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26 avril 2009

Nouvel Album d'Indochine

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Depuis un mois et demi, j'écoute régulièrement le dernier album d'Indochine, La République des meteors. Il me semble difficile de me classer parmis les grands fans d'Indochine, parce qu'au final je connais très peu d'albums de ce groupe. J'avais beaucoup aimé l'album Paradize, sortie en 2002, au moment où je rentrais de Djibouti. Des moments forts pour moi.

Puis c'est en voyant la jaquette du dernier album  - que vous voyez ci dessus - que j'ai eu envie d'écouter la dernière production du groupe. Je la trouve vraiment fabuleuse... l'affiche comme la production ;-). En fait chez Indo, j'aime bien la musique et son chanteur, Nicola Sirkis, pour sa voix particulière (et assez reconnaissable) et son style, qui me fait penser à Edward aux Mains d'Argent, de Tim Burton (mon film préféré de ce dernier). Ca n'a pas forcément rapport mais voilà ^^. Après les textes sont un peu bizarre.

De cet album, j'aime particulièrement les musiques suivantes: Le lac, Replubika, L World et Le Dernier Jour... que vous pouvez écouter sur deezer.com

18:13 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (4)

18 avril 2009

Changement de gouvernement en Espagne

 

L’actualité espagnole a été marquée la semaine dernière par un fait politique majeur : un changement de gouvernement. Tout juste un an après les élections générales, où les socialistes étaient reconduits à la majorité relative, José Luis Rodriguez Zapatero, Président du Gouvernement, a présenté la composition de son nouveau gouvernement, le troisième qu’il dirige depuis son arrivée en 2004 à La Moncloa, le Matignon espagnol.

En pratique, le changement de gouvernement a d’abord conduit à une réorganisation des compétences des 14 (ou 16) ministères puis à la composition d’une nouvelle équipe. Du côté de la répartition des compétences, il faut noter la création d’une troisième vice-présidence, dédiée aux politiques territoriales ; le rattachement des Universités au Ministère de l’Education alors qu’elles avaient été séparés de ce dernier ; la prise en charge des services sociaux par le Ministère de la Santé, ce qui constitue le troisième ministère à prendre en charge ces fonctions en cinq ans ; et enfin l’adhésion de la Fonction Publique et le Conseil Supérieur du Sport aux services de la Présidence.

Côté casting, José Luis Zapatero a introduit six nouveaux ministres et changé de place à aux moins deux ministres. La relève la plus marquante reste celle de Pedro Solbes, deuxième vice-président, en charge de l’économie et des finances, par Elena Salgado, qui occupait jusque là le Ministère des Administrations Publiques, et qui devient la première femme à occuper le poste de grand argentier. Solbes, qui avait accepté en 2008 de rester au gouvernement à condition de ne pas faire toute la législature (quatre ans), reste le symbole d'une gestion socialiste de l'économie à la fois austère, modeste mais capable d'alimenter la croissance.

Parmi les nouveaux ministres, il convient de distinguer ceux issus de la société civile (la ministre de la Culture et cinéaste Angeles Gonzalez Sinde; le ministre de l’Education Angel Gabilondo, président d'université), les techniciens (Elena Selgado, le ministre de la justice Francisco Caamaño) et les poids-lours politiques (le 3ème vice-président Manuel Chaves, le ministre de l’Equipement José Blanco et la ministre de la Santé Trinidad Jiménez), hauts-responsables du PSOE et proches du "courant" de Zapatero, "Nueva Via".

 


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(cliquer dessus pour agrandir l'image)

Mais comment expliquer un changement de gouvernement à peine un an après les dernières élections générales ? Remarquons déjà que si les titulaires des ministères ont pu changer ces 5 dernières années, l’Espagne n’a connu que 3 gouvernements (dont deux suites aux élections législatives) quand la France en a connu 5 ou 6.

J’entrevois quatre principales raisons qui ont pu conduire le chef du gouvernement espagnol à revoir son équipe. Des raisons qui sont peu ou prou des (semi-)échecs pour la majorité socialiste au pouvoir en Espagne.

En premier lieu, et à mon avis de manière marginale, la grogne étudiante par rapport au Processus de Bologne (qui introduit le système LMD et renforce l’autonomie des universités) et quelques défaillances du système judiciaire ont poussé le chef du gouvernement espagnol à changer les titulaires de ces deux ministères.

Par ailleurs, il semble que la défaite des socialistes espagnols aux élections autonomes partielles (soit les élections des communautés autonomes qui n’ont pas lieues en même temps en Espagne comme le sont les élections régionales) du mois dernier en Galice et le Pays-Basque, soit l’élément qui a avancé la décision de changement de gouvernement. En réalité la défaite est à nuancer parce que si la coalition de gauche n’a pas été reconduite en Galice, les socialistes ont largement progressés au Pays-Basque, laissant même entrevoir que la Présidence de l’Euskadi, jusque là occupé par le nationaliste Ibarretxe, revienne aux socialistes.

Ensuite, vient l’échec des négociations du pacte de financement des Communautés Autonomes. Le sujet était déjà sur le feu l’été dernier et Pedro Solbes, alors ministre de l’économie et des finances, s’était donné 4 à 6 mois pour arriver à un accord. Or, neuf mois après cet engagement, le problème est toujours là. C’est ce qui a motivé la création d’une 3ème vice-présidence consacrée aux questions territoriales et la nomination à ce poste de Manuel Chaves, jusqu’ici Président de la Communauté Autonome d’Andalousie.

C’est un problème à la fois technique - il s’agit autant de financer le Plan Dépendance engagé par le Gouvernement l’an passé (ou il y a deux ans) mais que réalisent les Communautés Autonomes, qu’assurer une solidarité territoriale entre des régions aux compétences largement plus développées qu’en France mais inégalement dotées en ressources financières - et politique - puisque les régions les plus contributives (le Pays-Basque et la Catalgone) sont à la fois celles où s’exprime les plus fortes identités nationalistes et celles qui ont permis la victoire de Zapatero en 2004 comme en 2008. Et comme en plus les socialistes n’ont pas la majorité absolue au Parlement, et dépendent donc des négociations avec les partis nationalistes, le sujet est explosif.

Enfin vient l’ampleur de la crise économique et financière. C’est la principale justification énoncée par José Luis Zapatero pour changer la composition du gouvernement : resserrer et renouveler le gouvernement pour faire face à la crise. Une crise que le gouvernement espagnol, comme bien d’autres en Europe et dans le monde, n’a visiblement pas anticipée et encore moins vraiment gérée.

Car il faut bien comprendre que le gouvernement espagnol a tardé à reconnaitre que l’économie espagnole était en crise. Lors de la campagne législative de l’an passé et presque six mois après, le gouvernement espagnol s’est entêté à utiliser des subterfuges linguistiques pour qualifier la situation économique. A la décharge des mes camarades espagnols, on peut dire que leur économie a quand même été très dynamique ces 12 dernières années et que la situation de leurs finances publiques (taux d’endettement de 30% du PIB et des excédents budgétaires depuis 2000) leur laissait une marge, plus confortable que le gouvernement français, pour agir contre la crise.

La situation financière en Espagne étant moins critique que celle observable aux USA ou au Royaume-Uni - pour des raisons ayant trait au système bancaire espagnol plus prudent - les autorités espagnoles n’ont sans doute pas vu la dimension économique de la crise. Et, en dépit de l’adoption d’un premier plan de relance l’année dernière, la situation économique s’est largement dégradée en deux ans.

 

Il faut dire que le modèle de croissance économique, basé sur l’endettement des ménages pour booster la consommation et sur la spéculation et la croissance du secteur immobilier (et donc de la construction), et social de l’Espagne, avec une faible protection sociale et un marché du travail largement flexible, montre ses limites. Pire, alors qu’il pouvait être vertueux en tant normal, il semble enfoncer l’économie ibérique dans un cercle vicieux. Il semble que Zapatero en ais pris conscience puisqu'il a parlé d'un "nuevo patrono de desarollo economico".

Cependant, face aux propositions économiques du Parti Populaire (relancer les privatisations, flexibiliser d'avantage le marché du travail, baisse de charges), et en dépit des érrements du gouvernement socialiste espagnol, les socialistes espagnols restent une valeur sûre face à la crise.

 

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Nombre de chômeurs

 

 

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Taux de croissance du PIB

 

 

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Taux d'inflation

 

 

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Taux d'impayés

 

 

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Nombre d'affiliés à la Sécurité Sociale espagnole

 

 

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Prix de l'immobilier

 

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Indice de confiance des ménages espangols

08 avril 2009

The Plot Against America

En 2006 paraissait La complot contre l’Amérique de l’écrivain américain Philip Roth. La première de couverture du livre – un timbre et une croix gammée – et surtout le scénario – l’arrivée au pouvoir en 1940 de Charles Lindbergh sur la base d’un programme anti-guerre et antisémite – avait attirée mon attention. Mais je n’ai acheté le livre que l’été dernier, pour le prêter de suite à un amis, et ne l’ai lu qu’entre novembre et décembre.

Que ce serait-il passé si Charles Lindbergh, connu pour ses exploits aéronautiques comme pour ses opinions antisémites, avait accédé à la Maison Blanche alors que l’Europe puis le Monde s’engageait dans une nouvelle guerre mondiale ? Philip Roth, qui était âgé de sept ans en 1940, opte pour le récit partiellement autobiographique pour imaginer puis décrire le vécu et le ressentie de sa famille, de confession juive, face aux évènements.

Dans les premiers chapitres, le décor familial est planté. La famille Roth, issue de la petite classe moyenne, vie modestement dans les quartiers juifs de New York (?). Le père qui travaille dans les assurances est un supporter du grand Roosevelt. La mère, femme au foyer, est une femme discrète. Philip est alors un enfant effacé, collectionnant les timbres, entre le grand frère, un artiste en herbe qui sait attirer l’attention, et Calvin, le cousin orphelin, quasiment jeune adulte, que ses parents ont recueillit.

Lorsque Lindbergh fait ses premières déclarations, le sujet anime le débat de la communauté juive mais n’inquiète pas outre mesure. Or l’aviateur, fort de son statut de héros national, voit sa popularité augmenter en jouant sur la fibre isolationniste des Américains. Il finit par être investie, de façon inattendue, lors des primaires du Parti Républicain, pour affronter Roosevelt aux élections présidentielles de 1940. Accusant ce dernier de vouloir conduire les Etats-Unis dans une guerre qui n’est pas la leur, sous l’influence de « lobbies étrangers » (anglais, juifs et communistes), Lindbergh finit par être rallié par un rabbin d'influence, invalidant les attaques sur son supposé antisémitisme. Il finit par battre Roosevelt en promettant aux Américains de signer un traité de non agression avec l’Allemagne nazie.

La petite vie tranquille de la famille Roth est alors rompue. Calvin décide de s’engager dans les forces canadiennes pour aller combattre le nazisme en Europe, il en reviendra mutilé. La famille Roth subie les premières discriminations anti-juives lors d’un voyage à Washington. La belle sœur vante aux Roth les mérites du Président Lindbergh et se rapproche du Rabbin qui soutient ce dernier. Le frère de Philip participe à une opération lancée par le gouvernement américain visant à placer les enfants juifs, sur la base du volontariat et pour quelques mois, dans une famille américaine classique. Du haut de ses 10 ans, l’enfant en ressort supporter convaincu de Lindbergh. La cohésion familiale en prend un coup.

Je n’en dirai pas plus sur l'histoire pour ne pas gâcher le plaisir de découvrir le livre.

Tout au long du roman, Roth alterne entre le regard impuissant mais saisissant de l’enfant sur le désarroi et la panique de ses parents face aux évènements et la vie et les préoccupations d’un petit garçon, indirectement concerné par les affaires de ce monde, mais partiellement conscient des dangers de celui-ci. Alors qu’on aurait pu imaginer, sur la base de l’expérience nazie, que la communauté juive américaine soit victimes d’actes de violence physique, c’est en fait la pression psychologique qui est mis en avant, par l’état presque paranoïaque des parents Roth. Alors que sous le IIIème Reich, la politique antisémite visait à concentrer les juifs à l'intérieur des camps, à l'abri des regards, la politique de Lindbergh consiste au contraire à isoler les juifs américains sur tout le territoire américain, parmis les Américains.

La fin de l’histoire m’a déçue car elle vient un peu subitement. On a le sentiment que les derniers chapitres ont été bâclés, comme si l’auteur n’arrivait pas à s’en sortir. La tension politique que l’on ressent tout au long de la première moitié du roman débouche subitement sur de la violence ouverte qui fait tout basculer. C’est alors qu’est révélée la nature du complot contre l’Amérique. Et alors on se dit que ce qui fondait l'histoire est largement impropable.

23:26 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (1)

04 avril 2009

L’horizon s’éclaircie

Après quelques mois de petite déprime, l'horizon semble s'éclaircir et l'âme s'alléger de sombres pensées Les premiers mois de l'année 2009 ont été difficiles pour moi : des vacances de Noël qui n'en étaient pas, passées à préparer les examens du premier semestre ; une tentative malheureuse du permis qui impliquait de nouveaux frais ; une préparation tardive et superficielle pour mes premiers concours ; une reprise des cours sans enthousiasme... bref, une période sans énergie, sans convictions, sans perspectives.

A tel point qu'en février, alors que j'avais le choix entre monter sur Paris pour y revoir des amis (réalisant ainsi ma promesse maintes fois répétée de venir leur rendre visite), partir skier aux Pyrénées, aller dans les Landes chez mon amie Selene ou encore passer à Metz voir mon ami Laurent, j'ai finalement préféré venir donner un coup de main à mes parents qui refaisaient leur salon. On a détapissé, enduit et travailler les murs puis impression et peinture à chaux. Un vrai changement d'activité :)

Maintenant je suis dans une autre dynamique. J'ai suis admissible à l'oral pour un des concours (j'attends le résultat de l'autre), ce qui m'a conforté sur mes capacités et ma formation universitaire. Je passe l'oral en mai, où je rencontrerai notre ami Belgo, et si je suis admis au final, j'irai passer deux ans chez les chtis. Depuis, avec un de mes collègues, nous nous sommes mis la pression et nous nous motivons mutuellement pour préparer plus sérieusement les concours avec un objectif commun : l'e. n. a.

C'est un peu prétentieux, encore que j'ai conscience de mes lacunes, mais cette ambition est stimulante. Et maintenant que j'ai le permis, je sens comme un soulagement et une envie de liberté et de niaque.

Pourvu que ça dure...

28 mars 2009

A vous de juger - DSK

 

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Jeudi soir, Dominique Strauss-Kahn (DSK), actuel directeur général du Fonds Monétaire International (FMI), a participé à la première partie de l’émission politique A vous de juger que présente toujours Ariette Chabot. Le thème central de l’émission était la crise économique et financière que traverse actuellement l’ensemble de l’économie mondiale.

Interrogé d’entrée sur une date possible de sortie de crise, DSK a prudemment annoncée qu’elle pourrait se concrétiser au cours de l’année 2010, sous réserve de mener les « bonnes politiques ». Ces dernières comprennent les plans de relance et l’assainissement du système financier.

Il s’est réjoui que l’appel à l’adoption de plans de relance, lancé par le FMI aux gouvernements, ait été en général suivi. Il a rappelé que jusqu’ici ce n’était pas dans la tradition du FMI d’encourager l’usage de l’arme budgétaire pour sortir des crises. Il a néanmoins demandé à ce que l’effort budgétaire, notamment des pays qui avaient des finances publiques qui le permettaient, soit accru dans les mois qui viennent.

Mais DSK a insisté sur la nécessité première d’assainir le système bancaire. Ce serait une constante qui ressort dans les 122 crises bancaires gérées par le Fonds depuis sa création. Il a souligné que c’était une condition pour sortir de la crise. Il faut que le secteur bancaire prête à nouveau et qu’on arrive à supprimer les actifs pourris accumulés par les banques jusqu’ici. D’un coût estimé à 1000 milliards de dollars il y a un an, le FMI les aurait évalués à 2,2 trillons de dollars, concluant que plus on traînait, plus cela coûterait cher de sortir de la crise.

La relative divergence entre les Etats-Unis et l’Europe sur les actions à mener pour sortir de la crise -- les premiers privilégiant de vastes plans de relances, les seconds insistants sur la régulation du système financier – ne doit pas cacher l’urgence du nettoyage des banques. L’exemple japonais, qui a connue une crise financière dans les années 90, illustre le cas où le retard dans l’assainissement des banques, fait durer la crise en dépit de plans de relances ambitieux.

Beaucoup de français se posent la question « où est passé l’argent ? » et ne comprennent pas pourquoi il faudrait aider les banquiers. L’ancien ministre de l’économie et des finances (1997-1999) du gouvernement Jospin a précisé que cette richesse était virtuelle dans le sens où on avait beaucoup joué sur les gains potentiels des actions (spéculation). Il a rappelé que ce n’était pas les banquiers qu’il s’agissait d’aider mais le secteur bancaire, car les banques jouent un rôle important dans le fonctionnement de l’économie.

Les risques de révoltes ne doivent pas être sous-estimés. Dans les pays développés, les mécontentements peuvent conduire à des changements de gouvernement mais on reste dans un cadre démocratique. Dans d’autres pays, notamment les moins avancés, où la démocratie est souvent fragile, les révoltes peuvent conduire à des guerres civiles et à une méfiance vis à vis de la démocratie.

Sur les outils techniques à utiliser, DSK estime que toutes les techniques sont réalisables et qu’il ne fallait pas avoir d’a priori idéologique. Ainsi, les nationalisations ne sont absolument la solution, mais c’en est une, comme se contenter d’injecter un peu d’argent public. Le plus important étant au final d’agir et de ne pas attendre. Interrogé sur un retour du protectionnisme,  ne serait-ce que sous la forme limité proposé récemment par Michel Rocard, le directeur général du FMI a rappelé où nous a conduit l'excès de protectionnisme, et qu'à ce titre, il ne le voit pas comme une solution à la crise. Selon lui, le protectionnisme a pour défauts de n'être jamais momentané et sectoriel, mais en plus d'être préjudiciable aux pays émergents ou en voie de développement.

Lorsqu’on lui demande des prévisions sur l’évolution du taux de chômage, DSK explique que le FMI fait des prévisions sur le taux de croissance pour chacun des pays mais pas sur le taux de chômage. En l’espèce c’est l’Organisation Internationale du Travail (OIT) qui fait des prévisions sur le chômage. Pour 2009, l’OIT prévoit une augmentation de 50% du nombre de chômeurs dans le monde. Seul le retour de la croissance pourra ralentir puis inverser cette progression.

Les gens s’inquiètent pour eux mais surtout pour leurs enfants. Cette crise est d'abord une crise de valeurs (culte de l'argent-roi, cynisme avec le fait qu'on ait prêté à des gens dont on savait qu'ils ne pourraient rembourser) et de la déréglementation (l'idée selon laquelle les marchés n'auraient pas besoin de règles). A ce titre on assiste à un retour des valeurs sociales-démocrates. Mais cette crise est aussi une crise des inégalités sur le partage de la valeur ajoutée entre le travail et le capital. Ce partage a été défavorable pendant trop longtemps au travail, à tel point qu’on a fait des politiques de substitution : l’endettement. Les classes moyennes américaines ont vu leur revenu baisser, on les a laissé s’enfermer dans une dynamique de surendettement qui nous a conduit à la crise. Il faut aujourd’hui de l’endettement public pour se substituer temporairement à l’endettement privé qui avait été gonflé et qui vient de s’effondrer. Il est maintenant avéré que les nouvelles générations, notamment celles qui rentrent sur le marché du travail, vont connaître plus de difficultés que les générations précédentes, mais dans le malheur, cette crise peut être une occasion de rebondir: il faut se préparer à l'après crise.

Comment financer la dette ? Un reportage expliquait que la dette française représentait 1335 milliards d'euro et qu'elle devrait représenter, d'ici 2012, 73% du PIB (contre 67% aujourd'hui). Employant l'image de l'utilisation de l'eau pour sauver la maison qui brûle, il admet que la dette (l'eau) peut à terme aggraver la situation (relancer le feu), mais ne rien faire serait pire que tout. Le retour de la croissance permettra de rembourser la dette. Mais il estime que si la relance budgétaire est une nécessité, elle doit rester dans un cadre limité et avec des perspectives de remboursement. Si la croissance ne repart, alors l'impôt sera le seul levier pour rembourser la dette. Au final, la question de la dette est liée à ce qu'on a fait: s'endetter pour un investissement n'est pas un tord.

Le rôle du FMI dans cette période de crise, est celui que joue le médecin: il doit secourir les pays qui, touchés par la crise, sollicitent son aide. La journaliste lui demande alors pourquoi le FMI, qui demande d'un côté aux pays de faire de la relance budgétaire, exige en même temps à certains pays qu'ils réduisent leurs dépenses, notamment en baissant les salaires des fonctionnaires. DSK explique d'abord que ce sont les pays sollicitant l'aide du FMI qui définissent eux même les réformes structurelles qu'ils comptent appliquer en échange du prêt que leur accorde le FMI. Il justifie le gel des traitements de fonctionnaires dans certains pays par une trop forte hausse ces dernières années et qui n'était pas tenable à terme. Par ailleurs il nous apprend que le FMI reste vigilant sur les coupes budgétaires que prévoient certains Etats: par exemple le FMI a refusé que la Hongrie touche au 13ème mois de retraite des plus fragiles; ou a demandé au Pakistan d'accroître son déficit pour venir en aide aux plus démunis.

Enfin, le directeur général du FMI a présenté les sujets qui seront abordés lors du G20. Il s'agira de revoir les agences de notations qui n'ont pas fait leur travail, d'aborder la question des hedge-funds ou des paradis fiscaux, et plus généralement de réformer le système bancaire. DSK attend du G20 qu'il adopte de nouvelles règles mais que celles-ci doivent surtout être appliqués: les annonces doivent absolument être suivie d'effets. En représentant le FMI, DSK s'est donné comme objectif de représenter au mieux les intérêts des pays qui ne seront pas présents au G20, mais surtout de s'assurer que les engagements des aides aux développements soient tenus. Le G20 est en tout cas un premier pas vers une nouvelle architecture internationale.

* * *

Ce sont là quelques notes que j’ai prises tout au long de l’émission, du moins la partie où intervenait DSK. Je ne cache pas mon plaisir de revoir DSK à la télévision, venir traiter de sujets vraiment politiques. Une perspective internationale de la crise était vraiment bienvenue même si j'aurai souhaité qu'on détaille davantage les mécanismes économiques et financiers qui ont conduit à la crise.

Du reste, j'ai été frappé par la posture adopté par DSK dans son discours, tout au long de l'émission: il a entièrement intériorisé sa fonction de directeur général du FMI, c'est à dire de "fonctionnaire d'une institution internationale". A un moment donné, il va jusqu'à s'affirmer comme l'incarnation du FMI ("moi...le FMI"). Certes, par petites touches, il rappelle son engagement et ses valeurs politiques (socialiste), son bilan ministériel (évolutions de la dette française) ou ses positions passés (nécessité de lutter contre les paradis fiscaux, gouvernement économique en Europe). Mais c'est frappant de voir qu'il s'en détache en déclarant que les gouvernants actuels ont des difficultés à convaincre les citoyens de leurs politiques durant la crise (notamment le plan de sauvetage du secteur bancaire) mais qu'ils doivent prendre leurs responsabilités (ce n'est pas forcément la phrase exacte).

C'est l'exemple typique d'une "culture d'institution", concept sociologique dont j'ai déjà parlé, qui imprègne l'esprit de gens occupant et incarnant l'institution. Cela s'explique aussi par le statut du directeur général qui le contraint à un certain devoir de réserve, vis à vis de son pays d'origine, et à la politique en général. C'est pourquoi, il a refusé de répondre aux questions concernant la pertinence du bouclier fiscal, adopté par le gouvernement français dès 2007. C'est pourquoi, il a désavoué, à demi-mots, les propos de Michel Rocard sur les besoins d'un protectionnisme temporaire et sectoriel. C'est pourquoi, enfin, il a contré les positions de José Maria Aznar avec des propos très mesurés et très nuancés.

Mon dernier point concerne justement les propos de José Maria Aznar, ancien Premier Ministre du Gouvernement espagnol (1996-2004), sur la crise et les solutions à adopter pour y faire face. Avec arrogance et prétention, il a rappelé son bilan de gouvernement en matière de chômage (dont le taux, il est vrai, est passé de 24% à 9-10% sur ses deux mandats) qu'il attribue aux décisions politiques qu'il avait prit (flexibilité, austerité, investissement RD) et que l'Europe serait bien tenue de copier. Renouvelant son attachement aux valeurs néo-libérales, il considère et se félicite que le socialisme ait disparu en 1989 et que la solidarité n'a pas de sens si elle ne va pas de pair avec l'efficacité économique. Peut être de façon caricaturale, le discours d'Aznar a au moins le mérite de montrer que l'idéologie monétariste est loin d'être vaincue malgré la crise, et que les dirigeants politiques des années 90, c'est à dire l'époque où s'est accéléré le développement du modèle de croissance qui nous a conduit dans le mur, n'ont visiblement pas l'ombre d'un scrupule.