Demain a lieu le premier tour des primaires citoyennes. La campagne « interne » est finalement passée si vite que je n’ai pas eu le temps d’écrire d’autres notes, et ce malgré la tenue des trois débats télévisés et le projet d’une note sur les propositions des six candidats en matière d’éducation. Du coup je vais exposer un peu à la vite mes impressions sur cette campagne de premier tour.

*

Le PS et le PRG ont donc organisés trois débats télévisés, le premier sur une grande chaine nationale (France 2), les deux autres sur des chaines « périphériques » (LCP/I-Télé puis Public Sénat/BFM). J’étais franchement sceptique sur la qualité possible d’un débat entre six candidats (risque de cacophonie etc). Au final, chacun a pu exprimer ses idées, ses priorités, sa ligne de conduite. Et le ton était courtois. 

Le succès en termes d’audimat des trois débats a montré l’intérêt grandissant des français pour les primaires citoyennes, et partant de là l’espoir, l’attente, le besoin d’alternance après 10 ans de droite et 5 ans de sarkozysme. En tout cas, on ne peut que se féliciter de ce regain d’intérêt pour la politique. On verra bien ce dimanche et le prochain le taux de participation.

*

A la différence de 2006, où je soutenais la candidature de DSK tout en n’étant pas membre du PS, j’ai tranquillement abordé cette primaire sans partie pris, ouvert et attentif aux propositions de chaque candidat. Je n’ai rejoint aucun comité ou groupe de soutien aussi informel soit-il. Mais à un moment donné, faut bien faire un choix. Voici donc quelques réflexions sur les six candidats :

Manuel Valls. Très franchement, je n’ai pas été convaincu par sa campagne et ses prises de position. L’homme a surtout adopté une posture, celle du « discours de vérité », du « socialisme réaliste », du « réformisme modéré ». Mais derrière ces slogans, très peu de propositions concrètes (la TVA sociale, un statut de l’artiste, le vote obligatoire). Ses trois priorités sont le redressement des comptes publics, la compétitivité des entreprises et la sécurité.

Jean-Michel Baylet. Par sa présence, le candidat radical a renforcé la primaire en la sortant du cadre socialo-socialistes. Dommage que Chevènement n’ait pas fait le même choix. Bien qu’il ait peu de chances de l’emporter, sa participation aura été l’occasion de promouvoir les idées radicales. C’est tout bénéfique pour le PRG. Il s’est clairement démarqué des autres candidats par ses positions sur l’Europe fédérale et des sujets sociétaux (cannabis, euthanasie).

Ségolène Royal. Elle se prépare à cette échéance depuis 2007, mais contrairement à 2006 elle n’aborde pas ce scrutin en position de favori. Du coup elle a beaucoup plus de mérite à mes yeux. Ceci dit j’ai toujours du mal avec ses prises de position, parfois populistes ou manquant de cohérence. Elle a délaissée la question de la démocratie participative pour s’entourer (et elle le fait savoir) d’experts. Ses priorités : la transformation écologique de l’économie, les PME et les jeunes.

Arnaud Montebourg. Je crois que c’est la révélation de ces primaires. Avec Manuel Valls mais dans un tout autre registre, il tient un discours qui détonne assez. C’est celui qui va le plus loin dans la critique de la mondialisation, de l’Europe et des institutions républicaines, même si on a du mal à voir comment il pourrait mettre en pratique certaines de ses propositions. Je suis quand même agacé par ses attitudes de tribun (on sent l’avocat) et ses propos sur DSK.

François Hollande. Avant l’affaire du Sofitel, on se moquait gentiment de sa candidature, de son régime etc. Depuis, il est donné grand favori de cette primaire. Il a marqué le débat par ses idées de réformes fiscales et de contrats de générations. Il a pris beaucoup de hauteur au cours des derniers mois, lui donnant une vraie stature présidentielle. On est loin de son image effacée, brouillonne, de Premier secrétaire. Son discours alliant sérieux et engagements en fait le candidat d’un rassemblement large, utile pour un 2nd tour de présidentielle, peut être moins pour une primaire et un premier tour…

Martine Aubry. Un début de campagne plutôt chaotique avec sa déclaration de candidature au pied levé, puis une montée progressive avec la constitution d’une équipe de campagne sans doute la plus équilibrée de toutes. Son action a la tête du PS la conforte à mes yeux comme candidate naturelle et légitime du PS. C’est dommage qu’elle soit tant accrochée au programme socialiste au point d’en citer presque toutes les mesures. On perd de vue un peu ses priorités. J’ai été convaincu par ses propos fermes et nuancés sur la crise économique européenne, et rassuré par les partenariats qu’elle a noués avec le SPD, le Parti démocrate italien ou le PSE en général. Elle est sans doute la plus européenne de tous les candidats.

Je voterai donc demain pour Martine Aubry.

Note 1 : Moscovici, candidat ?

Note 2 : Le PRG participera à la primaire socialiste

Note 3 : A propos des listes de soutiens

Note 4 : De la légitimité d’une candidature

Note 5 : L’emploi

Note 6: La dette, le déficit et la règle d'or

01 octobre 2011

Le secret

Dans un petit studio au centre ville, les pinceaux à la main, mon oncle et moi discutons de choses et d’autres. Au fil des ans, sur les chantiers d’été, nous avons noués une solide relation de confiance lui et moi. D’un ton grave, il me dit que sa famille (entendez ici lui, son épouse et ses filles) a quelque chose à nous annoncer. Un peu surpris, je lui demande si c’est très grave. Il me répond qu’il préfère laisser la personne concernée l’annoncer. Je comprends instantanément que sa fille cadette est enceinte. Il acquiesce.

Gros choc. A 21 ans, là voilà enceinte de trois mois. Ce n’est pas accidentel mais bel et bien voulu. Il me dit qu’elle a souhaité m’en parler plusieurs fois mais qu’elle craignait ma réaction et celle de la famille. Et là je revisite nos conversations depuis deux mois et revois ses allusions, ses questions anodines mais désormais trop évidentes. « Qu’est ce que tu dirais si j’étais enceinte ? ». Pour rigoler, j’ai joué au puritain de service « ah pas avant le mariage ma petite ! ». Puis bien plus tard, je lui ai dis qu’elle était trop jeune. Ca l’a coupé dans son élan…

Réalisant soudainement que mon opinion pouvait compter pour elle – on a beau être proches elle ne m’a jamais demandé conseil pour quoi que ce soit, et je n’ai pas l’impression d’avoir des avis trop tranchés en général – je me dis que j’ai un peu merdé. Mais en même temps, je n’exprimais qu’un point de vue sur ce que je pensais n’être qu’un projet lointain. Très sensible aux regards des autres, en plus dans une famille (mais c’est aussi un fait de société) où l’on juge à l’emporte pièce, ma cousine a pris la chose très à cœur.

Le soir même de cette annonce informelle, je n’en ai pas dormi de la nuit. Déjà il n’est pas facile d’admettre que sa cousine va donner la vie dans les mois à venir, et dès lors devenir une autre femme. Et pour l’instant j’ai du mal à partager/ exprimer la joie et le bonheur d’un tel événement, tant cela m’apparait précipité. Je ne veux et je n’ai pas à le lui dire, ça la blesserait et après tout c’est son choix, c’est sa vie. Mais je n’ai pas non plus envie de faire semblant devant elle.

Certes ils se connaissent depuis cinq ans, vivent ensemble depuis deux, ont une situation professionnelle plutôt stable, les familles proches bien présentes. Mais je reste un peu inquiet tant leurs rythmes et leurs centres d’intérêts semblent différents (elle casanière, lui très indépendant), sans parler du fait que les deux sont de confessions différentes. Bon, c’est une affaire de couple et jusqu’ici ils ont l’air de s’être accommodé aux croyances de chacun. Mais quid de l’enfant ? Quelle liberté aura-t-il en la matière ?

D’un autre côté, j’ai conscience de raisonner par rapport à ma situation, celle d’un mec qu’est pas du tout prêt à vivre en couple et à avoir des gosses. Et réfléchir en termes de bonnes ou mauvaises situations, du moment opportun ou non, conduit peut être à écarter les sentiments, les désirs personnels, le projet de vie propre à chacun etc. Il n’y a pas de modèle à suivre. Il n’y a pas non plus de certitudes dans la vie. Le seul bon moment est celui ressentie par chacun. A nous de respecter son choix, à elle aussi de l'assumer…

25 septembre 2011

Apartés

De Bruce Springsteen, je ne connaissais que quelques chansons classiques, genre Born in the USA, Philadelphia ou Dancing in the dark. Pas grand-chose en fait. Pour découvrir l’étendue du répertoire du Boss, j’ai d’abord écouté The essential of Bruce Springsteen, trois bons CD, sur deezer. J’ai accroché sur certaines chansons, d’autres non.

Puis le site a fait la promotion de The promise, un album qui reprenait quelques unes de ses chansons de la fin des années 70, un peu retravaillé musicalement. Je suis de suite tombé sous le charme de la chanson éponyme. Et après quelques dizaines d’écoutes, l’album a très vite rejoint mon répertoire musical de référence.

Je ne me lasse pas d’écouter l’album en boucle. La voix de Bruce Springsteen, assez particulière, est littéralement envoutante. Chaque écoute de cette musique, à la fois rythmée et apaisante, me donne l’impression de planer. Enfin, la lecture des textes donne une dimension mélancolique et romantique de cette Amérique des années 70.

Pour certaines chansons, on sent dans les personnages mis en scène – j’ignore s’il y a une part d’autobiographie dans les textes – une impression d’étouffement, de tristesse, de rêves interrompus, contrebalancé par le besoin de s’échapper, de s’évader, de surpasser. Pour se sentir vraiment vivant.

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J’ai parfois le sentiment de vivre une vie en suspend. D’être comme le hamster dans sa cage tournant sans fin dans sa roue. Une impression bizarre d’être immobilisé, figé quand tout/tous bouge(nt) autour de soi. J’en ressens dès fois de la rancœur, comme agacé des chances et facilités de certains, quand soi même on galère, même si en fait une apparence de réussite peut cacher d’énormes difficultés voir même une fragilité.

Mais le plus souvent, c’est plus une forme de tristesse ou de sentiment de vide qui m’assaillie. Voilà deux, trois ans que je poursuis le même objectif, réussir un concours, pour être enfin un peu indépendant et commencer ma vie professionnelle. Mais dans cette course sans fin, le moyen fini par devenir une fin en soi. Et on en perd tout repère et tout sens.

Je croyais sincèrement que cette année serait la bonne. C’était pourtant bien partie, je cumulais les admissibilités, mais l’oral c’est une autre paire de manche. Faut savoir se vendre et charmer le jury, mais quand on est réservé et quelque peu inexpérimenté, on ne peut pas faire illusion bien longtemps. Retour donc à la case départ.

Mais depuis cet été, j’ai commencé un travail de chargé de mission dans une association qui s’occupe de la question du logement des jeunes, et qui souhaite se transformer en coopérative. Je suis donc chargé d’étudier le statut juridique et d’opérer la transformation. C’est plutôt pas mal. Je découvre ainsi l’univers de l’économie solidaire. J’acquiers enfin de l’expérience. On verra.

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Le PS est en pleine organisation des primaires. Dans ma section, ça ne passionne pas les militants. Jeudi, lors de notre dernière réunion de section, on était tout juste cinq pèlerins. J’y suis allé pour rendre compte d’une réunion de formation à la fédé sur les modalités de la primaire.

Mon secrétaire de section, surbooké professionnellement, souhaite que je le remplace à la tête de la section. De façon inattendue, il a vanté plusieurs fois mes mérites à l’assemblée, comme pour mieux surligner par contraste, les limites de George, un camarade borné, à l’esprit conflictuel, qui nous pose problèmes et qui continuera d’en poser.

En 2008, j’ai pensé un temps me présenter au secrétariat de la section. Mais pour avoir secondé activement et depuis 3 ans mon sec-sec, politiquement éloignés mais loyaux et respectueux l’un de l’autre, j’ai compris que le poste était des plus ingrats. Trop de conflits à gérer, trop d’apathie à combattre, trop de défections, de quoi vous démoraliser.

J’aurai beaucoup appris de mon sec-sec, son sens de l’éthique et de la transparence, de ses (nos) erreurs aussi. Toutes les bonnes volontés du monde ne suffisent pas à animer un collectif, si les autres ne suivent pas. Mais un parti, à la différence d’une association normale, n’a pas « d’obligations de résultats » qui le pousserait à l’action.

Si j’avais une quelconque ambition politique, si j’étais sur de rester dans le coin durablement, je pourrai m’y lancer. Mais à dire vrai, je suis trop attaché à ma liberté et à celle des autres. On reste dans le milieu associatif, basé sur le volontariat. Je ne souhaite pas être redevable envers quiconque, disons au point de se voir abdiquer sa liberté d’action et de penser.

Sur la primaire elle-même, je suis un minimum les débats et le discours de chaque candidat. Orphelin de mon seul candidat de cœur, DSK, j’aborde cette compétition interne avec beaucoup de distance. On est loin de la passion et de l’ambiance de 2006. C’est moins conflictuel qu’alors mais c’est aussi moins enthousiasmant. Pour moi, ça sera Martine Aubry, par raison, par défaut.

Je terminerai cette note un peu brouillonne sur les réseaux sociaux. Je me suis engagé en politique via la blogosphère, et j’adorais les débats de 2006-2007, la sensibilité de chacun. Des amitiés se sont crées. Je pleure à chaque fois qu’un blogueur jette l’éponge. Une tranche de vie commune disparait alors. Les possibilités d’échanges diminuent. Reste l’impression d’un monologue qui m'insupporte de plus en plus.

11 septembre 2011

Primaire socialiste 2012 (6)

La dette, les déficits et la « règle d’or ».

Avec la crise grecque des finances publiques au premier semestre 2010, la question de la soutenabilité de la dette et des déficits publics est désormais au centre des débats économiques européens. Pour faire face à la menace, parfois bien réelle, d’un renchérissement soudain du coût de la dette, l’Europe a mis en œuvre des politiques d’austérité. Le pacte de compétitivité Sarkozy-Meckel encourage l’adoption d’une règle constitutionnelle de maitrise des déficits.

Pour ramener le déficit public à 5,7% du PIB en 2011, le gouvernement Fillon a procédé à un premier tour de vis, via le rabotage de plusieurs niches fiscales. Pour tenir notre engagement de redresser les comptes publics, c’est 12 milliards d’euros qu’il entend économiser en 2012. Avec une dette publique de 1800 milliards d’euros, en constante augmentation depuis 1974 dont 20% de plus ces 5 dernières années, la France n’échappera pas à une cure d’austérité.

L’enjeu de la présidentielle, et ce n’est pas rien, sera d’en déterminer l’intensité, la durée et les modalités de mises en œuvre. La droite semble vouloir faire l’essentiel de l’ajustement budgétaire par les dépenses, l’adoption de la règle d’or déterminant le délai impartie et l’effort à réaliser. La gauche entend plutôt jouer sur le levier des recettes (et plus précisément des impôts). Mais les candidats à la primaire socialiste livrent déjà des approches et des propositions différentes. Examinons-les.

Arnaud Montebourg ne souhaite pas s’engager sur un retour du déficit sous la barre des 3% du PIB en 2013 ou 2014. Il propose plutôt un impôt provisoire pendant trois ans afin de rétablir les finances publiques. Ce délai donnera le temps nécessaire pour un débat approfondi sur les contributions de chacun à l’effort national. Il suggère en outre, au niveau européen, une dose raisonnable d’inflation pour éroder l’endettement, et une monétisation de la dette par la BCE.

Pour Manuel Valls la gauche doit adapter son programme à la crise économique. Il plaide pour un redressement rapide des comptes et pose deux principes : consacrer la totalité des nouvelles marges de manœuvre financière à la réduction des déficits ; financer toute nouvelle politique publique par la suppression d’une autre. Il ne rejette pas le principe d’une règle d’or mais pose comme condition au dialogue, l’adoption d’une loi de Finances rectificative d’urgence à la rentrée.

Jean-Michel Baylet s’engage à revenir dès 2013 à un déficit public de 3 % du PIB. Pour réduire les déficits en 2012 et 2013, il propose des majorations exceptionnelles d’impôt sur le revenu et de CSG pour les contribuables les plus fortunés, de l’ordre de 10 % du montant de l’impôt. Il lance l’idée d’une conférence nationale sur les finances publiques rassemblant des représentants des partis politiques républicains, des collectivités locales, des partenaires sociaux et du monde associatif. Elle se réunira pendant six mois et devra définir un plan d’assainissement des comptes.

Ségolène Royal s’engage à ne pas augmenter les prélèvements obligatoires. Elle souhaite une lutte accrue de la fraude fiscale et veut inscrire dans la Constitution l’égale contribution du capital et du travail à la fiscalité et la garantie des ressources de la sécurité sociale. Elle veut également définir des règles fiscales dès 2012 et assurer leur stabilité pendant 5 ans.

Alors que le projet socialiste prévoyait un retour du déficit public sous la barre des 3% en 2014, François Hollande est le premier à s’être engagé sur cet objectif dès 2013. Il promet pour cela une grande réforme fiscale qui consistera à taxer tous les revenus sans distinction d’origine et de rétablir la progressivité de l’impôt et la contribution selon son revenu et ses patrimoines. A propos de la règle d’or, il estime qu’elle devait être votée après l’élection présidentielle.

Martine Aubry relie la crise de la dette à la crise de l’emploi et de la compétitivité. Elle propose une « règle d’or » conforme au projet du PS, qui consiste à consacrer la moitié des nouveaux moyens dégagés à l’assainissement des comptes publics, et l’autre moitié aux investissements d’avenirs (l’emploi, la croissance, le pouvoir d’achat, l’éducation). Pour rétablir les comptes publics, elle entend bien supprimer 10 milliards de niches fiscales sur les 70 milliards créés depuis 2002.

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A propos de la règle d’or, j’ai expliqué dans une note précédente à la fois sa logique économique, mais aussi son inutilité et sa dangerosité.

Le pacte de stabilité européen et la réforme constitutionnelle de 2008, introduisant la notion de lois pluriannuelles de finances publiques, sont deux instruments juridiques encadrant les déficits et les dépenses publiques. Des mécanismes de sanctions étaient prévus, ils n’ont pas été appliqués.

On nous parle de la rigueur allemande mais faut-il rappeler que le pacte de stabilité avait été exigé en grande partie par l’Allemagne, afin d’encadrer « les pays du club med », et qu’elle a été une des premiers pays (avec la France) à ne pas l’appliquer ? (période 2003-2007).

Pour nous convaincre de voter la règle d’or, la droite nous dit qu’elle ne sera pas contraignante (par l’introduction d’exceptions genre catastrophes naturelles, guerres, récession profonde). Mais pourquoi alors rajouter une n-ième règle si on prévoit déjà qu’elle ne sera pas plus contraignante ?

La nouvelle règle ne changera rien à la trajectoire des finances publiques et ne peut « rassurer » les marchés, élément qu’aucun (programme de) gouvernement ne peut ignorer mais qui ne doit pas constituer une fin en soi. Et ne sommes nous pas déjà dans une récession économique ? (techniquement nous ne sommes pas en récession mais avec une croissance inférieure à un, c’est pas le pied !)

La dynamique de la dette publique dépend beaucoup de variables telles que le taux d’intérêt (le coût de la dette présente et future) et le taux de croissance. Les pays qui ont réussi à se désendetter avaient un taux de croissance supérieure au taux de refinancement de la dette ET/OU un secteur privé (consommation, investissement ou exportation) suffisamment dynamique pour contrebalancer la réduction de dépenses publiques, qui alimentent d’une manière ou d’une autre, la machine économique.

De tous les candidats, Martine Aubry offre une analyse et formule des propositions sur lesquelles je me retrouve le plus. Le ralliement de François Hollande à la règle d’or, même après la présidentielle, m’a déçu. Une telle règle peut avoir du sens si seulement on part sur une obligation de moyens, tel qu’expliqué par Terra Nova, et non de résultats, économiquement inatteignable en l’état.

Note 1 : Moscovici, candidat ?

Note 2 : Le PRG participera à la primaire socialiste

Note 3 : A propos des listes de soutiens

Note 4 : De la légitimité d’une candidature

Note 5 : L’emploi

05 septembre 2011

La nuit des temps

science-fictionLa nuit des temps est un livre de science-fiction, écrit par René Barjavel au milieu des années soixante. Initialement écrit pour un projet cinématographique, l’abandon de ce dernier a poussé Barjavel à transformer le scénario en roman. La science-fiction étant un champ littéraire dominé par des auteurs américains, un chef d’œuvre française du genre méritait bien une note.

L’histoire se passe en Terre Adélie, sur le continent Antarctique. Alors qu’ils procèdent à un relevé du relief glaciaire, des scientifiques français enregistrent un signal dont l’émetteur semble situé à 1000 mètres de profondeur. Composée par les plus éminents scientifiques du monde entier, l’Equipe Polaire Internationale (EPI) se met à creuser la terre jusqu’au signal.

Ils découvrent une boulle géante, vielle de plus de 900 000 ans mais produit d’une technologie avancée. En son sein, l’EPI trouve un homme et une femme en parfait état d’hibernation. Après discussions, ils choisissent de réveiller la femme, Elea. Par une technologie télépathique, elle leur montrera la grandeur et la fin tragique de la civilisation Gondawa, son amour pour Païkan, sa présence dans l’Abri etc.

Le récit alterne entre le journal intime de Simon, un docteur de l’EPI tombé sous le charme d’Elea ; le récit de l’expédition des membres de l’EPI venus de tous les continents ; et les souvenirs personnels d’Elea, de sa rencontre avec Paikan à sa mise en hibernation. Mais malgré le souhait de l’EPI de partager cette expérience au monde entier, la découverte de savoirs et technologies avancées suscite bien des convoitises dans un monde en pleine Guerre froide.

Le parallèle entre Gondawa, un peuple intellectuellement et technologiquement avancé mais qui périt par le feu nucléaire, et l’Humanité divisée en 1968 et à la merci d’une nouvelle guerre mondiale, donne une dimension dramatique à l’œuvre. Car ce passé tragique, dont Elea est le témoin, peut tout aussi bien représenter le futur du monde des membres de l’EPI, et partant, celui du lecteur des années soixante (cf. la crise des missiles de Cuba).

L’impuissance des scientifiques d’hier et d’aujourd’hui, ces esprits raisonnables et détenteurs de savoirs universels qui dépassent les clivages idéologiques, à maintenir la paix civile, rajoute une dimension pessimiste à l’œuvre. Mais c’est sans compter sur l’universalité du sentiment de révolte – le roman anticipe mai 1968 – et de l’amour. Car La nuit des temps est avant tout une grande et belle histoire d’amour, le destin d’Elea et de Païkan rejoignant celui des amants légendaires.

J’ai littéralement dévoré le livre, au style clair et poétique, le ton juste et accessible, aux sujets intemporels. Ce qui m’a étonné c’est la facilité avec laquelle on imagine l’univers décrit, que ce soit la partie en Terre Adélie ou Gondawa. C’est avec une émotion particulière que j’ai entrepris de lire ce livre. Il appartenait à ma cousine. Son petit copain le lui avait offert, signé d’un petit mot intime, pendant sa maladie.

10:00 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : science-fiction