30 octobre 2008
75ème Congrès du PS (2)
Le 6 novembre prochain, les militants socialistes français sont appelé à voter dans le cadre de leur 75ème congrès national qui se déroulera les 14, 15 et 16 novembre à Reims.
Sur la base de six motions, ils doivent choisir l’orientation générale du parti pour les trois ou quatre prochaines années. Celle-ci se matérialise par le renouvellement des différentes instances du parti, au niveau fédéral (c'est-à-dire départemental) comme au national.
Dans un premier temps, le vote du 6 novembre déterminera la prochaine physionomie politique du Conseil national, véritable parlement du PS. Ensuite, selon la motion arrivée en tête et les négociations qu’elle mènera avec les autres motions, les militants voteront pour la désignation du prochain premier secrétaire qui composera le bureau et le secrétariat national.
Les six motions sont les suivantes :
Pour l’instant je n’ai pas arrêté mon choix quant à la motion à soutenir. En attendant de régler quelques problèmes avec ma conscience et mon éthique, je sais déjà pour quelles motions je ne voterai pas. Je me contente jusque là de regarder ici ou là ce qui se dit sur les uns et sur les autres pour m’aider à faire ce choix.
Il est intéressant de voir comment les camarades définissent les enjeux du congrès. Pour certains le congrès se résumerait à un choix entre « un socialisme moderne et un socialisme archaïque », entre « la cohérence d’un côté et le mariage des carpes et des lapins de l’autre », entre « une équipe qui veut ouvrir portes et fenêtres et une équipe d’apparatchiks qui veulent surtout rien changer », entre « une motion jeune et féminisée d’un côté et des motions de vieux éléphants » etc.
J’ai la faiblesse de penser que ce sont là de faux débats :
Le fameux clivage révolution/réforme c’est du passé : le Parti socialiste est bel et bien réformiste. C’est agaçant d’avoir à le répéter et d’avoir à se justifier. En 15 ans de gouvernement par intervalles, les socialistes ont montrés qu’ils étaient du côté de la réforme. Et si on allait encore plus loin, on peut dire que le PS est réformiste depuis le congrès de Tours en 1920 (avec bien sûr depuis des périodes noires et un double langage insupportable).
Le couplet « ouvrir les portes et les fenêtres » est régulier en période de congrès. Tout le monde le dit, mais personne ne le fait. Et les motions qui en font un cheval de batailles sont quand même signées par des gens qui étaient aux responsabilités au Parti, à des niveaux différents, et qui n’ont jamais rien fait dans ce sens. C’est pourtant incontestable, le PS a besoin de sang neuf car sa base militante vieillit. Si dans les dix prochaines années, le PS ne fait pas face aux départs de ses papy-boomers, avec ce que ça implique aussi en termes de transmissions de savoirs et de bonnes expériences, il finira par devenir un parti sans militants : un simple parti de cadres.
Dans le même esprit, le PS doit faire émerger de nouvelles têtes, à l’image de la société française et en conformité aux principes qu’il énonce et dit défendre. Plus de diversité, plus de femmes et plus de jeunes. Mais est-ce là un moyen ou un but en soi ? Plus précisément, sur la question des jeunes, j’ai beaucoup de mal avec le discours anti vieux qui se cache derrière cette valorisation de la figure de la jeunesse. Et c’est un jeune qui le dit ! Ainsi je trouve déplacés les propos de certains sur Lionel Jospin ou Michel Rocard : « une équipe de looser, une équipe du passé ». Or je doute fort qu’ils soient dans la prochaine direction du PS si d’aventure la motion A, celle porté par Delanoë, l’emportait.
Enfin la notion de cohérence est assez subjective. Et d’abord (in)cohérent : par rapport à quoi et/ou par rapport à qui ? On accuse les uns de changer de fusil d’épaule selon les circonstances, on reproche aux autres de s’allier avec les adversaires internes d’hier. Je suis amusé par ces donneurs de leçons en cohérence, élus comme militants, parce qu’ils finissent eux même tôt ou tard par se montrer contradictoires.
Au fond c’est très humain. C’est ce qu’on a tous tendance à oublier. La démagogie et l’opportunisme me sont insupportables mais l’inflexibilité de certains, cachée tantôt derrière le beau prétexte de la raison pure tantôt derrière celui des nobles valeurs dont on se croit le seul dépositaire, n’est pas forcément plus crédible (ni vivable). Outre le fait que les situations auxquelles on se confronte changent et nous poussent naturellement à changer notre façon de penser et d’agir, il reste que l’homme est un être de raison mais pas dénué d’affects, de sentiments, d’une somme d’expérience, d’un milieu et de relations sociales. La cohérence est donc relative.
13:32 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : congrès
22 octobre 2008
El pintor de batallas
Lors de mon séjour à Barcelone l’an passé, à l’occasion d’une fête catalane - dont j’ai oublié le nom - où la tradition veut qu’on offre une rose aux femmes et un livre aux hommes, mon oncle m’avait offert El Pintor de Batallas (le peintre des batailles) d’Arturo Pérez-Reverte.
L’auteur est membre de la Real Academia Española, l’équivalent - je suppose - de l’Académie française. Il est notamment l’auteur de la série Capitan Alatriste récemment porté au cinéma avec Viggo Mortensen dans le rôle du personnage principal (j’avoue ne pas avoir vu le film mais il a l’air bien). Enfin, dans l'ordre de l'anecdote, l'auteur a signé un Manifeste pour une Langue Commune, en vue de défendre le castillan dans certaines communautés autonomes (le super-régions espagnoles). Il s'explique là.
L’histoire tourne autour de Faulques, un ancien photographe de guerre, retiré dans une tour d’un petit village face à la Méditerranée et qui entreprend la peinture d’une grande bataille intemporelle. Une fresque largement inspirée des guerres qu’il a couvertes avec sa compagne décédée des années auparavant.
Mais un jour il reçoit la visite d’un homme tout droit surgit de son passé de photographe venu honorer une dette mortelle. Le chasseur et la proie vont alors cohabiter jusqu’à l’achèvement de l’œuvre del Pintor de Batallas, chacun exprimant peu ou prou ses motivations et son parcours depuis leur première rencontre.
Habilement écrit, le récit alterne prodigieusement entre une série de flash backs du personnage principal, torturé par les souvenirs de sa compagne qu’il a vu mourir sous ses yeux, et les échanges, parfois aux accents de monologues, entre le peintre et l’étranger. Cette articulation permet à l’auteur d’aborder des thèmes aussi variés qu’imbriqués : l’art, la science, la guerre, l’amour, la lucidité, la solitude...
En fond, un questionnement sur la responsabilité que peut avoir un étrange spectateur comme l’est un photographe de guerre dans la vie des gens qu’il révèle à la face du monde. Une sorte d’effet papillon en somme. Et enfin cette fresque, bien décrite dans plusieurs passages du livre, dont je comprends après coup toute la symbolique qu’elle comporte : les deux personnages se retrouvent à la fois créateurs et membres d’un monde à l’agonie. Un champ de bataille, point de départ de leur rencontre, point d’arrivée de leur histoire respective.
Au final, j’ai mis un certain temps à lire ce livre. Ca faisait quelques temps que je n’avais pas lu l’espagnol, et la richesse du vocabulaire et de la description m’a longtemps rebuté. Un livre, on y est ou on n’y est pas. Par ailleurs le thème, vous l’aurez compris, n’est pas très joyeux. Quant au personnage central, torturé par ses souvenirs de guerre et refermé sur lui-même, on éprouve tout juste de l'empathie. Physiquement malade, il cherche dans son œuvre un sens à sa vie et un point de salut. Mais il est déjà mort…
00:09 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : barcelone
13 octobre 2008
L'irrationnalité des marchés
19:57 Publié dans Réflexion du jour | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : capitalisme, humour
12 octobre 2008
Noctambules

J’ai récemment découvert que le titre de mon blog était aussi le titre d’un album.
Il s'agit du groupe Noctambules.
Ici on peut écouter un extrait de chacune de leurs 11 chansons.
Ca a l'air sympa :)
11:27 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0)
29 septembre 2008
Michel Rocard sur France Inter
« No comment… Il soutient Delanoë », « Ah la vieillesse, quel naufrage !», « Il doit chercher un poste », « Il ne représente plus personne. Qui écoute encore ce type!? », « Dehors les vieux éléphants !», « Il ne s’est pas remis de son accident cérébral », « C’est un frustré !» etc.
C’est là un condensé des commentaires que j’entends et lis ici ou là sur la personne de Michel Rocard.
Je pense que c’est révélateur de l’état délétère du climat politique dans notre pays. Ca illustre aussi, tristement, toute la considération qu’on porte, dans nos sociétés, aux personnes d’un certain âge, qu’elles soient engagées en politique ou pas.
A ce titre, j’estime que le nouveau look « d’jeuns » de Ségolène Royal, et plus encore les arguments employés par ses soutiens dans le cadre du congrès (jouer la carte du rajeunissement) est réellement inquiétant.
Je trouve tout cela assez triste et pitoyable.
Mais ce qui me navre encore plus, c’est de voir des sympathisants de Michel Rocard -qu’ils soient de la première heure ou plus récents, séduits par la « figure morale » qu’il a représenté dans la gauche non communiste - se détacher de lui, feintant de ne plus le comprendre, regrettant sa soit disant sympathie pour l’Ennemi.
Certes, le bonhomme joue parfois à contre courant et se plait à jouer la provocation, seule manière d’exister (encore un peu) dans un système médiatique qui ne s’encombre pas des réflexions de fond et d’événements (et comportements) a-conflictuels.
Aussi il est de bon ton de « casser du Rocard ». Pour ma part je ne crois pas justifiées les critiques qu’on adresse à l’ancien Premier Ministre pour ses propos sur le discours de Sarkozy.
Quand on connait un peu Michel Rocard, c'est-à-dire sa pensée et ses prises de positions depuis quelques années, ce qu’il a dit hier n’a rien de surprenant. Comment ose-t-on dire qu’il a trahi ses idées et son camp ?
Il faut relire Les moyens d'en sortir (1996) pour comprendre son analyse sur l'évolution du capitalisme ces 30 dernières années, c'est-à-dire le passage d’une économie de plein emploi et de forte croissance à une économie instable et aux emplois précaires, avec les conséquences que cela implique.
Il faut revoir cette émission, où face à Sarkozy il disait déjà qu'une économie non-régulée par les pouvoirs publics ce n'était pas viable ni socialement, ni économiquement. Il y pourfendait déjà les thèses monétaristes et néo-libérales.
Il faut relire sa « contribution» au congrès du Mans où il priait les socialistes français, alors empêtrés dans un congrès sans fond, de prendre la mesure du changement économique pour y apporter les bonnes mesures.
Il faut relire Mémoire Vivante – Michel Rocard pour imaginer l’état des mentalités sur le sujet de la pauvreté alors qu’il mettait en place le RMI, et comprendre aujourd’hui sa satisfaction à voir la droite enfin reconnaître les limites du système économique.
Il faut relire Peut-on réformer la France pour voir que tout en ne ménageant pas ses critiques vis à vis de Sarkozy et vis-à-vis des droites, il sait garder de l'estime pour ses adversaires. Il est évident que dans un pays de haine politique comme le notre, c’est dur à admettre.
Il faut relire l'ArticleLeMonde22Mai.doc publié dans Le Monde et signé par plusieurs premiers ministres (dont Rocard) et ministres de l'économie socialistes/sociaux-démocrates, appelant à réguler l'économie financière, pour comprendre sa satisfaction d'entendre dans la bouche de Sarkozy "le laisser-faire c'est fini" ainsi que l’idée d'un nouveau Bretton Woods.
Il faut se rappeler qu'il a conduit un gouvernement d'ouverture en 1988 pour comprendre l’emploi de l’expression « non-sectaire » pour qualifier la démarche de Sarkozy après sa victoire. Sans compter, pour l’anecdote, que lors de son accident cérébral en Inde, les premiers à l’avoir appelés sont Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy.
Il faut relire l'article au JDD, et non la version tronquée de l'AFP, pour saisir ce qu'il reconnait à l'adversaire politique et les points sur lesquels il ne cède pas.
Enfin je pense que Michel Rocard voit surtout en Sarkozy le Président de la République qui assume actuellement la présidence de l’Union et qui a voix au chapitre dans les réunions du G8. Selon moi, derrière quelques qualificatifs généreux, c’est un véritable appel à Sarkozy à agir par ces leviers.
(On peut aussi voir une autre vidéo de Michel Rocard
http://www.lefigaro.fr/le-talk/2008/10/13/01021-20081013ARTFIG00549-rocard-ne-briguera-pas-de-nouveau-mandat-europeen-.php )
« No comment… Il soutient Delanoë », « Ah la vieillesse, quel naufrage !», « Il doit chercher un poste », « Il ne représente plus personne. Qui écoute encore ce type!? », « Dehors les vieux éléphants !», « Il ne s’est pas remis de son accident cérébral », « C’est un frustré !» etc.
C’est là un condensé des commentaires que j’entends et lis ici ou là sur la personne de Michel Rocard.
Je pense que c’est révélateur de l’état délétère du climat politique dans notre pays. Ca illustre aussi, tristement, toute la considération qu’on porte, dans nos sociétés, aux personnes d’un certain âge, qu’elles soient engagées en politique ou pas.
A ce titre, j’estime que le nouveau look « d’jeuns » de Ségolène Royal, et plus encore les arguments employés par ses soutiens dans le cadre du congrès (jouer la carte du rajeunissement) est réellement inquiétant.
Je trouve tout cela assez triste et pitoyable.
Mais ce qui me navre encore plus, c’est de voir des sympathisants de Michel Rocard -qu’ils soient de la première heure ou plus récents, séduits par la « figure morale » qu’il a représenté dans la gauche non communiste - se détacher de lui, feintant de ne plus le comprendre, regrettant sa soit disant sympathie pour l’Ennemi.
Certes, le bonhomme joue parfois à contre courant et se plait à jouer la provocation, seule manière d’exister (encore un peu) dans un système médiatique qui ne s’encombre pas des réflexions de fond et d’événements (et comportements) a-conflictuels.
Aussi il est de bon ton de « casser du Rocard ». Pour ma part je ne crois pas justifiées les critiques qu’on adresse à l’ancien Premier Ministre pour ses propos sur le discours de Sarkozy.
Quand on connait un peu Michel Rocard, c'est-à-dire sa pensée et ses prises de positions depuis quelques années, ce qu’il a dit hier n’a rien de surprenant. Comment ose-t-on dire qu’il a trahi ses idées et son camp ?
Il faut relire Les moyens d'en sortir (1996) pour comprendre son analyse sur l'évolution du capitalisme ces 30 dernières années, c'est-à-dire le passage d’une économie de plein emploi et de forte croissance à une économie instable et aux emplois précaires, avec les conséquences que cela implique.
Il faut revoir cette émission, où face à Sarkozy il disait déjà qu'une économie non-régulée par les pouvoirs publics ce n'était pas viable ni socialement, ni économiquement. Il y pourfendait déjà les thèses monétaristes et néo-libérales.
Il faut relire sa « contribution» au congrès du Mans où il priait les socialistes français, alors empêtrés dans un congrès sans fond, de prendre la mesure du changement économique pour y apporter les bonnes mesures.
Il faut relire Mémoire Vivante – Michel Rocard pour imaginer l’état des mentalités sur le sujet de la pauvreté alors qu’il mettait en place le RMI, et comprendre aujourd’hui sa satisfaction à voir la droite enfin reconnaître les limites du système économique.
Il faut relire Peut-on réformer la France pour voir que tout en ne ménageant pas ses critiques vis à vis de Sarkozy et vis-à-vis des droites, il sait garder de l'estime pour ses adversaires. Il est évident que dans un pays de haine politique comme le notre, c’est dur à admettre.
Il faut relire l'ArticleLeMonde22Mai.doc publié dans Le Monde et signé par plusieurs premiers ministres (dont Rocard) et ministres de l'économie socialistes/sociaux-démocrates, appelant à réguler l'économie financière, pour comprendre sa satisfaction d'entendre dans la bouche de Sarkozy "le laisser-faire c'est fini" ainsi que l’idée d'un nouveau Bretton Woods.
Il faut se rappeler qu'il a conduit un gouvernement d'ouverture en 1988 pour comprendre l’emploi de l’expression « non-sectaire » pour qualifier la démarche de Sarkozy après sa victoire. Sans compter, pour l’anecdote, que lors de son accident cérébral en Inde, les premiers à l’avoir appelés sont Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy.
Il faut relire l'article au JDD, et non la version tronquée de l'AFP, pour saisir ce qu'il reconnait à l'adversaire politique et les points sur lesquels il ne cède pas.
Enfin je pense que Michel Rocard voit surtout en Sarkozy le Président de la République qui assume actuellement la présidence de l’Union et qui a voix au chapitre dans les réunions du G8. Selon moi, derrière quelques qualificatifs généreux, c’est un véritable appel à Sarkozy à agir par ces leviers.
(On peut aussi voir une autre vidéo de Michel Rocard
http://www.lefigaro.fr/le-talk/2008/10/13/01021-20081013ARTFIG00549-rocard-ne-briguera-pas-de-nouveau-mandat-europeen-.php )
23:32 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : média, capitalisme, europe, rocard